Joué il y a près de vingt ans, repris voilà cinq ans, Gustave, un texte de l’acteur et réalisateur Arnaud Bedouet, reprend vie au Théâtre de l’Atelier grâce à Jacques Weber. L’occasion pour cette bête de scène de montrer au public à quel point Flaubert compte parmi nos plus grands auteurs français.
Inspiré de la très abondante correspondance entre Flaubert et sa maîtresse pendant dix ans, Louise Collet, c’est avec la lettre de rupture de cette dernière, ultime épitre que lui enverra la poétesse, que commence la pièce. Jacques Weber campe le rôle d’un Flaubert colérique mais extrêmement lucide sur son temps. L’acteur est tour à tour enjoué ou accablé, poussant des colères monstres d’où jaillissent des flopées de grossièretés. Il se livre à une critique sans mesure sur ses contemporains et la vie bourgeoise du XIXe siècle et en profite pour donner sa conception très libérale de l’amour.
Présence sur scène indéniable
Une heure trente de monologue, la performance doit être soulignée. Sur le grand plateau du théâtre, le décor est sobre, presque minimaliste. Jacques Weber n’y semble pas perdu, bien au contraire, sa présence comble totalement le vide.
Son faire-valoir, Eugène, ne prononcera qu’un seul mot de tout le spectacle et presque aucun son. Au mieux un ou deux borborygme. Interprété par Philippe Dupont, il nous inflige un visage contrit, supporté par des épaules tombantes, accablées par toute la misère du monde. C’est dommage car le personnage met mal à l’aise et Jacques Weber n’a pas besoin de cela pour être mis en valeur.
Redécouvrir notre patrimoine littéraire
Ne nous y trompons pas, cette pièce vaut le détour. Tout d’abord parce que Jacques Weber est un monument du théâtre français, et qu’il ne reste que deux semaines pour assister à la pièce. Mais surtout, parce qu’elle donne envie de se plonger (ou replonger) dans notre patrimoine littéraire. Le lecteur assidu relira avec plaisir Madame Bovary ou Salammbô et s’amusera à pointer les détails littéraires et biographiques qui ont inspiré l’auteur de ce spectacle.
Quant au novice, qui découvrira la vie de Flaubert avec Gustave, il pianotera sur son smartphone le nom de l’écrivain, dès les portes du théâtre franchies. Et espérons le, se ruera sur un de ses romans dès le lendemain. La pièce, en plus d’être bien écrite, pique la curiosité et ici, elle n’est pas un vilain défaut. Bien au contraire.
GUSTAVE
de Arnaud Bédouet
librement inspiré de la correspondance de Gustave Flaubert
Avec Jacques Weber et Philippe Dupont
Du mardi au samedi à 21h00
matinée le dimanche à 15h30
Théâtre de l’Atelier
1, Place Charles-Dullin
75018 PARIS
2 réflexions sur « GUSTAVE ou comment Jacques Weber donne envie de relire Flaubert »