Du Prix Deezer Adami au Printemps de Bourges, en passant par la Cigale et l’Olympia, Jeanne Added est sur toutes les routes musicales. Elle termine sa tournée folle à l’Élysée Montmatre pour 3 dates en décembre.
Son premier album Be Sentional tisse un lien ténu mais intense avec tous ceux qui viennent à l’écouter. Déstabilisant, concentré de force brute, romantisme noir, ce disque n’est pas prêt de vous lâcher. Interview à fleur de peau avec une chanteuse aux yeux bleus perçants. Troublant.
UsofParis : Comment gères-tu ce rythme effréné, promo, concerts, soirées pro ?
Jeanne Added : Il faut dormir ! Ce n’est pas évident d’aller dormir. Mais c’est la seule solution pour tenir le rythme.
Mais est-ce que tu t’étais préparée à ce rythme ou est-ce que ça dépasse tes attentes ?
J’ai déjà beaucoup bossé dans ma vie. Après c’est un peu bizarre, oui.
On a travaillé pour faire un disque, que ce soit reçu, qu’il soit entendu, que le public s’y intéresse. C’est une chance folle. Donc j’essaye d’honorer cet album, de le servir jusqu’au bout au maximum. Je suis vraiment hyper contente. On a plein d’occas de faire des concerts. C’est vraiment cool.
Quels sont les mots de journalistes, ou de blogueurs qui ont tapé juste pour décrire Be Sensational ?
Quelqu’un m’a dit qu’effectivement il y avait un côté sombre dans le disque mais il trouvait que c’était plus de l’ordre de la déclaration d’amour. Il avait senti beaucoup d’amour dedans et ça m’a beaucoup plus qu’il dise ça. Pour moi, c’est une vision juste.
Ma vision c’est quelqu’un qui te prend par la main pour te dire que ça va aller et qu’il ne faut pas s’inquiéter, qu’il faut avoir confiance et que même si c’est difficile parfois, tout ira bien.
Moi ça me bouleverse et ça continue à me bouleverser. C’est tellement incroyable pour moi parce que c’est le chemin que j’ai fait personnellement en écrivant ce disque, d’un point de vue intime. Donc si ça transparait, ça me rend très très heureuse.
Et tu penses être arrivée à tenir la main de tes auditeurs ?
J’espère en tout cas. J’y mets tout mon cœur à chaque fois. J’essaye d’être complètement présente à la musique. Mon boulot, c’est vraiment ça : de ne pas être déconcentrée quand il y a un truc qui ne va pas, parce qu’il y a un mec qui est en train de fumer et que ça te fait chier, et de rester concentré dans la musique. Parce qu’il n’y a que ça qui fait que le mec arrêtera potentiellement de fumer. Il va se mettre à ressentir quelque chose.
Nicolas Preschey, le programmateur du Fnac Live, m’a dit qu’il était touché par ton parcours. Quel a été le déclic pour te présenter ton projet personnel ?
Pendant longtemps, j’ai été interprète de la musique des autres, sans me poser trop de questions. Et puis, à un moment donné, la musique que j’avais à chanter ne me correspondait plus et je sortais de scène pas contente et frustrée.
Çac’est un bon déclencheur. Faut écouter ce truc-là et je me suis dit que la musique que je chantais ne me convenait plus, donc il fallait que je fasse la mienne. C’est ce que j’ai fait.
Et la prise de décision s’est faite rapidement ?
Non, ça prend du temps. J’ai arrêté les groupes au fur et à mesure. J’ai refusé beaucoup de travail. J’ai commencé à écrire. J’ai monté un premier groupe, enregistré un premier EP solo avec ce groupe, un premier EP solo. Et puis grâce à lui j’ai rencontré le groupe The Do qui m’a programmée en première partie et Dan Lévy qui m’a proposé qu’on travaille ensemble. Ça prend quelques années quand même, au final.
Ces premiers concerts, ces premiers rapports avec le public sont à la hauteur de tes attentes ?
Ça bouge. Je ne suis pas Mère Térésa non plus, faut pas déconner (rires).
D’abord, on a commencé à jouer avec Anne Paceo (batterie) et Narumi Herisson en décembre dernier seulement.
L’évolution qu’on a vue, c’est d’être passé d’un public qui nous ne connaissait pas du tout à un public qui commençait à connaître A War Is Coming, et à un autre qui commence à connaître le reste de l’album. J’ai l’impression de devenir une mamie, d’être au bord des larmes tout le temps. Avec la fatigue en plus, c’est juste…
Je vois certaines personnes qui viennent régulièrement aux concerts. Je pense spécialement à Marie, Charlotte et Effange : spéciale dédicace. C’est émouvant pour moi. C’est un truc qui résonne chez eux et çà… ça me touche en fait. Vraiment.
Aux Eurockéennes, j’ai vu des mecs qui chantaient les paroles. Je n’aurais jamais imaginé que ça pourrait arriver. Je trouve ça complètement dingue !
Quelles étaient les influences pour Be Sentational ? Des références majeures, des artistes ?
On a beaucoup écouté Kanye West avec Dan, le dernier Beyoncé, même si cela ne s’entend pas forcément. Mais en terme de prod, on n’était pas parti pour faire du lo-fi, ça c’est sûr (rires). Mais les musiques qui m’ont aidée à écrire sont très variées. J’ai eu des périodes où j’écoutais Hole (Live Through This) à chaque fois que je m’arrêtais d’écrire, même si ça n’avait strictement rien à voir avec ce que j’étais en train de faire. Mais ça me donnait beaucoup d’énergie. Peaches ou même Justin Timberlake que j’ai beaucoup écoutés aussi.
Alors quelle chanson qui a la touche Peaches ?
It est vraiment très Peaches !
Et Justin Timberlake, il se trouve où ?
Ça c’est plus vague. Il est dans mon cœur ! (rires)
Qu’est-ce que tu retiens de cette première carrière dans le jazz et qui a donné du souffle à cet album ?
C’est un peu d’expérience.
Oui mais concrètement, il a des effets que tu peux capter, que l’on peut retrouver ?
Je fais de la musique depuis que j’ai 5 ans. Donc c’est chez moi. Ça ne veut pas dire que je suis la meilleure musicienne. Ce n’est pas une question de hiérarchie. C’est juste un cadre dans lequel je me sens bien. Le jazz c’est une musique de chat : il faut retomber sur ses pattes tout le temps, ce qui demande un peu de souplesse. En jazz, il n’y a pas d’erreur et donc c’est vrai que quand on fait de la pop, il y a des trucs qu’il faut jouer mais tout est modifiable malgré tout. Et si tu les fais avec un certain niveau de conviction, l’erreur n’existe quasiment pas en fait. Mais parfois y’a des erreurs ; ça nous arrive à tous en fait, régulièrement. J’aime bien qu’on soit soumis à cela.
Et ta dernière claque musicale scénique ?
Scénique, j’ai vu Christine and the Queens aux Eurockéennes et j’avoue que j’ai été très impressionnée par tous les niveaux de maîtrise : le son, la musique, comment elle fait intervenir la musique populaire, comme Missy Elliott, la danse, les lumières. J’ai trouvé que tout fonctionnait. C’était très très pro. Je me suis dit : « C’est classe un truc comme ça !», aussi abouti, aussi exigeant. Ça m’a fait vachement plaisir.
As-tu conscience qu’il y a des titres de ton album qui soient plus durs à appréhender ?
Je ne dis pas les choses dans ce sens-là. C’est peut être Lydia qui est un peu plus bizarre. Je ne vois pas les choses comme ça. J’adore la jouer sur scène. C’est un moment où à chaque fois, ça je pars dans la musique directe.
Mon disque c’est vrai qu’il est un peu étrange aussi !
Une de tes chansons pourrait-elle avoir un rapport à Paris ?
Dans le décor, dans ce que j’y ai mis, vécu : Night Shame Pride. Mais je ne la joue pas sur scène en ce moment.
C’est un rapport à ma vie nocturne. J’habite à Paris et elle est liée très concrètement à ma vie dans cette ville.
Jeanne ADDED
en concert :
les 7, 8 et 9 décembre 2016
à l’Élysée Montmatre
72, Bld Rochechouart
75018 PARIS
Album : Be Sensational
(Naïve)
2 réflexions sur « Jeanne ADDED de Beyoncé à Peaches ! Concerts @ Élysée Montmartre »