Après Mi et El, le chanteur Ours ajoute Pops à sa discographie, des mélodies plus dansantes, plus chantantes, pour un album résolument pop.
Entre temps, Charles Souchon a participé à plusieurs projets, les prochains mois vont être intenses avec la tournée, la promo, Le Soldat Rose…
Nous l’avons rencontré pour discuter de tout.
Interview-selfie OURS
UsofParis : Dans une interview lors de la sortie de ton deuxième album, tu disais que tu avais déjà de la matière pour le prochain. Et au final, on a attendu 6 ans pour Pops. Que s’est-il passé ?
Ours : Je n’ai pas mis autant de temps à faire ce disque, j’ai juste accepté d’autres projets musicaux qui sont venus à moi. Des musiques de pièces de théâtre, pas mal de créations : la réalisation du prochain album de Pauline Croze ou composer des musiques avec mon père et mon frère pour le prochain Soldat Rose, écrire des chansons pour d’autres gens… tout ça a stoppé l’élan.
C’était bien que je fasse ces autres projets. Déjà ça fait une récréation plutôt que d’être recroquevillé sur ses chansons, ses émotions et ça nourrit mon album. Je suis allé en Afrique pour faire un disque.
Cela a enrichi et nourrit l’album je pense. Tout est expérience et un album est un peu le résultat de toutes les expériences qu’on a eu ces dernières années et ça en fait partie.
Cet album est beaucoup plus pop que les précédents, c’était une envie de ta part ?
C’est venu assez naturellement, l’envie d’être un peu moins bavard, moins de textes, ne pas hésiter à répéter les mots. Au lieu de faire 3 couplets bien denses, j’en fait que 2 et je n’hésite pas à en répéter un. Je suis aussi plus synthétique, au lieu de dire pleins de choses je résume le tout en un gimmick.
Pourquoi ?
Pour laisser plus de place à la musique. J’avais envie de ça. Dans cette phase de vie, j’avais envie d’un truc plus chantant, plus généreux. Et c’est ça aussi le fait de faire un album plus pop, c’est un album plus facile d’accès, avec des mélodies plus chantantes.
Ta collaboration avec Lily Allen a joué dans ce cheminement ?
Ça a dû influencer oui. Ce n’est pas ça qui a déclenché du tout, mais c’est vrai qu’au début j’avais très peur avec ce duo. Je me suis vraiment amusé à le faire quand je l’ai fait dans mon petit studio. Une fois que c’était en boîte et que ça passait à la radio je me suis dit « Mais c’est très pop pour moi ça !». Puis avec du recul, j’ai trouvé ça bien « si tu as aimé le faire pourquoi tu as peur maintenant que c’est en radio » ça m’a passé au bout de 3 jours. Puis y’a eu le duo avec Ornette en anglais aussi. Ça a débloqué quelque chose chez moi.
Il y a deux duos sur l’album dont un avec Pauline Croze, comment s’est passée cette rencontre ?
Elle m’a vu en concert, je jouais dans une soirée privée où il y avait Matthieu Chedid. Elle s’est retrouvée dans mon mélange de chansons à textes et en même temps de musiques rythmées.
Elle a demandé à Matthieu mon numéro, il nous a mis en relation et elle m’a dit : « je cherche quelqu’un pour réaliser mon album, tu aimerais bien le faire ? » J’ai répondu : « j’aimerais bien mais je ne sais pas si je sais le faire. »
Je lui ai proposé de faire un essai. Elle m’a avoué qu’elle avait demandé à d’autres gens aussi. On a fait l’essai et puis elle a préféré ce que je lui avais proposé. Et de là on a fait plus qu’une réalisation, on a fait un atelier. C’est elle qui a fait toutes ses chansons, ses textes, ses musiques. On a passé beaucoup de temps ensemble à travailler sur ses titres avec Romain Preuss. Et à un moment est venu ce morceau qui part d’accords de Romain, Pauline fait la mélodie des refrains, moi je fais la mélodie des couplets. C’était marrant, on a fait ça ensemble, un vrai truc à 3. On s’est dit que la chanson irait sur l’album qui sortira en premier, et donc j’ai gagné :-).
Les noms de tes 3 albums forment MiEl Pops, c’était prémédité ?
Un petit peu. En fait, ça me dérange même de donner un titre à ce format qui est un recueil de chansons qui sont toutes différentes, qu’ont des thèmes différents. Trouver un titre d’album m’a toujours embêté parce que c’est réducteur pour moi, trop emphatique…
J’ai trouvé un moyen de contourner ça en trouvant des noms un peu neutres, des non-noms. Le premier, je l’ai appelé Mi parce que c’est la note qui revient le plus souvent. Et j’ai pensé tout de suite que le prochain je l’appellerai El, que ça ne voudra rien dire mais que les deux accolés formeront le mot Miel. Ça illustre un truc plus logique pour moi, pour dire que chaque disque est une pierre posée et que tout cela est un chemin, qu’on tire des leçons à chaque fin de disque.
On peut imaginer une suite pour le 4e ?
Je ne sais pas. Je pensais m’arrêter à Miel, mes amis m’ont beaucoup charrié, y’a eu pleins d’idées comme « Eux » pour faire Mielleux, Miel d’Acacias, enfin bon pleins de trucs. Et c’est devenu Pops, qui sont ces fameuses céréales qui font partie de notre pop culture, même le packaging. Je l’ai fait pour la blague, pour contourner et j’aime bien quand c’est un peu ludique, marrant. Ça n’a pas beaucoup de sens mais je l’ai appelé Pops pour continuer ce puzzle mais aussi parce que l’album est plus Pop, mais aussi un petit clin d’œil à Pop Satori un album d’Etienne Daho que j’aime beaucoup.
Quelle est l’origine du titre Liu Bolin, le nom d’un artiste chinois ?
Ours : En fait, c’est son travail. C’est un artiste très controversé qui est même interdit de son pays en Chine, il ne peut plus y retourner. Quand j’ai vu ses œuvres qui se dessinent en trompe l’œil au milieu d’un décor, ça m’a parlé. Lui a son message politique, sur la société de consommation, on est noyé dans cette société. Moi j’ai pensé au fait qu’on était effacés. Que certaines personnes s’effaçaient dans la société, et la société effacent des personnes.
J’ai pensé à tous ces gens, qui sont comme noyés dans la masse, qui sont pour moi des héros discrets à l’heure où tout le monde veut être sous les projecteurs, A la recherche de la Nouvelle Star, on veut monter sa start-up, on fait des profils Facebook,… je fais partie j’imagine de tout ça. Mais il y a aussi tous ceux qui ne bronchent pas et qui vont travailler dignement.
La chanson qui clôt l’album est Tordu, tu parles de toi ?
OUI. Je me complique la vie. Je ne suis pas extrêmement torturé, mais je suis hypocondriaque. Je ne suis pas fondamentalement torturé, je suis assez optimiste et joyeux. Mais j’ai souvent des idées sombres et morbides. Je pense à des trucs un peu bizarres, mon imagination va trop vite, je me complique parfois.
Qu’est-ce qui arrive dans les prochains mois pour toi ?
Je pars en tournée jusqu’en juillet, je vais défendre mon album encore, un autre single peut-être. Je viens de composer avec mon frère et mon père toutes les musiques du prochain Soldat Rose qui sort le 24 novembre. On a travaillé avec beaucoup d’artistes comme Jean Louis Aubert, Sandrine Kiberlain, Édouard Baer, Calogero, Gaëtan Roussel, … Ce sera le 20 novembre sur scène à l’Olympia.
Il y a aussi le deuxième album sur mon père Souchon dans l’air (vol.2) qui est fait. Il va sortir un peu plus tard.
Et puis, je voudrais vite refaire des chansons pour moi. J’aimerais aller vite pour ce prochain disque.
Ton dernier coup de cœur musical ?
Andy Shauf, c’est un gars comme ça qui a l’air penaud avec sa guitare et c’est super. J’aime bien aussi Solange Knowles, la sœur de Beyoncé.
Ton dernier concert ?
Ours : J’ai vu une prestation dans un concert multi-artistes de Rover et j’ai adoré. Ça m’a même bluffé !
La chanson que tu aurais aimé avoir écrite ?
Je veux être un homme heureux de William Scheller.
Une bonne adresse food à partager avec nous ?
Le Flakes, c’est un bar à céréales. C’est sur la pop culture, c’est drôle, on mange des céréales, on boit du lait.
Ta madeleine de Proust ?
Michaël Jackson et Phil Collins en musique.
L’île-de-Bréhat en Bretagne.
L’odeur quand on ouvre un livre neuf de la colle qui relie les pages.
Interview by Joan
Ours
Nouvel album Pops
(Capitol Music France)
Site officiel : oursmusique.fr