“Je suis avant tout un visuel, un homme d’image.”
Hergé (entretiens avec Numa Sadoui, 1971)
Peut-on apprécier l’expo Hergé au Grand Palais sans être un fan inconditionnel de Tintin ? On s’est posé la question avant de faire notre entrée dans les Galeries nationales. La réponse est surprenante.
Hergé côté face
On débute le parcours non pas par le célèbre personnage globe-trotter et son adorable chien, mais par la partie plus méconnue de son créateur.
Ses premières toiles d’abord, aussi bien touchantes que captivantes avec cette pointe de Miro qui déborde ici et là.
Ensuite les œuvres des autres. L’univers de Georges Remi, alias Hergé, était baigné de tableaux et sculptures d’autres artistes, de renom (Poliakoff, Fontana, Wesselmann, Dubuffet, Litchtenstein). Le dessinateur est devenu, à son tour “modèle” ou sujet. Le plus bel exemple étant le double portrait réalisé en 1977 par Andy Warhol. Forcément culte !
Plus rare aussi l’admiration de Salvador Dali. En témoigne ce télégramme psyché non daté.
Un peu plus loin dans le parcours, l’on découvrira Hergé illustrateur. Capable de vraies trouvailles visuelles pour affiches et réclames d’un autre temps. Le génie du dessinateur ne peut donc pas être réduit qu’à la seule invention du personnage à houppette mondialement connu.
Hergé côté pile
L’ombre de Tintin est partout mais elle n’est pas étouffante pour autant. Et puis on peut bien avouer : Hergé, pour nous, c’était plus Quick & Flupke que le genre idéal bien propre sur lui. On a toujours aimé l’espièglerie du duo d’écoliers capables de toutes les facéties. Le globe-trotter, quant à lui, était sans doute trop sage pour nous emballer vraiment. Alors joie : des planches de Quick & Flupke originales en noir et blanc.
Mais coups de bluffe aussi quand on perçoit les traits de Tintin à travers les nombreux crayonnés présentés, le passage à l’encre et les aquarelles et gouache (bleus de coloriage). Toutes les étapes de la conception de la bande-dessinée sont documentées.
Tintin ou la beauté du trait
La ligne claire, dont Hergé était le digne représentant, n’est pas synonyme de simplicité des traits. Bien au contraire, la maîtrise de la composition de la case est absolue. La mise en espace un sans-faute et la réception des mouvements des personnages parfaite pour les lecteurs.
“La bande dessinée en l’an 2000 ? Je pense, j’espère qu’elle aura (enfin !) acquis droit de cité… qu’elle sera devenue un moyen d’expression à part entière, comme la littérature ou le cinéma.” (Interview d’Hergé, le 20 janvier 1969).
Sans Tintin et donc sans Hergé, Bilal, Moebius, Sfar et tant d’autres dessinateurs auraient-ils vu le jour artistiquement et auraient-ils été à leur tour célébrer de leur vivant ? Cette reconnaissance était une des préoccupations de l’artiste. Pouvait-il seulement imaginer qu’il battrait des records de vente avec ses planches originales ?
Spéciale dédicace
Quand on connait un peu l’histoire d’Hergé et surtout quelques détails sur le contrôle de l’image de l’ensemble de l’œuvre du dessinateur, il faut saluer le travail des équipes de la RMN / Grand Palais qui ont pu mener le projet de cette exposition folle à son terme. C’est d’autant plus fou quand on considère que c’est une partie du trésor national belge qui est pour la première présenter à Paris.
Le résultat est tout simplement dense, détaillé, complexe (quand on considère l’étendue de la production de l’artiste), euphorisant.
Et les non-fans de Tintin comme nous vont trouver enfin une très bonne raison de se pencher avec une réelle attention sur ses aventures.
Hergé
Exposition au Grand Palais, Galeries nationales, Paris
jusqu’au 15 janvier 2017
Hors vacances scolaires : tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 20h et en nocturne jusqu’à 22h le mercredi
Vacances scolaires (du 20 octobre au 2 novembre 2016 et du 18 décembre 2016 au 2 janvier 2017) : Samedi, dimanche, lundi de 10h à 20h
Nocturnes le mercredi, jeudi et vendredi jusqu’à 22h
Fermeture anticipée à 19h le jeudi 29 septembre
Fermetures anticipées à 18h les samedis 24 et 31 décembre
Fermé le mardi
Fermé le 25 décembre
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En bonus la photo bullée