C’est au lendemain de son concert acoustique au Théâtre Déjazet que nous avons rencontré Anne Sila. L’occasion de revenir sur son passage dans The Voice, sur ses deux tournées et de sa participation à la fresque musicale Jésus. Un véritable moment d’échange et de partage avec une artiste adorable et passionnée.
INTERVIEW SELFIE ANNA SILA
USofParis : Ton album est sorti il y a plus d’un an, tu as fait une première tournée avec un groupe et ensuite une tournée plus intimiste en acoustique. Comment ça va Anne Sila ?
Anne Sila : Je me sens chanceuse parce que j’ai vraiment un public attentif et ça me touche beaucoup car je cultive beaucoup l’instant et le moment très intime. Je trouve ça hyper agréable. On a commencé par une grosse tournée avec beaucoup de musiciens sur scène, qui avait son charme aussi parce qu’on avait une grosse énergie de groupe. Et là on est sur quelque chose de plus intime, qui me plaît beaucoup aussi, on a plus de possibilités d’interagir avec le public. En piano-voix, on a beaucoup plus de plages d’improvisation et de moyens de proposer des concerts différents chaque soir.
Tu reviens un peu à ce que tu faisais à New York, le piano-bar, c’était une volonté de ta part ?
Ma volonté ce n’est pas vraiment de revenir à ça, mais c’est de mélanger les styles. Et ce qui est cool dans le piano-voix c’est que c’est assez subtil, on peut faire une chanson pop, une chanson française la transformer un peu, partir vers des allures jazz, un peu classique. Ce qui m’intéresse c’est de mélanger ça. Je trouve que là on a un bon compromis et je sens que les gens sont réceptifs à ça. C’est ça qui me plaît et me rend encore plus heureuse.
Tu nous as fait revivre ton audition de The Voice à l’aveugle, en plongeant la salle et la scène dans le noir. C’était un moment important pour toi j’imagine cette émission ?
Ça apporte de l’adrénaline d’une manière improbable, dont on ne peut pas se douter quand on n’y est pas, mais il y a surtout tout cette médiatisation qui apporte le lien avec les gens. Aujourd’hui, il y a pleins pleins de groupes, de personnes qui chantent, qui écrivent des trucs de dingues qu’on ne connaîtra jamais… et c’est vrai que ce n’est pas évident d’avoir un lien avec le public aussi « facilement » qu’avec une émission qui est vue par des millions de personnes. Forcément c’est énorme médiatiquement !
Tu avais essayé déjà de présenter ton travail en maison de disque ?
J’étais en train d’écrire un peu mais je ne savais pas trop, donc je n’avais pas vraiment essayé. J’avais sorti des choses mais c’était dans ma région.
Effectivement, The Voice ça te propulse là-haut, ensuite il faut faire bien là-haut et savoir vers quoi tu vas. C’est une super expérience. J’ai rencontré Florent Pagny (ndlr : son coach dans l’émission), j’ai rencontré pleins de gens que j’adore et j’admire. J’en garde un très bon souvenir.
Si Zazie s’était retournée, elle ne pouvait pas puisqu’elle était complète, est-ce que tu aurais fait un autre choix ?
Moi je voulais Zazie ou Mika. C’est drôle parce que Jenifer et Florent se sont retournés et dans ma tête c’était les deux autres que je voulais.
Mais je suis vraiment fière d’avoir fait l’aventure avec Florent. C’est une rencontre inattendue et je le respecte beaucoup, c’est quelqu’un de très humble et de très fiable. Il me soutient encore aujourd’hui. Si c’était à refaire, je referais la même chose.
Tu as écrit et composé la plupart de tes chansons sur l’album, comment se passe ton processus d’écriture ?
Je suis du genre à ne pas écrire beaucoup. Une chanson elle sort d’un coup comme ça. Soit il m’est arrivé quelque chose soit à une personne de mon entourage. J’aime bien parler de l’humain, du rapport aux gens. J’ai du mal à faire quelque chose de descriptif. Je suis dans le toi et moi, l’humain, la relation à l’autre. C’est assez instinctif, je ne me dis pas : “aujourd’hui, j’écris un couplet.”
Il y a certaines de tes chansons qui datent de 10 ans, ça veut dire que ton album était déjà prêt avant l’émission ?
Non, en fait quand on m’a proposé de faire l’album je leur ai dit « Voilà ce que j’ai ». J’ai pris toutes les chansons que j’avais, pour moi c’était l’occasion de ma vie de faire un album donc j’ai pris Tends-moi les bras que j’ai écrit à 19 ans, Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? quand j’avais 17 ans.
C’est pour ça que j’ai hâte aussi de faire un deuxième album. Le premier c’est un peu une sorte de melting-pot de mes 10 ans passés. Le prochain ce sera Anne de maintenant.
Peux-tu nous parler du titre A la dérive ?
C’est une amie qui s’appelle Norig qui m’a envoyé un texte en me disant qu’elle avait pensé à moi et que je pouvais en faire ce que je veux. Le texte m’a beaucoup touché. J’étais devant mon ordinateur, je me souviens parfaitement de ce moment, j’ai reçu le texte, je l’ai pris et j’ai composé la musique dessus. Ensuite ce qui est rigolo c’est que je suis parti en studio pour enregistrer Mon amour qui est une chanson d’un autre ami, Mehdi. On avait des cordes à disposition. J’ai demandé à l’arrangeur de faire une surprise à Norig : d’enregistrer la chanson et de mettre des cordes dessus. Pour moi, c’est une des chansons les mieux produites de l’album.
Tu as été choisie pour jouer le rôle de Marie dans Jésus, de Nazareth à Jérusalem la comédie musicale de Pascal Obispo. Qu’est-ce qui t’a attiré dans ce projet ?
Anna Sila : Sur le coup, c’était un peu comme The Voice, un peu comme tout ce que je fais, je suis souvent dans le doute quand on me propose des projets. Puis on me propose surtout des projets à l’inverse de ce à quoi j’aspire, enfin je crois. Par exemple, The Voice, je sortais du jazz, pour moi c’était improbable de passer à la télé et j’étais sûre que je n’allais pas le faire, et pourtant.
Quand ils m’ont dit le titre, j’étais un peu sceptique. Je me suis dit que comme projet c’était compliqué, surtout aujourd’hui. J’ai eu la chance de rencontrer Pascal Obispo et Christophe Barratier que j’admire beaucoup.
Et j’ai été touchée vraiment par le côté humain de l’histoire. Je ne suis pas du tout dans une approche religieuse. Quand on a tourné le clip de L’ Adieu j’ai appréhendé le rôle dans une manière très humaine. Je me suis imaginée une mère qui perd son fils. C’est comme ça que je vis pour l’instant le projet. Le clip qu’on a tourné c’est une des meilleures expériences de ma vie.
C’était une envie de faire de la comédie musicale ?
Ça m’attirait depuis longtemps. Après, je rêvais de Broadway, de New-York. Je pense que ça va être un beau projet. C’est vrai que ce sera sûrement quitte ou double mais en tout cas ce sont des gens biens qui savent ce qu’ils font. Je crois que juste pour le côté humain, il faut y aller.
Et si tu pouvais jouer dans une comédie musicale, laquelle choisirais-tu ?
C’est une bonne question. Je ne pense pas que je pourrais faire ce rôle-là, mais c’est un rôle qui m’a vraiment marqué lorsque j’avais vu The Lion King à New-York. C’est le rôle de Rafiki qui était joué par une femme dingue. Ça c’est un beau rôle. C’est n’est pas très sexy mais c’est un beau rôle.
Tu prépares déjà le prochain album ?
Anna Sila : On est déjà en train d’y réfléchir. J’ai déjà quelques chansons qui arrivent et je suis en pleine prise de possession du terrain. Je commence à me demander ce que je vais faire. Je tate un peu. J’écris des chansons, je demande aux gens autour de moi ce qu’ils en pensent. On n’est pas en train de faire l’album mais on y réfléchit sérieusement.
Tu sais déjà un peu ce que tu as envie avec cet album ?
J’ai envie d’être plus proche de moi aujourd’hui. Un peu plus comme ce que je fais en tournée acoustique, un peu plus sobre que l’album dans la manière de produire. Je voulais en mettre partout, j’étais très enthousiaste. Pour moi ça manque un peu d’authenticité. Peut-être quelque chose qui va plus à l’essentiel, où la voix et les paroles sont plus mises en valeur.
Ton dernier coup de cœur musical ?
Ce n’est pas le dernier, mais j’écoute l’abum My favorite faded fantasy de Damien Rice (Elle est trop marrante car à chaque fois qu’elle dit un nom, elle s’approche du micro pour que j’entende bien après pour retranscrire).
Je l’écoute en boucle en ce moment.
J’ai un vrai coup de cœur pour la nouvelle chanson d’Amy Lee, c’est exactement le genre de truc que j’aimerais faire. Elle faisait partie d’Evanescence et elle a fait un projo solo : Speak to me. C’est magnifique ! La chanson est parfaite.
Le dernier concert que tu aies vu ?
Anna Sila : Oh la, il serait temps que j’aille voir un concert… Je crois que c’était Francis Cabrel il y a un an.
Ah ! Puis Pascal Obispo, j’ai fait sa première partie à Bercy et après j’ai vu son concert.
Si je pouvais faire apparaître n’importe qui pour que tu puisses faire un duo, ce serait qui ?
Alain Leprest ! Tu écouteras Le temps de finir la bouteille. Il y a une version live où il est malade, c’est un peu compliqué, mais c’est magnifique. Le pire c’est que je l’ai rencontré, et je n’ai pas osé lui parler. 3 fois et je n’ai jamais osé.
La chanson que tu aurais aimé avoir écrite ?
Aimer pour deux d’Alex Beaupain.