Immersion dans les coulisses du Théâtre Michel et dans l’intimité d’hommes, de femmes qui se rencontrent, s’aiment, se quittent. Smoke Rings vous embarque dans le tourbillon de l’amour, d’histoires courtes, moyennes, en relations plus longue durée avec un bébé qui va naître… C’est aussi joyeux que révélateur de nos problématiques, nos difficultés à s’attacher et autres contradictions quotidiennes.
Tout le monde s’appelle Camille !
Tous les dimanches, se joue non sur la scène mais dans tout le théâtre, une pièce immersive, avec proximité totale et troublante avec les comédiens et comédiennes.
Paris ne s’aventure que trop rarement dans ce type d’expérience. C’est une des raisons de saluer l’audace de la Compagnie du Libre Acteur et du Théâtre Michel qui ouvre certaines portes interdites les autres soirs de représentation au public.
Fascinante mécanique
Au départ, c’est étrange et le gimmick finit par amuser. Une mécanique fascinante . Les spectateurs sont séparés en deux groupes, l’un suit une rose blanche, l’autre une rose rouge. On se croise dans les coulisses, on se retrouve pour certaines scènes.
Et on les partage aussi parfois, séparé par une porte ou lors d’une conversation au téléphone. Chaque groupe assistant à une face du dialogue.
Les couples jouées avec intensité amusent, touchent, interpellent et nous renvoient à nous-mêmes. Les scènes sont cocasses, surprenantes, vibrantes, émouvantes et finalement juste.
La tragédie n’est parfois pas très loin non plus, elle peut se jouer derrière une porte noire.
Et si le décor est un théâtre, on se projette facilement dans les autres lieux proposés par la troupe : hall d’aéroport, salle de bain, boite de nuit, appartement, cérémonie de mariage…
Smoke Rings est une expérience de théâtre comme on les aime. Une série de scénettes plutôt qu’une longue histoire. Un spectacle en mouvement, la découverte de l’envers du décor d’un théâtre, et des scènes d’amour et de désamours savoureuses.
Rire, être choquer, pleurer, kiffer, c’est ça le théâtre…
Et surtout se prendre les émotions des comédiens en pleine face.
Smoke Rings
d’après Ring de Léonore Confino mise en scène : Sébastien Bonnabel avec : Marie Combeau, Marine Dusehu, Marie Hennerez, Pascale Mompez, Eric Chantelauze, Philippe De Monts, Stéphane Giletta et Emanuele Giorgi
au Théâtre Michel
38 rue des Mathurins
75008 PARIS
Tel. 01 42 65 35 02
La peur, ce sentiment que nous avons tous ressenti plus d’une fois dans notre vie est le sujet central de cette pièce adaptée d’une nouvelle de Stefan Zweig à l’affiche du Théâtre Michel. Trois comédiens partagent avec nous la destinée d’un couple submergé par le mensonge. Exaltant !
Un mari à la situation professionnelle enviable, des enfants, une maison, et une femme … heureuse ? Non sûrement pas !
Cette femme n’a qu’une seule envie : profiter de la vie. Elle, qui n’a de cesse de rappeler à son mari son existence et sa volonté de passer du temps avec lui, se retrouve alors plongée dans une histoire passionnée avec un autre homme. Un bonheur retrouvé, une sensation de bien-être, mais sur fond d’énormes mensonges qui la rattrapent très rapidement.
Lorsqu’une autre femme se présente à elle comme partageant le quotidien de l’homme avec lequel elle entretient cette relation, démarre alors un jeu dont elle est la victime. Folie, dépression… et peur s’enchaînent et obligent cette femme adultère à présenter une face d’elle inhabituelle. Le mari trompé, quant à lui me direz-vous ? Il assiste à ce changement d’humeur sans pouvoir retrouver la femme qui est sienne.
Et que se passerait-il si sa femme venait à lui avouer tout ? Réponse : courrez voir cette pièce tout simplement bluffante et prenante. Une interprétation magistrale et une écriture absorbante ne peuvent que stimuler toute notre adhésion.
Mention spéciale pour la mise en scène astucieuse et à l’atmosphère délicieusement rétro-classe à la Mad Men pour les costumes et accessoires, apportant un cachet cinématographique à l’ensemble.
Cette adaptation est un petit bijou de théâtre immanquable !
La Peur
d’après la nouvelle de Stefan Zweig
adaptation et mise en scène : Élodie Menant
avec en alternance : Hélène Degy, Elodie Menant, Aliocha Itovich, Arnaud Denissel, Ophélie Marsaud et Muriel Gaudin
Reprise exceptionnelle pour 60 dates à partir du 4 octobre 2018
Jeu trouble de remontées de souvenirs, de dialogues aussi complices qu’étranges, d’échanges anodins, en apparence. Les spectateurs en pleine ambivalence face au texte sans concession de Harold Pinter, Old Times à l’affiche du Théâtre de l’Atelier.
La pièce débute en présence de trois personnages. Seuls deux parlent, Kate et Deele, un couple de quadras. Le troisième est observateur et silencieux.
On ne sait quand ce dernier va se manifester. Le temps est suspendu avant la révélation.
On comprend qu’Anna, la seule amie de jeunesse de Kate, est bien cette frêle jeune femme mystérieuse, à la robe bleue.
Tout de suite, sa personnalité, son expansion tranchent avec l’aspect policé du couple, bien posé sur canapé, pleinement embourgeoisé.
“Le ciel est à ce point immobile !”
On est admiratif, sinon circonspect, de cette vivacité, de cette présence tout en gestes.
Il y a quelque chose de gauche aussi dans cette silhouette. Le jeu d’Adèle Haenel surprend, un jeu inhabituel quand on se réfère à ses apparitions au cinéma.
Le metteur en scène, Benoit Giros, sait nous saisir pour mieux nous capter et nous faire apprécier la matière poreuse qui nourrit le texte de Harold Pinter.
Anna exalte le passé, les souvenirs, la jeunesse, l’effervescence de Londres…
Il n’est pas rare que le trio se mettent à chanter, qu’il se remémore un film culte.
Peu à peu, la parole de Kate se ratifie. Elle devient à son tour observatrice, témoin muet. Dans ces instants d’écoute, le regard de Marianne Denicourt est tout aussi intense. Il est intéressant de l’observer quand les deux acteurs, Haenel et Salinger, s’échauffent les souvenirs entre eux.
Old Times est plus une pièce d’ambiance plus que réellement narrative. Le charme n’en est pas moins présent d’autant qu’il est plaisant de retrouver ces trois comédiens qui nous habituent plus à des performances cinématographiques que scéniques.
Old Times
Texte de Harold PINTER
Texte français de Séverine MAGOIS
Mise en scène de Benoit GIROS
Avec Marianne DENICOURT, Adèle HAENEL et Emmanuel SALINGER
Partir un jour, Raide dingue de toi, Baila, Te garder près de moi : souvenez-vous de ces succès, de ces airs qui ont accompagné vos tendres années. Des chansons d’un autre temps ? Celui de l’âge d’or des boys band.
Franck Le Hen, auteur des pièces à succès Les Hommes préfèrent les Blondes et Bonjour Ivresse !, rend la lumière à ces garçons qui sont passés d’anonymes à super stars des plateaux télé et scènes en une poignée de secondes. La pièce Revenir un Jour actuellement à l’affiche au Palais des Glaces imagine la réformation de l’un de ces groupes. Le résultat est sensible et drôle.
Quatre garçons se retrouvent après de longues années de distance sur un même plateau. Alex n’est pas le plus heureux en croisant ses anciens partenaires. Il essaie tant bien que mal de décrocher l’étiquette du boys band OneAgain4 qui lui reste coller sur le front. Les autres eux sont impatients à l’idée de se reformer pour une tournée revival à la manière de Stars 80, à l’initiative de leur complice et chorégraphe, Vanessa.
Prenant des éléments de chaque boys band français, l’auteur pose un regard tendre et complice sur cette aventure humaine pas si improbable que ça, après tout.
En tête d’affiche de la pièce, les spectateurs et spectatrices n’ont pu échapper à Edouard Collin, parfait leader de groupe. Il nous revient dans un rôle plus complexe que les précédents (Lady Oscar, Panique au Ministère). Il incarne un garçon torturé entre son addiction, son souhait d’effacer son passé et son besoin inexorable du retour à la lumière.
Nous avons rencontré le comédien à la sortie d’une des premières de la pièce, juste après la séance photo avec le public de la pièce et les autres comédiens, Christine Lemler, Rodolphe Sand, Franck Le Hen et David Tournay.
INTERVIEW
United States of Paris : Dans quel état es-tu lors des premières d’un spectacle ? Edouard Colin : La première c’est beaucoup de stress, pas mal d’adrénaline et j’ai surtout hâte que la seconde arrive. La première est l’examen de passage avec pas mal d’invités. Et j’ai une préférence pour le vrai public parce qu’il est franc, honnête. Après, c’est du vrai bonheur.
Quelle est la genèse du projet ?
E.C : Tout a débuté par un message Facebook de Franck Le Hen, reçu le 23 janvier 2013 – je me souviens très bien de cette date. Il me disait : j’aimerais qu’on monte une pièce ensemble. Il m’a raconté l’histoire. Il m’avait vu sur scène.
J’ai trouvé que c’était très drôle avec du fond. On a fait une lecture à 2 puis avec les autres acteurs et une lecture pour les producteurs au Petit Palais des Glaces. On s’est dit : on monte le projet pour une date grâce au site de crowdfunding KissKissBankBank au Palais des Glaces. L’idée était de faire un coup parce qu’on croyait vraiment au projet et ensuite on verrait. Et à cette date de présentation, il y avait Jean-Manuel Dupont qui nous a dit : “je veux produire la pièce !” Et Jean-Pierre Bigard la voulait pour la salle. C’est vraiment un projet d’équipe. Et les KissKissBankBankers qui viennent nous voir sont très fiers d’avoir participé à ce projet.
Quel argument t’a incité à participer à cette création ?
E.C : Les gens viennent voir une comédie, et ont envie de rire. Et c’est pas forcément évident de les emmener dans quelque chose de plus profond. Mais l’intérêt de cette pièce, c’est que l’on rit avec un sujet profond où l’on parle d’êtres humains, qu’on a aimé puis laissé tombé. Mon but c’est aussi de leur rendre hommage au travers du personnage Alex.
Que savais-tu des boys band ?
E.C : Je me suis pris le phénomène en pleine face, j’étais un peu jeune à l’époque. J’ai eu un single : Don’t say goodbye. Mais j’étais pas trop branché boys band. Et quand Franck nous en parlait, je me suis rendu compte que c’était vraiment des demi-dieux. Et quand on est rentré le premier jour d’entrainement, j’ai vu pas mal de vidéos.
Tu as, avec les autres comédiens de la pièce, un coach particulier en la personne de Franck Delay, ancien membre des 2be3. Que retiens-tu de cette rencontre ?
E.C : On a été au Stade Filip Nikolic à Longjumeau et Franck nous a appris les acrobaties qu’on fait sur scène. Pour nous, ce n’était pas simple, car nous ne sommes ni acrobates, ni danseurs.
On y était tous les dimanches matin pendant un bon moment en plus de la danse avec Sévy Villette qui dansait derrière le groupe 2be3. Le meilleur conseil de Franck été : ne vous laisser jamais emporter par le stress. Et comptez tout sur scène : les pas… Et ne pas aller trop vite. Franck est assez pudique mais il est aussi très positif. C’était surtout une histoire d’amitié et sa volonté est de mettre ses potes en valeur.
Après le sport, la chanson. Comment s’est déroulé la partie musique ? E.C : On a enregistré dans le même studio que la comédie musicale Robin des Bois. Nous n’avons eu qu’une seule matinée d’enregistrement mais nous étions accompagnés le coach vocal celui qui a découvert la chanteuse Zaz. En fait, on a eu plein de coachs selon les différentes étapes ; le projet a un an maintenant.
Je retiens de Frédéric Château, compositeur des chansons de la pièce : “quand t’es en studio, ne réfléchis plus. Détends-toi.” Et c’est vrai qu’une fois qu’on commence la partie show, sur scène, c’est un pur bonheur, on se laisse porter.
Es-tu admiratif de ces garçons qui ont enflammé les foules ?
E.C : Depuis que je me suis penché sur leur cas, je suis bluffé. Ils ne savaient pas faire grand chose. Et pourtant ils sont devenus chanteurs, danseurs…
J’imagine le phénomène de manque de la scène et du public qu’ils ont dû ressentir, une fois l’aventure finie. Mais ils s’en sont pour la plupart bien sortis.
On parle beaucoup de ceux qui sont morts. Mais ils ne sont pas morts à cause du boys band.
Un groupe qui te plait plus qu’un autre ?
E.C : Les New Kids on the Block ! Ils bougeaient super bien. On était en plein début des années 90, Step by Step…
Quel rapport as-tu avec les réseaux sociaux ?
Je suis très pudique, mais les échanges que j’ai avec les spectateurs-trices sur Instragram, Facebook, Twitter sont très touchants. Parfois, on m’envoie des messages privés pour m’évoquer des choses personnelles par rapport à la pièce que je suis en train de jouer. Ces personnes n’oseraient pas, pour certaines, le dire en face à face. J’aime ces échanges.
REVENIR UN JOUR
pièce de Franck Le Hen
mise en scène : Olivier Macé
musique et chanson : Frédéric Château
avec : Christine Lemler, Franck Le Hen, Edouard Collin, Rodolphe Sand et David Tournay
au Palais des Glaces
37, rue du Faubourg du Temple 75010 Paris