Bienvenue à Suburbicon, une ville champignon dans les USA des années 60. Ici, tout est ripoliné et propre avec des pelouses tondues à ras. Chacun connaît son voisin et lui offre une apple pie. L’harmonie règne dans cette grande communauté, comme pour la famille Lodge.
Dans cette Amérique puritaine, un événement va perturber cette harmonie totalement WASP : l’arrivée d’une famille noire, les Meyers.
Et, malheureusement pour cette dernière, c’est ce soir-là qu’un incident va bouleverser la vie de la famille Lodge.
Bienvenue à Suburbicon : are you sure?
Ce résumé frôle, un peu, celui d’un film social.
En fait, c’est plus un conte que trace petit à petit le scénario. Mais un conte à la sauce Cohen (les deux frères sont quatre des huit mains du scénario) : alors bienvenue à la satire, parfois au comique grinçant mais surtout à l’esprit barré.
On retrouve dans Bienvenue à Suburbicon, cette patte unique qui permet à ce si joli récit propret de glisser lentement vers un univers plus torturé.
On a tout de suite pensé au film O’Brother (2000), pour l’ambiance 60’s, les clivages raciaux, une certaine folie des personnages avec toujours cet humour noir qui surgit dans les situations inattendues. Mais en plus lent dans la narration.
D’ailleurs, le début assez mou du récit oblige le spectateur à se laisser prendre par la main pour accrocher à l’histoire. On se demande ce qui fait de ce film de George Clooney, un bon film.
Et puis, d’un coup, il y a ce twist. Le blanc devient gris. La banlieue paisible se change en un lieu où se concentrent la haine et la folie.
Du coup, on se dit que Suburbicon, fait une référence parfaite au Satyricon (le livre ou le film) : une société où le bonheur de façade cache des malheurs plus grands. Une société US qui doit se battre avec ses démons.
Un casting juste !
De ce côté-là pas de fausse note.
Tous les acteurs se glissent parfaitement dans ce paysage mouvant de banlieue parfaite.
Matt Damon (Gardner Lodge) passe petit à petit d’une insipidité totale à un corps qui fait suinter la noirceur de son personnage. Julianne Moore est la parfaite godiche stéréotypée, mais qui connait très bien tous les ressorts des drames qui se jouent.
Les malfrats (Glenn Fleshler et Alex Hassell) sont de parfaites caricatures des méchants iconiques du film de genre des années 60/70.
Et il faut aussi rendre hommage aux deux gamins de l’histoire : Nicky (Noah Jupe), pour la famille Lodge et Andy (Tony Espinosa) pour la famille Meyers. Leur jeu est juste. Mais surtout, ces deux enfants semblent être les seuls à avoir la tête sur les épaules. Les seuls à ne pas être touchés par la folie des adultes. Ce sont eux qui bouclent le cycle de la narration de ce conte que George Clooney a voulu réaliser.
Bienvenue à Suburbicon n’est pas forcément le meilleur film de George Clooney, mais une réelle parenthèse qui offre une histoire tout de même bien différente de la production actuelle.
Pour conclure, on a hésité à mettre la bande-annonce, mais elle dévoile tellement de l’intrigue que vous perdriez toute la saveur de la découverte du film en salle.
Libre à vous de la visionne ou pas.
Bienvenue à Suburbicon
Sortie le 6 décembre 2017
Réalisation : George Clooney
Scénario : Joel et Ethan Cohen, George Clooney et Grant Heslov
Avec : Matt Damon, Julianne Moore, Noah Jupe, Glenn Fleshler, Alex Hassell, Gary Basaraba, Oscar Isaac, Karma Westbrook, Tony Espinosa et Leith Burke
Musique : Alexandre Desplat