Calypso Valois est la première révélation musicale qui va compter en 2017. Après avoir dévoilé un clip claquant avec Le Jour (réalisé par Christophe Honoré), la jeune chanteuse se prépare à sortir son 1er EP en version vinyle. Audacieuse, non ?
Ne lui demandez surtout pas son style musical, elle est bien en mal de répondre. C’est de la chanson, de la pop en français dans le texte. C’est frais, efficace et captivant, comme ce sourire irrésistible quand elle est face à vous.
Cette fille de…, également comédienne, a tous les atouts pour faire de la scène musicale son nouveau cadre d’interprétation.
Elle sera en concertt au Festival Days Off à la Philharmonie de Paris, le 30 juin.
INTERVIEW
UsofParis : Sortir un 45 tours c’est réaliste ou une pure folie ?
Calypso Valois : Je suis folle ! 😉
J’adore les vinyles. Je n’écoute pas de CD. Je déteste écouter de la musique sur ordi ; parfois je suis obligée pour le travail. Pour le plaisir, c’est toujours le vinyle.
Je ne suis pas matérialiste mais l’objet livre, comme le disque, est important et attrayant.
Ça me rappelle mon enfance aussi.
Quand as-tu décidé de devenir chanteuse, auteure ?
Au départ, la musique était avant tout un plaisir : jouer mal des morceaux que j’aimais. 🙂
Ma première émotion musicale a été Chopin, vers 5-6 ans. Je me suis demandé comment il pouvait ressentir ce que je ressentais et sans aucun mot. Ça m’a bouleversée.
J’avais aussi une cousine qui jouait du piano à la campagne. Je me disais : “que peut faire un être humain de plus beau que ça ?” Je l’espionnais par la fenêtre. Et j’ai demandé un piano à mes parents.
En parallèle du conservatoire de théâtre, j’ai commencé un groupe, mais c’était une blague ! Les chansons c’étaient des blagues.
On s’amusait tellement. Et puis des personnes ont commencé à écouter et c’est devenu sérieux. La musique m’a rattrapée.
Tu n’assumais pas ?
Sans doute. Et puis, cet esprit de contradiction à la con vis-à-vis des parents quand on te demande : “tu feras de la musique comme tes parents ?” Et que tu réponds : “NON !”
D’autres émotions musicales fortes ont marqué ta jeunesse ?
Gainsbourg, j’adorais. J’ai compris que tardivement ce que voulais dire Love on the beat.
Je volais les CD de Gainsbourg à mon père. J’avais droit d’emprunter un disque à la fois.
J’ai beaucoup écouté Nico and The Velvet Underground. Quand j’étais petite, j’avais du mal à dormir. Ce disque agissait comme un calmant. J’ai dû l’écouter toutes les nuits pendant longtemps. 🙂
J’ai aussi beaucoup écouté de la musique classique avec mon père.
Comment écris-tu ?
J’écris sur des carnets. Mais je pars toujours de la musique pour écrire des chansons. La musique m’inspire. Parfois, c’est une sonorité et je m’amuse avec les mots.
Il faut qu’il y ait toujours le fond et la forme.
Le jour, ce morceau je l’ai toujours bien aimé. C’est rare, car d’habitude, je me lasse vite de ce ce que compose : “Ah, cette vieillerie d’y à 2 mois me saoule.”
Yann Wagner qu’a-t-il apporté à ton projet ?
C’est assez fou. Nous avons une sorte d’osmose de la musique. Parfois, j’ai des trucs dans la tête que je n’arrive pas à exprimer. Je lui parle en en onomatopées ou bruits d’animaux. Et il comprend ce que je veux lui dire. C’est très particulier !
Je ne pensais pas rencontrer quelqu’un comme lui, musicalement. On s’est rencontré lors d’une interview croisée et puis on s’est retrouvé à Pleyel pour le concert d’Etienne Daho.
On se parle en termes de références, pas forcément musicales en plus. Du style : “j’aimerais un truc plus diabolique !” Et il me répond : “je vois tout à fait !”
Il a une vision. Et il m’a dit, ce qui m’a impressionnée : “ce sont tes morceaux qui m’inspirent”. Ce n’est pas le producteur qui cherche à plaquer ses recettes habituelles sur les nouveaux projets.
Il sert à faire ce qu’il y a de meilleur pour les morceaux.
As-tu pensé, ne serait-ce qu’une minute, à être une artiste anonyme et ne pas être la fille de ?
Je n’ai pas honte de mes parents ! 🙂
Ça n’aurait pas été trop possible. Ce serait un peu dur de le cacher.
Et puis c’est normal. Les gens ne me connaissant pas ont, sans doute, besoin de me situer, de savoir d’où je viens. Ça rassure en quelque sorte.
Ce qui ne me dérange pas c’est que je fais quelque chose de différent. Je ne suis pas dans la comparaison avec mes parents.
Un conseil, une leçon de vie de tes parents ?
A 18 ans, quand j’ai dit à mon père que je voulais faire du théâtre, il m’a dit :”tu n’y arriveras jamais, c’est trop dur.” Mais après, il est venu me voir jouer sur scène et a accepté : “Ok. Tu y arriveras, mais ce sera très dur.”
Et pour la musique, il me disait : “surtout, ne fais pas ça, tu vas t’en prendre plein la gueule. Fais autre chose !” Je lui ai demandé quoi, il voulait que je lui proposer autre chose 🙂
Il voulait avoir tout me protéger.
Que peux-tu nous dire sur ton EP ?
Chaque morceau a son univers. J’aime pas trop les albums qui sont très linéaires.
Il y aura du relief mais avec une cohérence.
Je suis contente. Je le vois comme un univers constitué de pleins de petits autres univers.
Ce ne sera pas autobiographique. Mais ça parlera de choses qui m’ont touchée.
Une chanson pour dire je t’aime ?
Il y en a tellement ! Je t’aime moi non plus de Gainsbourg.
Une chanson qui te fait pleurer ?
L’Adorer d’Etienne Daho. C’est assez systématique quand je le vois en concert, c’est tellement fort. Il me touche. J’étais allée le voir la première fois en live avec mon père. Et c’est assez rare d’avoir autant d’émotions en concert.
Etienne Daho est un exemple de ce j’aimerais tendre pour la scène. Il n’y a pas d’artifice, il ne fait pas de cabrioles et pourtant il t’emporte.
Une chanson pour t’évader ?
L’Etude Révolutionnaire de Chopin. J’ai tout de sa vie : je l’adore !
Il a écrit cette étude à 19 ans. Il y a une puissance impressionnante ! Une telle maturité à 19 ans c’est absolument improbable.
Quand on est comédien, on accepte notre part schizophrène. J’ai beaucoup de plaisir à être quelqu’un d’autre. C’est très reposant, mais il faut avoir confiance en son metteur en scène. On est l’instrument et pas le compositeur.
Et dans la musique : c’est très personnel car c’est ma composition, mes mots. Et en même temps, je ne suis pas dans l’autobiographie. Je suis très sincère dans l’émotion et aussi dans la distance dans qui parle à qui (je ne suis pas le “je” que je chante).
Interview by Alexandre
CALYPSO VALOIS
LE JOUR / JEU FLOU
EP vinyle 45 T (édition limitée à 1000 ex)
(PIAS Le Label)
CONCERT :
30/06/2017 / DAYS OFF – 1ère partie concert Lady Sir
PHILHARMONIE DE PARIS