Nul besoin de connaître l’adresse exacte du Salon de Montrouge pour s’y rendre. Terminus de la Ligne 4, sortie 3 : le beffroi où se tient la 60e édition anniversaire de cet événement consacré à la création artistique émergente s’offre à vous et en accès libre jusqu’au 3 juin. Attention soirée de clôture le 3 à partir de 19h en entrée libre.
60 artistes ayant un lien fort avec la France, mais d’horizons et de cultures divers (Grèce, Belgique, Guadeloupe, Colombie…) sont sous le feu des projecteurs grâce à la scénographie de la designer Matali Crasset et à travers un parcours hétérogène de formes, de matières, chargé d’influences et d’inspirations de toutes sortes.
En bref, le Salon de Montrouge édition 2015 c’est 3 000 candidatures reçues pour une sélection resserrée (par le commissaire artistique du Salon, Stéphane Corréard, dans un premier temps et un collège critique dans un second temps) sans critère d’âge ni de formation, si ce n’est ne pas avoir été exposé au grand public. Le jeune artiste sorti d’école ou de formation a la même légitimité d’être exposé qu’une ancienne pro de la finance et de l’audit, comme Caroline Ebin qui a tout plaqué pour son art.
On a pioché nos coups de coeur, ceux qui ont happé notre regard plus que d’autres, aidés du commissaire adjoint, Augustin Besnier, qui nous a offert une visite guidée. Nos choix ne correspondent pas aux prix du jury présidé cette année par le cinéaste Olivier Assayas.
Commençons par François Malingrëy qui renouvelle le figuratif pictural. Rare en effet de trouver des oeuvres peintes fortes ou suffisamment généreuses pour proposer un récit autre, ouvert, énigmatique, décalé. Cet artiste de 26 ans originaire de Nancy et qui travaille à Paris, a su s’extirper du poids des grands maîtres du passé pour créer un univers original qui passe par un autoportrait en référence aux icônes religieuses avec ce fond or éclatant et par ces compositions fortes comme Les Veilleurs.
On poursuit par l’humour dévastateur de Yann Vanderme. A travers une série de performances vidéo, il partage en toute sincérité ce qu’il n’aime pas. Et le visiteur pourra ressentir l’effroi quand le jeune homme affronte un tour de loopings dans une fête foraine.
A apprécier aussi sa manière toute particulière de traiter du nudisme, autre pratique qui ne trouve pas grâce aux yeux de cet incorruptible.
Un prix ! Mais pas celui du jury. C’est l’ADAGP qui a mis le grappin sur Kenny Dunkan en premier. Une performance à nouveau, mais dansée cette fois. L’artiste fait un pied de nez aux touristes massés sur le parvis du Trocadéro en revêtant une veste incroyable composée par ses mains de centaines de Tour(s) Eiffel miniatures.
Débute alors une danse au cours de laquelle les tours viennent à voler et aussi à blesser l’artiste. Il ne s’arrête pas pour autant.
D’une charge symbolique forte, cette oeuvre diffusée sur un écran pourrait paraître anodine entourée de ces plantes vertes. A ne pas rater pour autant.
Un modèle joue les endormis parmi les oeuvres, discret. Le béton qui le surplombe impressionne et montre toute la fragilité de l’homme. Le travail de Benjamin Renoux est aussi poétique que fort tels les cadres photos qui portent le reflet de la pièce dans laquelle ils sont accrochés. #Beautiful !
On enchaîne avec Clément Balcon, sérigraphe de son état, avant d’être artiste. A y regarder de plus près ces baisers sont trompeurs. Ils ne sont pas le fruit d’une impression mais d’un “travail pénible”, comme le décrit l’intéressé, de quadrichromie réalisée aux crayons de couleur. Impressionnant et cocasse quand on sait que ce baiser est extrait d’un film porno.
Vincent Gautier joue aussi la carte du figuratif avec une série de peintures aux sujets et aux points de vues originaux. Les gros plans de gâteaux font penser au photographe Martin Parr. Et ces scènes d’ado et post-ados ont l’air d’avoir été piochées sur les comptes facebook ou instragam de jeunes américains.
Ne surtout pas manquer l’immersion dans l’univers totalement halluciné de Nieto, inventeur et représentant unique du courant perversionniste. Que la tête de cochon qui trône fièrement au centre de la black box ne vous retienne pas d’entrer pour expérimenter tout un tas d’inventions toutes plus barrées les unes que les autres.
Enfin à défaut de street art pur, on en pince pour cette veste en jean d’Elia David, portant tout une série de prénoms. Nous vous laissons le soin de découvrir la référence. Ne pas manquer les pochettes de 45 tours, juste en face, tout droit sorties des années 80. Vintage à mort !
Il y en a vraiment pour tous les amateurs. Vous trouverez forcément matière à réaliser votre TOP 5 parmi ces 60 artistes.
La bétonnière du belge Willem Boel, Grand Prix du Jury, nous déconcerte toujours autant et vous ?
60e Salon de Montrouge
art contemporain
du 5 mai au 3 juin 2015
Exposition au Beffroi
2 place Emile Cresp
92120 MONTROUGE
Métro : Mairie de Montrouge (Ligne 4)
Entrée libre tous les jours de 12h à 19h
visite guidée le dimanche à 15h et 16h
SOIREE DE CLOTURE le 3 juin à partir de 19h en entrée libre avec :
performances inédites au Square de l’Hôtel de ville, sur le Parvis du Beffroi, dans la salle d’exposition, le Square de l’avenue de la République
et DJ SET à partir de 20h30 avec Yann Habasque
Une réflexion sur « 60e Salon de Montrouge – photo, vidéo, peinture : nos talents 2015 ! »