Plateau exceptionnel d’artistes, retour sur scène du groupe de jeunesse (Louise Attaque), dialogue décalé avec un chanteur qui a toujours la banane. Le deuxième jour du Printemps du Bourges cuvée 2016 nous a concocté une très belle programmation, seul risque : se tordre un pied dans les pavés des ruelles historiques entre le Palais d’Auron et le Théâtre Jacques Coeur.
La conférence de presse qu’il ne fallait pas manquer était bien celle de la Création spéciale 40 ans du festival. Une bonne trentaine d’artistes invités à célébrer les riches heures de ce rendez-vous incontournable. Une seule soirée qui a réuni La Grande Sophie, Miossec, Dominique A, Sapho, Jeanne Cherhal, L (Raphaële), Izia, Jeanne Added, Alex Beaupain. Le tout était concocté par l’humoriste Vincent Dedienne et la programmatrice Elodie Mermoz.
Peu de choses a été dévoilé lors de la présentation à la presse juste que Dedienne ne voulait pas “de séquence type les disparus de l’année de la cérémonie des César“, préférant “une plongée dans les souvenirs des festivaliers avec de l’humour, de la poésie “et quelques notes épicées-trash.
Jane Birkin s’est souvenue de son tout premier Printemps de Bourges. Embarquant avec son producteur dans une voiture après sa première scène au Bataclan. Elle arrive dans un parking et se dit : “chouette, il n’y aura personne !” Sa première impression n’était pas la bonne.
Dominique A, lui se souvient plus du parcours de concerts qu’il a donné au fil des années et à travers la ville. Il est passé par le Palais Jacques Coeur, à la Maison de la Culture pour une soirée hommage à Ferré avec Higelin, Lavilliers et Sapho : “c’était un passage de relais cette soirée, je me suis senti intronisé.”
Sur scène, chaque artiste ou duo a chanté un air hommage à un artiste ayant participé au festival au cours de ces 40 années intenses, festives. Notre coeur a chaviré avec La Nuit je mens interprétée par Nosfell et Pierre du groupe Radio Elvis.
Le public s’est soulevé avec Youssoupha, une des surprises de la soirée. Et puis, l’impensable : Marcia Baila sublimée, transcendée par Christian Olivier (Têtes Raides). On croit reconnaitre les premiers couplets, mais la musique, le phrasé ne sont du tout les mêmes. Le chanteur a faire sien un tube maintes fois entendus, en hommage à Fred Chichin.
Autre duo 100% inédit : Izia et Jeanne Added n’ont pas boudé leur plaisir de partager une scène ensemble, pour la première fois, sur un titre de Patti Smith.
La soirée se poursuit au W, pour nous, avec le phénomène du moment. La Christine and The Queens 2016, seule en scène, avec un look bien à elle, et des beats qui donnent envie de sautiller toute la nuit. JAIN était très attendue et heureuse : “c’est la première fois que je joue devant autant de monde, je ne suis pas prête de l’oublier.” Elle a livré un set pulsé dont elle sait très bien doser les moments de pures euphories.
“On peut parler de tout. Y’a pas de tabou”
A 21h30, au Palais Jacques Coeur, Katerine, dans sa “47e année” débute la première série de ses concerts accompagné par une pianiste à Bourges et aussi la première date de sa tournée.
Sa première réaction quand il a su qu’il allait jouer dans un “palais de pierres” a été “quelle horreur ! 🙂”
Lors de sa conf de presse, il s’est souvenu de son premier Printemps : “j’avais 24 ans, j’étais seul avec ma guitare, je faisais la première partie d’Axelle Red. Après le concert, elle m’a dit : “Bravo Christine !”.
Nous avons eu droit également à une très belle tirade suite à la question : “Avez-vous un fétiche, un doudou ?” Réponse de l’intéressé :”je ne suis pas du tout fétichiste. En revanche, j’ai de grosses narines. Je renifle mes contemporains. Et c’est comme ça que je reconnais les gens. C’est ça, un doudou : une odeur !”
“L’insouciance n’a pas de prix”
Fin de soirée, et nuit avancée pour le retour du groupe culte, Louise Attaque, au Printemps de Bourges. Le trio présente son dernier album Anomalie qu’il porte depuis 2 ans, “le temps de se proposer des choses nouvelles, de se retrouver et de se réapprivoiser” comme nous l’a confié Gaëtan Roussel un peu plus tôt dans l’après-midi.
Avant d’ajouter qu’ils espèrent “avoir gardé l’énergie d’avant.”
Et dès leur entrée avec Ton invitation, le groupe a envoyé tout le meilleur de ce qu’ils savent donner à leur public.
Intensité des nouveaux morceaux, claque avec le titre phare : Anomalie et retour de souvenirs et d’émotions avec La Lune.
Leur retour est marqué par un mélange plus évident de générations. Les parents viennent avec leurs enfants. Les tempes sont grisonnantes pour certains alors que les cheveux d’autres sont bien drus.
Le Printemps de Bourges n’est pas fini ! Encore 4 jours de concerts
Le Musée du Louvre et Will.i.am (Black Eyes Peas) nous ont conviés à un rendez-vous particulier ce mardi pour découvrir le clip Mona Lisa Smile et le docu Will.i.am au Louvre. Rares sont les évènements qui couplent visite d’un lieu unique (et vidé de son public) et rencontre d’un artiste de renommée internationale. D’autant plus exceptionnel quand il s’agit d’un coup de coeur et d’une collaboration artistique entre un chanteur américain et une institution nationale.
Le clip Mona Lisa Smile Will.i.am a découvert le Louvre en 1999, lors de son premier voyage à Paris. Tombé amoureux du lieu, collectionneur d’art et mécène, c’est après un concert des Black Eyes Peas, lors d’une tournée, que le clip prend forme mais aussi la base de la chanson, dans un musée du Louvre fermé et à 1 heure du matin.
La volonté de l’artiste : rendre hommage à la renaissance à travers un clip : Mona Lisa Smile.
Certains n’auront de cesse de moquer le coté kitch de cette création. Mais il semble que la démarche soit vraiment celle d’un passionné d’art avec une envie de partager et de faire découvrir, d’ouvrir des horizons à un public pas forcément prompt à se fondre dans cet univers.
Le documentaire de Will.i. am au Louvre
Et même si on peut être un peu circonspect face à la démarche d’un artiste américain, le mélange entre promo et envie de bien faire est parfois mince, la volonté mise par les équipes du Musée du Louvre dans ce projet lève toute ambiguïté.
Et les propos de Will.i.am lors de la conférence de presse vont dans ce sens.
Le documentaire, certes très court (seulement 12 min), réalisé avec le concours du Musée du Louvre démontre une volonté de mettre en avant un certain art.
Si Will.i.am est un artiste ultra-connecté et hi-tech, il semble avoir une vraie admiration pour l’histoire de l’art. En témoigne, sa stupéfaction face à une horloge reproduisant les rythmes cosmiques de la Terre et créée au XVIIIe siècle.
Toutefois, derrière un scénario et un style de montage très américains, se dégage un véritable engagement.
Celui du chanteur US semble sincère : donner envie aux jeunes d’aller dans les musées, que ce soit le Louvre ou des musées plus accessibles et proches de chez eux.
Avec un mot d’ordre qui pourrait être : #ArtIsFun !
Et ça on aime chez USof Paris.
Pieds nus sur la scène, fleurs dans les cheveux ou en boutonnière, avions de papier qui volent, déflagration sonore, ambiance pop, Astérix et Obélix, le festival Printemps de Bourges cru 2016 a débuté ce mardi avec frénésie.
Alors que la scène du W a enchanté en majorité le public féminin avec Mika, LEJ et Marina Kaye, du côté du 22, c’était le choc des décibels avec Samba de la Muerte, Bagarre, Grand Blanc ou encore Salut c’est cool.
“Bienvenue en Gaule !“
Dans l’après-midi, les premiers tête-à-tête avec la presse dans les salles de l’Auditorium ont donné le ton de cette journée ensoleillé. Salut c’est cool a joué le remake vestimentaire et semble-t-il cinématographique d’Astérix et Obélix, sans Idéfix. La joyeuse équipe a un vrai souci du détail pour ce court ou moyen métrage dont ils ont tourné des séquences à Bourges avec Flavien Berger.
“Assurancetourix, balance la sauce !”
C’est le groupe le plus déjanté du festival qui a eu les honneurs de clôturer la première journée dans la chaleur intense sur la scène du 22 Est avec un public littéralement en transe. Tout y est passé : “Vous faites du bon travail“, “J’aime les choses, je suis content“, “Exploration du présent”, dans un délire beats, plastique, sueur et communication inaltérable avec le public. C’était bon, intense. Un vrai délire entre potes qui assument toutes les pitreries. Un bordel sans nous qui n’exclut personne.
“Bourges, je te ferai ta fête !” Salle comble aussi bien côté presse que côté public au W. Personne ne voulait manquer le phénomène qui commence à s’exporter jusqu’aux States. LEJ, trois adorables girls au sourire rayonnant devant lequel il est très difficile de ne pas fondre. Avec calme, Lucie, Elisa et Juliette savourent ce qui leur arrive et surtout le symbole que représente le Printemps de Bourges, c’est à dire leur tout premier festival. Un peu déçues de ne pas avoir leur nom sur l’affiche aux côtés de nombres d’artistes qu’elles admirent, elles n’en sont pas moins fair-play.
Après avoir repris Grand Corps Malade, David Guetta, Muse, elles n’en reviennent pas d’être à leur tour reprises. Elles ont découvert avec surprise que leur titre original La Dalle avait eu droit à de nouvelles versions postées sur le net.
Sur scène, le trio impressionne, captivant le public dès le premier mash-up. C’est cash, bluffant et sans artifice. Elles se sont promis de ne pas pleurer à Bourges, comme l’avait fait pourtant à la Cigale. Nous n’étions pas en coulisses pour savoir si elles avaient réussi à retenir leurs larmes avec cette première.
L’Aber
Déflagrations de décibels avec Samba de le Muerte. Une vraie claque qui nous a mis KO. On n’était pas les seuls.
Adrien au chant et aux claviers n’a pas laissé une minute de répit au public. Gorgée de mille influences, sa musique est d’une terrible efficacité. Pieds nus sur ses pédales, il a su faire vibrer avec ce set magnifiant les titres de son premier album Colors.
“Qui je suis ? Je me le demande toujours” Mika en est certain, quand il sera répondre à cette question, il arrêtera de faire des albums.
Leçon d’humilité de la part de l’artiste qui accusait un beau retard de 50 minutes de retard et qui s’est excusé en arrivant. Au cours de la rencontre, il a évoqué le fait d’ “être fier de sa musique et non de sa personne”. Cette dualité n’est pas évidente, d’autant plus pour un artiste avec un rayonnement international comme lui.
Pas de participation à un film de prévu. Il ne se sent pas l’âme d’un acteur.
En revanche, c’est un vrai showman. Il l’a prouvé au W.
Au cours des 3 premiers titres (durant lesquels les photographes accrédités peuvent shooter), il a donné une palette d’expression, de gestes et de situations qui ne peuvent que stimuler même le plus blasé des pros de la photo. C’est un vrai bonheur de le suivre avec son objectif.
De “premier de la classe” derrière son piano, au-devant de scène pour exciter le public, le deviner au milieu des confettis, le retrouver debout ou coucher sur le dos sur son piano, ou encore à genoux.
Mika aime la scène et échauffer son public avec une réelle générosité, non feinte.
32 ans et une fraicheur que beaucoup pourraient envier.
Le Printemps de Bourgesn’est pas fini !
Encore des concerts et de l’émotion avec la Création Spéciale 40 ans, le retour de Louise Attaque, des Inouïs partout, un autre phénomène Jain, les infatigables Dionysos et notre chouchou Marvin Jouno…
ALA.NI a plus d’un tour pour faire chavirer une oreille, serrer un coeur et émouvoir un misanthrope.
Son album You & I est un hymne à l’amour, aux grandes envolées musicales, à l’intimité, entre Londres et Paris.
Avant de débuter l’interview, nous n’avons pas résisté à faire se rencontrer virtuellement Ala.Ni avec un jeune premier de la chanson française, Marvin Jouno. Ils se sont posé une question par caméra interposée.
INTERVIEW
UsofParis : Quelques mots sur ton tout premier concert vrai concert à Paris, au Carreau du Temple. Ala.Ni : C’est un tel plaisir de jouer devant le public français. Il donne tellement.
Je peux vraiment jouer avec lui, parce qu’il est vraiment impliqué.
Je joue avec lui, j’improvise. Comme au Carreau, où j’ai demandé aux spectateurs de me proposer des phrases. Je les ai eues 5 minutes seulement avec le concert. J’en ai choisi quelques-unes. Nous n’avions même pas de mélodie. Je me suis mis à la guitare et j’ai demandé à mes musiciens : « Qu’est-ce qu’on fait ? Majeur, mineur ?” Et on a joué cette chanson, totalement inédite. C’était ma première fois, à part un projet autour de la poésie il y a plusieurs années.
Je t’ai vue en concert pour la première fois à la Maison de la Radio. C’était complètement intense, une impression de comédie musicale, un autre temps (ton micro vintage)…
Es-tu réelle quand tu es sur scène ?
Une amie qui me voit sur scène me dit : « mais c’est la Ala.Ni de ma cuisine !». En fait, j’adore cuisiner chez mes amies, je suis une bonne cuisinière. Ce n’est pas quelque chose de conscient. Je ne cherche pas à être ou ne pas être la même personne chaque soir. Ce qui m’amuse, c’est quand mes amis disent : « tu es exactement la même personne, folle, barrée sur scène. » Je ne peux vraiment pas séparer mes 2 vies : la musique est la vie privée. Même s’il faut savoir aussi se protéger.
Comment expliques-tu l’adhésion de la presse française, l’amour du public français ?
Je ne sais pas. Peut-être parce que je suis passionnée. Je voulais signer ici, avec un petit label indépendant, à Paris. Quand j’écrivais les chansons, c’était ma première idée. Je savais que mon travail serait reçu ici et compris. Et je suis chanceuse que ça ait fonctionné. C’est merveilleux que mon rêve se soit réalisé et bien au-delà : avec l’exposition de mes photos. Ca n’aurait pas été possible en Angleterre. Et en France, c’est « bravo, brillant », parce que les Français comprennent l’art et le process de création. Du coup, je me suis dit : « Fuck! Je me barre, je quitte Londres. »
Es-tu différente quand tu es à Paris ?
Je peux faire tellement plus de choses ici. Je sens que je suis une « meilleure personne » (en français dans le texte). Parce que je suis moi-même, je suis libre. Et que les gens sont plus connectés.
Paris est aussi une chanson.
Oui, Paris Thing, une chanson bonus. Je l’ai écrite ici. C’est à propos de Paris, d’aimer être ici, de perdre l’amour ici, de se souvenir de l’amour…
Quelle est la chanson la plus personnelle de ton album ?
Elles le sont toutes ! :-)
Une, en particulier ? Darkness at noon a été dure à enregistrer, pour moi. Je l’ai laissée de côté un long moment, parce que c’était très difficile de la chanter. Mais ça dépend de l’humeur. La plupart du temps, j’adore chanter Old Fashioned kiss. Parce que j’adore embrasser. Certaines chansons sont aussi plus difficiles à chanter car les souvenirs remontent parfois en mémoire. Mais c’est toujours un plaisir de partager mes sentiments.
Quelles sont tes références ? Les journalistes citent Billy Holiday, Judy Garland…
Je n’écoute pas de musique, au sens moderne, c’est à dire avec téléphone, des écouteurs… Je laisse la musique venir à moi. Je n’ai pas de télé. Je n’aime que les radios musicales. Je suis passé devant un disquaire d’occasion avant notre rencontre et j’ai acheté des vinyles : Jessie Norman, de la chanson écossaise, du négro spiritual… Mais je ne suis pas du genre à ne pas savoir ce que fait Beyoncé. J’ai vu son dernier clip, Formation. J’apprécie le silence aussi. Le silence c’est de la musique aussi.
Mes références sont multiples. J’ai bien sûr écouté Judy Garland, Julie Andrews. J’ai chanté Over the rainbow quand j’avais 3 ans.
Quand as-tu décidé de devenir chanteuse ?
En fait, plus jeune, je voulais devenir médecin.
J’ai changé d’école et j’ai commencé la danse, le chant, le jeu. Et je me suis dit que sans doute chanter serait « plus simple » que tenter une carrière de danseuse. Je pense en avoir pris conscience vers 15 ans. Mais je ne me suis jamais dit : « je vais chanter ! ».
Qu’as-tu appris de Damon Albarn ?
J’aimais le regarder se jeter dans la foule. On se demandait chaque soir : « Va-t-il y aller ? Non, il ne peut pas y aller y’a un énorme trou entre la scène et le public. » J’adorais le regarder contrôler la foule. Il avait une telle force. Maintenant, je comprends, qu’il est possible de diriger le public : « tu veux aller par ici, allons-y ». Mais j’ai vraiment envie de me jeter aussi. J’ai failli le faire une fois à la Philharmonie. J’avais un public debout, exceptionnellement. Je me disais : « j’y vais ? j’y vais ? » Je chantais : « catching, cherry… » et j’avais envie de dire : « Rattrapez-moi, rattrapez-moi »
C’est sûr qu’un jour je le ferai. J’espère qu’il y aura au moins quelqu’un pour me rattraper. 🙂
Ton mot français favori ? “Rafraichissant !” 🙂
J’aime aussi “Apéro“: “it’s Friday, is it too early for apéro?”
Quelle chanson de comédie musicale aimes-tu chanter ?
J’ai un énorme répertoire dans ma tête, mais ce sont pas que des titres de comédies musicales. Un énorme juke box avec bien souvent aucun titre. C’est la musique qui importe.
Hier, j’ai écouté Where is the warmth? extrait de The Baker’s wife de Stephen Schwartz. Une très jolie mélodie.
Un lieu inhabituel pour un live ?
Quand j’ai été invité par la Blogosphèreà chanter dans la Chapelle expiatoire de Paris. C’était la première fois que je rencontrais l’équipe. Je n’avais aucune idée du tournage.
Quand je suis arrivée, j’ai vu le marbre et j’ai découvert une acoustique incroyable, avec un écho de cinq secondes. Une expérience inoubliable.
Je vais aussi tourner, en mai, un live pour Arte au Château de Fontainebleau, avec un orchestre. Je suis impatiente.
La team #USofParis a été invitée à la conférence de presse de Oliver Twist, le musical, mercredi dernier et elle en est ressortie avec une seule envie : être déjà en septembre !
Oliver Twist, c’est l’histoire d’un jeune garçon de 15 ans qui s’est échappé d’une maison de redressement pour partir à la recherche d’une famille qu’il pense perdue. Sur le chemin de sa quête, il rencontre Dickens et Nancy qui lui apportent aide et soutien. Mais une autre rencontre risque de changer sa vie à jamais : celle de M. Brownlow, un vieil homme riche et solitaire.
Encore une nouvelle comédie musicale me direz-vous ?
Oui, mais une création française qui respectera les codes des musicals de Broadway et du West End.
Ambitieux ? Oui, mais prometteur.
Pour les afficionados de musicals, ne vous attendez pas à retrouver Oliver, le célèbre spectacle de Londres. Même si l’histoire reste la même, ici les textes et la musique ont été écrits par Christopher Delarue et Shay Alon. La mise en scène, elle, a été confiée à Ladislas Chollat (Résiste, Momo, etc.).
Les titres que j’ai eu la chance de découvrir en live mercredi dernier ont donné un bel aperçu de ce que sera le spectacle sur scène à partir du 23 septembre 2016 à la Salle Gaveau.
Assez réfractaire à la base avec les comédies musicales françaises, puisque je trouve qu’on est vraiment loin dans ce domaine par rapport à des productions américaines ou anglaises comme Wicked, The Lion King, Chicago… qui mettent la barre très haut, j’ai été agréablement surpris par la présentation de celle-ci, notamment par la musicalité et les textes des chansons.
6 titres ont été présentés lors de cette conférence : des chansons fortes, émouvantes, des voix puissantes, mais aussi deux chansons collégiales. Un beau panel qui a montré le potentiel de ce show. Une ébauche du spectacle, sans la mise en scène finale, les décors et les costumes. Le fruit de 8 jours de travail pour toute l’équipe. J’ai pu assister à l’un d’entre eux il y a quelques semaines. Et je dois dire que c’est assez magique de voir la création totale d’une mise en scène sur une chanson, dans une salle de répétition, puis de la voir prendre vie sur scène quelques semaines plus tard.
Dans le rôle-titre nous retrouvons Nicolas Montet qui a participé en 2014 à l’émission The Voice Kids. Prisca Demarez, qui tient actuellement le rôle principal dans Cats, sera Nancy. On retrouve également, David Alexis pour le rôle de Fagin, que nous avons pu voir dans Le Bal des Vampires, Cabaret ou encore Avenue Q.
Un casting qui ne compte pas moins de 15 comédiens au total et 6 musiciens, puisque, oui, la musique sera jouée en live tous les soirs et c’est assez rare pour être relevé.
À noter que le spectacle sera surtitré en anglais, une très bonne idée de sortie si des amis anglophones viennent vous rendre visite 😉
Un album est prévu pour début septembre 2016, il contiendra le titre Ce qu’il faut fairedont voici le clip :
Et la troupe sera en tournée dans près de 40 villes à partir d’octobre 2017.
Rendez-vous en septembre, car nous serons présents dans la salle pour applaudir et soutenir ce beau projet.
Premier poids lourd des festivals à inaugurer la saison, Le Printemps de Bourges 2016 offre une programmation éclectique en plein centre ville, de quoi envoyer un max de chaleur aux festivaliers à l’instar de Arts Rock de Saint-Brieuc. Et pour ses 40 ans, Le Printemps propose en plus un spectacle évènement animé par le facétieux Vincent Dedienne. Raison de plus de se plonger dans la programmation de cette édition 2016.
Le Printemps de Bourges : 9 scènes officielles
Bourges et son Printemps : c’est une centaine d’artistes en programmation officielle et prês de 500 concerts (in et off) dans la ville dans tous styles de lieux. C’est aussi des créations évènements comme savent le faire les artistes français.
On pense à Dominique A qui proposera, le vendredi 15 avril au Palais Jacques Coeur, un concert unique autour de ses face B parfois méconnues, même de ses fans. Un moment garanti 100 % unique et frissons de pure poésie.
Parmi les têtes d’affiches que sont Mika, Bloc Party, Nefkeu,The Avener, La Grande Sophie, Louise Attaque (pour son retour) et Dionysos (présent pour 3 jours), certains de nos chouchous musicaux, et découvertes du blog, seront présents au Printemps de Bourges.
Tels Jeanne Added, Giendré,The limiñanas ou encore Rover qui n’a pas encore l’adhésion du grand public, serait-ce son année ?
Mais parmi nos derniers coups de coeur, la suave Ala.ni ou le ténébreux Marvi Jouno que la crew d’USofParis est très impatiente de découvrir ces deux révélations sur scène.
Le Printemps de Bourges fête 40 ans
Autour de Vincent Dedienne, artistes et anonymes auront la part belle au cours de la soirée du mercredi 13 avril. Le trublion de Canal+ a conçu un spectacle interactif qui va mettre en avant les émotions musicales ressenties sur ces années de festival.
Sans être compassé ni mélancolique, le show pensé par Vincent Dedienne mêlera une lecture des messages-souvenirs envoyés par les spectateurs et les récits de moments fort vécus sur scène par des artistes. Et on peut être sûr que la patte Dedienne fera de cet rendez-vous l’un des points d’orgues de ces 40 ans.
Les Inouïs du Printemps de Bourges version 2016
Depuis 1985, Le Printemps de Bourges propose, grâce à son concours national et original, une sélection de jeunes artistes en rock, chanson, électro et hip hop : Les Inouïs
Depuis presque 30 ans, il a permis de dénicher des pépites telles queChristine and The Queens, Skip the Use, Cats on Trees, Fauve, Fakear, Concrete Knives, François & The Atlas Mountains, Feu! Chatterton ou encore Radio Elvis.
Chaque année, ce sont ainsi près de 3 500 artistes ou groupes qui s’inscrivent et au final, seulement une trentaine d’entre eux se produisent au Printemps de Bourges…
Avec une sélection aussi sévère, on peut être sûr que le cru 2016 des Inouïs va nous réserver une nouvelle pépite musicale.
Alors les retardataires, t’attends quoi pour réserver ton Printemps de Bourges ?
Le Printemps de Bourges 2016
du 12 au 17 avril 2016 Informations et programmation complète sur le site du festival
This is the Hello Monster! s’est transformé en Gérald Kurdian pour un premier EP au nom géométrique : Icosaèdre. Prémices d’un futur album prévu fin 2016 plutôt prometteur. Je l’ai rencontré dans un petit bar du 11e arrondissement, sa « deuxième maison », comme il dit.
UsofParis /Joan : Comment es-tu arrivé à la musique ?
Gérald Kurdian : J’ai étudié aux Beaux-Arts, j’écrivais beaucoup de textes et pour les lire je faisais des petits montages sonores avec des bruits que j’avais enregistrés, des sons que j’aimais bien, des petits instruments. Petit à petit, c’est devenu des morceaux, des objets de mon intimité, des cartes postales sonores. J’ai fait de la danse aussi et puis par la force des choses j’ai osé chanter en public. J’avais peur de ma voix mais je savais qu’il y avait quelque chose. J’ai eu du bol : une chorégraphe de danse contemporaine, qui bossait avec Katerine,a grillé un soir dans le studio que j’écrivais des chansons. J’ai enregistré un truc en 10 minutes et elle l’a filé à Katerine qui a dit que c’était pas mal. Et de rencontres en rencontres j’ai monté This is The Hello Monster! et j’ai assez vite trouvé une manageuse.
Du coup tu as changé de nom pour ce projet-là. Pourquoi ?
This is the Hello Monster! me permettait de me cacher. Déjà il y avait la langue, qui est la langue de mon père, une langue d’un type qui est une sorte de mystère « outre-atlantiste ». Ça me permettait aussi de traverser plusieurs expériences sonores sans me dévoiler, une sorte de prudence.
Pour ce disque il fallait être frontal et présent. J’ai des choses à dire qui sont claires.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de te dévoiler ?
Je me suis dit que dans la grande machine du spectacle personne ne saura jamais qui je suis et moi-même je ne le sais pas. Autant s’appeler soi et que cela devienne un jeu.
Comment est née ta collaboration avec Chapelier Fou pour cet EP ?
On s’était rencontré en tournée, sur un festival québécois. De Montréal à Rouyn-Noranda on a voyagé ensemble en voiture avec son ingé son et mon batteur. On a fait ces 900 km en riant beaucoup et en parlant musique. Quelques semaines plus tard il m’a proposé d’écrire une musique pour lui. On est devenu très amis et on a pas mal collaboré depuis.
Tu as tapé dans l’oeil des Inrocks, petite fierté ?
Je suis hyper content. Ça me rassure qu’un disque comme ça soit soutenu par ce genre de presse.
Parlons du titre de cet EP. Pourquoi Icosaèdre ?
C’est un exercice de diction. J’aime bien faire appel en général à la science.
Un Icosaèdre est un objet fascinant, qui du temps de Platon avait des vertus de sagesse. Il a le rapport au cosmos. J’aimais bien cette idée de forme synthétique, avec des facettes, chacune portant un aspect, mais qui font toutes parties d’un même objet, d’une cohérence.
La suite pour toi c’est un album ?
Oui il y a un album à venir, on cherche du soutien pour cela. Idéalement ce serait pour début 2017. J’ai les matières de morceaux, j’ai assez pour faire un disque. Il y a de quoi faire. J’ai trouvé un fil qui m’intéresse qui est ce mélange de textes et d’électronique que je trouve passionnant. Et j’ai envie de dire des trucs sur le corps. J’étais parti sur une sorte de vocabulaire du corps érotique, on va dire, et son rapport à la ville, aux espaces.
Je vais te poser les petites questions que je pose à chaque artiste que je rencontre.
Ton dernier coup de cœur musical ? Il y a un garçon que j’aime beaucoup, il s’appelle Arca. Il a bossé sur le dernier album de Björk. J’aime beaucoup ce qu’il fait et j’aime bien son rapport au silence.
Dans la scène française, Laura Cahen. C’est quelqu’un qu’il faut aimer car c’est un auteur réel, comme à l’époque. C’est Brigitte Fontaine dans les 70’s.
Le dernier concert que tu as vu ? (Il réfléchit beaucoup, car rien ne lui revient)
J’ai vu Radio Elvis et c’était cool.
Vu que tu es parisien, est-ce que tu as une bonne adresse food à nous partager ? J’ai le droit à un truc un peu cheap ?
L’endroit où je vais dans mon quartier c’est « 3 fois plus de piment », c’est un resto asiatique pas cher et c’est vraiment trop bon.
Je suis très mauvais en bouffe, c’est très secondaire pour moi.
Si tu ne vivais pas à Paris, où aimerais-tu vivre ? Là j’habite à Bruxelles en ce moment, je trouve ça vraiment cool, ça me rend très heureux.
J’aimerais habiter à Montréal, c’est la ville que je sens le mieux.
Ton endroit préféré à Paris ? Je crois que j’aime vraiment ce bar. J’habite vraiment pas loin et j’ai tout vécu ici : des amours concrétisés, des ruptures, des amis. Je suis déjà venu en chaussettes, le barman m’a vu dans tous les états, j’ai pleuré, j’ai ri, j’étais ivre mort dans ce bar.
C’est ma deuxième maison. Par contre j’ai un problème, ils ont refait le bar avant il était en zinc et ça sent le neuf donc ça me gêne. Je me concentre sur le carrelage maintenant.
D’abord, un premier échange par mail avec ce jeune artiste, Marvin Jouno, pour comprendre ce qui venait de nous scotcher. Un EP 4 titres, Ouverture, qui nous redonnait mille foi en la chanson française. Une poésie énigmatique, qui offrait toutes les évasions et projections possibles avec une orchestration fine nous rappelant le doux souvenir d’artistes masculins racés – ce qui n’a pas échappé aux Inrocks. Benjamin B. en ligne de mire, comme référence incontournable ou figure tutélaire à mieux pourfendre pour s’émanciper.
La sortie du premier album, Intérieur Nuit, est l’occasion d’une interview face-à-face avec Marvin Jouno. Impossible de tout savoir sur le titre Est-ce l’Est ? – texte le plus impudique du CD pour son auteur – “le sens profond de la chanson est secret“.
L’approche du premier concert en tête d’affiche à la Flèche d’Or rappelle à Marvin le souvenir de ce premier live à Paris au cours duquel il a gardé le plus souvent les yeux fermés face à son public.
Alors qu’il se voit déjà partir à l’étranger avec son film dans le sac à dos – car Intérieur Nuit est un album et un film – pour faire écouter sa musique aux francophiles de tout bord, notre trentenaire se laisse désirer avant d’envoyer sa cover du Grand Sommeil à Etienne Daho, en guise de postcard hommage.
UsofParis : Un EP puis un album, est-ce désormais une suite logique pour un jeune artiste ? Marvin : C’est dans l’air du temps. Je vois l’EP comme une sorte de carte de visite. Ce qui est intéressant, c’est que c’est un vrai entrainement sur tous les plans : fabrication, gestion d’une sortie, on apprend de ses erreurs aussi. C’est une balle à blanc.
L’EP Ouverture était un condensé de l’album Intérieur Nuit. Mais c’est l’album qui fait le plus sens.
J’ai eu un problème avec le 1er titre : L’Avalanche. Impossible de décrocher, c’était très fort comme accroche. Comment l’as-tu composé ?
J’ai eu peur 🙂
La genèse de ce morceau est une déception professionnelle. J’ai pris ma voiture sur un coup de tête et je me suis isolé dans une maison en Bretagne. Et j’ai écrit 2-3 chansons dont Antoine de 7 à 9 et L’Avalanche. Je voulais exprimer ce que je ressens depuis tout petit : ces insomnies dans la nuit du dimanche au lundi. C’est un classique, je ne dors pas beaucoup. Je fais le bilan de la semaine passée et je pense à celle qui va arriver. C’est totalement involontaire.
La base de ce titre est un piano-voix, comme les autres morceaux. Et toute la production a été faite à Carpentras au Studio Vega, à 4 : Angelo, Agnès, Rémi. Et je ne sais pas ce qui s’est passé : on est arrivé avec 13 piano-voix et nous avons réussi à tous les arranger et les développer en 6 jours.
On avait la vision : décor, ambiance, lumière. Et l’orchestration s’est faite en une soirée.
Que L’Avalanche ouvre l’album était une évidence ?
La track-list a été un long travail de réflexion. Il y a eu plusieurs ébauches. Et L’Avalanche s’est imposée, sans doute à cause de la phrase : “la nuit sera immense“.
Qu’est-ce qu’il y a de cinématographique dans tes textes ou dans la composition de tes chansons ?
Je viens de ce média. J’ai étudié la mise en scène et ensuite été décorateur pendant 10 ans. Les premières chansons que j’ai écrites étaient inspirées d’un scénario que je n’ai jamais tourné.
Quand j’écris, j’ai souvent le clip en tête. Je fonctionne beaucoup par images. Et je m’efforce d’avoir des compositions qui collent avec les textes. L’album peut être considéré aussi comme une sorte de BO.
Mais Intérieur Nuit ne devait pas, pour autant, être un film.
Je ne sais pas si je retombe sur mes pattes. Mais ça fait 15 ans que je cherche à faire un film et la musique est presque accidentelle dans mon parcours.
Elle m’amène à faire des photos, à partir tourner un film à l’étranger, à jouer la comédie.
Je suis un vrai touche-à-tout et je m’éclate.
Était-ce essentiel d’accompagner l’album d’un film ?
Ça ne l’était pas. En fait, j’avais envie d’inviter les gens à venir voir mon 1er album. 🙂
Une fois l’album mixé, j’ai beaucoup travaillé les visuels avec Élise Toïdé et cette envie d’esthétique ciné. Et je réfléchissais aux clips. Mais les propositions que j’ai reçues pour Love Later ne me plaisaient pas.
Petit à petit, il y a eu un fil rouge et un vrai désir de fiction. En une nuit, j’ai déstructuré la track-list et j’ai écrit une histoire.
Avec Romain Winkler, le réalisateur, on a privilégié l’objet film et non une compilation de 11 clips.
Jouer c’est une mise à nu plus difficile que de donner à entendre ses mots ?
J’avais déjà la sensation de m’être totalement déshabillé sur l’album. Et je dis, actuellement, à mes amis que le film est un IRM, une radiographie. Je suis plus qu’à poil. On voit tout. C’est du 360 degrés.
Et puis je ne suis pas comédien. Mais je voulais incarner ces chansons jusqu’au bout bien que je sois très pudique aussi. Ce processus est une ouverture et une mise à nu qu’il faut assumer. A la veille de la sortie de l’album, je me demande : est-ce que je n’ai pas été trop loin ?
Quel est le véritable rôle d’Angelo dans cet album ?
Angelo est l’architecte, le chef opérateur qui met en lumière. Il y a une vraie direction artistique.
Avec lui, j’oublie la partie arrangements. Je me concentre sur les compo piano-voix qui doivent tenir, exister comme telles. C’est lui qui a la vision globale.
C’est un vrai plaisir de collaborer avec des gens talentueux, comme lui et Agnès, mais c’est une lutte aussi. Je veux garder le contrôle, j’ai des idées très précises. Ce n’est pas facile de travailler avec moi, en fait. Même si je suis courtois et gentil. Je peux être têtu.
Pour quelle chanson y’a-t-il eu le plus de lutte ? Antoine de 5 à 7. On était en studio, la chanson était à peine finie de composer. Et la veille, je décidais de ne plus la faire. Je l’abandonnais. Le lendemain matin, on s’est remis au travail avec Agnès et nous l’avons sauvée. On a retrouvé un fil pour le refrain. On a sauvé le “Soldat Antoine” !
A qui as-tu fait écouter ton album en 1er ?
A ceux avec qui je travaille. Puis il est resté secret un moment car je n’aime pas faire entendre les versions à plat. Je préfère la version mastering. Et c’est en fait Pierre Siankowski des Inrocks qui l’a écouté. Il m’avait contacté via Twitter cet été et on l’a invité.
On a vraiment senti quelqu’un d’attentif et réactif.
Il a repéré très vite les références ciné et les clins d’œil à Bashung.
Être un artiste connecté, est-ce inné ?
Je ne suis pas bon, parce que je n’aime pas parler pour ne rien dire.
Mais j’essaie de distinguer les 3 médias : je relais systématiquement tout sur Twitter, tous les articles. Sur Instagram, je tente d’ouvrir et ne pas faire que de l’autopromo, je me suis remis à la photo. Je retrouve le goût en faisant des photos en Géorgie.
Et sur Facebook, il faut attendre le bon moment, avoir la bonne formule. J’ai trouvé un ton, du coup, personne ne peut publier à ma place. Ça se verrait.
Et je réponds à tout le monde.
Pony Pony Run Run c’est de la générosité en barre.
En musique, parce que le groupe composé de deux frérots Gaëtan et Amaël, nous agrippent le col avec un nouvel album gorgé de mille influences dépaysantes, exotiques, imperceptibles qui font de leur électro un moment de folie pure que ce soit en bord de mer, les pieds dans le sable ou avec un nœud pap à une soirée de la Fashion Week. Voyage Voyage nous prépare, avec quelques jours d’avance, au retour au printemps. Le pied ! Générosité aussi en interview, quand ils nous reçoivent dans une chambre d’hôtel de Pigalle où tout y passe : le Groenland, les Baléares, le studio de Damon Albarn, David Bowie et les origines de leur vocation musicale. Intense.
Sortez les sunglasses, Gaëtan et Amaël rayonnent et sont à retrouver en tournée en France et à Nogent sur Marne, le 9 juin.
INTERVIEW
Trois adjectifs pour décrire votre partenaire de scène, de création ? Amaël : Brillant, charismatique et subtil. Gaëtan : Flatteur, mais honnête… non mais c’est mon frangin que j’adore, j’en pense pas moins !
Quelles sont les vertus de partir en périple mondial ? C’est pour échapper à la routine ? Trouver l’inspiration ? Se faire du bien ? Gaëtan : Je pense que la notion de se faire du bien c’est plutôt le moteur. Après les morceaux ont été créés sur la route. Ce n’était pas un choix conceptuel de base. C’est juste que ça se soit fait comme ça, au cours du voyage. En voyage, tu continues à composer, à penser à autre chose. C’est un peu comme des carnets de routes mais qui ne sont pas forcément en lien avec les lieux avec lesquels j’étais amené à découvrir.
Mais le tour du monde état déjà fixé au départ ? Gaëtan : En fait, j’avais un billet ouvert, sur deux ans. D’abord, une première destination et après j’ai compilé. J’ai essayé d’aller là où je pouvais, en fonction des envies. Parfois ça t’emmène dans des endroits improbables. Je me suis retrouvé dans le Yucatan où j’ai rencontré un mec du Belize (ça ce n’était pas prévu). Donc j’ai pris un bateau avec ma copine et on a traversé une frontière improbable, avec des mecs armés, car il y a beaucoup de trafic par là-bas. On s’est retrouvé sur une île de Mangrove avec beaucoup de rastas, et aussi beaucoup de mayas, de leurs descendants.
C’est que des découvertes, des lieux et des rencontres assez improbables. C’était parfois des chemins de traverse. Même s’il y a des lieux plus classiques comme Sidney.
Et du coup, Amaël, tu l’as rejoint sur certaines destinations ? Amaël : Absolument pas ! On avait décidé, à la fin de la tournée asiatique de 2013, de prendre un vrai temps pour nous. De stopper un petit peu Pony et de mettre ça entre parenthèses pour pouvoir se recentrer, vivre des choses, voir nos familles. Gaétan a choisi de voyager et a composé les bases des morceaux pendant ses voyages. Il n’a pas composé pour l’album.
C’était aussi le plaisir de faire un break. De faire de la musique juste pour faire de la musique sans nous dire que ça va servir ou qu’il faut faire un truc catchy ou pas catchy. Gaëtan : Il n’y avait pas de contraintes.
Est-ce que tu faisais écouter à ton frère à distance ? Gaëtan : Non. La première fois qu’on s’est retrouvé pour parler de l’album, il y avait que 80 bouts de chansons. Et on a choisi par affinité. C’est très arbitraire et pas calculé. On en a choisi 30 pour les avancer un peu plus et après sur ces trente, on en a travaillé 20.
Mais vous avanciez tous les deux, ou chacun de votre côté ? Gaétan : Sur la première phase, j’ai plutôt refait les trucs tout seul. Amaël : En fait, ça a toujours été comme ça. Gaëtan est plus producteur et compositeur. Mais on a quand même continué à échanger. Gaëtan : Techniquement, c’est ça. Il y a des petites brides, des petits brouillons. On les a choisis ensemble. Après, j’ai vraiment composé les lignes de chants et les paroles, structuré toutes les harmonies et les mélodies. Et c’est après ça qu’on est revenu dessus, que l’on a choisi. Il y avait plus d’échange à ce moment-là. Après, il fallait leur donner une vie, une couleur. Amaël : Les choisir, parfois les mélanger, les déstructurer pour les refaire à l’identique. S’interroger sur « est-ce qu’il faut plus de paroles, moins de paroles ? ». Vraiment échanger autour de la musique.
Mais dans un premier temps on s’est vraiment retrouvé pour passer du temps ensemble et parler de musique tranquillement. On a fait ça sur deux ou trois stop : Anger, Hossegor…
Gaëtan : Après, j’ai un petit home studio aux Baléares. 🙂
On imagine tout de suite la carte postale … Gaëtan : Mais c’est une carte postale ! Et en dix fois moins cher qu’un petit studio à Paris. 🙂 C’est hallucinant. Du coup, on a eu cette chance là, et c’était surtout pour se retrouver tous les deux, passer du bon temps.
Et puis on y a amené notre pote Fred Lo qu’on a croisé à Paris par hasard un soir, qui a produit notre premier album, pour partager des bons moments aux Baléares mais aussi finir l’album avec lui. Amaël : Il est venu tester notre compatibilité d’humeur. Et malheureusement, ça s’est trop bien passé parce qu’on a énormément rigolé et qu’on a fait du bon taff.
Au final, on a fini dans sa cave de 10m² au 3ème sous-sol à Paris. Gaétan : Mais on a vraiment fini à Londres en fait, dans un studio.
J’allais y venir, pouvez-vous me décrire le studio de Damon Albarn ? Amaël : C’est un bedroom studio selon Stephen Sedgwick. Gaëtan : De 350 ou 380 m² en plein Londres. Amaël : T’es face à un hangar, une devanture de garage automobile… Gaëtan : C’est quand même à Damon Albarn et tu rentres dans un studio de fou avec des instruments du monde entier, du matériel haut de gamme et une acoustique incroyable. Y’a des bacs où tout est posé par terre. Amaël : Ça peut être dans des flight cases avec des autocollants Gorillaz dessus, des caisses où il y a mille percussions, des vieux meubles où tu trouves des micros qui valent une blinde.
Gaëtan : Il y a même les paroles des futurs albums ! Amaël : C’est tellement pas tape-à-l’œil, en plus. T’as un babyfoot, une petite cuisine pour te faire à manger. Tout ça accessible et avec le droit de t’en servir. C’est le vrai bonheur.
Alors qui avait les clefs de ce studio ? Gaëtan : C’est un peu un coup de chance en fait. Amaël : C’est vraiment l’ingé son du studio. C’est un studio privé en fait. C’est le studio de Damon Albarn qui lui sert tous les jours de l’année.
On a eu un coup de bol monstre. C’était la reformation de Blur et ils étaient en tournée en Asie au moment où on voulait mixer.
On voulait bosser avec Stephen Sedgwick et on a eu la possibilité de le faire. Gaëtan : C’est un truc assez rare, c’est par connaissance qu’on a eu accès à ce studio personnel. On était vraiment dans l’univers de Damon. Amaël : Il y avait quand même une confiance car il y avait des partitions sur le piano et toutes ses affaires personnelles. Gaëtan : Il y a beaucoup d’histoires dans ce studio car il y a beaucoup de voyages : des synthés chinois, russes. Des trucs étranges et incroyables : des vieux orgues d’églises, par exemple, mais qui sonnent mal.
Quels sont les instruments les plus incroyables que vous ayez utilisés ? Gaëtan : Des percussions dont on ne connaît même pas le nom. On a eu une journée percussions, c’était très sensuel et percussif. Amaël : Je me souviens d’un truc qui ressemble à un interphone du futur, genre film de science-fiction. Et puis tu as dix tirettes et ça te fait de séquences de son. Gaëtan : Il y a le piano de Damon Albarn, qu’il utilisait dans Gorillaz. Il sonnait tellement bien, on l’a pris avec un micro à l’arrache avec des accords plaqués. On le retrouve sur You don’t feel it.
C’est que des expériences comme ça : il y a un truc qui traine, on sort le micro et tac tac tac … De vrais gosses en train de tout essayer.
Et vous êtes restez combien de temps dans ce studio ? Amaël : Quinze jours !
Tout le monde nous a dit : « Vous allez à Londres, vous allez dépenser plein d’argent ! ». Au final, on pensait vraiment vivre la vie londonienne, mais on était de 9 heures du matin jusque 20h, parfois minuit dans le studio. On avait souvent des échanges avec Stephen sur le mix.
Justement : une leçon de musique que vous avez eu avec Stephen ? Amaël : Ce n’était pas vraiment au niveau de la musique. C’est plus rentrer dans le son. Gaëtan : Il a une approche très physique du son et très acoustique aussi. Il a aussi une oreille pas hip hop mais presque : dans la rythmique et la basse. Finalement, ça amène notre musique dans une autre direction, avec une autre dynamique. Gaëtan : Il a repoussé tout ce qui était guitare stridente qui percutait, histoire d’avoir le relief qui nous intéresse car on vient plutôt du rock. Mais tout ça c’était hyper simple.
Et un accident heureux ? Amaël : En fait, il n’y a que des accidents heureux. 🙂
On voulait vraiment se marrer, que ce soit ludique et expérimental. C’est vrai qu’il y a eu beaucoup d’accidents heureux.
Et je crois que celle qui est le plus proche de l’accident le plus heureux c’est Berlin, qui est une espèce de jam. C’est que deux prises, rien n’a été édité. On l’a laissée telle quelle.
Il y a aussi Belong. C’est que des accidents qu’on a laissés. On s’est dit « les dissonances on les garde ! ».
Un moment de musique c’est ça : c’est les choses que tu ne maîtrises pas. Des trucs spontanés qu’on a laissés, dans la cruauté de la prise…
Mes oreilles a fait repeat sur 3 titres : Belong, Berlin et Dum dum… Amaël : On sent que tu aimes la musique ! Gaëtan : C’est intéressant Dum Dum car on en parle assez peu. Amaël : Il a un côté super pop-rock ! Gaëtan : Il a un côté sixties. C’est un peu le Wall of sound de Phil Spector. Il y a les cloches tubulaires derrière. Dans le studio, on lance : « on va mettre des cloches là » et on les a mises. C’est des moments où tu te demandes si ce que tu as dit est vraiment une bonne idée. Et en fait oui, c’est une super bonne idée !
Du coup Dum Dum, c’est la première chanson qui a été composée pour l’album. Et c’est une chanson qui a été faite à Sidney. Et elle a eu beaucoup de vies. Au début, elle était très simple : guitare-basse-batterie. Après, elle est devenue grandiose électronique avec violons. Puis elle a fini hybride… Amaël : Dans sa meilleure version… Gaëtan : Elle s’est terminée justement dans le studio de Damon Albarn. Avec des centaines de prise des voix, des chœurs et des chœurs qui sont vraiment dans la bande. Une journée entière de prises de voix pour les chœurs. On les entend quasiment pas mais ils sont tous derrière. Et on a bien failli ne jamais s’arrêter…
Quelques mots sur le titre Berlin ? Gaëtan : Il a été composé à Hossegor dans les Landes ! Le propos est d’aller à Berlin. J’y suis allé très souvent, j’étais même prêt à aller y habiter. J’y ai passé de très bons moments musicaux (électro, expériences assez fortes).
L’influence musique techno berlinoise était la base du titre. Le jour de la finition, on était en studio avec Fred à Paris, on a fait un grand djam sur ce titre, totalement spontanément.
Il y a juste eu 2 prises et on n’a même pas recalé les erreurs. Ça donne ce côté extensible.
On tente la version acoustique pour le live.
Le lieu le plus improbable pour composer un titre ? Gaëtan : Kulusuk au Groënland, dans une vallée. J’étais dans une chambre avec une vue sur un fjord et des icebergs qui passaient, au mois d’août. Il y avait une vague pénombre entre minuit et 4 heures du mat. Un trait orange, avec des icebergs dans le champ de vision. J’ai composé 3 chansons dans cette chambre dont Alright, qui s’est appelé très longtemps Kulusuk 3. Car tous les titres de chansons portaient le nom des lieux où elles avaient été composées.
Kulusuk était vraiment le décor le plus improbable : 50 habitants Inuits, moi et ma copine.
Les pays les plus inspirants musicalement ? Gaëtan : Le Japon et le Laos. Y’a beaucoup de réminiscences asiatiques dans cet album. Ce sont des thèmes un peu masqués. L’Islande aussi, mais ça ne s’entend pas forcément.
La rencontre décisive qui a fait de vous un musicien, chanteur ? Amaël : La rencontre de mon petit frère, tout simplement en faisant de la musique. Et aussi Laurent Piercon, prof de guitare à Angers qui a joué dans pas mal de groupes. Il m’a mis le pied à l’étrier, en me donnant confiance en moi.
Et ma fille ! Avant d’être papa, je ne pensais pas que chanter serait fait pour moi. C’était très con. J’ai commencé à chanter pour elle, et j’ai continué. J’ai compris la vibration. Et surtout, tu as tous les instruments de musique en toi. Gaëtan : Pour moi, c’est la rencontre avec des instruments étranges quand j’étais gamin. Je tapais, apparemment, assez souvent sur les tables, en rythme. Ils m’ont mis dans un lieu : La Galerie Sonore avec tous les instruments du monde. Une flute bambou laotienne. Les enfants étaient lâchés dans ces instruments. J’ai eu une approche ludique (alors qu’à 8 ans, je séchais les cours de solfège).
Je leur dois tout.
Et toujours maintenant, dès que je vois un instru étrange dans un pays, j’essaie d’en jouer et je le ramène.
Une chanson pour quitter Paris ? Amaël :Let’s dance de David Bowie Gaëtan : Veneer de José Gonzalez
Une chanson pour pleurer ? Gaëtan : 900 miles de Terry Callier. Amaël : Loro de Pinback
La dernière claque musicale ? Gaëtan : Pas vraiment une claque. Mais un titre accrocheur : Tough Love de Jessie Ware, c’est un peu adolescent. Amaël : Le dernier album de Room 204, un groupe matrock nantais. J’étais à un de leur concert dans un appart en réfection avec des vignerons bio. Et je me suis pris, musicalement, une grosse claque !
Pony Pony Run Run nouvel album Voyage Voyage
(Pias France / Le Label)
Edition vinyle à 1 000 exemplaires
En concert le 9 juin au Pavillon Baltard (Nogent sur Marne) et en tournée : Montgey, Meneac, Anet, Douarnenez, Saint Priest, Ile d’Yeu, Saint-Julien, Nancy…
Une comédie musicale hommage à Nelson Mandela. Sur le papier, la proposition Madiba, le musical peut aussi bien provoquer surprise, possible effroi, déconcerter et susciter pleine curiosité. On imagine, sans trop se forcer, un récit dur sur la vie passionnante mais difficilement joyeuse de Mandela. La surprise est sur scène.
Avant que Nelson Mandela ne fasse son apparition sur la scène, les chants emportent et rythment les pulsations des spectateurs. Difficile de ne pas être séduit par les premiers tableaux : du conteur armé de sa canne aux dessins projetés, sans oublier les tours de danse et de chants.
Le musical débute avec joliesse pour mieux nous prendre dans les filets de ce récit à haute valeur symbolique.
Madiba apparaît à son cabinet d’avocat. Il est sollicité pour mille maux, autant de discriminations, d’injustices. L’apartheid est à son comble en Afrique du Sud.
Les gens à bout se soulèvent, Mandela devient le porte-drapeau de la contestation, le rapprochant un peu davantage de son terrible destin : les longues années d’emprisonnement.
En parallèle, une histoire d’amour débute entre un jeune homme noir, dessinateur et une jeune femme blanche, fille de policier. Les couleurs de peau ne devraient être qu’un détail mais pas à cette époque.
Malgré quelques éléments qui peuvent paraître désuets comme le trucage musical lors du premier baiser, le pantalon rouge passion d’un danseur, la malle à souvenirs dans le grenier, Madiba le musical emporte le public.
Pour la simple raison que malgré la dureté du récit, les moments légers et drôles viennent donner du souffle.
L’équilibre n’était pas évident à première vue mais il a été trouvé à travers les dialogues et la mise en scène.
Autres raisons de la réussite de ce spectacle : la qualité de l’interprétation et le plaisir de retrouver des artistes apprécier dans la comédie musicale à succès, l’année dernière, Gospel sur la Colline, comme le charismatique James Noah (Nelson Mandela), l’imposant Jean-Luc Guizonne (Sam Onotou), l’irrésistible Falone Tayoung (Sandy Xulu) ou encore le touchant Manu Vince (William Xulu).
Dernière info : l’un des petits-fils de Nelson Mandela, Ndaba Mandela, a assisté au spectacle et a rencontré la troupe au Comédia.
Madiba, le musical en hommage à Nelson Mandela
création de Jean-Pierre Hadida sur un livret de Alicia Sebrien et Jean-Pierre Hadida Mise en scène : Pierre-Yves Duchesne, assisté de Claire Jomard chorégraphie : Johan Nus
le dimanche 22 avril à 15h
à l’Olympia, Paris
et en tournée en France : Nantes, Nancy, Biarritz, Maxeville, Marseille, Lille, Bordeaux, Amiens, Toulouse…