Je ne serai pas au rendez-vous au Théâtre des Mathurins, une pièce douce-amère qui questionne le hasard des rencontres.
A première vue, Lucas est un garçon qui pourrait être agaçant. Belle gueule et charmant, il réussit tout du premier coup : bac, diplôme, séduction de la femme de sa vie.
Toujours à l’heure, sa vie est une partition sans écart, ni fausse note. Jusqu’au jour, où pris d’un doute existentiel, mu par une envie de liberté qui irait au-delà de son amour pour sa future femme, il ralentit la cadence et se prend les pieds dans un grain de sable métaphysique.
Pieds nus sur les planches, le comédien qui incarne Lucas, Nicolas Giraud, entre en scène par un monologue intime et sensible. La gueule de cinéma découverte dans les films Les aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec (Luc Besson) ou Voir la mer (Patrice Leconte) devient gueule de théâtre avec cette première œuvre du metteur en scène, Ladislas Chollat.
Les coups du sort, les hasards, les coïncidences fortuites: la vie peut basculer en peu de temps, et à tout moment. Casanova en avait fait un principe de vie: saisir tout ce qu’il rencontre quitte à faire fortune ou à se retrouver en prison.
Point de banqueroute dans cette pièce, plutôt de violents coups de volant sur une route apparemment un peu trop droite, monotone, mais rassurante pour tous.
Ainsi, une rencontre peut suffire à un virage à 180 degrés, un retard peut ébranler l’ordre apparent.
Les comédiens – menés par Roger Dumas en malicieux doyen entouré de ses trois jeunes partenaires – se renvoient les mots les uns les autres dans un savoureux jeu d’équilibre. Pour Lucie, lectrice du blog: “les acteurs sont époustouflants de justesse, ils nous transmettent émotions, sourires, réflexions avec une facilité déconcertante!”
Dans un décor simple et astucieux grâce à un jeu de paravents, de panneaux mobiles et d’éléments à double fonction, les acteurs évoluent dans une dynamique scénique stimulante.
Face aux répliques, il n’est pas rare de revenir sur quelques moments clés de notre vie. Et à la question: quels en ont été les revers, les surprises? La réponse que nous en donne les auteurs, La vie a plus d’imagination que nous, apparaît avec évidente force.
Comme un miroir, cette pièce sensible ne vous quittera jamais tout à fait après avoir fait sa rencontre.
Je ne serai pas au rendez-vous
Théâtre des Mathurins
36 rue des Mathurins
75008 PARIS
Du mardi au samedi à 19h