Depuis plus de 80 ans les enfants, et leurs parents, empilent des briques de Lego® pour construire châteaux, villes, bases lunaires bâtiments fantastiques, rejouant aussi de grandes épopées comme Star Wars. Dans les années 2000, Nathan Sawaya assemble, compose, crée des sculptures avec ces bouts de plastique. Son exposition, The art of The Brick, qui rassemble une centaine de compositions, fait une halte remarquée à Paris Expo Porte de Versailles pour quelques semaines. Un vrai travail d’artiste.
L’art grand public est parfois décevant, voire usurpateur, mais quand il cherche à vulgariser le travail et à rendre accessible à tous la création et faire briller les yeux des plus grands comme des plus petits, on ne peut qu’apprécier.
Avec The art of The Brick, Nathan Sawaya, cherche à rapprocher la création du grand public, avec un concept de base : la brique en plastique. Et une devise : ” Crée ce que tu vois. Crée ce que tu ressens. Crée ce que tu n’as jamais vu. Crée tout simplement !”
Loin de proposer des pièces simplistes et minimalistes – les sculptures vont d’environ 300 à plus de 80 000 briques -, The art of The Brick offre aux visiteurs une vraie plongée dans la création avec un voyage thématisé : l’atelier, les expressions humaines, le jardin des sculptures, les portraits… et des vidéos montrant l’artiste au travail dans son entrepôt contenant 4 millions de Lego®.
Nathan Sawaya cherche l’inspiration dans son quotidien. Suite à une rencontre avec le maître du violoncelle Yo-Yo Ma, il viendra reproduire son instrument avec pas moins de 7 695 briques.
Il aime aussi explorer des sujets plus vastes avec la musique par exemple et ses icônes. Ses portraits de Bob Dylan, Janis Joplin ou Jimmy Hendricks en sont un exemple, mais ses créations sont aussi issues d’idées 100% originales comme ce visage de femme (à droite).
Pour Nathan Sawaya, la vulgarisation de l’art passe aussi par la reproduction de pièces majeures de notre histoire artistique : La Joconde, La Jeune Fille à la perle de Vermeer, la Vénus de Milo, le David de Michel-Ange, On vous laisse la surprise de la découverte de certaines de ces oeuvres.
Il faut tout de même mettre en exergue cette reproduction d’une partie de la peinture de Chapelle Sixtine à l’échelle 1.
Sans oublier le jeu de lumière suscité par cette reproduction d’un vitrail de la Cathédrale de Chartres. Les 17 842 pièces qui la composent, dont une majeures partie translucides, et ses 165 cm de diamètre laissent passer la lumière, imprimant sur le sol des motifs colorés : vraiment magique.
Vous l’avez compris le crédo de Nathan Sawaya est de mettre l’art à la portée de tous et toutes. Cela nous rappelle un peu le leitmotiv de Jeff Koons. Certaines oeuvres sont éblouissantes, créant une 3D à partir des peintures originelles. Klimt et Munch voient leurs toiles se parer de relief.
Mais The Art of the Brick est aussi l’occasion pour l’artiste de sonder les tourments de l’âme humaine et d’aborder des sujets plus personnels.
Par exemple, cette nageuse toute de bleue composée d’un fond vidéo dansant. Énigmatique.
Son travail sur la représentation aérienne est aussi surprenant. Hanging on the Edge, un homme suspendu à une colonne de Lego® et Ascension, une figure suspendue, sont parfaits de grâce et de légèreté.
Il y a deux créations de Nathan Sawaya qui montrent que son art est populaire.
Hugman (l’homme câlin) est une sculpture que l’artiste duplique et dissémine dans les rues, l’accrochant à un poteau ou un panneau. Collée au sol par les pieds et au niveau des mains sur la tige, il n’est pas rare que la silhouette soit arrachée, laissant les stigmates de sa présence via les parties collées. Ce “vol artistique” ravi l’artiste qui se dit que son travail a un aspect positif pour les gens.
La deuxième est Yellow. C’est l’oeuvre qui a donné sa notoriété à l’artiste.
Reproduite à l’infini sur le net, mais aussi sur des pochettes de disques, des logos, des affiches, il n’a toujours pas vraiment compris l’engouement que cette création a suscité. Si ce n’est, pour les adultes, une représentation cathartique et pour les enfants juste le plaisir du débordement de briques qui jaillissent du torse ouvert.
Plus de 30 000 briques ont été nécessaires pour réaliser ce triptyque grandeur nature Crown, Girl, Woman.
Pour terminer notre visite, le créateur nous propose un travail très novateur intitulé In Pieces.
Fruit de la collaboration avec le photographe australien Dean West,
Nathan Sawaya intègre ses créations dans des prises de vues réelles.
Il en ressort un choc visuel subtil et léger, pas toujours perceptible au premier abord.
La pièce maîtresse de ce travail est Dress et cette magnifique robe rouge passion.
La dernière pièce, un T-rex, a nécessité un été de travail, plus de 80 000 briques et se transporte en 14 morceaux.
On veut bien le plan de construction pour le refaire chez nous !
Si certains seront réticents à parcourir les allées de cette exposition, il est certain que la création de ces oeuvres représente une somme de travail et une implication que chacun d’entre nous est à même d’appréhender.
D’ailleurs, petits et grands pourront s’essayer en fin de parcours à la création de leur propre sculpture avec ses milliers de briques mises à leur disposition.
L’exposition The art of the Brick est bien un musée contemporain qui permet à Nathan Sawaya de nous offrir un voyage dans l’art sous toutes ses formes.
Il avoue même être ravi d’avoir attiré dans les musées, des familles qui n’y auraient jamais mis un pied.
The art of the Brick
by Nathan Sawaya
Du 14 mai 2015 au 30 août 2015
Tous les jours de 10h à 18h en mai et juin
De 10h à 19h en juillet et août