Le lendemain du concert d’Aline à la Flèche d’Or et juste avant le début de la soirée « French Pop », nous avions rendez-vous au Motel avec Romain Guerret (chanteur) et Romain Leiris (bassiste) pour une interview. Dans une ambiance très amicale, et dans un langage très coloré, ils nous ont parlé de leur album, de leurs influences, de la « charte Aline », et de l’avenir.
Baptiste et Gérald (B et G) : En écoutant Aline, cela nous a fait penser à la chanson de Christophe Les Paradis Perdus, pour le côté nostalgique mais aussi pour le côté « rock qui étonnait même les Anglais ».
Romain Guerret (RG) : Il y a plusieurs choses mêlées dans l’album. Des chansons apparues un peu au même moment, pendant des périodes un peu sombres, comme on peut tous en avoir, des moments où tu te raccroches à des bons souvenirs, à des histoires qui te font du bien ou qui te rassurent.
B et G : Votre style, le groupe Aline ?
RG : Léger dans la profondeur. Profondément léger, ou légèrement profond, je ne sais pas comment on peut dire. Notre style n’est pas unidimensionnel. Au final, l’album n’est pas très gai. Mais on ne verse pas dans le misérabilisme. En France, il y a une grande tradition de la chanson à texte. Nous au contraire on cherche à dire des choses simples, sans complexe, avec une sorte d’ironie sincère, sans désir de casser, de faire mal. On peut dire des choses qui touchent les gens avec de la pudeur, et peu de mots. Toujours à la recherche d’une histoire, d’une tranche de vie, d’un moment.
B et G : Un grand bravo à la section rythmique.
RG : C’est super important le rythme. Une chanson, ce n’est pas seulement des mélodies enlevées. La musique commence par la batterie, c’est la pulsation rythmique qui va orienter le morceau. C’est ce qui donne l’énergie. Ensuite il suffit de dérouler.
B et G : La basse sur Teen Whistle ressemble énormément à l’intro de Girlfriend in a Coma de The Smiths.
Romain Leiris (RL) : Je ne connaissais pas ce morceau de The Smiths. On s’en est rendus compte un jour de tournée, en l’écoutant dans le camion.
B et G : Meilleur album de l’année pour Magic RPM, « L’Ultima Canzone » d’Alex Rossi sur le podium des singles. Quelle est la suite pour 2014 ?
RG : Le prochain album sera plus ciselé, plus aérien, plus sobre au niveau des arrangements. La strate guitare sera un peu plus en arrière-plan. Les synthés prendront un peu plus de place. On va creuser encore plus la ligne claire, en intégrant des choses nouvelles. L’album sera plus urbain, un peu plus noir. On va aller vers des teintes de gris, alors que pour « Regarde le Ciel », on était plus dans le bleu, le bleu ciel.
B et G : Comment se passe la composition musicale au sein du groupe ?
RL : Les premiers morceaux (Les Copains, Elle m’oubliera, Les éclaireurs, Obscène) ont été composés seulement par Romain Guerret. Ensuite chacun a appris à parler le même vocabulaire, on a mis en place la charte « Aline », la couleur et l’univers de l’album, en faisant émerger des références en commun (la scène garage 60s, The Velvet Underground, The Pixies, Belle and Sebastian, …).
by Marie Labat
B et G : Pourquoi ne reprenez-vous jamais de morceaux de Dondolo sur scène ? En particulier ceux de l’album « Une vie de plaisir dans un monde nouveau », qui sont vraiment très bons.
J’aime beaucoup certaines chansons de cet album, Shimera, par exemple. Mais on n’a jamais voulu mélanger Dondolo et Aline. Car Dondolo avait été un relatif échec, mais cela ne pouvait pas être autrement. On a évolué en nous interrogeant sur les raisons de ce non-succès.
B et G : Dans la grande tradition indie pop (« Hateful of Hollow » de The Smiths, « Sci-Fi Lullabies » de Suede, « To see the lights » de Gene, …), ça ne vous tente pas de sortir un album de faces B, de reprises, de versions de travail, de morceaux en live ? Par exemple, avec les chansons Hélas, Je suis fatigué, Les éclaireurs, la reprise des Désaxés Tout ce que je veux, ou des versions acoustiques de Elle m’oubliera et Je bois et puis je danse ?
RG : Très bonne idée. Ce serait super, on va y réfléchir. On pourrait aussi mettre des inédits, comme La rivière est profonde qu’on joue trop peu sur scène ; on peut aussi penser à des versions démos ou des versions alternatives.
RL : On a par exemple une version alternative d’Obscène, avec un tempo très lent.
RG : Avant le deuxième album on aimerait bien sortir un CD comme ça.
B et G : Vous étiez en marinières hier, vous chantez en français. C’est une commande politique de Montebourg ?
RG : La marinière c’est simple, très graphique, designé, et ça représente bien la France à l’étranger.
B et G : Aline représente la pop Made in France, et hors de France on s’intéresse à vous ?
RG et RL : Aux États-Unis oui. Mais on n’a pas de visibilité en Angleterre, ils sont très protecteurs. Et il y a aussi la grande famille de la pop qui va du Pérou à l’Indonésie. On a joué à Montréal, en Belgique. On pourrait faire une tournée aux Etats-Unis, un ou deux mois, comme un road trip. En tout cas sur le papier ça fait rêver. Tu pars avec 5 000 euros, tu dors chez d’autres groupes, tu te fais prêter le matos. Mais on peut en revenir complètement vidés.
B et G : Est-ce qu’il y a quelque chose qui tient à la météorologie dans la pop ?
RG : Il y a en effet des rapports à la politique, à la place d’un pays dans le monde, à la situation industrielle. Quelque chose qui tient à la grisaille ouvrière et à la culture populaire.
RL : J’ai vécu à Rennes ; les nuages super hauts, sans forme, avec une ambiance plus rugueuse. Tu as envie d’être avec des gens qui t’apportent une énergie, une chaleur, qui te donnent envie de sortir.
by Marie Labat
B et G : Romain, c’est ta maman qui tricote les bonnets qui sont vendus pendant les concerts ?
RG : Je lui ai laissé carte blanche, elle les fait avec des restants de laine.
B et G : On va maintenant terminer avec une interview « Dernier coup » ! Alors qu’Arnaud Pilard (guitariste) nous rejoint ! Dernier coup de cœur ?
RG : Ma nana !
RL : Le petit village provençal dans lequel j’habite, Jouques. Tu vas remplir tes bouteilles à la source, c’est génial.
B et G : Dernier coup de gueule ?
RG : En bagnole, j’ai insulté une automobiliste. Dans une bagnole, tu deviens vulgaire, tu deviens méchant.
RL : La voiture révèle la vraie personnalité de la personne qui conduit.
RG : Je te remercie ! (rires)
Arnaud (A) : Un journaliste des Inrocks, qui nous a classés dans le top album mais qui n’a pas écrit le bon titre de l’album.
RL : j’ai rarement des coups de gueule, mais je suis râleur au quotidien.
B et G : Dernier coup de foudre ?
RG : Sean Nicholas Savage. On l’a vu en live, on a beaucoup aimé. Ça peut hérisser le poil !
RL : Ma fille !
A : Ma nouvelle guitare, une Rickenbacker.
B et G : Dernier coup de fil ?
RL : ma compagne et ma fille.
RG : Julien Lorieux.
A : Le Père Noël.
B et G : Dernier coup dur ?
RG : Hier, je me suis pris une enceinte dans le bide, en déménageant notre local. Je crois que j’ai un hématome.
RL : J’ai éclaté ma voiture ! Je suis dégouté !
A : Quand Romain m’a cassé ma guitare lors d’un concert à Montréal.
RG : Mais en même temps ça t’a permis d’avoir ton dernier coup de foudre.
B et G : Dernier coup de rouge ?
RG, RL et A, tous ensemble : Hier soir à la Flèche d’Or.
Nous espérons vous revoir lors de votre concert à La Clé des Champs de Plaisir le 7 février 2014, pour un nouveau coup de rouge et quelques chansons inédites. A bientôt. Et encore merci pour Regarde le ciel , qui a été la bande son de notre année 2013.
by Baptiste et Gérald
http://ljspoplife.magicrpm.com