Actu chargée pour notre Pablo, avec l’exposition Picasso.Mania, le MOOC en ligne pour des cours gratuits afin de connaître ses classiques sur le bout de sa souris, sans oublier l’Exposition Anniversaire pour les 30 ans du Musée national Picasso Paris.
Ce qui est génial avec Picasso c’est qu’il nous prend toujours par surprise. Le dialogue original, initié par le Grand Palais, du dieu espagnol avec ces artistes qui lui rendent aussi bien hommage, qu’ils le copient ou le malmènent révèle une nouvelle fois l’étendue de sa création et de son influence. Etourdissant !
La mise en bouche de Picasso.Mania se fait à pas feutrés et dans une pièce sombre avec comme seule source de lumière principale un écran à multiples visages. Face à nous, une sélection d’artistes de dimension internationale. Tous, en quelques mots, décrivent le génie du père de la peinture contemporaine, la référence, le lien fort qui les unit à lui. On retient : “Liberté” (Frank Gehry), “c’est un guerrier, un homme de combat” (Adel Abdessemed), “production kaléidoscopique” (Ed Ruscha), “profondeur et objectivité de l’oeuvre” (Jeff Koons).
Le témoignage le plus affectueux sans doute vient de la doyenne : Agnès Varda qui, pour l’anecdote, n’avait pas hésité à citer l’artiste dans son film Les Plages d’Agnès. Ceci au risque d’avoir des problèmes de droits de reproduction d’une des oeuvres d’une peintre, car la réalisatrice ne voulait pas payer pour un hommage. Et elle avait raison.
Ici, elle propose de rebaptiser l’expo par : “Piccaso Love”. C’est simple et forcément pertinent !
Et des déclarations d’amour, il y en a dans toutes les salles du Grand Palais. Ne serait-ce que ce très bel autoportrait de David Hockney, nu, face à Picasso, le maître. D’une simplicité désarmante, la gravure située aux côtés de l’écran géant d’une installation de l’artiste américain pourrait échapper. Et pourtant c’est celle qui toucherait le plus.
Et les références prennent toutes formes, tous styles. Additionnées les unes aux autres, elles sont autant de preuves de la relation extrêmement vivante entre tous ces artistes et le peintre icône.
Que ce soit un portrait de Picasso peint par la jeune garde chinoise (Zeng Fanzhi, Yan Pei-Ming) l’incroyable reproduction à l’identique d’oeuvres célèbres comme Les Demoiselles d’Avignon, à la citation plus ou moins discrètes (l’artiste islandais Erro), jusqu’à estomper au maximum et ne garder que des infimes détails à la manière de Jasper Johns – qui n’avait pas une affection immodérée pour l’artiste espagnol.
Les Demoiselles d’Avignon surprennent toujours autant et inspirent des artistes aussi divers que Richard Price, Jeff Koons que Robert Colescott. Le dialogue entre les différentes variations autour d’un même thème, d’une même oeuvre est suffisamment unique pour s’y attarder.
Chaque nouvelle salle convoque une nouvelle confrontation et les invités peuvent surprendre comme Emir Kusturica, convoqué – via la projection d’un de ses premiers courts-métrages – à la légende de Guernica. Ou encore Jean-Michel Basquiat avec cet incroyable portrait vif, coloré, d’une jeunesse folle à la toute fin du parcours. Mais aussi des oeuvres plus rares qui échappent aux rétrospectives consacrées à Andy Warhol. Le père du Pop Art a lui rendu hommage via les figures africaines, transfigurées par une mallette de couleurs hardantes ou un simple noir et blanc sérigraphique.
La photogénie du peintre espagnol transpire aussi dans ce parcours. Que ce soit par le double sous forme de pantin par Maurizio Catalan à l’entrée de l’exposition ou plus indirectement l’appropriation d’un cliché célèbre de l’artiste par un autre. Marvin Kippenberger, marqué par le portrait du peintre torse nu, et en caleçon, s’en inspirera pour un autoportrait.
Il est possible de s’étourdir, de perdre pied aussi mais les oeuvres originales de Picasso reviennent toujours par touches. Que ce soit le cubisme, cet ensemble de portraits insensés d’époques confondues réunis sur un même mur ou la collection d’eaux fortes revenant sur la passion dévorante et très érotisée du peintre Raphaël avec son modèle La Fornarina.
Et le MOOC dans tout cas ?
C’est une série de cours en ligne à apprécier à son rythme. Au total : 7 séquences découpées en 3 parties. Les cours sont associés à des activités et autres quizz pour vous permettre d’évaluer vos nouvelles connaissances.
Aucun diplôme à la clé mais une série de badges virtuels à partager avec tous. En parallèle, un forum de discussions permet d’initier des échanges avec les autres participants, de se lancer dans des débats passionnés autour d’une oeuvre ou d’un aspect de la passionnante biographie de l’intemporel Pablo.
exposition PICASSO.MANIA
jusqu’au 29 février 2016
au Grand Palais – Galeries nationales
entrée square Jean Perrin
lundi, jeudi et dimanche de 10h à 20h
nocturne le mercredi, vendredi et samedi de 10h à 22h
fermé le mardi (sauf pendant les vacances scolaires)
exposition organisée par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais, le Centre Pompidou et le Musée national Picasso-Paris