Blogtrip avec Intercités sur les plages de Normandie, accueillis et guidés par la D-Day Academy !
Grâce à Jean-Pierre Benamou, nous avons passé une journée riche d’histoires, d’émotions et d’anecdotes sur ce qui reste la plus grande reconquête du XXe siècle : le débarquement de Normandie.
Et dès notre arrivée à la gare de Bayeux, le ton est donné.
Pour nos déplacements de la journée, nous avons droit à un transport de troupe G.M.C et un Command Car d’époque : le même que celui du Général Patton !
C’est un peu tape-cul mais ça met dans l’ambiance… Normal : pas de clim et pas de coussin !
Direction Saint Laurent-sur-mer et Omaha Beach, 40 minutes de secousses et d’air frais. Heureusement, les routes sont en meilleur état qu’en 1944 !
Pourquoi Bayeux comme base de départ ? Outre le nœud ferroviaire de la région, la ville a été la capitale française jusqu’à ce que Paris soit libérée. Bayeux était l’épicentre de la reconquête. Une ville hôpital avec 4 000 lits sous tentes pour soigner les blessés. Mais aussi la première ville de tourisme dès sa libération, avec la recherche des souvenirs, comme les objets oubliés par les Allemands, tout comme la première ville de commerce pour le réapprovisionnement en nourriture.
Des visites passionnantes par un passionné
Jean-Pierre est plus qu’érudit sur cette période de notre histoire.
Normal, il beigne dedans depuis des années. Ces véhicules américains, il les a récupérés de l’entreprise de son père. Ces camions ont servi à reconstruire le tissu économique français jusqu’à ce que les constructeurs nationaux puissent produire à nouveau. Il y en a eu jusqu’à 100 000 débarqués à cette époque.
L’association D-Day Academy regroupe des chercheurs-archéologues comme les appelle Jean-Pierre, toujours prêts à découvrir de nouveaux documents, de nouveaux faits.
C’est avec cette passion de transmettre que nous posons le pied sur Omaha Beach, là où les Américains se sont fracassés sur les collines ultra protégées de Colleville-sur-mer.
Face à la Manche, houleuse ce jour-là, notre conteur arrive à nous transmettre le désarroi des GI’s pris au piège des défenses allemandes. Avec des photos, des cartes et son émotion, on se sentirait presque revenu en arrière, sous le sifflement des balles et les explosions d’obus.
On apprend au passage que seule la porte avant des barges de débarquement était en acier et que leurs flancs étaient en bois. On frémit en imaginant la faible protection.
Émotion et hommages à ceux qui sont tombés
Le plus impressionnant, c’est cette carte de la Baie de Seine qu’il déroule devant nous.
Elle référence les 687 épaves de navires coulés dans cette période. “Ils renferment pour l’éternité près de 500 corps, ce qui fait de la Baie de Seine un espace funéraire naturel.” Il est d’ailleurs formellement interdit de plonger dans ces épaves.
Avant de quitter la plage, nous plantons dans le sable une croix rehaussée du coquelicot anglais, symbole du souvenir des hommes abattus en ce lieu. La croix sera emportée par la marée, rejoignant les corps reposant dans la mer. Instant de recueillement.
Notre convoi reprend la route, le cimetière américain de Colleville.
Cette enclave de territoire américain en France est là où repose les dépouilles des GI’s qui n’ont pas survécu à l’assaut d’Omaha Beach.
Lorsque l’on pénètre dans ce cimetière, un premier hommage est rendu aux 1 500 disparus dont les corps n’ont pas été retrouvés.
Il n’y a pas d’ordre précis d’inhumation dans ce mausolée. “La seule règle, les frères sont enterrés côte à côté.” nous confie Jean-Pierre.
Plus de 9 000 hommes reposent face à la Manche.
Et si, lors de votre passage, vous voyez une inscription recouverte de sable, c’est que la famille d’un défunt est venue récemment. La poignée de sable récupérée à Omaha Beach permet de raviver la mémoire du soldat mort loin de chez lui.
D’ailleurs, le Général Lesley J. McNair a eu la visite de sa petite-fille de 72 ans, une semaine avant notre venue. Il est enterré auprès de son fils, mort lui aussi sur le front normand.
McNair était chef d’état-major du quartier général de l’US Army, le commandant en chef de toutes les armées américaines. Il est mort sur le front, sous les bombes de son propre camp, lors d’un raid trop proche des lignes de combats. Des bombardements alliés qui, après ça, auront lieu 500 mètres en avant des lignes pour éviter les pertes.
Et des petites histoires passionnantes et tristes, Jean-Pierre de la D-Day Academy, en connait beaucoup. Laissez- le vous les conter lors de votre visite.
Le projet fou des Anglais pour Arromanches
Les bombardements alliés préparant l’invasion ayant détruits de nombreuses infrastructures, il a fallu penser au ravitaillement des troupes.
Si les Anglais avait prévu un mois de réserves, assurer le déchargement du matériel et des rations pour la suite était essentiel.
C’est là que qu’entre en jeu le port artificiel d’Arromanches-les-bains sur le site de Gold Beach. Un projet fascinant !
Des centaines de blocs de béton de 8 000 tonnes ont été acheminés depuis la Grande-Bretagne et assemblés pour former une jetée de 10 kilomètres de long. Elle devait protéger les infrastructures aménagées pour recréer un port.
Si l’idée pharaonique était brillante, son rendement a été moindre que les bateaux ferries gros porteurs US.
Mais la solidité du projet est telle que les blocs de bétons sont encore visibles entre Arromanches et Ver-sur-mer.
Avec Jean-Pierre, on partage aussi des histoires moins connues. Car si les Américains se sont fracassés sur Omaha Beach, à quelques kilomètres de là, c’est que les Allemands tenaient la position. Ils ont résisté aux assauts.
Les Anglais sur Gold Beach ont eu plus de chance. Si c’est bien l’armée allemande qui protégeait les plages d’Arromanches, les bataillons étaient composés de soldats enrôlés dans les camps de prisonniers du front de l’est. Préférant servir l’envahisseur contre des conditions de vie meilleure. Mais ils se sont rendus plus rapidement, plutôt que de mourir au combat.
D-Day Academy : une redécouverte de l’Histoire
Jean-Pierre Benamou et ses acolytes sont des puits d’histoire petite ou grande sur ces batailles qui ont ramené la liberté sur les plages normandes puis dans toute la France.
Avec eux, on découvre que beaucoup de produits actuels existaient déjà en 1944.
Dernière anecdote, un peu incroyable : chaque année la terre normande libère de leur sépulture anonyme un ou deux corps américains et dix à douze corps allemands disparus.
Une façon pour nous de garder à l’esprit la violence des combats qui se sont déroulés en Normandie.
On aurait aimé partager plus qu’une journée avec l’équipe de la D-Day Academy et avec Jean-Pierre…
Plus d’info sur les excursions et les programmes sur le site de l’association.