C’est dans ses jardins que le château de Versailles nous invite à flâner pour la 10e édition de son exposition d’art contemporain. En collaboration avec le Palais de Tokyo, 17 artistes viennent magnifier les différents bosquets pour un Voyage d’hiver allant de la gloire de l’automne à la minéralisation orgueilleuse hivernale. Les œuvres accompagnent avec majesté la métamorphose naturelle du jardin, tout en confirmant son statut de vitrine pour artistes en tout temps.
Voyage d’hiver : une formule novatrice
Pendant neuf saisons, à la fin de l’été, le château de Versailles laissait le champ libre à un artiste contemporain pour s’exprimer en accord avec l’esprit du lieu. Cette année, l’exercice est confié à dix-sept artistes aux univers différents où se mêlent étonnement et fascination.
Une nouvelle temporalité s’installe, avec Voyage d’hiver, en choisissant la période allant des prémices de l’automne jusqu’à l’intensité hivernale. Pendant ce moment, la royale verdure se repose, loin du faste et de l’extravagance estivale, révélant une beauté presque inattendue. Ceci permet au visiteur d’avoir une expérience inédite en renouvelant ses émotions.
Une approche sensorielle
D’entrée de jeu, nous sommes soufflés par l’installation de Marguerite Humeau au bosquet de l’Arc de Triomphe. Ce sphinx monumental, se faisant la métaphore de l’équilibre fragile de notre rapport au monde, se trouve à la fin d’un labyrinthe végétal aux couleurs sanguines lui conférant un charme sans pareil…
Au bosquet du Dauphin, Dominique Petigrand fait se révéler la structure du lieu par 24 haut-parleurs diffusant un monologue entrecoupé de silences. En déambulant dans les couloirs de végétation, le message de l’artiste concernant la mémoire défaillante du temps qui passe nous fait écho…
Les tons ocres et orangés de l’automne servent autant les travaux de David Altmejd au bosquet des Trois Fontaines que l’hommage rendu par Mark Manders à la jeunesse éternelle au bosquet de l’Etoile.
Sheila Hicks, au bosquet de la Colonnade, utilise des bandes textiles colorées pour reprendre le cycle du temps, servant de transition entre la végétation étincelante et la mélancolie d’une nature en repos.
Le contraste entre l’austérité et l’aspect immaculé de l’hiver est parfaitement représenté par Rick Owens. En faisant se revêtir les statues du bosquet de la Reine d’une matière enveloppante, le présent préserve le passé des intempéries hivernales pour une identité future…
L’apothéose de ce circuit est «Bruit blanc», l’installation de Stéphane Thidet. La représentation post-apocalyptique d’une salle de spectacle abandonnée à l’aide d’éléments réfrigérants trouve totalement sa place dans le bosquet de la Salle de Bal. La vie en mouvement d’une époque révolue semble avoir été cristallisée par le temps et la glace. Le résultat est saisissant, autant frêle que spectaculaire…
Nous laissons à votre curiosité la découverte des autres œuvres à l’éclat tout aussi immodéré. 😉
En partant, n’hésitez pas à vous procurer le catalogue de l’exposition dans lequel Céline Minard vous livrera une dernière surprise !
Voyage d’hiver
exposition d’art contemporain dans les jardins du château
Jusqu’au 7 janvier 2018
Château de Versailles
Place d’Armes
78000 Versailles
Page officielle de l’expo : voyage-hiver