Clairemarie Osta et Julien Derouault interprètent M. & Mme Rêve dans la nouvelle création du couple de danseurs chorégraphes : Pietragalla et Derouault au Grand Rex, à Paris. Un spectacle tout à fait inédit conçu avec un décor en 3D. La symbiose de la science et des arts.
Confortablement installés dans la salle de cinéma du Boulevard Poissonnière nous avons été littéralement transportés dans le monde imaginaire de M. & Mme Rêve.
Au départ, deux personnages qui évoluent dans leur maison bourgeoise effectuent les mêmes gestes tels des jumeaux. Dans la chambre à coucher d’abord puis dans la douche ou encore dans la salle à manger. Des mouvements sobres, mécaniques sur une scène sombre avec des décors en 3D vidéo projetés ahurissants.
Avec leur perruque de cheveux blancs et leur justaucorps noirs, les danseurs enchaînent une série de tableaux librement inspirés de l’œuvre de Ionesco.
Ainsi dans séquence intitulée Le mariage, Madame Rêve affublée d’un improbable masque à 4 têtes et d’un tutu en plume se déplace à la manière d’une poule. Dans L’interrogatoire, elle est attachée à une chaise, alors que des policiers en ombre chinoise la malmènent. Pour la partie Les Rhinocéros, on retrouve Monsieur et Madame Rêve contraints de danser avec des rhinocéros violents et déterminés.
Les scènes s’enchaînent à une allure folle, en alternant musique classique et musique électro. Certaines sont très noires comme La cité radieuse, véritable critique du monde moderne où l’on voit un Monsieur Rêve projeté dans un univers cauchemardesque travaillant sans relâche jusqu’à l’effondrement.
C’est Laurent Garnier, le DJ qui fait danser la planète depuis plus de vingt-cinq ans, qui a mixé la bande son de cette fable contemporaine. Pour sa deuxième collaboration avec Pietragalla et Derouault – il avait déjà composé la bande musicale du spectacle Sade ou le théâtre des fous – il travaille des sons électro avec beaucoup de ruptures. C’est parfois un peu oppressant, brutal.
Suite à une blessure à la cheville, “Pietra” qui danse habituellement aux côtés de son mari a dû céder sa place à une autre artiste Clairemarie Osta lors de notre venue. La gracieuse étoile relève le défi – de taille – haut la main. Les deux danseurs aux corps affutés sont prodigieux de justesse et de régularité.
On peut regretter parfois la succession un peu trop rapide des épisodes, à peine rentré dans un univers, on en sort pour en intégrer un autre, bien différent.
Le spectacle doit beaucoup à la scénographie époustouflante. Le pionnier en la matière est Merce Cunningham qui avait utilisé la vidéo comme décor en 3D dans les années 1990. Depuis ces nouvelles technologies ont inspiré nombre de chorégraphes mais peu se sont risqués à tenter l’expérience sur scène.
On assiste ici à un show accessible à destination d’un public large. La danse et la technologie s’associent pour nous plonger dans cet univers virtuel où les danseurs évoluent, faisant corps avec le décor. C’est inédit et donc un peu déconcertant.
M & Mme Rêve de retour au Grand Rex, à Paris, du 25 au 29 mars 2015
du mercredi au samedi à 20h30
dimanche 16h
Chorégraphie et mise en scène : Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault
En coproduction avec : Dassault Systèmes, The 3D Experience company, Mehdi Tayoubi
Collaboration musicale : Laurent Garnier
Conception et réalisation graphique : Gaël Perrin
Réalité virtuelle et mise en œuvre technologique : Benoit Marini
Costumes : Johanna Hilaire
Son, Lumière et Vidéo : Stars-Europe