“Quels cabots !” Ce sont les premiers mots qui viennent en tête à la sortie du Théâtre Saint Georges, après avoir assisté à ce duo de stars. Les comédiens et les personnages se confondent au bout du compte, en fin de soirée. Daniel Prévost est égal à lui-même, joueur, gueulard, provoc. On croirait le rôle de cette pièce créée à Broadway en 1972 écrit pour lui. Troublant.
On avoue. Même si l’affiche est alléchante, nous avions quelques appréhensions avant de voir Les Stars au Théâtre Saint-Georges. Ce n’est pas que Jacques Balutin et Daniel Prévost soient de mauvais acteurs, mais leur connotation boulevard pouvait donner à cette pièce, à priori, une petite touche désuète. Nous n’avons pas boudé notre plaisir.
Deux artistes du spectacle comique, brouillés depuis 11 ans sont contraints de reformer leur duo pour une soirée hommage aux grands humoristes diffusé sur une grande chaine de télé américaine. Ceci avec l’entremise du neveu de l’un deux (Benjamin Boyer), agent de son oncle.
Ce duo composé de Willy Clark (Daniel Prévost) et Ted Lewis (Jacques Balutin) doit passer outre ses inimitiés et les désillusions d’antan pour être prêt le jour J.
Une gageure considérant l’antipathie qui les dévore.
Le Théâtre Saint-Georges accueille donc deux maîtres du boulevard. Avec cette pièce écrite par Neil Simon originalement intitulée The Sunshine Boys, on assiste au duel acharné et bouillonnant de deux cabots que sont Balutin et Prévost. Aucune surprise dans le rôle pour ce dernier, aigri et revanchard à souhait, mais on constate une maîtrise plus forte du flegme du grand Jacques.
Certes la pièce n’est pas d’une grande inventivité, mais elle va droit au but : les échanges et saillies s’enchainent avec aisance. Tout y passe : ressentiments, différents l’un envers l’autre, mais aussi une admiration réciproque qui n’avait jamais été avouée lors de leur période faste et leur séparation imprévue et subite.
On sourit et jubile à voir Daniel Prévost se débattre dans sa solitude, abandonné du monde du showbiz et tentant de resté digne.
On savoure la droiture de Jacques Balutin qui a survécu à l’épreuve du temps et à la rupture de ce couple comique.
On regrette le rôle très succinct de l’infirmière (Bérangère Gallot), qui n’a qu’une dizaine de minutes sur scène et apporte une présence vivifiante.
Certains diront que c’est une affiche de spectacle pour les plus de 50 ans, mais voir ces deux acteurs mythiques sur la scène du Saint-Georges, comme on pourrait aller voir Galabru, reste une expérience du théâtre.
Vous sortirez avec la patate, et le sourire.
Un bon remède à la morosité ambiante !
Les stars
Pièce de Neil Simon
Mise en scène et adaptation : Pierre Laville
Avec : Jacques Balutin, Benjamin Boyer, Bérangère Gallot, Daniel Prévost
jusqu’au 30 avril 2015
du mercredi au vendredi à 20h30
les samedis à 17h et 20h30, les dimanches à 16h
Théâtre Saint-Georges
51 rue Saint-Georges
75009 PARIS
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