Archives de catégorie : Spectacles

Gerbes d’amour : Constance déchainée à l’Apollo Théâtre

Après Partouze Sentimentale, Constance brille avec un max de love, des beats et de l’humour corrosif à souhait avec Gerbes d’Amour à l’Apollo Théâtre à partir du 18 janvier.
Notre petite beauté comique se met, pour l’occasion, au chant. Et ça pulse à mort !
Que Giedré soit prévenue, elle a une vraie concurrente, en beaucoup plus féroce. 

Gerbes d'amour

Constance est capable de tout !

On savait la trentenaire redoutable en matière d’humour noir, très noir, en situations qui font déglutir de travers et en poil à gratter puissance 1000.
Constance est vraiment capable de tout et même de s’autoproduire ! Adieu le confort d’une production toute dédiée à son artiste. Constance s’émancipe avec ce spectacle et emmène dans son nouveau dérapage contrôlé une complice : Marie Reno. 

Avec la musicienne-chanteuse, elle goûte avec toujours plus d’intensité aux joies de la scène, mais cette fois en duo, après 10 ans de solo sur toutes les scènes de France. 

Gerbes d'amour

Ptit chat, pute, princesse, Picarde, fêtarde… 

Constance excelle dans l’art de se costumer, de surprendre à chaque fois, de se dégueulasser la tronche pour les besoins de la vanne.
Didier Super, le metteur en scène de Gerbes d’Amour, a eu la géniale idée du paravent noir. Cette fois, l’artiste ne quitte plus la scène pour changer de costume.
Ce qui nous donne droit aux apartés de très haute volée que l’on mérite.
“Artiste pute, produit de consommation” ouvre le spectacle. Constance n’a une nouvelle fois pas froid aux yeux, ni aux cuisses. Ce shorty lui va si bien.
Cette chanson fait penser à ces Youtubeuses capables d’émerveiller avec leur dernier masque de beauté, d’émouvoir avec leurs petits tracas (“un twittos a été trop méchant avec moi hier“), tout en n’oubliant pas d’encaisser les virements bancaires pour les nombreux placements produits dans leurs vidéos.
Cute à mort ! Ou plutôt so 2018 ! 

Mais Gerbes d’Amour c’est aussi un max de love avec le public. Constance excelle dans la pleine communion avec ses spectateurs, quitte à en “maltraiter” un au passage. 

Du love en chanson : la nouvelle princesse qu’elle campe est irrésistible, comme sa mère de famille au coup de main exceptionnel. 

A la sortie du spectacle, on ne regardera plus les saisons comme avant (le printemps, l’été, quelles emmerdes !), on aura un mal à oublier cette délicieuse illustration d’une famille picarde très particulière, sans parler de la soirée de beuverie avec gros dommages collatéraux. 

Gerbes d’Amour :

C’est des beats dans ton body, de l’humour qui tâche mais pas autant qu’un verre de vin rouge, c’est une soirée de fête totalement déconnante mais sans la gueule de bois.
C‘est une blonde qui dégomme tout et une brune qui vous achève avec doigté au piano ou en guitare.
Un spectacle recommandé pour tous les couples, les célibataires. Et encore plus si t’es déprimé(e) et que tu sors d’un burn-out. 

Gerbes d'amour

Germes d’Amour
spectacle de Constance
avec Marie Reno
mise en scène : Didier Super

à partir du 18 janvier 2018

du mardi au jeudi à 21h30

à l’Apollo Théâtre
18 rue du Faubourg du Temple
75011 PARIS
Tél : 01 43 38 23 26

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Cantate pour Lou Von Salomé : ode ardente au Studio Hébertot

Au hasard d’un dîner, Bérengère Dautun est saisie par la ressemblance entre Sylvia Roux et Lou Von Salomé. Ainsi, l’illustre comédienne a trouvé la muse lui inspirant l’écriture de son premier texte. Au Studio HébertotCantate pour Lou Von Salomé offre une douce et passionnée déférence à la vie captivante d’une des premières femmes psychanalystes. En effet, elle a marqué son époque par son esprit libertaire et son statut d’égérie auprès d’hommes influents.

Cantate pour Lou von Salomé

D’entrée, la scène nous interroge : un cheval à bascule, une veste de général, un rideau blanc servant de toile de fond et une grande malle, intrigante. En apparaissant, sobres et élégantes, Bérengère Dautun et Sylvia Roux vont alors se mettre à explorer cette mystérieuse malle. C’est ainsi que nous partons à la découverte de la mémoire de Lou Von Salomé…

Devant nous, une quinzaine de personnages prennent vie par le biais d’accessoires. De son intelligence remarquée dès son plus jeune âge à la relation vibrante que Lou menait avec Friedrich Nietzsche et Paul Rée dans un ménage à trois, vous serez impressionnés par sa force d’attraction. Son unique mari, Friedrich Carl Andréas, peut en témoigner. Tout autant que le jeune Rainer Maria Rilke qui l’éveille aux multiples désirs… Enfin, sa rencontre avec Sigmund Freud sera décisive. Elle devient alors sa disciple en entrant en psychanalyse, faisant d’elle une pionnière.

De tous les hommes ayant croisé sa vie, Lou produit toujours le même effet : déchaîner la passion et inspirer aux êtres la force de se révéler…

Cantate pour Lou Von Salomé

La complicité évidente unissant les comédiennes transparaît dans leur interprétation. Grâce à une mise en scène délicate et tendre, elles se répondent, se complètent, telles de doux miroirs. Lorsqu’une apparaît ingénue aux prémices de la vie, l’autre lui insuffle l’énergie de l’espérance.

En définitive, dans un monde où la place de la femme reste toujours un combat, ce devoir de mémoire de Bérengère Dautun résonne comme un partage, une offrande pour ne surtout pas oublier…

by Jean-Philippe

Cantate pour Lou Von Salomé

De : Bérengère Dautun
Avec : Bérengère Dautun, Sylvia Roux
Mise en scène : Anne Bouvier

jusqu’au 28 janvier 2018

du jeudi au samedi à 21h
matinée le dimanche à 17h

au Studio Hébertot
78, bis Boulevard des Batignolles
75017 Paris

tél. 01.42.93.13.04

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Momix au théâtre des Champs-Élysées : hommage raffiné & splendide !

Momix fascine, émerveille et surprend depuis maintenant 37 ans ! En incitant le monde à l’évasion grâce à un univers particulier, aux confins de l’illusion et de la réalité, Moses Pendleton redéfinit avec passion les codes du raffinement et de l’esthétique.
Au Théâtre des Champs-Élysées, Viva Momix Forever revient sur cette aventure humaine extraordinaire en mêlant les plus belles chorégraphies ayant fait le succès de la compagnie, avec des inédits prometteurs pour la suite !

Momix

Les créations de Momix se remarquent par un subtil dosage d’ingéniosité, d’audace, de poésie et de rêve. Tout n’est que surprise ! L’être humain exulte, aidé par des effets techniques impressionnants par leur délicatesse…

Les danseurs-athlètes-illusionnistes accordent une dimension nouvelle à l’enveloppe corporelle. Les limites sont sans cesse repoussées. Le corps est en perpétuelle mutation, se métamorphose. Il devient imprévisible. Il sert alors de moyen d’expression à des mondes animés.

Ainsi, une femme gracieuse, aérienne et sensuelle danse, joue et devient une étoile… Des femmes-fleurs terminent leur germination avant d’éclore dans un halo lumineux nous laissant croire qu’elles finissent par s’envoler…

Moses Pendleton, le directeur artistique de la compagnie, trouve son inspiration dans son vécu et ce qui l’entoure. Nous retrouvons des thèmes aussi variés que les danses guerrières amérindiennes, l’art ancien de l’alchimie, les créatures du désert, la complexité de l’esprit ou encore la nature influencée par son enfance dans une ferme du Vermont.

Momix

Une scénographie exceptionnelle !

Momix aime jouer sur les illusions afin de nous transporter dans un ailleurs… Pour cela, tous les moyens techniques possibles sont déployés avec une justesse et une élégance sans pareil, conférant ainsi le caractère spécifique de ce spectacle.

Bien entendu, une part belle est donnée à la lumière. Qu’elle soit intense, tamisée, en pluie, froide, chaude ou à ultraviolets, elle est toujours terriblement adaptée ! Des projections vidéo ou en 3D apportent une dimension grandiose et inattendue en envahissant tout l’espace… Nous trouvons également des accessoires tels que miroirs, barres ou de surprenants ballons. Tout est donc fait pour mettre en valeur les saynètes ainsi que les costumes riches et flamboyants, allant du papier froissé au tulle le plus vaporeux…

En alternant des tableaux à l’impact différent, Moses Pendleton nous permet de reprendre notre souffle. De cette manière, nous apprécions encore plus chacun d’entre eux. Finalement, ce choix judicieux nous fait penser à la vie : des moments simples, plus lents, nous font savourer, plus intensément, les moments d’exaltation…

Avec ce spectacle, le temps n’a plus aucun impact… De ce fait, notre corps est au Théâtre des Champs-Élysées, notre tête dans un voyage à travers le monde et notre esprit s’en invente un nouveau…

Vous l’aurez compris, Viva Momix Forever fait du bien ! En effet, au sortir du spectacle, voici mes impressions à chaud : « C’était beau… Le genre de beauté donnant du baume au cœur, montrant ce que le monde est capable de produire de merveilleux ! Du genre à faire renaître un sourire sur un visage fatigué par les habitudes et le quotidien 🙂 ».

by Jean-Philippe

Momix

Viva Momix Forever

Avec : Jonathan Eden, Amanda Hulen, Sarah Nachbauer, Jason Williams, Morgan Hulen, Jennifer Chicheportiche, Seah Hagan, Heather Magee, Jacob Stainback
Mise en scène, chorégraphie : Moses Pendleton

Jusqu’au 7 janvier 2018

Du mardi au samedi, ainsi que le dimanche 31 décembre à 20h
Matinée le samedi 6 janvier à 15h et le dimanche 7 janvier à 17h

au Théâtre des Champs Elysées
15 Avenue Montaigne
75008 Paris

site officiel : www.momix.com

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Aimez-moi : Pierre Palmade émouvant et ensorcelant @ l’Atelier

Pierre Palmade revient enfin à ses premières amours : un seul en scène !
Sans doute moins hilarant que les précédents spectacles, Aimez-moi nous surprend par la tendresse de son regard, les situations improbables et les observations qui font écho en nous que nous soyons gays, hétéros, vieux, jeunes, désespérés par l’état du monde ou des joyeux utopistes.
Pierre Palmade nous touche pour notre plus grand bonheur !
Rdv au Théâtre de l’Atelier à partir du 22 septembre.

Pierre Palmade

Avec Aimez-moi, il y a du loufoque total – proche de la fable – comme cette parenthèse animalière qui l’a conduit à être adopté par une famille d’aigles. Il y a aussi de la prise directe avec la réalité du couple – un père quitté par sa femme, sans ultimatum, faisant face à ses enfants. Et surtout de l’invention géniale : comme ce chanteur médium poilant.

Tous ces personnages sont attachants, dénués de méchanceté, ce qui ne veut pas dire qu’ils sont sans aspérités.
Ils sont heureux aussi bien de leur bonheur,  leurs contrariétés que leurs beaux malheurs. 

Un spectacle tout en finesse

C’est un Palmade un peu désabusé, voire mélancolique qui évolue sur scène.
Les textes de ses sketches laissent transparaître les angoisses et les expériences de l’homme mais transposées avec bienveillance dans une galerie de personnages efficace.

Alors, il est possible de rire du cancer sans tomber dans la provocation pure, du handicap affectif et aussi du cas très particulier du fan transi de Barbara Streisand – une espère en voie de disparition. 

Petite touche supplémentaire, l’humoriste débriefe certains de ses sketches en mode “Je“, histoire de mettre en lumière l’homme derrière le comique. Une pause qui peut être douce-amère mais jamais moralisatrice.

Aimez-moi est une vraie bulle de rire, de poésie et d’émotions. 

Pierre Palmade

Aimez-moi

Un spectacle de et avec : Pierre Palmade
Mise en scène : Benjamin Guillard
Scénographie : Jean Haas

du 22 au 29 septembre 2018

à 20h du mardi au samedi

au Théâtre de l’Atelier
1 Place Charles Dullin
75018 Paris


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Slava’s Snowshow au 13ème Art, une parenthèse enchantée

L’ambiance régnant lors des fêtes de fin d’année, avec sa nostalgie caractéristique, fait souvent ressurgir en nous de précieux instants vécus. La vocation du Slava’s Snowshow est de raviver l’âme d’enfant sommeillant au plus profond de nous.
C’est ainsi qu’au 13ème Art, la magie opère en mêlant poésie, rires et prouesses techniques stupéfiantes ! Partez à la rencontre d’un univers sublime et féérique, où le temps semble se suspendre dans les rêves…

Slava s snowshow

Des clowns grimés et de curieuses créatures vertes aux drôles de chapeaux nous accueillent. Pendant plus d’une heure et demie, ils vont nous faire vibrer par l’incroyable force de leur pantomime.

Avec un naturel déconcertant, ils abordent alors l’énigme de la vie, le temps qui passe, la mort, la destinée, l’amour ou la beauté de notre monde de façon délicate, tout en pudeur.

Chaque tableau est un émerveillement laissant place à l’émotion. Ainsi, vous souriez un peu naïvement en vous rappelant les voyages imaginaires que vous faisiez avec vos amis sur votre lit transformé en radeau. Puis une larme roulera sur votre visage en pensant à des adieux déchirants sur le quai d’une gare… Mais vous riez aussi, beaucoup d’ailleurs, de toutes ces situations cocasses.

Slava s snowshow

Un show stupéfiant !

De nombreux et prodigieux effets techniques apportent une intensité au spectacle et une complicité avec le public se trouvant alors stimulé. Nos réflexes juvéniles reviennent dès que nous essayons d’attraper des bulles de savon ! Mais ce n’est pas tout, dans des éclats de rires, nous faisons passer une toile recouvrant toute la salle juste avant que la neige se mette à tomber… L’apothéose est un final époustouflant, solaire et puissant, autant dans le sens que par l’effet…

À ce moment précis, le public est en transe. Une chose merveilleuse se produit alors… La distance entre nous n’existe plus, une communion semble s’installer. Grâce à des ballons géants et à la neige continuant de tomber, nous ne voulons plus partir…

J’observe avec tendresse ma voisine, ma mère. Ses yeux pétillent et elle rit avec une insouciance jusqu’à présent inconnue de moi… Ce soir, elle est en 1961 et elle s’amuse dans une cour de récréation géante. De telle manière que pendant près d’une heure encore, elle rayonne…

Sur scène, amusée, la troupe observe à son tour ce drôle de spectacle. Visiblement, ce soir encore, elle a réussi son pari !

P.S : Ne partez pas trop loin pendant l’entracte ! 😉

by Jean-Philippe 

Slava s snowshow

Slava’s Snowshow

Crée et mis en scène par ; Slava

Conseillé à partir de 8 ans

Jusqu’au 7 janvier 2018

Du mardi au samedi à 20h,
du mercredi au samedi à 16h,
le dimanche à 15h

Le 13ème Art
Centre commercial Italie 2
Avenue d’Italie
75013 Paris
Tél. : 01 53 31 13 13

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Feydeau(x) : un doux moment au Lucernaire

Aujourd’hui encore, Georges Feydeau conserve son titre de « roi du vaudeville ». Effectivement, nous sommes toujours séduits par sa façon de dépeindre les mœurs et la bourgeoisie de son époque dans un style acerbe où la dérision est parfaitement maîtrisée. Feydeau(x) revient sur trois pétillantes œuvres de jeunesse du maître de la comédie.
Trois pièces courtes, trois étapes de la vie de couple. En explorant le thème intemporel de la complexité d’être à deux, le Lucernaire nous propose un moment plaisant et délectable.

Feydeaux

Pour commencer, Amour et piano. L’histoire d’un quiproquo amoureux entre une jeune fille issue de bonne famille pensant accueillir son professeur de piano. Malheureusement, l’homme face à elle est un provincial arriviste la prenant également pour une autre…

Vient ensuite Par la fenêtre, où une extravagante Brésilienne vient chambouler le quotidien de son paisible voisin avocat. Excédée par la jalousie sans fondement de son époux, elle se lance dans un jeu de marivaudage où chacun finit par se perdre, enchaînant des situations toutes plus loufoques (et drôles) les unes que les autres !

Enfin, Fiancés en herbe s’intéresse aux prémices du désir. Deux jeunes écoliers s’interrogent sur ce qu’est l’amour, le mariage. Ils tentent de répondre à ces questions avec la candeur et la naïveté propres à leur âge. Mais ne dit-on pas également que la vérité sort de la bouche des enfants ?

Feydeaux

C’est un plaisir de pouvoir apprécier les premiers textes de Feydeau déjà gorgés de son talent vaudevillesque. Comme ils sont moins connus, nous avons ainsi l’impression de les redécouvrir. Les comédiens ne sont pas en reste. En effet, les pièces sont magistralement portées par une troupe à l’énergie et à l’enthousiasme débordants ! Ainsi, c’est à un rythme effréné que se succèdent cocasserie, absurdité de situations et humour explosif.

P.S : Fiancés en herbe est absolument délicieux 😉

by Jean-Philippe 

Feydeaux

Feydeau(x)

Auteur : Georges Feydeau
Artistes : Laurence Facelina, Louis Victor Turpin, Sébastien Baulain, Mathilde Hancisse, Nina Poulsen, Basile Alaïmalaïs, Antoine Paulin et Marc Maurille
Metteur en scène : Thierry Harcourt

jusqu’au 21 janvier 2018

du mardi au samedi à 20h
matinée : le dimanche à 17h

Lucernaire
53, Rue Notre Dame Des Champs
75006 Paris

Tél : 01 45 44 57 34

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Sea Girls en interview : on a parlé confiance, féminisme & barbus

A peine le pied posé dans l’appartement parisien pour l’interview, on est plongé dans l’univers turbulent des Sea Girls.
De quoi mettre à l’aise de suite. Et en un éclair, on se dit aussi que cette demi-heure ne sera pas de tout repos.
Loufoques et sans filtre Prunella, Delphine, Agnès et Judith mesurent malgré tout le chemin parcouru et savoure leur chance d’avoir un spectacle singulier.
Amour, création et complicité : en route pour une interview généreuse et jubilatoire. 

Sea Girls
Selfie original pour USofParis

USofParis : Qu’est-ce qui n’a pas encore été dit sur cette revue ?

Les Sea Girls : Déjà, cette question n’a jamais été posée. Ça commence très bien. 😄
Une question jamais posée : « Quelle est la place du féminisme dans votre théâtre ? »

Et donc ?
Le féminisme est partout du bout des chaussures, aux plumes, aux collants qui collent jusqu’aux paroles foisonnantes et percutantes. Nous sommes une incarnation du féminisme parce qu’il y en a  des milliers. Nous sommes des femmes fortes, à paillettes et à plumes, droites et clowns, rayonnantes !

Pourquoi avoir choisi la revue ?

Parce que c’est une forme théâtre un peu particulière. Jamais personne ne nous aurait proposé d’être dans une revue : de chanter de danser. On n’est pas tout à fait dans les normes.
On est vraiment venu du théâtre, puis le music-hall s’est un peu imposé à nous. Ce sont les spectateurs et les gens du métier qui nous ont dit «vous faites quand même du music-hall ! ». Un music-hall français, moderne, qui n’est pas de la comédie musicale américaine et qui se situe dans un endroit rare et spécifique et qui n’est plus d’actualité.
Avec un rapport particulier avec le public, ça c’est vraiment une des colonnes du music-hall. Il y a tantôt un quatrième mur. Tantôt on est vraiment avec les gens, ou entre nous. Ce quatrième mur peut très facilement s’envoler, les gens sont pris à partie totalement avec nos clowns, nos chansons.

Toutes ces choses se sont imposées à nous et de fil en aiguille on s’est saisi de cette opportunité du music-hall et on l’a un peu menée à l’extrême : la revue. Une revue qu’on a voulu décalée, très personnelle. Très loin de ce que sont les revues.

Côté personnel, tout ce qui est dit sur scène est vrai ?

Le vrai correspond beaucoup au travail autour du clown, avec Charlotte Saliou, pour ce spectacle.
Le clown part de quelque chose de très authentique chez les gens. Le clown qu’on développe est très proche de nous, parfois même souvent des choses qu’on n’a pas du tout envie de montrer mais qui transpirent tellement de nous-mêmes.
Ca représente des années de psychanalyse avant de comprendre qui on est et de remise en question. 😄 Une fois qu’on a compris qui on est, il faut accepter de le montrer aux gens, et ça c’est encore 10 ans de psychanalyse. C’est pour ça qu’on est si vieilles ! 😄

Ce qu’on avait travaillé aussi avec Charlotte Saliou et notre metteur en scène Philippe Nicolle c’était de partir du fait que 4 femmes « normales », d’aujourd’hui, rêvent de monter cette revue et de faire des choses extraordinaires.
Ce lien entre la réalité de ses femmes et “vont-elles atteindre ce rêve ?” Et c’est ce décalage-là qui fait aussi que la magie prend. A la fois une projection possible du spectateur et le fait de rire de nos maladresses.
Parfois, on atteint ce rêve et parfois pas du tout : on dégringole les escaliers de la revue.

Sea Girls
Le mot d’un spectateur qui vous a touchées ?
Une spectatrice m’a beaucoup touchée. Elle était venue, il y a quelque temps, voir le spectacle avec son mari. Il est mort par la suite. Elle a voulu revenir pour retrouver cette joie qu’elle avait partagée avec lui. Ce souvenir de ce moment heureux avec cet homme qui n’était plus là.
Des témoignages comme celui-là on en a vraiment beaucoup. Sur la joie, la joie partagée !
On a des enfants de 10 ans qui sont déjà venus nous voir 3 fois et que les parents suivent.
Ce qui est très beau, c’est qu’on a vraiment toutes les générations confondues. On a aussi bien des enfants de 5/6 ans qui prennent ce qui peuvent et qui rigolent aux pitreries qu’on peut faire. Et puis des familles et des personnes âgées qui apprécient aussi autre chose. C’est un spectacle qui n’est pas du tout jeune public mais qui réunit toutes les générations. On a aussi des gens qui vont beaucoup au théâtre et d’autres pas du tout. Chacun trouve matière à plaisir et à joie.

Quel est secret de la bonne entente à 4 pour créer et jouer ?

On est comme des sœurs, des frangines. Finalement, on accepte et on apprécie nos défauts. Bon, on ne les apprécie pas toujours… mais on les accepte. On les constate, il y a beaucoup de tolérance.
Et surtout on sait que les Sea Girls c’est très précieux dans notre vie professionnelle mais aussi personnelle. Ça prend beaucoup de place, c’est très réjouissant.
Et il y a aussi une chose qui nous caractérise toutes les quatre, c’est qu’on a encore envie d’apprendre. On se remet en question. Ce qu’on fait n’est certainement pas parfait, c’est perfectible, encore travaillable. C’est précieux car on est toutes les quatre d’accord pour se remettre en question après chaque spectacle, améliorer et essayer.

Du coup, on se permet d’enlever des morceaux de chansons, d’en tester d’autres. C’est un spectacle très vivant.
C’est une particularité du music-hall, c’est avec le public que le spectacle continue à se créer sans cesse. C’est très éphémère. Parfois, à quelques mois de différences, des choses qui marchaient tout d’un coup ne fonctionnent plus. Il faut changer quelque chose pour se reconnecter avec le public. Ce n’est jamais complétement installé.

Et le public suit toujours vos nouvelles idées ?

Comme on est en connexion totale entre nous et avec le public, il ne faut pas s’installer. Comme une histoire d’amour. Et c’est vrai que c’est assez nouveau pour nous.
On vient du théâtre, et au théâtre ce n’est pas une chose qui se fait tellement. On a un texte, une situation, une mise en scène et on reste fidèle à ce qui s’est fait.
Il a fallu qu’on accepte que le music-hall nécessite une autre façon de travailler. Mais on n’est pas à la pêche aux rires, on est dans une relation un peu poreuse. Et c’est assez plaisant !

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Justement quel est le plus beau conseil de votre metteur en scène ?

Be yourself ! 😄
On l’a revu récemment et ce qu’il nous a dit était assez fort : la manière qu’il avait de nous regarder, d’être très clairvoyant parce qu’on ne l’avait pas vu depuis longtemps.
On avait besoin de retravailler avec lui et il a tout de suite trouvé les mots justes pour nous remettre exactement sur les bons rails du spectacle. Il nous redonne confiance.
En fait, Philippe Nicolle a une démarche très proche du comédien et d’un besoin de véracité. Il n’aime pas les artifices, que le comédien se retranche derrière des trucs.
Pour retrouver notre spontanéité, il faut repartir chacune de notre intimité, notre fragilité, notre personnalité dans la vie pour après la transcender dans notre personnage. D’enlever les couches de techniques et de travail du clown, de repartir vraiment de nous, humaines.

Quelle est votre arme de séduction massive ?

Je crois qu’on ne travaille pas trop sur la séduction. On ne va pas dans ces retranchements-là. Et si on y va c’est pour plus facilement retourner ça comme une crêpe et en rire.
Ou alors c’est malgré nous. Ce n’est pas notre but premier d’être à tout prix séductrices ou sensuelles. Ça sort malgré nous parce qu’on est des femmes.
Et qu’on est sublimes 😄

La meneuse de revue ou la diva qui vous inspire le plus ?
On pourrait aller de Céline Dion à Jacqueline Maillan en passant par Zizi Jeanmaire et Estelle Danière qui a été meneuse de revue extraordinaire. Il y a des hommes aussi qui nous inspirent Patrice Thibaud, Michel Fau, les Monty Pithon, les Marx Brothers.

Qu’est ce qui a été le plus dur sur ce spectacle ?

Les chaussures à talons ! 😄
Non, elles sont hyper confortables. On a des chaussures de danse qu’on s’est faites faire sur mesure.

Le plus dur en fait c’est la confiance. Une fois qu’on est perché sur des talons avec des bodys à paillettes, il faut y croire.
La confiance qui se dégage du groupe aussi. Sea Girls, on a réalisé que cela fonctionnait car on est un groupe.
On est quatre filles avec deux musiciens. C’est cette alchimie du groupe qui fait que ça évoque quelque chose.

Avez-vous un conseil beauté pour les hommes ?

Aimez les femmes ! Restez vous–même ! 😄
Si, petit conseil beauté : s’hydrater la peau, bien l’hydrater.
Et si on n’est pas barbu, on est quand même très très sexy aussi… 😄 Il faut se détendre avec la barbe. Et ce n’est pas parce que vous êtes chauve que vous avez besoin d’avoir une grosse barbe. Ce n’est pas grave…
Conseil beauté : l’humour aussi !
Et profitez de la vie.

Sea Girls

Sea Girls, la revue

du 23 au 31 décembre 2017 à 20h

Le Trianon
80, Boulevard Rochechouart
75018 Paris

Site officiel : www.les-seagirls.com 

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Le Jardin d’Alphonse au Théâtre Michel : un pur bonheur !

Réunion de famille au Théâtre Michel avec des frères qui ne peuvent plus se blairer, une fille en pleine crise de reproches vis-à-vis de son père, des couples qui vacillent. Le Jardin d’Alphonse ou comment une déjeuner d’enterrement en Bretagne bouleverse la tablée entière.

Didier Caron nous enchante à nouveau en ouvrant la petite porte du jardin d’une maison en bord de mer. Famille, amis se retrouvent au sortir du cimetière pour un déjeuner en plein air.
On ne saisit pas tout de suite les liens de chacun, ni ceux avec l’absent, en l’occurrence le mort Alphonse.

Les personnages se remémorent quelques souvenirs, s’affairent pour installer table, nappe et couverts. Zoé fait l’effet d’une gentille illuminée avec sa connexion avec la nature, son dialogue avec un arbre centenaire. Il y a Nadège une bimbo blonde qui fait attention à sa ligne, Suzanne qui parle trop, Fabien le working boy collé à son tel, Daniel un homme trop silencieux pour être honnête, Magali qui a décidé d’en découdre avec son père, ses frères et son histoire de famille…
Les personnages entrent, sortent du jardin dans un joyeux ballet. Jusqu’à ce que l’héritage (en l’occurence la maison d’Alphonse) soit évoquée et la cuisson des pâtes ne viennent perturber l’entente cordiale.
Nous ne dévoilerons aucune révélation, aucun secret de famille bien pensé, ni même un rebondissement pour garder la pleine saveur de cette pièce délicieuse.

Le récit de Didier Caron est une dentelle avec un équilibre parfait de coups d’éclat, de rires et petites larmes. Aucun personnage n’est négligé au détriment d’un autre. Tout est fluide, fin et rythmé.
Ma voisine et moi sommes ressortis aussi joyeux que touché par cette histoire et les excellents interprètes.

Le Jardin d'Alphonse

Le Jardin d’Alphonse

de Didier CARON
Mise en scène : Didier CARON
Avec la collaboration de Véronique VIEL

Avec : Sandrine LE BERRE, Didier CARON, Michel FEDER,
Julia DORVAL, Arnaud PFEIFFER, Romain FLEURY, Christiane LUDOT, Karina MARIMON, Véronique VIEL

Reprise le 19 janvier 2018 ! 

Mardi, mercredi à 20h30
Jeudi, vendredi et samedi à 19h
(du 30 janvier au 3 février à 20h30) 

Théâtre Michel
38,
Rue des Mathurins
75008 Paris

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Une femme extraordinaire à La Folie Théâtre : pièce coup de poing

Une femme extraordinaire à la Folie Théâtre, c’est une affiche immanquable qui rappellerait l’une des obsessions du photographe japonais Araki.
Mais ici, les rôles sont inversés, c’est l’homme qui est attaché, objet d’un jeu sensuel, sulfureux et de domination orchestré par une femme.
Une femme extraordinaire est surtout une pièce déroutante qui questionne les rapports homme/femme avec le contexte récent des événements initiés par l’affaire Weinstein.  

Une femme extraordinaire

L’auteur metteur en scène Arthur Vernon joue sur plusieurs registres pour ausculter cette drôle d’histoire d’amour : le récit d’une passion folle, l’enquête, le face-à-face frontal. 

L’acte 1 peut déstabiliser, voire irriter : un couple en pleine osmose, un paquet de love au centimètre carré, un projet de mariage, ça parle enfant aussi. Hashtag yeux levés au ciel. 

C’est trop surchargé pour être honnête. Mais ça nous rappelle forcément les premiers mois d’au moins une de nos relations. On est délicieusement mielleux quand le cœur bat à tout rompre et qu’en plus de ça le sexe est extra. L’ivresse totale. 

Mais les aspérités apparaissent dans le couple. Un clash pour une histoire de dîner, des coups de fil incessants sur le phone de Lia, Renaud qui commence à avoir quelques doutes. 

Une femme extraordinaire

L’acte 2 décortique avec détails l’enchaînement des événements du premier acte. C’est quasi chirurgical. La pièce opère alors une accélération, le décor joue avec les projections, les révélations. 

Pour finir par un jeu de dialogues frontaux. Ca rentre dans le gras du sujet, avec un discours fort, tendu et révélateur. 

L’interprétation est au cordeau, Anna Stern est tour à tour fascinante, vamp et vénéneuse. Daniel Hederich est un amoureux transi convaincant mais un ours capable de montrer les crocs. 

Une femme extraordinaire

Une femme extraordinaire 

Écrit et mis en scène par Arthur Vernon
Avec Daniel Hederich et Anna Stern 

Jeudi, vendredi et samedi à 21h30 

À La Folie Théâtre

6 Rue de la Folie Méricourt
75011 Paris 

Réservations : 01 43 55 14 80

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Quintessence d’Alexis Gruss : spectacle aérien, féérique & spectaculaire

Reprise pour cause de succès du spectacle Quintessence qui allie à merveille le savoir-faire des écuyers de la famille Alexis Gruss et celui des artistes de la compagnie les Farfadais.
Le spectacle va enchanter Paris jusqu’au 4 mars. Immanquable !

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Afin de sauver Pégase, cheval ailé divin réputé indomptable, créature fantastique la plus célèbre de la mythologie grecque, Joseph fils de Bellérophon – le plus grand héros et tueur de monstres – doit récupérer un fragment de l’essence de chaque élément : l’Air, la Terre, le Feu et l’Eau.

Quintessence se présente sous la forme de tableaux, plus ou moins complexes surtout pour les plus jeunes, ayant pour thématique les quatre éléments. Ce spectacle est composé d’une chanteuse de talent, de musiciens tout aussi talentueux de l’orchestre Sylvain Rolland – installés au-dessus de l’entrée des coulisses et d’une vingtaine d’artistes époustouflants. Sans oublier plus d’une quarantaine de chevaux plus magnifiques les uns que les autres. Bartabas n’a pas le monopole des spectacles équestres enthousiasmant.

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Quintessence nous coupe le souffle !

Tous les ingrédients sont réunis pour nous émerveiller : des artistes magnifiques issus du nouveau cirque réalisant des prouesses techniques incroyables : portées et acrobaties à cheval ou dans les airs, équilibres et jongleries, voltiges, ballets aériens… sans compter la prestation de deux petits chiens malicieux dont l’audace a particulièrement plu à ma petite fille.
Nous sommes impressionnées par le talent et par la générosité des artistes dont on ressent comme une évidence le lien fort qui les unie.

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Quintessence est un spectacle magnifique, grandiose et gracieux qui pendant 2h30 nous évade dans un monde imaginaire et sans limite d’âge côté spectateurs. Tout est parfait : les chansons interprétées avec brio par une chanteuse magnifique, le talent et le professionnalisme des musiciens sans compter les prestations spectaculaires de tous les artistes, chevaux compris.
Véritable moment d’émotions, on en ressort le cœur léger et des étoiles plein les yeux !

by Caroline

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Quintessence

43e création de la famille Alexis Gruss
en collaboration avec la compagnie Les Farfadais

à Paris jusqu’au 4 mars 2018

Vendredi, samedi et dimanche selon les dates

Chapiteau Alexis Gruss
Porte de Passy
75016 PARIS

Ouverture des portes 1h avant chaque représentation
Navette gratuite au départ de Porte d’Auteuil
Durée : 2h30 dont 30 minutes d’entracte

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