Avec La nuit a dévoré le monde, le réalisateur Dominique Rocher nous embarque dans une épopée solitaire, « le journal intime d’un naufragé » comme il aime à le décrire.
Sam, un jeune homme artiste et mystérieux, se réveille seul dans un grand appartement.
Adaptation du livre de Martin Page, le film est un vrai délice de fantastique, bien loin des excès d’hémoglobine made in USA.
Zombies, petits tracas et autres avantages
Un groupe de zombies, c’est salissant avec le sang qu’ils répandent mais ça règle un gros problème à Paris : le logement.
En faisant disparaître une grande partie des Parisiens.nes, les zombies permettent l’impensable : avoir l’appartement de ses rêves, à moindre frais.
Autre avantage, les distractions sont moins nombreuses, les possibilités de sortie quasi inexistantes, les zombies grattant à la porte. Pas d’autre choix qu’un recentrement sur soi et apprécier enfin la culture du DIY (do it yourself). Bien obligé de s’adapter à un monde extérieur quelque peu hostile.
Une révélation nommée Anders Danielsen Lie
Et finalement c’est la vie de Sam. Il n’était visiblement pas doué pour la communication, l’échange avec l’autre. Se retrouvant tout seul, il doit chercher un sens à sa nouvelle vie. Il part à la découverte d’un immeuble entier qui lui est étranger, en fait son terrain de jeu. Les surprises ne manquent pas de piquant ou de poésie.
Mais la menace est toujours présente, les zombies rôdent et son voraces.
La performance du comédien danois Anders Danielsen Lie est assez bluffante. Son rôle est muet mais c’est tout son corps qui parle.
La nuit a dévoré le monde est un film surprenant qui nous fait renouer avec la culture du genre made in France.
C’est redécouvrir la ville, Paris calmée, Paris vidée de ses Parisiens, Paris sublimée.
Une belle pépite est aussi à trouver dans ce film : la comédienne Golshifteh Farahani.
Leçon d’un auteur adapté
Lors d’une avant-première, Martin Page a donné une leçon à tous les auteurs qui ont la chance que l’une de leur œuvre soit adaptée au cinéma :
« L’important c’est l’appropriation. Il n’y a donc pas de trahison.
C’est pour ça que je ne comprends pas Stephen King qui s’est senti trahi avec Shining réalisé par Stanley Kubrick »
Pour l’auteur, le film a sa propre vie et chacun, chacune est libre de retrouver à l’œuvre d’origine, en l’occurrence le livre.
Bonus : la plupart des zombies sont des danseurs. Un chorégraphe a travaillé sur la gestuelle et les corps.
Avantage d’un film avec peu de dialogue et la présence d’un acteur bilingue : pouvoir tourner les scènes en anglais pour la version internationale !
La nuit a dévoré le monde
un film de Dominique Rocher
Scénario, adaptation, dialogues : Guillaume Lemans, Jérémie Guez, Dominique Rocher
adapté du roman de Martin Page alias Pit Agarmen
avec : Anders Danielsen Lie, Goshifteh Farahani, Denis Lavant, Sigrid Bouaziz
sortie en salle le 7 mars 2018