Beaucoup ont encore en mémoire le film Festen de Thomas Vinteberg.
Le cinéaste, également dramaturge, récidive dans la thématique des réunions de famille avec la pièce L’enterrement (Festen… la suite) actuellement au Théâtre du Rond-Point.
Dix ans ont passé, le père pédophile vient de mourir.
Ce contexte nous permet de retrouver les protagonistes du drame, ses enfants et sa femme.
Dix ans que ni les uns ni les autres ne se sont vus.
L’envie est forte de recréer une cellule familiale, retisser les liens entre frères et sœur.
Mais le passé est omniprésent et hante le vieil hôtel paternel, abandonné des clients depuis le discours accusateur du fils ainé Christian à son père.
Dans un décor qui peut apparaître simple et hors d’âge dans les premières minutes de la pièce, Daniel Benoin met en scène une partition pleine de trouvailles: le cercueil se transformant en lit, la nappe servant d’écran vidéo, le front de scène recélant la boite à fusibles de la maisonnée et beaucoup d’autres encore !
Sur scène, les acteurs passent par toutes les émotions: amour, haine, effroi, regrets, humour.
Les corps exultent, vomissent (littéralement), se désagrègent pour mieux se perdre et se décomposer.
Ne vous attendez donc pas à une histoire à l’eau de rose.
A ce sujet, tous les spectateurs ne semblaient pas être préparés à une telle déflagration, le soir de notre représentation.
Par exemple, ce couple assis au troisième rang qui découvre l’histoire en lisant le programme.
Thomas Vinterberg et le co-auteur, Mogens Rukov, mettent à nu, voire à cru, leurs personnages.
Pour servir cette brillante mise en scène, d’une histoire âpre, il fallait une troupe de comédiens remarquable. Pas un ne dénote.
Samuel Le Bihan nous contraint à une véritable empathie avec son personnage (Michael) qui fait face au trouble psychologique où l’a mené son père.
Mathilda May est méconnaissable en sœur revêche et agressive.
Caroline Proust (révélée au grand public par la série Engrenages de Canal Plus) est époustouflante: de l’amour à la quasi folie.
Les acteurs “mouillent leur costume de scène” et ce n’est pas peu dire!
Pour finir, soulignons des jeux de lumières qui contribuent fortement à la mise en scène et à la trame narrative de cette dégénérescence familiale.
Au final: l’impression d’assister à une séance de cinéma mais sur scène, une chose très rare !
L’Enterrement (Festen… la suite)
Théâtre du Rond-Point
Salle Renaud-Barrault
2 bis, venue Franklin D. Roosevelt
Paris 8e
Jusqu’au 10 Novembre 2012 à 21h
dimanche 15h