- Ça calme un peu.
- Ça décape !
- Faut digérer.
Échange spontané entre 3 spectateurs à la sortie de la pièce Les Beaux.
Le texte de Léonore est percutant. Forcément, il renvoie à notre conception même du couple dans ce qu’il peut avoir de plus beau mais aussi de plus dramatique, de plus destructeur parfois pour ses membres.
La partition servie avec une intensité rare par Elodie Navarre et Emmanuel Noblet nous capte, interroge et bouleverse.
Un grand moment de théâtre sur la scène du Petit Théâtre Saint-Martin.
Radiographie d’un couple
Ça commence plutôt mal. Un couple qui baigne dans l’amour niais, dont les membres sont inconditionnellement dans la surenchère de la guimauve. Une caricature !
Est-ce le début d’une histoire ? La naissance de sentiments amoureux cause certains dommages dans la mièvrerie.
Ou est-ce une pure invention ?
Ce couple parfait, beau est confronté à son double orageux, violent. Ce double commence à émerger par le son et ensuite prend corps sur scène.
Ce sont les parents d’Alice, une petite fille qui se trouve malgré elle au cœur de la souffrance psychologique de son père et sa mère et source d’un conflit qui semble ne plus pouvoir s’arrêter.
L’écriture de Léonore est fine, intelligente, surprenante. Le nouveau couple que nous allons suivre est dramatiquement en guerre et pourtant il y a des pointes d’humour qui jaillissent. Et c’est absolument brillant.
Nous ne sommes pas dans la moquerie mais certaines saillies sont tellement justes qu’elles poussent à rire.
Et c’est ce mélange de genres qui nous capte. J’ai ressenti l’énergie de Trainsporting à un moment. Cru voir quelques instants clés de ma vie amoureuse aussi.
Élodie Navarre et Emmanuel sont parfaits.
Elle, au bord du précipice, amorphe mais résistante, lui pantin désarticulé qui gesticule sans raison.
A travers cette histoire de couple émerge aussi une plaidoirie touchante sur l’enfance. Heureux celles et ceux qui la saisiront.
Les Beaux
de Léonore Confino
mise en scène : Côme de Bellescize
avec Élodie Navarre et Emmanuel Noblet
du mardi au samedi à 21h
au Petit Théâtre Saint-Martin
17 rue René Boulanger
75010 PARIS