Michel Bouquet, comme Judith Magre ou Robert Hirsch, est un brillant nonagénaire pas du tout décidé à quitter la scène. Il reprend un texte qu’il avait servi, il y a plusieurs années (16 ans exactement), aux côtés de Claude Brasseur. Au Théâtre Hébertot, il nous réconcilie avec sa stature d’acteur incontournable, référence de nombreux autres artistes avec A tort ou à raison.
Michel Bouquet en grâce
On avait marqué une pause avec Michel Bouquet, trouvant que son jeu, ses effets de voix sinon nous agaçaient, ne nous surprenaient plus tout à fait.
Mais le souvenir d’un texte fort, la curiosité de revoir ce grand comédien et l’envie de retrouver Francis Lombrail qui nous avait impressionné dans Les Cartes du pouvoir ont eu raison de notre motivation.
A Berlin, un commandant américain est bien décidé à en découdre avec un chef d’orchestre allemand à l’allégeance présumée et troublante avec le régime nazi. Wilheim Furtwängler cache-t-il derrière les traits d’un vieillard évitant les problèmes, le sceau d’un pacte inaltérable avec l’ennemi déchu ?
Le militaire est interprété par Francis Lombrail, qui ne quitte pas la scène pendant les 2 heures de lutte acharnée à faire éclore la vérité, ou celle qu’il a cru cerner. Steve Arnold réunit les preuves, quelques témoignages pour forger l’étau dans lequel Wilheim devrait passer la tête. Mais l’artiste exigeant n’est pas décidé à se laisser faire. L’entourage du commandant comme même à fléchir, à douter, à ne pas vouloir se compromettre dans une tentative de révélation totalement utopique.
Chose inhabituelle, Michel Bouquet est sur le fil de la sobriété, comme si son personnage était las mais pas suffisamment au point de capituler. Le comédien nous apparait, cette fois, tout autre, comme dépouillé de ces excès de voix qui devenaient des tics, au risque de desservir les textes précédents. Son chapeau accessoire cachant la fatigue (mais laquelle précisément ? celle du personnage ou de l’interprète) pourrait empêcher d’avoir pleine prise sur le visage du comédien. Au contraire, il faut doubler d’effort pour ne rien rater du faciès qui pourrait à tout moment trahir.
Notre attention a chancelé en cours de représentation, sans doute à un moment où le rythme n’avait plus prise sur nous. Mais l’échange final offre un face-à-face brillant et prenant.
A tort et à raison avec Michel Bouquet est définitivement immanquable !
A tort et à raison
de Ronald Harwood
mise en scène : Georges Werler
avec Michel Bouquet, Francis Lombrail, Juliette Carré, Didier Brice, Margaux Van Den Plas, Damien Zanoly
30 représentations exceptionnelles
du 18 septembre 2016 au 2 janvier 2017
Dimanche 18h et lundi 20h30
Théâtre Hébertot
78 bis, boulevard des Batignolles
75017 PARIS