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Live report, chronique, interview…

La B.O. 2 -M- : le trip musical et visuel de Matthieu Chedid & Matthias Picard

“La B.O. 2 -M- est une invitation à la méditation moderne. Parce que l’intention c’est d’arrêter de penser. Et puistu te dis « Qu’est-ce que c’est ce bordel ? », tu ne penses plus à autre chose qu’à ça.
Après les gens partent dans leur univers. J’aimerais que l’album les déconnecte de leur quotidien.”

Matthieu Chedid propose un trip musical qui se savoure les yeux fermés, entièrement déconnecté (pour une fois) de toute vie numérique. La B.O. 2 -M- est à la fois un disque de pure musique et un livre illustré par le talentueux dessinateur Matthias Picard.
-M- nous dévoile les coulisses de cette création originale qui va aussi bien enthousiasmer les passionnés de nouvelles expériences que désarçonner les fins connaisseurs du chanteur.
On ne revient pas indemne de ce rêve surtout quand il est accompagné d’une boisson corsée. Toute résistance est vivement déconseillée. 

Matthieu Chedid en interview pour La BO 2 -M- rêve musical illustré par Matthias Picard éditions 2024 photo united states of paris blog au showroom Gibson

INTERVIEW #M_LABO2M

UsofParis : Un rêve c’est plutôt personnel. Pourquoi avoir décidé de partager celui-là avec le plus grand nombre ?
-M- : Parce que c’est un monde extrêmement inspirant. Tout part du rêve quelque part, c’est vraiment une autre dimension qui fait partie de la vie et dont on parle moins. C’est là tout le temps mais on ne le met pas justement en lumière. C’est mettre en lumière l’obscurité.
C ‘est un rêve quand même mais surréaliste. Il y a des fragments de rêves. C’est de l’écriture automatique au départ : c’est surtout laisser l’âme prendre les commandes de l’esprit. C’est ça qui m’intéressait.
Donc j’ai relu pas mal les surréalistes et je m’en suis beaucoup inspiré pour la musique et pour le texte.

Et lesquels en particulier ?
André Breton, d’abord parce que c’est lui qui a écrit le manifeste. Et puis ensuite toute la lignée de Perec, René Char, Aragon et les autres.

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Donc tu as eu besoin de te préparer, de te documenter avant de commencer ?
Non, parce qu’en fait au départ ca ne devait être qu’instrumental. J’avais fait Labo -M-, il y a 13 ans, je voulais faire Labo -M- 2.
Et puis, on est parti en studio avec les musiciens de la tournée.
On s’est dit, pour qu’il y ait une contrainte, je vais relire les surréalistes et je vais transférer en musique les règles surréalistes : les cadavres exquis, l’écriture automatique. Vraiment comme dans l’inconscient. 
Donc, sur des règles surréalistes, on a improvisé, enregistré et mixé au même moment. Toute la musique a été faite dans l’instant. On a enregistré durant quatre heures et après on a fait un montage d’une demi-heure pour en faire un voyage initiatique. C’est de là que Labo -M- 2 est devenu La B.O. 2 -M-, parce que je me suis dit qu’il fallait vraiment écrire un rêve à partir de truc-là.
Donc par des fragments de rêves, par l’imaginaire et beaucoup d’écriture automatique, et aussi en m’inspirant de la musique, j’ai construit le rêve sur la musique. Et c’est comme ça que la bande dessinée est arrivée en troisième étape. 
C’est un O.V.N.I., un objet non identifié qui s’est fait empiriquement de manière évolutive.

Et du coup il n’y a eu qu’une seule prise ?
Sur toute la musique qu’on entend, il n’y a eu qu’une seule prise. Après, on a rajouté des ambiances de Pierre Boscheron pour illustrer un peu le rêve et quelques mini-voix, parsemées. Il y a la voix parlée et il y a quelques chants comme ça.

Ça veut dire que tout te satisfaisait dans cette expérience-là ?
Oui. C’est surtout une acceptation du réel. C’est à dire qu’à un moment, le réel est parfait. Donc si c’est là c’est que ça doit être comme ça.

Dessin original de Matthias Picard
Dessin original de Matthias Picard

J’ai noté une phrase dans ce rêve qui était : « Oublier de faire l’amour ». Comment peut-on oublier de faire l’amour ?
C’est n’est que dans les rêves qu’on peut oublier de faire l’amour !

Comme il en est question dans ce projet, te souviens-tu de la première fois que tu as utilisé l’expression « Onde sensuelle » ?
J’adore l’alchimie des choses. J’adore fabriquer, comme un artisan, des petites choses. Je pense à Machistador parce que c’est Matthieu Chedid, match. Il y avait le conquistador. Il y avait l’idée d’adoration. A un moment, c’est un amas d’idées, tu les colles ensemble et ça fait des mots.
Pour Onde sensuelle, ce n’est pas très clair. Je pense que c’était du ressenti. Mais je ne sais plus comment elle m’est venue celle-là.

C’est vrai qu’elle est superbe.
Elle est très évidente. Je me suis rendu compte que, comme Serge Gainsbourg le faisait beaucoup, le recyclage est hyper intéressant car ça fait exister les choses quand tu les retrouves dans un parcours, sur un chemin. Parce que si tu sèmes un truc, mais que tu changes tout le temps c’est super. Mais revenir sur un élément, ce n’est pas forcement de la flemmardise, c’est plutôt l’idée de faire vivre et revivre les choses.

Même pour l’auditeur, c’est hyper stimulant. C’est aussi un rappel aux souvenirs.
C’est ça, exactement. C’est un rappel au parfum. Pour moi la musique et le parfum sont très analogues. Je me suis rendu compte que quand on réécoute une chanson qui nous a marqué dans notre vie, on a une émotion similaire lorsque l’on ressent un parfum qu’on avait senti dans une situation particulière. Ça doit toucher aux mêmes sens quelque part. J’en avais même fait une chanson qui s’appelle L‘élixir où je faisais un peu le parallèle entre le parfum et la chanson.

Matthieu Chedid en interview pour La BO 2 -M- rêve musical illustré par Matthias Picard éditions 2024 photo united states of paris blog usofparis showroom Gibson

Est-ce que tu rêves en musique ?
Non, c’est vrai qu’il manque la bande-son souvent dans le rêve. Mais c’est très possible que j’ai du rêver en musique.
On a tous fait les plus grandes symphonies, les plus grandes chansons de notre vie dans les rêves et au moment où tu te réveilles, tout s’efface.

Peux-tu te réveiller à cause d’une musique ? Quelque chose qui peut te venir dans la phase entre le sommeil et l’éveil ? Ou même un texte ?
Complètement. Récemment, j’ai été réveillé par des paroles très fortes qu’on te dit dans un rêve.

Et ça va se retrouver dans l’écriture d’une prochaine chanson ?
Ce que j’ai reçu il y a pas longtemps, je l’aurais mis dans mon rêve si j’avais pu.
C’est toujours pareil. Quand tu ouvres ces portes-là, d’un monde un petit peu plus parallèle, tu y accèdes un petit peu plus après car d’une certaine manière tes antennes captent plus.

Dessin original de Matthias Picard
Dessin original de Matthias Picard

Un adjectif pour qualifier le travail de Matthias Picard ?
Ce qui me vient tout de suite c’est talentueux, inspiré. C’est une pépite pour moi. Quand je faisais ce rêve, j’ai découvert sa BD en 3D Jim Curious qui est incroyable. Je me suis dit « C’est les dessins que je veux, c’est vraiment ça ». J’ai appelé Mathias et j’ai eu la chance qu’il joue le jeu avec moi, qu’il plonge dans mon rêve et qu’il le mette en images. 
Chaque dessin était une évidence. On échangeait beaucoup sur tout ça pour que je l’alimente un peu.

Donc il y a eu des allers-retours ?
Beaucoup, oui. Mais c’est quand même son univers. Je ne l’ai pas vampirisé. C’est vraiment un ping-pong. Je n’interférais pas dans l’esthétique, mais dans le fond plus que dans la forme.
Ça a été comme une évidence. Quand tu fais quelque chose avec quelqu’un et que tu dis : « Je n’aurais pas pu trouver mieux ».

As-tu redécouvert ton rêve ou certains détails ?
C’est certain qu’il a mis en lumière des choses que je ne voyais pas forcement. Mathias a vraiment donné une autre vision de mon rêve mais un univers en commun. C’est vrai que je me reconnais dans ses images. Il a sublimé mon rêve à sa façon.

Ecoute la Bo 2 M rêve musical de Matthieu Chedid mis en images par Matthias Picard Editions 2024 Yoyo Palais de Tokyo boisson Pimento gingembre ginger photo united states of paris blogOn a assisté à l’écoute de ton disque dans une salle de cinéma. Pourquoi le choix d’une boisson épicée pour cette écoute ?
Il y a cette idée de parfum surdosé au gingembre dans le rêve. Ce rêve, il faut vraiment le décortiquer. Il y a plein de choses partout. Le gingembre fait partie du rêve et cette onde sensuelle m’enivre par son parfum surdosé au gingembre. C’était une façon de ressentir cette force. En plus, il y a un documentaire qui montre cette expérience qu’on a faite en studio : on a bu du gingembre pur parfois pour se mettre des coups de fouet juste avant de jouer. Il y a même eu une stripteaseuse qui est venu en studio… on a joué dans le noir. On a fait plein de trucs très bizarres pour vraiment aller chercher nos limites.

Et donc ça vient de cette expérience-là en studio que tu aies proposé une écoute de cet album les yeux fermés ?
C’est surtout que ça permet plus de rentrer dans son intime. Au départ, il faut écouter et les yeux fermés tu es plus dans le rêve que quand tu les ouvres. C’est pour se donner la chance de rentrer plus dans le rêve.

Quelle est la position idéale pour écouter et lire La B.O. 2 -M- ?
J’aime bien allongé. Pour moi c’est un peu psychanalytique, donc sur un divan : c’est parfait.

Et le meilleur lieu ?
Dans son cocon, dans son chez soi. Si possible éteindre son portable, les lumières et même fermer les volets, dans un lieu le plus obscur possible, le plus calme possible : déconnecté.

L’écoute de ce disque nous a ramené à notre adolescence. Quand on écoutait l’album Pulse, le live de Pink Floyd, de la même façon, dans le noir, en rentrant des cours. Il y avait un côté planant, très enveloppant. Est-ce que se sont des tonalités que tu as recherchées ?
Complètement. Pour moi aussi cette expérience me rappelle un émoi d’adolescent, avec mon pote d’enfance, Fabien Namias qui est aujourd’hui un des dirigeants d’Europe 1. On écoutait sur la chaîne quadriphonique de sa mère les Pink Floyd, Led Zeppelin et les disques concept. J’avais des émotions hallucinantes. Je me rappelle que ce jour-là je me suis dit «  c’est ça que je veux faire comme musique ! ».
Quelque part, ce projet est vraiment apparenté à cette émotion d’adolescent. C’est vraiment un projet d’adolescence.

Guitare coeur rose pages illustrées par Matthias Picard dessinateur de La BO 2 M de Matthieu Chedid livre album expérience aux éditions 2024On peut dire que La B.O. 2 -M- est un album concept ? Tu l’as qualifié d’O.V.N.I.
Pour citer Gilles Deleuze, que j’aime bien, je dirais album percept. Parce que concept, c’est un ensemble de conceptions et percept c’est un ensemble de perceptions. Et on est plus dans la perception que dans la conception. C’est du ressenti.

On a eu l’impression de redécouvrir -M-, ou Matthieu Chedid, plus incisif, plus empirique aussi au niveau musical. Est-ce une fausse impression ?
Non. Ça va chercher dans les entrailles de mon imaginaire. Donc c’est plus complexe. Mais d’un autre côté ça a toujours été présent. Il y a toujours ça dans ma musique mais je ne la fais pas forcément écouter. Celle que je fais écouter c’est la musique que j’ai digérée et un peu simplifiée. Cette fois, on est plus dans le laboratoire.

Quelle est la dernière claque musicale que tu as reçue ?
Là tout de suite, c’est Alabama Shakes. J’ai ré-écouté récemment la chanson Always Alright.
J’adore cette énergie, cette voix, cette authenticité. Ce n’est pas courant. En plus, c’est toujours la même bande d’Amy Winehouse. Ça me fait vibrer. Tout d’un coup, j’ai l’impression d’écouter de la musique africaine parce que c’est authentique. Et ça me fait du bien.

illustration originale de Matthias Picard
illustration originale de Matthias Picard

Un retour sur ton album qui t’as amusé, touché ?
Oui, j’ai eu même un témoignage incroyable d’une journaliste italienne parce qu’elle était bouleversée. En plus, elle est vraiment dans l’art contemporain, assez aiguisée dans ce domaine. C’est comme si ça tombait à un moment où elle avait besoin de ça.
Elle revenait sur des fondamentaux. Je n’ai plus les mots mais elle disait « archétypal » et « 10 ans » qu’elle n’avait pas eu une émotion comme ça. Peut-être qu’elle est comme ça avec tout le monde, mais j’y ai cru ! 😉
Ce qui est sûr, c’est que cet album peut aussi inquiéter les gens. Mais quand on rentre dedans, qu’on se laisse aller, qu’on lâche prise… J’ai eu des témoignages comme jamais sur ma musique. Parce que bizarrement, ça surprend vraiment. Ça va toucher un endroit que ça ne touche jamais. Tout d’un coup avoir un truc qu’on a rarement, il prend encore plus de valeur.
La rareté me fait du bien aussi. Quand je tombe sur quelque chose de rare, j’ai l’impression que c’est une pépite. Je ne pense pas que c’est mieux un disque comme ça. C’est simplement plus rare qu’un album classique.

Mais il y a quelque chose de plus intime aussi. On suit ta voix. Dans un album studio, on prend tout dans la globalité.
C’est vrai que les femmes sont un peu gênées aussi, en disant que c’est très « sensuel ». C’est vrai que les mecs ont moins cette impression, ou ne le disent pas.

La B.O.² -M-
de Matthieu Chedid et Matthias Picard
un livre de 96 pages et un CD inédit de 58 min incluant La BO² -M- et sa version acoustique
(Éditions 2014)
sortie le 13 novembre 2015

Edition limitée (350 exemplaires) avec le coffret Orange Numérique conçue par Devialet à 150 euros
Disponible à la réservation en avant-première le 12 novembre à la boutique Devialet Réaumur

La B.O. 2 -M- Expérience au Yoyo – Palais de Tokyo
le dimanche 13 décembre 2015 
avec 3 expériences live à :
15h, 18h et 21h
Expérience en 3V : concert expérimental, voyage initiatique et intérieur et exposition

Dédicaces : le samedi 14 novembre au Merle Moqueur / Le 104 (Paris)
Et le samedi 21 novembre à la Librairie Kléber (Strasbourg)

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MARVIN JOUNO : interview au-delà des références / EP Ouverture

L’EP Ouverture nous a fait l’effet d’une révélation. Pas de celle qui vous divertit pendant quelques semaines, et vite oubliée à l’arrivée d’une nouvelle.
Ouverture c’est une voix, une musicalité, une poésie que l’on ne pensait pas retrouver de si tôt dans la chanson française.
Marvin Jouno nous a pris au col sans plus nous lâcher. Une déflagration magnifiquement orchestrée qui nous emballe, nous rappelle à l’amour, à la sensualité des mots, mais aussi à l’insouciance et aux grands espaces.
Le jeune chanteur a eu plusieurs vies. Et il n’est plus à parier que celle qu’il vient de débuter va le faire briller sur la scène musicale avec éclat alors qu’il ne réalise sans doute pas encore. Les Inrocks sont du même avis. Dont acte.
Alors que l’album Intérieur Nuit vient tout juste de sortir, rencontre avec un garçon qui n’a pas pris nos questions à la légère (et on l’en remercie) : balayant les références qui lui collent à la voix, se confiant sur son travail d’écriture, son rapport à l’objectif (car il est aussi photographe).
A noter, qu’il nous offre ici un portrait original et en exclu pour le blog, réalisé dans une cabine photomaton vintage.

Marvin Juno photomaton original pour interview blog united states of paris usofparis EP Ouverture un plan simple musique chanteur

UsofParis : Qu’est-ce qui est à l’origine de ton choix de devenir artiste, chanteur ?
Marvin Jouno : Depuis l’adolescence, je cherche à Faire, à me réaliser, à expérimenter les différents médias d’expression, afin de proposer ma vision des choses, d’exorciser certains démons, d’être ému et d’émouvoir.
Pendant 15 ans (entre mes études de mise en scène, et mon métier de décorateur dans le cinéma) – le principal média était le cinéma, qui représente encore à mes yeux le carrefour des arts.
En parallèle, j’ai développé la pratique de la photo et de la musique.
J’y ai apprécié l’immédiateté, l’expression personnelle, le fait de pouvoir avancer seul – autant d’éléments mis à rude épreuve lors de l’élaboration d’un film.
Je ne pensais pas spécialement devenir chanteur, je ferai d’ailleurs peut-être autre chose plus tard (j’aime l’idée de vivre plusieurs vies)
mais en ce moment je m’épanouis là-dedans et finalement d’une manière un peu tordue, j’ai l’impression de réaliser des films.

A quel moment s’est produit le déclic ?
La musique a pris la place qu’elle a aujourd’hui grâce aux rencontres, à la constitution de l’équipe qui m’entoure à présent, aux progrès accomplis, aux émotions incomparables ressenties sur scène, à la sélection dans quelques concours : (radio-crochet France Inter, concours ‘Talents Europe 1’, Les inouïs du Printemps de Bourges) et aussi enfin grâce, ou à cause de cette putain de montagne, ce défi qui me faisait face et que je voulais relever plus que tout.
Tout cela s’est précisé il y a deux ans à présent.

Marvin Jouno portrait photo original du chanteur cabine photomaton vintage interview EP Ouverture pour United States of Paris blog

Est-ce qu’une rencontre a compté pour que tu arrives à tes fins en tant qu’auteur, compositeur et chanteur ?
En réalité des retrouvailles. J’ai retrouvé dans les tréfonds de Myspace en 2010, Angelo Foley, un ami d’enfance – qui depuis a réalisé Ouverture, mon 1er EP.
À l’époque, j’avais mis en ligne 7 maquettes de chansons que j’avais travaillées tout seul de A à Z.
Angelo, rapidement rejoint par Agnès Imbault  – qui est la pianiste du projet sur scène et en studio, et avec qui je travaille une bonne partie des compositions – ont tout de suite vu un vrai potentiel, dans ce que j’aime à appeler des post-it de chansons…
Avec ces deux précieux acolytes, j’ai pu découvrir ma voix, apprivoiser le chant, peaufiner mes compositions, apprendre l’exigence d’un refrain, envisager le passage sur scène… le tout en prenant notre temps – car nous faisions tous les trois, tout autre chose en parallèle.
Depuis le début, nous formons une équipe soudée, fidèle – nous avons progressé tous ensemble – c’est une plutôt belle histoire que de mesurer le chemin parcouru.

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Comment as-tu conçu l’écriture de l’EP Ouverture ? (besoin de t’isoler pour écrire, de calme ou conception sur l’instant après une émotion) ?
L’avantage considérable d’un premier EP ou d’un premier album est le temps dont on dispose pour l’écrire. On pourrait presque dire que j’ai pris 30 ans pour me raconter en 15 chansons. 😉
Plus sérieusement, je n’écris qu’à propos d’événements ou de sentiments qui me transpercent, me bouleversent.
De ce fait, je n’écris pas un texte tous les matins au petit déjeuner.
J’écris rarement à chaud, le processus étant plus ou moins long, j’ai le temps de prendre du recul. Je travaille par phases à vrai dire.
Pendant 4-5 jours, je vais être complètement habité par les mots.
Je mange, je marche, je dors avec en tête des mots, des phrases, des histoires que je malaxe, étire, abîme, tourne dans tous les sens.
A ce moment-là, je prends des notes. Pour Est-ce l’Est ?, par exemple, j’ai eu jusqu’à 12 pages de notes, de punchlines, d’idées, de couplets écrits sous différentes formes.

Il y a 3 axes fondamentaux. Le fond, la forme, la narration :
– La thématique et l’émotion – finalement le déclic.
– Le jeu avec cette langue française riche et fascinante.
– L’histoire, le scénario ou comment à partir d’éléments personnels, orienter son propos et le développer d’un point A à un point B.

Ces dernières années j’ai eu la chance de pouvoir emprunter deux abris hors du commun :
La cavarache – une grange réaménagée perdue dans le Cantal Nord ;
et une longère isolée dans mes si chères Côtes d’Armor…
J’y ai construit, élaboré, poli la plupart des derniers textes, seul, sans diversions… j’ai pu passer le temps nécessaire à mettre de l’ordre dans le puzzle des prises de notes, sans compter les heures.

Marvin Jouno portrait photo original du chanteur cabine photomaton vintage pour United States of Paris blog interview EP Ouverture

Est-ce que l’écriture est facile pour toi ?
Vraiment pas – mais tout simplement parce que c’est sacré – peut-être trop même.
Si cela me semble facile – c’est que je suis en train d’écrire un mail, un sms, une liste de courses, certainement pas une chanson – sinon à quoi bon…
Je ne suis pas très prolifique ou alors par période, parce que je ne veux surtout pas banaliser mon rapport à l’écriture.
C’est sérieux, jamais fait à la légère, j’ai besoin de m’amuser à tordre la matière des mots pour justifier un quelconque écrit.
J’ai envie de donner l’envie d’attraper le livret, que l’on ouvre les tiroirs et découvre les différents niveaux de lecture.
Je parle parfois de dyslexie verbale – ce que l’on entend n’est pas toujours ce que l’on lit.
Depuis peu, je tends à simplifier (un peu).
Ne jamais prendre les gens pour de cons mais au contraire – ne pas passer pour celui qui fait le malin à ne pas être compris.
Ça n’a aucun intérêt puisque l’essence même de raconter des histoires est de pouvoir les partager.
Quoi qu’il en soit je coderai toujours un peu.
Je me livre de jour en jour un peu plus (j’ai fini par admettre que ma personne est le sujet que je suis supposé ‘maitriser’) mais une certaine idée de la pudeur et de la retenue m’accompagneront toujours.

Quelle est la chanson la plus personnelle de cet EP ? Et pour quelles raisons ?
Sans hésiter : Est-ce l’Est ?
Si elle n’était pas codée et pleine de sous-entendus – elle serait obscène, et d’une impudeur considérable.
J’entends un peu de tout à son sujet mais ce n’est absolument pas une chanson sur Berlin, ce serait trop simple.
Ici, Berlin sert de décor, de contexte, de prétexte – à tout autre chose que le récit de mes vacances.
Il y a des clés disséminées ci et là pour en comprendre le sens profond…

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Que l’on évoque Benjamin Biolay après l’écoute de ton disque te dérange ? (Sachant que venant de nous ce n’est pas négatif, nous aimons BB)
NON : C’est hyper gratifiant et même un peu gênant.
Ce mec a une plume tonitruante, des arrangements somptueux et Trash Yéyé est l’un de mes albums de chevet.
Il y a cinq ans – lorsque j’écrivais mes premières chansons, j’aurais signé sans réfléchir si l’on m’avait promis une telle parenté à venir…
OUI : En France, il y a deux écueils récurrents.
Il est très mal vu de faire trop de choses différentes ; et quoi que l’on fasse, on est systématiquement mis dans des cases et comparé aux aînés.
C’est certainement très rassurant pour le public et les journalistes, mais c’est chiant et castrateur.
A un moment donné, cette comparaison aurait pu (ou a pu) me fermer des portes, et très sincèrement j’ai d’autres velléités que de proposer un succédané de ce qui existe déjà – en très réussi – qui plus est.

Pour toi, la référence est pertinente ou non ?
Même pas, très honnêtement…
Fût un temps, nous avons considéré la piste de l’émasculation pour s’affranchir de la comparaison mais j’ai finalement su résister 😉
J’ai parfois la sensation d’avoir obtenu la carte de membre du club des chanteurs à la voix grave : quand ce n’est pas Benjamin Biolay, ce sont Julien Doré ou Jean-Louis Murat qui ressortent…
On ne peut pas dire que j’écoute beaucoup mon EP mais vraiment je ne vois pas trop la ressemblance.
Après, s’il s’agit finalement de proposer une pop lettrée et élégante – ça me parle, bien entendu.

Marvin Jouno portrait interview photo originale du chanteur cabine photomaton vintage pour United States of Paris blog

Un chanteur – une chanteuse – un groupe avec qui tu ne pourrais pas vivre sereinement si tu ne l’écoutais pas régulièrement ?
De 15 à 25 ans – tout en gardant les oreilles grandes ouvertes – j’ai écouté Radiohead et les projets solo de Thom Yorke de manière excessive et quasi exclusive.
Mes oreilles ont mûri ou bien vieilli mais mon rapport à la musique est certainement plus raisonné aujourd’hui.
(Néanmoins, il y a un peu plus d’un an, il aurait été difficile de m’empêcher d’écouter Reflektor d’Arcade Fire)
Cette année, j’ai “saigné” les derniers albums de Sufjan Stevens, Tame Impala et Jamie XX – pour ne citer que ceux-là.
Ces dernières semaines, je dois avoir besoin de calme : je suis à bloc sur le dernier Max Richter et le premier album d’Aldous Harding.

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Ta dernière claque musicale ?
Aldous Harding – une chanteuse folk Néo-Zélandaise.
C’est brut, simple, nu, déchirant. C’est la parfaite BO pour se couper du monde extérieur et écrire quoi que ce soit.
C’est aussi tout ce que je ne peux/veux pas faire – et ça me fait de sacrées vacances en tant qu’auditeur.

La plus belle chanson pour pleurer ?
Ouverture d’Etienne Daho.
Il n’est pas de hasard,
Il est des rendez-vous,
Pas de coïncidence…
L’une ou LA raison de donner à mon EP le titre Ouverture.

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Une madeleine intime et familiale. Je peux y accrocher des wagons de souvenirs heureux et tristes.
Les cordes des Valentins me donnent la chair de poule dès les premiers frottements.
Jusqu’au bout, cette chanson me fera penser à ma mère.

La chanson qui te fait danser ?
J’aurais pu en citer dix pour pleurer mais n’ai finalement pas trop hésité.
Pour danser, c’est une autre histoire. J’ai dû fouiller dans plusieurs centaines de liens Youtube mis de côté pour être certain de mon choix.
Il faut généralement un sacré alignement des planètes en soirée pour que me vienne l’envie de danser. Par contre, après je ne réponds plus de rien…
Lost de Franck Ocean – parce qu’associé à un moment de danse, récent, à part.

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Le meilleur conseil que l’on t’ait donné pour ta carrière ou pour ta vie ?
Pas véritablement un conseil, mais une sorte de mantra parental, jamais vraiment exprimé : « Surtout – fais – ce qu’il te plait . »

La meilleure salle pour un concert à voir ou pour chanter ?
VOIR
:
Pas très original mais l’Olympia a ce quelque chose de magnétique – indéfinissable et inimitable.
On est comme happé dès que l’on pénètre dans la salle – encore éclairée et sans musique.
CHANTER :
La première partie de Jeanne Cherhal à La Cigale me restera en mémoire pour longtemps.
Je n’ai réalisé qu’après avoir chanté ce que l’on venait de vivre.
Le poids des ans, une certaine idée de l’héritage, la lourdeur douceâtre des velours rend tout cela solennel et magique à la fois.

Quand on connait et pratique la photo comme toi, est-il facile de lâcher prise face à l’objectif d’un autre photographe pour un portrait ?
J’y travaille mais jusqu’à présent je ne peux me résoudre à passer devant l’objectif, ou plutôt à ne pas être derrière (ma place pendant 10 ans sur les tournages de cinéma en tant que décorateur).
Après, je joue le jeu du mieux que je peux – je fais confiance à la personne qui me fait face,  même si je ne peux m’empêcher d’imaginer comment je ferais de l’autre côté…

J’apprécie d’ailleurs énormément ce concept du photomaton – merci.
Je ne me mets pas encore à la place des machines 😉

Marvin Jouno
EP Ouverture
Album Intérieur Nuit
(Un Plan Simple)

en téléchargement légal

Follow Marvin via sa page FB officielle
Twitter : @MarvinJouno

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ZAZ : CD/DVD live Sur la route – chronique et #concours inside

2014 a été une année faste pour Zaz. Auréolée d’un succès que beaucoup d’artistes français pourraient envier, elle a collectionné les miles et les tampons sur son passeport à l’invitation de nombreux publics étrangers – qui apprécient notre langue – et de festivals. Au total : 93 concerts et 110 000 kilomètres pour la trentenaire qui garde la tête froide. Pour preuve le CD/DVD live qui revient en images et en chansons sur cette aventure assez unique. 

Zaz Sur la Route film CD DVD live réalisé par Thomas Lepage tournée mondiale 2014 world tourVous allez dire : “un CD avec 11 titres live, c’est un peu court !” Mais c’est sans compter sur le DVD qui contient des titres supplémentaires comme La Révolution des Colibris, la reprise de La Vie en Rose, La Complainte de la Butte, une chanson en brésilien ou encore une ballade touchante au coin du feu et à la guitare.

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Le film réalisé par Thomas Lepage revient sur ces destinations qui font rêver : Buenos Aires, Sao Paulo, Montréal, Uruguay, en passant par l’Allemagne et l’Europe de l’Est pour le festival Colours of Ostrava dans une usine désaffectée

Zaz sur scène Sur la Route film CD DVD live réalisé par Thomas Lepage concert Colours of Ostrava festival tournée mondiale 2014 world tourEntre chaque chanson live, on apprécie les belles images des villes où Zaz et ses musiciens et techniciens posent le pied. Appréciant son regard sur ce qu’elle vit (“Chanter me connecte à ma joie“) et quelques-unes de ses rencontres comme Pierre Rabhi en Ardèche pour parler de “l’école de la nature” ou un dialogue dans une voiture amphibie au Canada. Elle revient, sans détour, aussi sur les critiques violentes en son encontre – on peut ne pas apprécier un artiste, mais de là à déverser tout son venin…

Zaz descente d avion à Santiago du Chili Sur la Route film CD DVD live réalisé par Thomas Lepage tournée mondiale 2014 world tour

Et Zaz supporte des choses que nous, anonymes, aurions beaucoup de mal à accepter. Par exemple, être attendue à la descente de l’avion par plus des dizaines de fans armées d’appareils photos et à la recherche d’un big hug (comme à Santiago du Chili). Alors qu’on le sait : décalage horaire, manque de sommeil et jambes engourdies nous pousserait à nous cacher avant de retrouver un semblant d’équilibre.
Zaz, elle, garde le sourire (et ses lunettes de soleil) pour apprécier ce bain d’affection assez unique et loin, fort heureusement, de l’hystérie provoquée par Beyoncé ou Rihanna. Une fois dans le taxi, elle apprécie cet “amour doux” que les fans lui donnent.

Les interviews qui ponctuent le film ne font pas l’apologie de Zaz. Le parti-pris du réalisateur est de privilégier l’illustration, l’artiste n’est donc que très peu face caméra où alors à contre-jour. Pendant les concerts, le gros plan est proscrit pour des vues d’ensemble qui donnent autant de place aux musiciens qu’au public. Il n’est donc pas forcément évident de vérifier la couleur des yeux bleu de la chanteuse.

ZAZ Sur la Route film CD DVD live réalisé par Thomas Lepage vue de la ville de Rio de Janiero city Brasil tournée mondiale world tour 2014Et l’on apprend aussi à redécouvrir la chanteuse. Si, comme nous, vous avez pris un peu de distance, Si je perds est sans doute le meilleur titre pour revenir à Zaz. Sans forcer, cette dernière nous envoie toute la pleine maitrise de son timbre si particulier. La version live de La Fée est aussi un très bel instant rythmé à l’orchestration soignée.

Et bonus, l’album comporte le titre inédit Si jamais j’oublie (déjà plus de 600 000 vues pour le clip, depuis sa publication début septembre) :

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Et ne croyez pas que cette tournée était une parenthèse enchantée. La chanteuse poursuit ses concerts cette fin d’année du Japon à Prague avant de revenir en France et de remplir 2 beaux Olympia en janvier.

 CONCOURS  !!

Nous vous offrons des exemplaires du CD/DVD live Sur la Route de Zaz à recevoir directement chez vous ! Oui oui.

Pour cela, rien de plus simple, remplissez le formulaire ci-dessous avant le 11 novembre 2015 à 23h59. Et n’hésitez pas à nous laisser un commentaire sympathique (on aime beaucoup ça !).

LE PLUS : une chance supplémentaire de gagner sur Twitter ! En suivant le compte @USOFPARIS et retweetant le concours.

Les gagnant(e)s seront tiré(e)s au sort parmi les inscrits sur le blog et participants actifs sur Twitter. Ils recevront un mail leur confirmant leur lot : 1 CD/DVD qu’ils recevront par courrier.

ZAZ : CD/DVD live Sur la Route
(Play One)
Sortie le 30 octobre 2015

Dans les bacs et en téléchargement légal

concerts à l’Olympia les 30 et 31 janvier 2016
tournée en France : Troyes (15/01/16) Montbéliard, Épernay, Vernier, Dunkerque, Douai, Angers, Lyon (12/03/16)

Follow Zaz sur sa page FB

 

Concours ZAZ CD DVD Live
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INTERVIEW Joseph d’Anvers te présente Les Matins Blancs / Concert le 15 octobre au 104

Difficile d’être insensible à ce regard bleu perçant qui vous suit dans les couloirs du métro et dans les rayons de disques. Les yeux de Joseph d’Anvers n’ont pas le seul argument pour se procurer d’urgence Les Matins Blancs, nouvel album brillant et sensible.
Tremble, Histoire de Johnny S, Les jours incandescents, Mon ange, sont quelques-uns de ces morceaux qui vont vous coller à la peau, des titres à la mélodie imparable et aux mots aiguisés.

Un appel à participation sur le site KissKissBankBank en 24 heures chrono, aura suffi pour que l’album sans maison de disque soit finalisé. Depuis sa sortie, début février, la critique n’a pas manqué d’apprécier l’émancipation de l’artiste, l’abolition des complexes, l’écriture plus directe. Joseph d’Anvers joue le frontal, ne se cache plus et n’oublie pas cette phrase qu’il s’applique aussi bien dans la vie qu’en studio ou sur la route de la tournée : “dans la boxe, comme dans la vie, l’important ce n’est pas d’être bon dans les temps forts mais savoir gérer les temps faibles.”

Rencontre à l’adresse fétiche, La Laverie, café-restaurant de Belleville où le chanteur a écrit plusieurs de chansons en terrasse et où il donne ses rendez-vous promo.
A NOTER : prochain concert à Paris, le 15 octobre au CentQuatre !

Affiche concert Joseph d Anvers concert au 104 CentQuatre Paris le 15 octobre 2015 avec Lescop Dani Le Prince Miiaou Margaux SimoneEst-ce que Les Matins Blancs a besoin d’un engagement supplémentaire de ta part ?
J’ai toujours été présent sur les réseaux sociaux. Je me bats, car sortir un album c’est le composer et l’écrire mais aussi l’accompagner en termes d’image et de promo.
Le plus cette fois c’est que j’essaie de militer – maintenant que je suis producteur de mes masters, artiste en licence chez At(h)ome, un label 100%  indépendant. Et je dis : “si vous n’achetez pas de CD, c’est à court terme ma mort et celle de plein d’autres artistes dans ma catégorie… de poids.” Bertignac peut balancer qu’il est pour le téléchargement, mais il ne pense pas aux autres.
Quand tu vois que sur Deezer, on touche 1/10e d’euro par clic. Au bout de 200 000 clics, je peux me payer un kebab !
Tout le monde doit prendre conscience de ça. Nous sommes en première ligne. C’est un acte de militantisme d’acheter un album, l’un des rares produits qui n’a pas augmenté depuis plusieurs années. Alors que l’on ne me dise pas qu’un CD est cher, c’est faux !

Rencontres-tu toujours ton public ?

Depuis le 1er album, je vais voir le public après les concerts. Cette fois, nous avons même contractualisé en demandant que soit installée une petite table où je vais vendre les albums. Et j’aime bien discuter. C’est l’occasion d’un échange, il y a le plus souvent des bons retours. On vient rarement te cracher à la gueule. C’est 2 heures après chaque concert aussi pour expliquer à chacun ma condition.

Est-ce que tu as besoin de ces échanges ?
J’ai besoin de voir qui m’écoute, de comprendre pourquoi les gens aiment ma musique.

Je viens d’un milieu modeste et ma volonté est d’abolir cette frontière entre ceux qui m’écoute et moi. C’est pour ça que j’ai joué dans un appartement, dans une bibliothèque aussi. La musique c’est ça aussi des petits lieux. On fait des chansons, on n’est pas meilleurs que les autres. Donc être sur un piédestal c’est pas mon truc.

Quels sont les coulisses de cette photo d’album ?
Je suis torse nu. Je suis mis à nu. C’est la fin d’un cycle avec les 3 premiers albums produits par une maison de disque. C’est comme quitter une femme, après tu réapprends tout. Là j’ai tout réappris.
C’est ma nana qui a fait la photo. Avec elle, je n’ose pas trop faire de photo et pourtant cette fois on l’a fait. C’était un lundi matin, après une nuit blanche. Et il fallait rendre la photo le soir même. J’étais livide. Je n’ai finalement joué aucune expression.
La lumière était naturelle et il n’y a aucune retouche. On a juste uniformisé le blanc et du coup, mes yeux sont ressortis. Je voulais que ce soit simple et qu’on me voit, alors qu’avant je refusais de me montrer.
La simplicité demande aussi du travail, les virages colorés, la typo, la mise en page nous a bien pris la tête.

Dans quelle mesure es-tu un homme, un artiste libre ?
En tant qu’homme, je ne me sens pas forcément libre.
En tant que musicien, sur cet album, je me sens totalement libre car je l’ai écrit, produit, réalisé et je l’ai défendu auprès de maisons de disque avec qui je voulais signer. Et je l’ai réalisé sur un laps de temps plus long, par rapport aux autres albums, pour être sûr de savoir où j’allais.

Je suis prêt à beaucoup pour vendre des albums mais pas à tout car je considère que la musique comme un art. Et comme tout art, je le fais de manière artisanale.

Qu’ont de particulier les textes de Lescop, Dominique A, Miossec ?
Lescop m’a apporté un texte où j’ai changé 2 phrases. Tout était calibré. A la différence de Dominique A et Miossec qui m’ont offert des textes très littéraires, quasi une page entière, inchantables.

J’ai donc beaucoup élagué. J’ai un peu fait comme Bashung – toute proportion gardée. Ils m’ont donné une base. J’ai retravaillé le refrain de Miossec.
Ce qui est fort, c’est que des mots sont propres à leurs auteurs comme quand Miossec écrit : “je suis lourd de mes conneries.” Je n’utilise jamais le mot connerie dans mes chansons. Dominique A impose des images aussi comme Tremble mon amour ou fissurer, un champ qui brûle, nos peaux jointes.
Avec la chanson de Lescop, son nombre de pieds étant tellement précis, je n’arrivais pas au début à me détacher de son phrasé. Et comme je l’ai expliqué, j’ai composé cette chanson le soir de la mort de Daniel Darc. Tout s’est débloqué.

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Une chanson m’a accroché l’oreille à la première écoute Histoire Johnny S.
Beaucoup de gens m’en parlent.
Une des premières chansons écrites pour l’album et qui pourtant n’a bien failli ne pas être enregistrée. Elle s’appelait La Seine au début et on m’a averti de la chanson de Matthieu Chedid et Vanessa Paradis.
Et puis je me suis souvenu d’un bon pote d’école, un enfant de la DDASS, un mauvais garçon avec qui je trainais, on faisait des conneries. Mais moi j’étais plutôt bon en classe. Je me suis demandé ce qu’il était devenu ce Johnny S. Quelle était sa chance dans la vie pour s’en sortir ? Je l’imaginais sur le Pont Neuf.

J’avais l’idée que ce soit joué comme un groupe à l’arrière-plan d’un épisode de Twin Peaks, guitare baryton Mid-Ouest avec un côté français. A l’arrivée, elle ne s’inscrivait pas dans l’album et pourtant j’en ai eu besoin. Je l’ai imaginée comme une respiration.

S’est-il passé une chose inattendue lors de l’enregistrement de l’album?

Oui, pour Les jours incandescents. C’était au départ une chanson très années 80. Je ne lui trouvais pas sa place et puis on a commencé la percu, des notes de piano… On enregistrait en live. C’était comme dans le garage de mes parents, ça montait, ça montait, on tenait un truc. Il n’a plus rien à voir avec sa première version.
Ce titre fait le lien avec les précédents morceaux, il me faut toujours un titre plus long à chaque album. Il est vraiment né en studio.

Une phrase de Daniel Darc que tu retiens?
Je l’avais croisé alors que j’allais arrêter la musique. Il m’emmène boire des bières. Il était optimiste. C’était l’hiver, j’avais l’impression que le soleil était plus vif quand je suis sorti du bar après avoir échangé avec lui.

Quand j’en ai parlé à mes potes, ils se marraient : “ah oui, Daniel Darc, coach personnel !” Et pourtant, Darc m’a dit : “en 2004, être un vrai punk, c’est être ton propre producteur, ton projet c’est le tien et tu restes libre” Et il a rajouté : “j’ai jamais été riche, mais j’avais toujours l’essentiel, un papier et un crayon pour écrire.”
Je me souviens aussi de ces mots : “celui qui n’est pas prêt à mourir pour l’écriture ne devrait jamais écrire.

Le silence est angoissant pour un chanteur ?
Le silence peut m’angoisser mais il est important pour moi depuis mon opération des cordes vocales en 2004. Et tu somatises forcément beaucoup. Tu n’as pas envie que ça arrive à nouveau. Et j’ai eu une orthophoniste qui m’a réappris à parler et chanter. Elle me conseillait : “faites des phrases avec des silences.” Après les concerts, les coups à boire avec les musiciens, j’essaie de ne plus parler une fois arrivé à l’hôtel. Bien que je ne sois pas adepte d’hygiène particulière. Plus que le silence, c’est savoir s’arrêter qui est important, une chose que j’étais incapable de faire. Comme ce que j’ai fait pour l’album, je me suis posé à la terrasse de ce bar. J’attendais et il se passait toujours quelque chose. Il y avait toujours une scène toutes les 10-15 minutes.
La vertu d’être contemplatif c’est ce que je vise aussi.

Quelle leçon d’Alain Bashung t’appliques-tu ?
Ce n’était pas un intime, comme Jean Fauque que j’ai revu il n’y a pas longtemps. Je repense toujours au fait que j’étais l’auteur le plus jeune qui avait écrit pour lui. J’ai conservé un message qu’il m’a laissé au sujet de la chanson que je lui avais écrite. Il me disait : “cette chanson dit des choses trop terribles pour qu’on les taise.” J’avais tapé juste alors que je ne savais pas grand-chose de son histoire.
Ce que je retiens c’est prendre le temps d’écrire et de choisir les bons mots. Un album une fois qu’il est fait, on ne peut plus revenir dessus. Mon premier album, je n’avais rien retouché des textes que j’avais écrits.
Bashung n’avait changé que quelques mots de ma chanson. C’était d’une grande précision. Et je retiens cette leçon.

La deuxième, c’est pour mon 1er album. J’ai dû décaler la sortie à cause de celle du disque de Julien Doré. Il sortait tout juste de la Nouvelle Star et je trouvais ça injuste de devoir m’adapter à son actu. Bashung m’a dit : “tu ne peux pas te rapprocher de la pointe et toucher le grand public. A un moment donné, tu le feras, à ta sauce et tu assumeras comme j’ai assumé avec Osez Joséphine, Ma petite entreprise.” Et il a raison. C’est ce que je commence à faire, avec certainement des mélodies plus simples et en me montrant.

Fin d’interview avec une citation de Boris Cyrulnik : “On se sauvera par l’art.

Joseph d Anvers photo couverture nouvel album Les Matins Blancs Label Athome musique
Joseph d’Anvers, nouvel album LES MATINS BLANCS

(Label At(h)ome)
format CD et Vinyle

Concerts :
15 octobre, CentQuatre (Paris) avec Lescop, Margaux Simone, Le Prince Miaou

En tournée et en première partie des concerts de Dominique A et Hubert-Félix Thiéfaine : Rennes, Limoges, Brest, Metz, Orléans, Caen, Roubaix, Nantes….

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YELLE interview-selfie : dernier concert au Casino de Paris le 10 octobre !

Petite pause en pleine tournée mondiale (Mexico, Miami, New York, Suède) pour donner pleine mesure de l’album Complètement Fou, Julie (alias Yelle) était de passage à Paris ce jeudi. On a profité de cette rencontre dans les locaux de Because Music pour évoquer sa folle tournée qui est passée par Coachella en avril et qui se terminera en beauté par le Casino de Paris le 10 octobre. Culte !

Une jolie rencontre. Un peu intimidé à l’arrivée, le sourire de Julie m’a mis à l’aise dans la minute. Échange amical, comme deux potes autour d’un verre. Simplicité est un mot qui la caractérise bien.

Selfie exclu #UsofParis
Selfie exclu #UsofParis

UsofParis : Qu’est-ce qui a été « Complètement Fou » pour toi cette année ? Pendant cette tournée ?
Yelle :
Encore et toujours la variété des concerts. De passer du jour au lendemain d’un truc à l’autre.
Le week-end dernier, on a joué à Shanghai et hier soir on était à Metz, donc rien à voir. Mais j’ai vraiment l’impression que c’est ça que j’aime bien dans ce métier: la diversité. Et de pouvoir passer du jour au lendemain à une énergie différente, à des surprises, des expériences différentes. C’est ce qui me plaît vraiment. Les montagnes russes des émotions sur toute l’année et les rencontres que tu peux faire grâce à elles.

Comment choisis-tu la setlist de tes concerts ?
Par exemple pour les festivals, il y a des chansons qu’on ne fait pas, les chansons un peu calme comme Dire qu’on va tous mourir. C’est un morceau qu’on aime bien faire en club ou en salle car ça repose un peu l’ambiance, c’est assez court en plus. C’est un morceau qui est un peu étonnant par rapport à ce que l’on fait d’habitude, qui est un peu dur.
Dans un festival c’est un peu compliqué, les gens sont moins attentifs, donc on évite de parler de la mort dans les endroits festifs (rires).
Après c’est plus une construction, le choix de la setlist. On adapte selon le temps qui nous est imparti, pour pas que ce soit juste un enchaînement de morceaux. Il faut que ce soit cohérent du début à la fin.

Favorises-tu plus le dernier album ?
Oui oui oui. On favorise le dernier album. On a quand même envie de jouer les derniers morceaux. On a un bloc par exemple avec Comme un enfant et La musique qu’on met ou qu’on ne met pas selon le temps. On a décidé de retirer celui-là parce que c’est des morceaux du deuxième album, donc c’est moins grave que d’enlever Coca sans bulles ou Ba$$in.

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Tu adaptes selon le pays dans lequel vous jouez ?
Non pas vraiment. On n’a pas beaucoup fait Florence en Italie à l’étranger car il y a beaucoup de paroles en français et c’est vraiment difficile de comprendre. Mais sinon non, on n’adapte pas.

Comment choisis-tu les stylistes avec lesquels tu collabores ?
Je ne travaille pas avec des stylistes. Je me « stylis-me » moi toute seule. Je travaille avec des créateurs parfois, comme Jean-Paul Lespagnard qui a créé des tenues pour les pochettes des albums ou le live, et avec qui on fait vraiment un travail particulier de création.
Et après, il y a des artistes avec qui j’aime bien travailler, qui me prêtent des vêtements comme Jacquemus, Castelbaljac. C’est plus ponctuel.
Mais, la plupart du temps, on fait tout tout seul. Il y a juste sur le clip de Complètement fou pour lequel on avait un styliste (Jean-Paul Paula), qui travaille pour le WAD. J’avais envie de travailler avec lui depuis longtemps. Je me suis dit : « je ne sais pas comment je fais pour le contacter », je lui ai juste envoyé un message sur FB et puis il a dit oui.
Des fois, on se fait une montagne d’un truc et il faut juste essayer. Les gens finalement aiment bien la spontanéité.
Au final, je ne travaille pas avec plein plein de gens. Aussi par timidité je pense, car je n’irai pas voir Jean Paul Gaultier, alors que j’adore ce qu’il fait, mais j’ai l’impression qu’il est là-haut, dans les étoiles. C’est moins évident.

Et du coup as-tu une collaboration rêvée dans la mode ?
Gaultier ! Car il a cette fantaisie, cette folie, que j’aime beaucoup. Dans un style assez différent, j’aime bien ce que fait Gareth Pugh, même si c’est très noir. Je pense que ça pourrait être très beau avec des couleurs et des choses très fortes. J’aime aussi beaucoup ce que fait Rei Kawakubo, la créatrice de Comme des garçons, c’est très poétique, fou, avec des couleurs primaires.

selfie exclu #usofparis
selfie exclu #usofparis

Et en musique ? Si tu pouvais appeler quelqu’un pour une collaboration ?
Je suis hyper fan de Blur et Damon Albarn, (elle prend une voix d’ado) depuis que j’ai 14 ans, donc je pense que si un jour je pouvais faire un morceau avec lui ce serait formidable.
Sinon après je suis assez fan de Marc DeMarco, Dev Hynes aussi le mec de The Blood Oranges.
Mais Blur ce serait un peu le rêve.

Tu nous parlais de David Hasselhoff et de Coachella en septembre dernier. C’était comment Coachella édition 2015 ?
C’était super. Vraiment chouette. C’est la première fois qu’on le faisait avec les deux week-ends. C’est un peu différent car si tu rates le premier tu as le droit à une autre chance. Ça s’est bien passé pour nous le premier week-end, mais justement on a pu ajuster et le deuxième c’était vraiment mieux.
J’ai vu des super concerts aussi. The Weeknd qui a été une vraie révélation, puis Florence + The Machine c’était vraiment très très chouette.
Il y a des moments assez forts comme ça, et je suis super contente d’avoir pu vivre le festival sur scène et dans le public.

Est-ce que tu as une manière différente d’aborder le public français et étranger ?
Pas vraiment. J’y vais peut-être avec un peu moins de pression à l’étranger car je me dis que si je me trompe dans les paroles, ce n’est pas grave.
Des fois, quand je suis en concert en France, je dois être hyper concentré sur ce que je raconte parce que j’ai peur de me vautrer et que ça s’entende.
Mais sinon je me rends compte, alors que je trouvais que le public français était un peu timide, qu’il sait aussi se lâcher. Quand tu lui dis « On y va » il vient avec toi et c’est hyper agréable.
C’est important pour moi de faire de la musique qui donne envie aux gens de rentrer dans mon univers et de passer un bon moment.

Quels sont les albums qui t’accompagnent sur cette tournée dans le tour bus ?
J’ai pas mal écouté l’album de Christine and The Queens car c’est un très bon album. En plus, c’était chouette car je l’ai rencontrée à la même période, j’écoutais sa musique, je la voyais en concert, en tournée. C’est super de suivre quelqu’un comme ça sur une période. C’est comme un petit doudou, tu gardes un contact.

J’ai pas mal écouté The Weeknd depuis avril, je connaissais déjà, mais je me suis plongée dedans. On écoute pas mal Django Django. Why Make Sense, le dernier album de Hot Chip qui est sorti il y a quelques semaines et qu’on écoute à fond.

Comment envisages-tu l’après tournée ?
Je pense qu’on va se poser quelques temps. J’ai envie de refaire du cinéma. Je vais profiter de cette période de fin de tournée, de champ libre. J’ai envie de faire ça en parallèle.
Si ça ne le fait pas ce ne sera pas dramatique mais en tout cas je me dis que c’est le bon moment.
La fin de quelque chose c’est aussi le moment de démarrer de nouveaux projets.
En revanche, peut-être pas tout de suite un album. Bien qu’on ait déjà commencé à bosser sur quelques titres, et on n’attendra pas 4 ans comme pour les autres.

Interview by JOAN

Après plusieurs dates de concerts et festivals cet été en Espagne, au Mexique, aux US, en Suède, Yelle clôturera sa tournée au Casino de Paris le 10 octobre 2015

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YELLE
album Complètement Fou
(Because Music)

Concert au Casino de Paris, le 10 octobre 2015

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Du Japon au Madison Square Garden, GiedRé en ITV selfie : #bonheur !

La chanteuse espiègle a accepté notre interview alors qu’elle était en dehors des clous de tout planning promo, sa tournante précédente étant finie depuis quelques mois. C’est assez rare pour le relever.
GiedRé a foulé les planches de la Nouvelle Seine, fin septembre pour une carte blanche, un concert affichant déjà complet au moment de notre rencontre, comme son Café de la Danse le 8 mars. En même temps, on s’en fout, on va tous au Trianon le 18 octobre !!!

Notre échange est l’occasion de vous faire découvrir l’univers de la chanteuse avec plein d’anus, de caca et de pédophiles. Si vous ne la connaissiez pas, vous êtes prévenus, ce n’est pas Dorothée (quoi que…). Interview fleuve car elle le valait bien !

selfie original de GiedRé pour le blog !
selfie original de GiedRé pour le blog !

Un jeudi de septembre, dans un petit bar du XIe arrondissement de Paris. GiedRé, fidèle à elle-même, habillée d’une jolie robe tout en couleurs et des carottes aux oreilles.
On entre. Elle commande un Perrier rondelle (of course !). On demande si l’on peut enregistrer l’interview, elle répond qu’elle est d’accord mais que de toute façon, elle démentira tout.

UsofParis : Que faisais-tu avant la musique ? Qui était GiedRé avant d’être la chanteuse que l’on connaît ?
Giedré :
Genre le jour d’avant ?

Oui, le jour d’avant !
Le jour d’avant, j’sais pas. Je pense que j’ai déjeuné, après je me suis promenée…
Non. Qu’est-ce que je faisais avant ? Je faisais du théâtre.

Le cours Florent ?
Le cours Florent ça c’était y’a longtemps et surtout après j’ai été à l’ancienne école de la rue blanche, qui s’appelle l’ENSATT (Lyon). Et puis après je faisais du théâtre, on avait monté une compagnie et je jouais dans des pièces très sérieuses, théâtre subventionné, tout ça. C’était très “Fleur Pellerin attitude”. Vraiment !

Est-ce que tu faisais des petits jobs ? On t’imagine bien en animatrice de centre de loisirs ou en hôtesse d’accueil à la Fistinière…
Ouais, j’ai fait des jobs de merde, si c’est ça ta question. Oui. Comme tout le monde.

Qu’est-ce qui t’a amenée à la musique du coup ?
En faire devant les gens ou en faire dans mon salon ?

Dans ton salon, jouer de la guitare…
Je ne sais pas… En fait, moi je suis lituanienne, tu sais ? Donc je suis arrivée en France, je ne connaissais vraiment rien à la France, rien du tout. Du coup, j’ai découvert un peu la musique qui s’écoute ici. La musique tout court, car dans l’URSS c’était plus des chants à la gloire de Staline, tu vois ?
La musique, je me suis dit bah qu’est-ce que c’est ? J’ai allumé ma radio comme tous les gens, en fait, et donc là j’ai découvert Jean-Jacques Goldman, Céline Dion, Patrick Bruel, tu vois ?
Et là je me suis dit : « Ah ouais, ok !».
Du coup, quelques années plus tard, je me suis dit : “mais en fait peut-être que je peux faire autre chose que ça ? Peut-être ?” A l’adolescence, tu écoutes Bob Dylan, tu te dis : “ouais moi aussi je veux trop faire de la guitare”, donc tu apprends 4 accords. Et en fait tu te dis « Ah, mais en fait, si je joue ces 4 accords et que j’écris des mots que je mets dessus ça fait une chanson » Malin. Tout simplement !
Je fais des réponses très longues, faut pas hésiter à me couper…

Donc sur scène tu joues un personnage ; je vois que tu le joues ici aussi. T’es vraiment comme ça dans la vie ?
Non non dans la vie en fait je bosse dans le bâtiment. Et du coup ça prend du temps pour grimer tout ça…

Tu as des jolies mains pour quelqu’un qui bosse dans le bâtiment !
Oui, oui, parce que moi je donne des ordres. Je donne des ordres dans le bâtiment, je suis ordinatrice. C’est comme ordinateur mais en femme.

La chanteuse GiedRé en pleine réflextion interview pour united states of paris blog

Comment est né ce personnage ?
Je le vois pas trop comme ça. Elle me surprend toujours cette question parce qu’on me la pose souvent, évidemment, parce qu’à partir du moment où tu mets des couleurs et où tu fais des blagues et tout ça, on te dit : « Ah ! Quel personnage ! ». Alors qu’on le demande jamais à des chanteurs qui font des chansons humanistes, qui pourtant sont exilés fiscaux : « Mais donc votre personnage en fait, comme ça, très dans le partage, comment l’avez-vous trouvé, vous qui ne payez pas vos impôts ? ». Tu vois ? Alors je trouve ça un peu étonnant.
Forcément quand t’es en représentation, ce n’est pas pareil que la vie parce que tu choisis ce que tu montres de toi. Donc, j’aurais pu montrer de moi, tu sais quand je me lève, que j’ai des crottes dans les yeux et que j’ai envie de parler à personne. Mais est-ce que c’est vraiment intéressant pour les gens de voir quelqu’un qui ne veut pas parler ? Là, tu as un peu envie de dire « Reste chez toi !».

Tu as auto-produit tes premières chansons, tes CD, est-ce toujours le cas aujourd’hui ? Les maisons de disques ne veulent pas de toi ?
Oui, c’est toujours le cas. Très vite les maisons de disques se sont intéressées à moi, même avant que j’enregistre mon premier disque. J’ai eu des gens avec des costumes, et tout. (elle mime le mec en costume) Moi je bossais dans le bâtiment, tu vois, donc je connaissais leurs codes.

C’est une sorte de liberté ?
 Je ne sais pas parler de chansons avec des gens qui sortent d’école de commerce. Je crois qu’on ne fait pas trop le même métier. Mais c’est pas grave, hein ! Ce qu’ils me disent, moi je ne comprends pas. Et si j’avais envie de vendre des trucs, je sais pas, j’aurais fait des tapis, si ce qui m’intéressait c’était de vendre des machins, et trop faire des sous et tout.
Puis c’est vrai que je suis un peu embêtante, parce que j’ai toujours un peu envie de faire ce que je veux et le meilleur moyen de faire ce qu’on veut c’est de le faire tout seul.

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L’année dernière, tu as fait ton premier Olympia. C’est un peu l’accomplissement, non ?
C’est le rêve d’une vie qui se réalise. (rires)
Blague à part, j’avais un peu tendance à me la raconter, tu vois ? Du genre : « Ouais, ça va ! Calmez-vous ! C’est une salle, c’est des gens. C’est juste que comme on est à Paris. Les gens ils se lavent, mais à part ça, quelle différence d’avec Roubaix ? ».
Je sais pas, tu te revois… En plus, c’est allé relativement vite, et du coup forcément tu te revois dans ton bar pourri à chanter des chansons entre la poubelle et la machine à cacahuètes et tout.
Et c’est marrant parce que le lendemain de l’Olympia, mon frère m’a envoyé une petite vidéo qu’il avait filmé genre 3 ans avant où justement je chantais dans un bar pourri et il me l’avait jamais montrée. Je chantais « Pisser debout », et là y’a un mec qui passe et qui dit… Tu vas voir c’est trop marrant… Il dit « Oh ! Imagine ça à l’Olympia devant 2 500 personnes. Ah ah ah. ». C’était marrant, il me l’a envoyée le lendemain, je trouvais ça mignon. Mais ouais forcément ça fait un truc quoi.

Je t’ai beaucoup vue en concert et je trouve qu’à l’Olympia, il y avait vraiment une différence de public parce que toute la salle chantait avec toi quasiment toutes les chansons. Ça devait être impressionnant de voir cette foule d’anus levés ?
Bien sûr et puis plus y’a d’anus plus on rit évidemment. J’ai sorti un DVD après, de l’Olympia, avec aussi « Les dessous de la tournante ». Et les garçons qui filmaient, ils demandaient à la fin tu sais comme dans BFM « Alors qu’est-ce que vous avez pensé du spectacle de ce soir ? » et là tu as Micheline du Nord Pas De Calais qui te répond, tu vois ?
C’était mignon parce qu’il y avait plein de gens, vraiment j’étais surprise, qui disaient « Ouais, bah nous on l’a vue à la salle des fêtes de Brive-la-Gaillarde et quand on a vu qu’elle faisait l’Olympia, on a pris nos billets et on est venu. ». C’est mignon parce que c’est vrai qu’on l’a fait ensemble. En fait, autant mon public que moi. On est arrivé à l’Olympia ensemble par le même chemin. Je n’ai jamais voulu être placardée en 4 par 3…

A côté de Anne Sylvestre en plus !
Oui c’est ça, c’était pas mal (rires). Pour moi, c’était toujours important que les gens choisissent de m’écouter qu’ils ne viennent pas parce qu’ils m’ont entendue 36 fois au Franprix cette semaine et que du coup ils pensent qu’ils m’aiment bien parce que tu vois ils ne s’en rendent même pas compte. Ça c’est chouette, j’ai toujours l’impression d’être un choix pour les gens.

La prochaine étape c’est le Stade de France comme Johnny ?
Le stade anal, plutôt d’abord. Enfin, tu vois ? On y va petit à petit quoi. (rires). Tu crois qu’il y a des gens qui viendraient franchement ?
J’ai un problème, c’est que je n’ai aucune ambition. Enfin, je n’ai pas d’ambition de grandeur.
Je dis que je suis en auto-prod mais je travaille avec des gens évidemment, quand on m’a dit « Allez, on fait un Olympia ! », moi j’étais là genre « Mais jamais, vous êtes fous ! ». Parce que je n’ai pas du tout la folie des grandeurs.

Pourtant tu as fini une tournante énorme, tu es même passée par le Japon. Tu es un peu la Mireille Mathieu 2015 ?
(rires) Zaz aussi. Zaz fait un carton au Japon.

Mon Dieu !
Ouais, comme tu dis. Comme tu dis !

Et donc c’est fou non ? Tu as même traduit une de tes chansons en japonais ?
C’était marrant comme histoire. J’y étais allée juste pour faire une semaine de concerts dans le cadre des expats’.
Tu sais ceux qui sont là : « On veut manger du camembert ! » (elle imite une manifestation).« Bah oui mais fallait pas partir ! »
Du coup, eux pour pas trop qu’ils s’ennuient et qu’ils ne deviennent pas trop alcooliques, de temps en temps ils font venir des gens de France pour dire : « Ouais, bah tu sais les Champs-Élysées, ça a beaucoup changé et tout. ». J’ai été cette personne-là, pendant une semaine. Et un monsieur qui a un label indépendant au Japon, super fan de la culture française… Néanmoins, bien qu’il soit fan de la culture française, il est quand même venu me voir en concert. Comme quoi la communication ne devait pas être terrible, tu vois ?
A la fin du concert, il me dit qu’il aimerait bien sortir mon album au Japon et comme moi je ne veux pas que les gens perdent tous leurs sous et qu’après ils vivent sous un pont à cause de moi, j’ai dit : « Bah il ne faut pas faire ça Monsieur, vraiment pas ! Ne vous mettez pas en danger comme ça. »
Et puis il voulait vraiment. Du coup, en vrai j’ai sorti un album au Japon. C’était compliqué parce que je me suis dit quel intérêt pour eux… Enfin, évidemment on me compare souvent à Jimi Hendrix au point de vue du jeu de ma guitare, tu vois ? Ça se comprend parce que c’est quelque chose de vraiment très intéressant et attrayant.
« Roh elle a refait un Mi mineur, mais c’est incroyable ! »
Donc j’ai traduit toutes mes chansons dans le petit livret, tu sais un peu comme à la messe. Puis je suis retournée une semaine pour faire de la promo, quelques petits concerts. C’était vraiment dingue. Trop marrant.

Le-beau-sourire-de-GiedRé-beautiful-smile-interview-perrier-rondelle-pour-blog-united-states-of-paris-musique-chanson-française

Dans une de tes chansons tu parles de colis piégés et lettre de menaces ? C’est vrai ? Ça arrive encore ?
Ah ! (rires). C’est Jolie chanson, hein? Je l’ai un peu écrite en prévention. Au début, quand je suis passée de mon bistrot tout pourri à genre la Cigale, en 2 jours on n’a rien compris, on m’a dit : « Ouais, bon fais attention, surtout te vexes pas si les gens ils lancent des trucs, si tu reçois des lettres, si des gens t’attendent pour te tuer… ». Et je m’étais vraiment préparée à ça, en fait bizarrement non. Je ne sais pas si je te déçois…

Un peu, je m’attendais à ce que tu sois sous protection judiciaire…
Alors évidemment, oui, y’a eu des tentatives de procès, des trucs comme ça, machin, bien sûr. Mais parce que les gens s’ennuient donc faut bien faire des trucs. En même temps ils seraient un peu malhonnêtes parce qu’ils voient des trucs tous les jours bien plus horribles que mes chansons. Ça leur va, ça ne leur pose aucun problème. Ils continuent à être trop contents, à boire des demis et tout, genre « Ouais la vie c’est bien ! » alors qu’ils voient des trucs atroces. Ce serait un peu injuste de leur part de s’en prendre à mes chansons alors que c’est que des chansons et qu’elles sont bien moins pires que la réalité dans laquelle ils vivent et sont contents. C’est la fête.

Qu’est-ce qui va se passer pour toi dans les prochains mois ? Musicalement pas sur le chantier.
Oui parce que j’allais t’en parler justement, on en est au troisième étage en train de mettre les murs porteurs et tout. Ça va être un super truc.
Je m’y connais vachement bien en chantier, je m’en rends compte…
Il y a la petite carte blanche à la Nouvelle Seine, c’est un peu pour remettre la main à la patte et en vrai là, j’ai fini d’écrire et je commence à enregistrer mon prochain album. Ah exclu ! So exclu !
Je pense le sortir l’année prochaine. Dans quelques mois en fait.
Et repartir en tournante. Je veux faire une pré-tournante à la fin de l’année, novembre-décembre, quelques dates, dans des petits lieux. Un peu pour se revoir avec les gens, tranquille. Et puis après les zéniths bien sûr, New York, Madison Square Garden, tu vois ? Normal. La base. OKLM.
Finalement ça va repartir assez vite.

Tu montes sur scène avec Tolérance aussi ?
Ouais, mais j’adore ce groupe.

Tu sais un peu comment est né ce groupe ?
Bah non, en fait je les ai découverts sur Internet. Je crois qu’ils protègent vachement leur vie privée. Ils veulent rester anonymes.

C’est un peu leur grand retour aussi, ils avaient disparu ces derniers mois ?
Ouais mais y’a eu un problème, tu sais, ils avaient posté sur leur Facebook. Y’a un des membres du groupe qui avait sombré dans la drogue, à cause du succès. Ça lui était monté la tête. Et écoute, je ne sais pas, peut-être qu’il va mieux. Enfin, quoi qu’il en soit, il sera là.
Moi je les ai contactés, j’y croyais pas trop. Je me disais : “bon je tente le tout pour le tout, j’écris à Tolérance“. Un peu comme si t’écrivais à Whitney Houston ne sachant pas qu’elle est morte. Pour moi, c’était un peu un rêve sans espoir. Et ils ont dit ok.

On peut espérer un petit duo entre Tolérance et GiedRé ?
Ça serait une bonne idée. Je ne sais pas, ils m’ont l’air assez fermés. Tu sais, ils sont tellement dévoués à leur projet de tolérance que… Mais bon peut-être. Et peut-être que je ne suis pas assez tolérante. Toute façon, on ne peut pas être aussi tolérant qu’eux. Mais ils sont tolérants envers les gens qui ne sont pas tolérants, c’est ça le truc. Ça c’est le summum de la tolérance. Ils sont bien.

Après une petite discussion sur le concert au Sexodrome et sur l’organisation d’une prochaine kermesse comme celle de Paris en mai 2014.

GiedRé à la fleur interview de la chanteuse humoriste compositrice pour le blog united states of paris usofparis

Là j’ai une petite liste de questions très rapides…
Ah c’était pas l’interview ? (rires) Au bout d’une demi- heure : « Bon bah on va commencer ! » (rires)

C’est des petites questions courtes qui demandent des petites réponses courtes.
Oh la la ! Ça j’ai beaucoup de mal mais je vais essayer.

Est-ce que tu as un duo rêvé ?
J’avais un rêve mais il s’est réalisé. Je rêvais de faire un duo avec Grégoire, je l’ai fait. Donc maintenant en plus ? Une collégiale des Enfoirés. Mais j’aimerais que ça se passe vraiment, qu’à chaque couplet y’en a un qui rentre, qu’il descende par les escaliers. Tu sais comme ils font ! C’est tellement bien.

Et un artiste mort ?
Michel Sardou !

Quel artiste admires-tu le plus ?
Vivant ? Mort ? On s’en fout ?

Oui, un artiste hein, pas Emile Louis ou Dutroux.
Oh écoute, ils ont fait vraiment les choses dans les règles de l’art pour le coup. Je dirais George Carlin.

Celui que tu envies le plus ?
Brassens.

Quel est le meilleur compliment que tu as eu sur ta musique ?
Un jour on m’a dit que ça donnait moins envie de mourir.

Quelle chanson de ton répertoire tu aimerais que les enfants apprennent à l’école ?
Peut-être On fait tous caca, en fait. Tu sais au début les enfants ils ont le stade caca, jouer avec… Puis à un moment on n’en parle plus. Plus personne ne fait caca. Donc qu’ils continuent à la chanter.

Si Paris était une de tes chansons ?
Les petits secrets.

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La chanson dont tu es la plus fière ?
Instant Chimène Badi, un peu. « Je ne suis pas méchante ».

Parce que ça justifie tout le reste ?
Pas justifie, mais ça donne une raison. Une raison d’être.

Quelle chanson aurais-tu aimé avoir écrite ?
Oh y’en a plein. Une… Genre The chanson. Mais c’est horrible de demander ça. C’est vraiment dur. Je sais pas, là j’ai envie de te dire Où c’est que j’ai mis mon flingue de Renaud et je vais regretter demain. Mais aujourd’hui c’est ça.

À quel chanteur/se serais-tu prêtes à dire oui à tout, sans exception ?Bah ça oui évidemment, Chimène Badi. Bien sûr.

Dans On fait tous Caca, tu dis : “François y fait caca“… Est-ce que c’est le François ?
Avant c’était Nicolas. Parce que je l’ai réenregistrée, donc ouais j’update. J’espère n’avoir jamais à dire « Marine elle fait caca ». Mais bon, si c’est le cas je le dirais. Mais je dirais qu’elle en fait des vraiment des gros gros gros. Et pas que des par les fesses, des par la bouche aussi.

Si je te dis schizophrénie, tu me dis ?
Je te dis : “vacances.” Ça doit être des vacances d’être quelqu’un d’autre de temps en temps. C’est un peu les vacances de toi-même. De temps en temps tu es une vieille grand-mère qui se gratte la tête, mais c’est quand même toi mais tu es en vacances de toi-même (elle imite la vieille grand-mère). Ça c’est bien.

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Tu portes quelque chose sous tes sous-vêtements ?
Bah non pfff. Ouais je sais c’est abusé.

Tu es donc « trop une pute » toi aussi ?
Ouais, ouais, bah ouais. J’ai essayé, avant je mettais une combinaison de ski, enfin tu sais les trucs combinaison, là… Mais en fait le problème est éternel, car sous ma combinaison, je suis nue. C’est un combat sans fin, c’est une quête de la bienséance perdue d’avance.

La personne dont tu parles dans Chut ? Elle vit toujours ?
(rires) Oui.

Tu as des petits conseils à me donner parce que j’en connais une et je n’en peux plus ?
C’est la magie, de contrairement au chien, d’avoir un cerveau où tu peux en faire d’autres trucs que juste aller chercher des croquettes. En fait c’est partir ailleurs.

Faut être schizo et se mettre dans la petite mamie ?
Ouais voilà c’est ça. Vacances ! Utiliser son cerveau à bon escient pour aller ailleurs que là où tu es.

Si tu avais 3 minutes là tout de suite, tu en ferais quoi ?
Là tout de suite, oh bah je ne sais pas je suis bien avec vous. Je continuerais à parler.

C’est gentil. Merci GiedRé.
Merci à vous.
Je vais dire que tout ça est faux, je démentirai avec mon avocat que tout ce qui a été dit dans cette interview est un mensonge.

Interview menée avec passion par Joan


ACTU !

Le nouvel album de GiedRé s’appelle Lalala et est sorti le 15 janvier 2016 #tropbeau

GiedRé en concert au Café de la Danse (Paris), le 8 mars : COMPLET
Au Trianon (Paris), le 18 octobre : pas tout à fait complet. Fais vite !!

Et en tournante générale :
12/02 : ViLLeNeuVe La GaReNNe – MJC
19/02 : SaiNT-éTieNNe – SaLLe JeaNNe d’aRC
20/02 : aViGNoN – PaSSaGeRS du ZiNC


2/03 : Le HaVRe – MaGiC MiRRoR
3/03: TouRCoiNG – Le GRaND MiX
9 au 12/03 : BRuXeLLeS – MaiSoN DeS MuSiQueS
15/03: GReNoBLe – La BeLLe éLeCTRiQue
16/03 : LyoN – NiNKaSi Kao
17/03 : NaNTeS
18/03 : CLuSeS – L’aTeLieR
19/03 : GeNèVe
25/03 : SaiNT BRieuC – La CiTRouiLLe
30/03 : ReNNeS – L’aNTiPoDe
31/03 : CaeN – BiG BaND CaFé

2/04 : LaNGaN – Le TRouSSe CHeMiSe
7/04 : TouLouSe – MeTRoNuM
14/04 : Le PRiNTeMPS de BouRGeS
3/06 : MoNGeReau – FeSTiVaL “PaSSioN eLLeS”
24/06 : CeRiSy-BeLLe-éToiLe – FeSTiVaL deS BiCHoiSeRieS
21/07 : LeS FRaNCoS de SPa


Merci à Nicolas du Rat des villes qui a permis cette rencontre et à Manu qui l’a immortalisée

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ZAZA FOURNIER donne un coup de frais à la chanson française gouailleuse / INTERVIEW

Le rouge à ses lèvres rappelle ces femmes modernes des publicités des années 60, son port droit a l’élégance d’une dame du monde et son large sourire aguiche gentiment ses interlocuteurs. Posée et un brin sérieuse, Zaza Fournier sait également se moquer d’elle-même, comme dans ces petites vidéos mises en ligne à l’occasion de la sortie de son troisième album, Le Départ, le 16 mars dernier. Après un concert parisien le 20 septembre dernier, la chanteuse de 30 ans rechaussera son accordéon les 2 et 3 octobre prochains, au Théâtre Romain Rolland, à Villejuif. Entretien.

Zaza Fournier chanteuse interview album Le Départ concert et tournée photo by joël clergiot united states of paris blog

USofParis : Ton troisième album est moins sucré que le premier. C’est Camille qui est triste ou c’est le personnage de Zaza Fournier qui est mélancolique?
Zaza Fournier : On parle toujours de soi. C’est un confort que je me suis accordé mais il ne s’agit pas de se planquer derrière un personnage. Zaza, c’est moi puissance 1 000. On ne m’appelle quasiment jamais par mon vrai prénom. Quand les gens qui me connaissent uniquement à travers mon travail m’appellent Camille, j’ai l’impression qu’on est en train de me regarder les seins. Mon prénom est réservé aux gens très proches et à ma famille, même si la frontière entre Zaza et Camille s’efface petit à petit. Je deviens de plus en plus naturellement celle que je donne à voir sur scène, celle que j’ambitionnais d’être plus jeune.

Dans ton album Le départ, tu imagines partir sans revenir. Ça y est, la décision est prise?
Je n’ai pas l’impression de donner une réponse mais plutôt de décrire cet état dans lequel nous nous trouvons avant de faire un choix. D’ailleurs, dans la chanson Le départ, on ne sait pas si elle franchit le pas. Cet homme qui va venir la chercher, existe-t-il vraiment ?

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Tu parles beaucoup d’amour, de séparation. Ce sont des sujets d’inspiration intarissables ?
L’amour en soit, oui, ça m’inspire. Ce qui m’intéresse, c’est la tentative d’être ensemble, car l’être vraiment, c’est difficile. Je ne parle pas uniquement de vivre côte à côte. Vraiment se rencontrer, c’est dur et ça demande une forme d’exigence dans les rapports. Mais c’est aussi la chose la plus passionnante au monde.
Aujourd’hui, je ne sais pas si je suis plus mature, mais quand j’ai écrit le premier album, je ne m’intéressais qu’aux chansons d’amour. Mes intérêts ne sont plus uniquement tournés sur ça. A 20 ans, on veut tous rencontrer quelqu’un avec qui vivre moins seule.

Vivre moins seule ?
Oui, je crois qu’on reste tout le temps seul. Il y a des moments de grâce, heureusement, où on arrive à être ensemble. On peut vivre à l’inverse physiquement proches, comme à Paris, avec ses enfants, sa famille et être très seul.

Paris t’inspire donc de l’amour et une certaine solitude ? As-tu un rapport particulier avec ta ville ?
Dans mon travail, sûrement. Mon grand luxe est de pouvoir partir. J’arrive à être heureuse à Paris quand je suis en tournée. Je vois maintenant ce qu’elle peut m’apporter. Ca me gratte toutefois d’aller voir ailleurs. Peut-être en province. Ça me semble impossible de vivre tout le temps au même endroit. Mais c’est certainement une action à mettre sur ma liste de choses que j’aimerais faire et que je ne ferai jamais.

Comment s’est passé le festival d’Avignon l’été dernier ?
Une des expériences les plus enrichissantes de ma vie. Il fallait mettre la main à la pâte, travailler dur et beaucoup jouer, sur une période resserrée. J’avais peur de la fatigue vocale. Mais je me suis bichonnée, j’ai beaucoup dormi et ça s’est très bien passé. J’en veux encore ! Je suis à deux doigts de proposer un spectacle pour l’année prochaine.

Zaza Fournier chanteuse interview album Le Départ concert tournée photo by joël clergiot united states of paris blog

Avec un 4ème album ?
Je ne sais pas s’il y aura un quatrième album. J’écris tout le temps et j’aimerais peut-être proposer quelque chose d’autre. En tout cas, j’aimerais un spectacle plus écrit, qui mélange la musique et le théâtre. Mais c’est encore un peu tôt pour en parler.

En explorant d’autres genres musicaux ?
Non, je n’en ai pas envie. On m’a reproché d’avoir fait un deuxième album différent du premier. La création est pourtant un mouvement perpétuel. Ce mouvement m’intéresse et ma singularité est le trésor que je vais préserver. Le drame aujourd’hui, c’est que tout le monde doit se ressembler car la singularité fait flipper.

Certaines de tes chansons évoquent le genre ou le féminisme. C’est une forme d’engagement ?
Le genre m’a toujours intéressé. J’en parle dans le premier album, avec la chanson Mademoiselle. Dans mon dernier album, Garçon lui répond un peu mais c’est aussi une façon souriante de provoquer la discussion sur le féminisme. Je suis toujours étonnée quand je lis que la femme en France est l’égale de l’homme. C’est faux ! Il y a mille exemples qui le prouvent. Le premier, incontestable, c’est l’égalité salariale. De plus, une femme est encore sous le joug de l’homme, qui soit disant ne peut pas contrôler ses désirs. Se libérer de la tyrannie, ce n’est pas facile. Par ailleurs, quand on voit la façon alarmante dont on considère les femmes dans certains pays du monde, je crois que nous n’avons pas d’autre choix que d’être féministe. Pas de façon agressive, mais avec pédagogie et le sourire.

Propos recueillis par Joël Clergiot

Zaza Fournier couverture album Le Départ Le Rat des Villes VeryRecords musique chanteuse

Zaza Fournier
album : Le Départ
(Le Rat Des Villes / Verycords)

Zaza Fournier est aussi sur instagram !

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All Things Pass et PASCALE PICARD revient : interview selfie & concert au Petit Bain Paris

Début septembre, aux Studios Ferber de Zamora, l’équipe a rencontré Pascale Picard, la charmante québécoise qui signe son grand retour en France avec la sortie de son troisième album All Things Pass. Six ans séparent ce nouveau disque du succès de Me, Myself and Us. Il était nécessaire de remettre les pendules à l’heure de son pays, prendre  de nouvelles après cette longue absence et savourer son sourire éclatant avant de la retrouver en live en tournée en France et au Petit Bain à Paris, le 2 décembre.

INTERVIEW SELFIE !
ou quand Pascal Picard n’a pas trop beurré pour son retour en France et nous, on a capoté !

UsofParis : Peux-tu te présenter en quelques mots pour que nos lecteurs puissent savoir qui tu es, comment tu en es venue à la musique ?
Pascale Picard : Ok. En quelques mots, ça risque d’être compliqué car je suis quelqu’un qui parle énormément. (elle insiste sur ce dernier mot)

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Ça c’est les Québécois…
Ah oui hein ? Nous, on est comme ça, on blablate.
Donc je suis une Québécoise, j’ai 32 ans. Je joue de la guitare depuis l’âge de 13 ans. Avant ça, un peu de batterie et de piano. Toujours en autodidacte parce que je ne suis pas capable de supporter les cours.
Quand j’ai attrapé la guitare à 13 ans, je connaissais 2-3 accords, j’ai accroché et je me suis mise tout de suite à écrire de la chanson. Je faisais les répertoires d’autres artistes aussi.
Puis à 18 ans, au Québec c’est l’âge légal pour pouvoir rentrer dans les bars. J’ai donc commencé à jouer dans des bars et des restaurants.
J’ai fait une démo de 3 chansons, j’en ai fait des copies. J’ai dit aux gens de partager ma musique gratuitement, car on voulait que ça voyage. Et finalement cette démo est arrivée dans une station télé qui faisait plus des vidéos clips au Québec. Ils avaient une émission Les pourris de talents, qui était une tribune pour tous les talents, il y avait des humoristes, des magiciens, des poètes, des musiciens,…

selfie exclu pour le blog #UsofParis

Un peu comme Incroyable Talent, America’s Got Talent ?
Oui c’est ça. Sauf que c’est un concept qui a duré qu’une seule saison et qu’il n’y avait pas de gagnant à la fin. Il y a plusieurs artistes qui sont sortis de cette cuvée.
J’ai eu beaucoup de beaux commentaires sur internet, par téléphone, quand je suis passée dans cette émission. Les producteurs de l’émission avaient un label, ils m’ont proposé un contrat. J’ai donc fait Me, Myself and Us avec eux. C’est sorti au Québec et on a eu un accueil qui a dépassé nos attentes.
On avait 5 500 copies de l’album, il était « back order » après une semaine. C’était vraiment un rêve, un conte de fées. La chaîne où est passée l’émission était une chaîne câblée, ce n’était pas une Star Academy, tu vois ? Des journalistes nous ont beaucoup aidés en nous donnant beaucoup de visibilité, les gens nous ont suivis dans cette aventure-là.
Un producteur de France, qui était en voyage au Québec à ce moment-là, a entendu Gate 22. Il a vraiment adoré. Et il a racheté notre contrat et sorti l’album en 2008 en France. Quand on est arrivé ici, on nous connaissait déjà, c’était assez fou. On passait beaucoup en radio.
On est entré par la petite porte au Québec en chantant dans des petits bars avec 30 personnes, et ici on est entré par la grande porte avec le premier concert à La Cigale. L’album venait de sortir, on pensait qu’il y allait avoir 200-300 personnes et que le reste ce serait des journalistes et des invits, mais c’était complet. On nous a même remis un disque de platine, j’crois.
C’est fou comment ça s’est passé ici. On est parti en tournée pendant 6 mois en 2009 entre la France, la Suisse et la Belgique. On a eu un super accueil des Français.
Tu vois, je t’ai dit « quelques mots » mais je peux continuer encore. Mais voilà c’est ça, c’est un peu moi.

Et donc Pascale Picard c’est un groupe ?
Oui, c’est ça.

Avec la même formation depuis le début ?
Le bassiste, c’est le bassiste original Philippe Morissette. Le guitariste a changé, c’est Louis Fernandez depuis 5 ans déjà. Puis, on en est rendu à notre troisième batteur, Marc Chartrain, qui est avec nous depuis 6 ans. C’est une relation assez stable quand même.

Comment se passe la création ? Je sais que tu écris les textes, mais la musique ?
C’est moi aussi. Je fais pas mal tout. Mais l’accord du groupe est important, au niveau des arrangements, par exemple. Tout le monde amène sa touche et s’implique. C’est vraiment une démocratie à l’intérieur du groupe, où on prend les décisions ensemble, on fait les choix ensemble.

On doit te poser souvent la question. C’est ton grand retour en France avec ton troisième album, il y en a eu un deuxième qui est seulement sorti au Canada, pourquoi ?
C’est normal, c’est une question qui se pose. Nous, on a voulu qu’il sorte ici. Universal a acheté un album déjà fait (le premier), quand on a travaillé sur le second, on a fait des expériences et il y a eu des divergences d’opinions. Tu sais c’est une major, ils nous ont permis de le sortir au Québec en nous disant qu’il sortirait un peu plus tard en France. Et ce n’est pas arrivé pour x raisons.
Et comme je t’ai dit en ayant pas d’album, on n’a pas la possibilité de venir tourner ici en France. On se disait toujours : ce sera pas long, ça va se régler. Et finalement, ça a été plus long que prévu. Le temps qu’on rencontre une nouvelle équipe, de travailler dessus. Ça a pris 6 ans pour qu’on revienne ici. Mais on n’a pas chômé entre temps.

Il y a eu la BO de la série Trauma aussi.
T’es bien informé. C’était des reprises avec « le band » presque guitare-voix, pour la bande originale de la série de Trauma.

Comment s’est passée cette rencontre ? Comment as-tu été choisie ?
Je pense qu’au Québec mon travail est assez connu. Fabienne Larouche a demandé à Ariane Moffatt de faire les saisons 1 et 2, j’ai fait la 3 puis ensuite il y a eu Martha Wainwright et Coeur de Pirate. Elle va vers des filles. C’est une femme, donc je pense qu’elle aime aller vers des femmes. J’adore la série, j’avais adoré le travail d’Ariane Moffatt sur la série. Quand elle m’a contacté j’ai dit « Oui ! Oui ! Oui ! », peu importe les conditions.
On s’est assise avec Fabienne Larouche chez elle, on a pris un thé. Elle m’a dit moi ce que je veux c’est toi, je veux pas ton « band ». Je lui ai dit que je mettrais le « band » mais qu’elle ne l’entendrait pas. Elle ne voulait pas quelque chose de rock. J’ai pas eu beaucoup de contraintes, elle m’a donné une très grande liberté. Elle m’apportait les chansons et on choisissait ensemble. J’ai même apporté des alternatives. Elle voulait quelque chose d’hyper soft. Je lui ai envoyé les versions guitare-voix, elle a trouvé ça merveilleux. Je suis allée en studio avec les gars, on a enregistré l’album et voilà.
C’était une super expérience. Et ça m’a servi pour le troisième album, d’y aller le plus sobrement possible, laisser respirer les chansons. Juste faire une bonne chanson, ne pas essayer de l’étouffer. Sur le deuxième album, on voit qu’on avait envie d’en mettre plein la vue. De savoir qu’on nous attendait, d’avoir eu le succès du premier on avait une certaine pression. C’est inconscient car, à ce moment-là, j’avais pas l’impression d’en « beurrer » épais.
Mais quand je l’écoute aujourd’hui, je l’adore encore. Et j’espère qu’un jour on aura l’occasion de vous le faire écouter ici car je suis très très fière des chansons.

Pascale Picard piano live concert La Maroquinerie France All things Pass tour nouvel album stage photo by United States of Paris blog

En concert, par exemple ?
On va en mettre, mais on veut que ce soit une fête avec les Français. On sait des fois que ça peut être lourd de découvrir des nouveaux morceaux en spectacle, déjà qu’on a le nouvel album. Donc ce qu’on fait, c’est qu’on a pris les titres les plus festifs/up-beat du dernier album, les succès de Me, Myself and Us car c’est ce qui nous a fait connaître ici et je crois qu’on a mis 1 ou 2 titres du deuxième album pour essayer de l’introduire. On veut faire plaisir aux gens qui vont venir nous voir. Ça fait 6 ans, c’est des retrouvailles.

Fin août ton nouvel album est sorti, tu vas retrouver le public français lundi (l’interview s’est déroulé 5 jours avant le concert à la Maroquinerie)…
Hiiiiiiii, j’en ai la chair de poule. Mais avant je m’en vais à Noirmont en Suisse puis un autre festival à Auberive, un petit village où même les cellulaires ne passent pas, ça va être l’horreur ça (rires). On va s’amener des jeux de cartes.

Tu n’as pas peur que le public français t’ai un peu oubliée ? Ma question n’est pas méchante, c’est juste que 6 ans, c’est très long.
Oui c’est sûr. Tu sais j’ai pas d’attente. On est parti d’un Olympia rempli à craqué en 2009, glorieux, c’est sûr que les gens ont fait d’autres choses depuis.
Moi je suis quelqu’un de travailleur. On va prendre les entrevues qu’ils nous ont données, toute la visibilité qu’on peut prendre pour essayer de rappeler aux gens qui on est.
Je suis contente car on a plein de gens comme toi qui nous disent « Ah je t’avais beaucoup aimé dans le temps, on a envie de t’interviewer ! » donc ça c’est super !
Je suis confiante. La Maroquinerie c’est pas une grosse salle, on ne s’attend pas à ce que ce soit rempli à ras bord. Je suis quelqu’un qui essaie d’être terre à terre. Je serai heureuse s’il y a 7 personnes dans la salle qui sont là pour venir nous voir.
Je suis tellement contente d’être ici, ça fait 6 ans que j’attends ce moment-là.
Je suis contente j’ai mangé un jambon-beurre, je me remets avec l’accent français dans l’oreille. Même si je ne travaillais pas, même s’il n’y avait pas de concert, je serai contente tu sais.

Tu n’es jamais revenue en France depuis 2009 ? Même pour toi, le plaisir ?
Je suis revenue deux fois : une fois en 2011 pour la maison de disque et en 2012 pour un festival à Paris. Mais cette fois je suis là pour 3 semaines. Je suis allée au Père Lachaise, c’était la première fois.
Car quand on vient travailler on n’a jamais le temps entre les concerts, la route… Là je vais avoir du temps, j’ai un petit peu de promo mais je vais avoir le temps de mettre mon Kodak au cou et d’aller à la Tour Eiffel avec mon drapeau. (rires)

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As-tu abordé différemment le troisième album, considérant que le deuxième ne soit pas sorti en France ?

C’est une excellente question. Je pense qu’on porte un bagage tout le temps. Tout ce qui est arrivé, ça existe puis on se promène avec son bagage. Ça a été une grosse blessure que l’album ne sorte pas ici. J’ai adoré tourner en France et j’ai eu beaucoup de peine de ne pas être capable de revenir en temps voulu. Là, j’y suis, je suis contente. Mais, c’est sûr que j’ai toujours pensé à ça. Je ne pense pas que ça ait eu d’impact sur la composition de l’album parce que j’essaie de ne pas penser à comment il va être reçu. Je me mets déjà tellement de contraintes, je suis extrêmement exigeante avec moi-même, je m’autocensure tout le temps.

Tes influences pour écrire cet album ?
Musicalement, j’écoute plein de choses et les gars du band aussi, donc je ne saurai pas te dire. Tout le monde met sa touche. Mais humainement, comme tout ce que j’écris, c’est très autobiographique. Cependant, je triche un peu je vais quand même fouiller dans la vie des proches, je l’adapte et je mets ça dans mes yeux à moi.
Mais c’est sûr que pour moi, dans cet album-là, ce qui m’a beaucoup inspiré, puis je fais des blagues avec ça. Mais c’est vrai, c’est ma crise de la trentaine. A 29 ans, j’ai fait une grosse crise…

(Je fais la grimace)
Pascale : Tu as quel âge ?
UsofParis : 29 ans

Pascale : Mais c’est quelque chose de positif, ce sont des grandes remises en question. Quand c’est arrivé, j’y croyais pas. Mais avec le recul j’ai fait plein de constations. Avant, j’étais assez « drama-queen ». Je suis quelqu’un d’intense et d’hyper-sensible, quand je vis quelque chose d’heureux c’est la fête, c’est l’euphorie totale et quand je vis quelque chose de dramatique, j’ai du mal à relativiser.
J’ai commencé à me rendre compte de la différence entre les émotions et les sentiments, pour moi ça été une révélation. Les émotions passent, toutes choses passent. C’est libérateur de penser ça. Quand quelque chose de difficile arrive, je me dis que c’est un apprentissage, que je ne recommencerai pas la même erreur demain. J’essaie de toujours aller de l’avant.
C’est ça un petit peu mes thématiques abordées. Regarder en avant, vivre le moment présent.

Tu écris en anglais, alors que ta langue maternelle est le français. Pourquoi ? Et penses-tu pouvoir un jour écrire en français ?
Je sais, c’est honteux ! (rires)
J’ai toujours pensé ma musique en anglais, c’est pas des traductions de choses que j’écris en français. Ça me vient en anglais. C’est bizarre, car c’est pas naturel. J’ai écouté beaucoup de musique en anglais, j’ai appris l’anglais en lisant les paroles des chansons. Je pense la musique en anglais, c’est instinctif.
J’aimerais ça peut être écrire en français, mais je ne veux pas me donner d’objectif car je trouve que c’est anti-créatif quand on se met la pression. J’ai fait les Francofolies au Québec où l’on est obligé de chanter en français, on a donc traduit mes textes et on les a retravaillés pour les sonorités avec Gaëlle, une amie française. J’ai aussi fait des ateliers d’écriture à la suite de ça. Ça m’a ouvert l’esprit, ça me plairait beaucoup, mais je me sens incapable de le faire. Mais la porte est ouverte.

Pascale Picard guitare live concert La Maroquinerie France All things Pass tour nouvel album stage photo by United States of Paris blog

Quel est le passage obligé pour toi à Paris ?
J’ai un gros coup de coeur de Montmartre, car on a beaucoup été logé là quand on venait. Y’a un endroit où on allait faire du karaoké avec le « band » dans un p’ti bar. J’avais mes petites habitudes, je me sentais comme chez moi là-bas.

Quelle est la chose incontournable à voir au Québec ?
Les villes sont super mais ce qui est génial au Québec, ce sont les grands espaces. D’être à 20 minutes d’un centre-ville, en plein milieu d’un bois, dans la nature. Il faut aller voir les montagnes, faire de la marche en neige, se perdre un peu dans la nature. C’est beau chez nous.

L’objet dont tu ne peux pas te passer quand tu viens en France ?
Dans l’époque où je fumais, je venais avec mes cigarettes car elles sont différentes ici. Mais je ne fume plus donc ce n’est pas un problème. J’amène mon chewing-gum car nos chewing-gum sont vraiment forts, ça décape alors qu’ici ils sont plus soft.
Mais cette fois-ci, c’est pas pour moi, j’ai amené du fromage en grain puis de la sauce à poutine. C’est un de nos plats dont tout le monde nous parle, c’est pas de la grande gastronomie. C’est quelque chose que je mange 1-2 fois par an, mais ça ne me manque pas.

Ton dernier coup de cœur musical ?
Alabama Shakes, j’ai halluciné. Puis en live, ils sont « écoeurants » ! Hier, j’ai entendu le dernier album de The Do, j’ai capoté ! Je l’ai entendu juste une fois mais il faut que je l’achète c’est sûr et certain. Et en français, Christine and the Queens. Ça mon dieu, c’est des claques et des claques.
Et au Québec y’a un groupe que j’écoute beaucoup, c’est Caravane, des gars barbus de 25 ans qui rockent (elle mime la guitare).

Qu’est-ce qui te manque le plus quand tu es en France ?
Mes chats ! Mes chats ! Faut pas trop que j’y pense sinon je me mets à paranoïer.

Pascale picard nouvel album All Things Pass Simone Records Zamora Label concert france et paris

Une jolie rencontre, avec beaucoup de rires. Pascale parle beaucoup, elle m’avait prévenu et c’est passé très très vite.
Quelques jours après, je la retrouve à la Maroquinerie pour son premier live à Paris pour son nouvel album. Un très bon moment de retrouvailles avec son public français durant lequel elle ne boudera pas son plaisir.
Elle a enchaîné les tubes qui ont fait son succès Gate 22, Smilin’, Thinking of it, que le public chantonnait avec elle.
Pascale a également offert un jam avec Chandelier de Sia, La vie en rose de Edith Piaf et What’s Up des 4 Non Blonde.
On notera le magnifique Without you en guitare-voix, sans « le band » pour le rappel.
Elle s’est éclatée sur scène et a promis de ne pas attendre 6 ans avant de revenir nous voir, les petits Français.

Interview et report by Joan

Pascale Picard en concert en France :
21/11 – Alençon (61) – La Luciole
03/12 – Toulouse (31) – Metronium
11/12 – Herouville Saint Clair (14) – BBC
12/12 – Lyon (69) – Transbordeur
14/12 – Clermont-Ferrand (63) – Coopérative de mai

02/12 – Paris (75) Le Petit Bain

Nouvel album de Pascale Picard : All Things Pass
(Simone Records / Zamora Label)

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Festival d’Ile de France : des places à gagner pour Chassol et Youssou N’dour

Festival de toutes les musiques et de tous les genres, le Festival d’Île de France a pour thème cette année : Aventures Musiques Vagabondes. L’occasion pour tout un chacun de composer un programme musical à son goût et d’aller à la découverte de lieux qui ne se prêtent pas forcément aux spectacles et concerts.

Aujourd’hui, l’équipe vous propose un focus sur deux concerts qu’elle ne va manquer sous aucun prétexte : Chassol à Saint-Quentin-en-Yvelines et Youssou N’dour au Cirque d’Hiver.

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On ne présente plus Youssou N’dour, la star Sénégalaise qui remplit les salles à travers le monde et également ministre dans son pays. Pionnier de la world music, l’univers de l’artiste international est sans limite et s’ouvre à toutes les rencontres et métissages possibles.
Ses concerts au Cirque d’Hiver (les 25, 26 et 27 sept) promettent une ambiance chaleureuse et intime. Un cadre originale pour communier avec l’auteur de 7 seconds, (souvenez ce duo avec Neneh Cherry qui fût l’une des ballades phares des années 90) et découvrir les titres de son dernier album.

Chassol, quant à lui, vous emmènera dans une promenade vagabonde sur l’île de ses ancêtres : la Martinique.
Pianiste et compositeur, ses voyages entre Inde et Nouvelle-Orléans nous entrainent dans un portrait sensible dans lequel se côtoient calypso, salsa, biguine, quelques cris d’oiseaux et un rien de Bela Bartók.
Une expérience qui risque d’être unique et forte, avec une garantie pure de chaleur des îles.

Festival-d-Ile-de-France-IDF-2015-thème-aventures-musiques-vagabondes-21-concerts-27-lieux-du-5-septembre-au-11-octobre-paris-concerts-créations-youssou-n-dour-vaudou-game-biga-ranx

CONCOURS

Comme on aime les rentrées pleines de musiques, vous pouvez tenter de gagner des invitations pour le concert de Chassol le vendredi 25 septembre 2015 ou de Youssou N’dour le dimanche 27 septembre 2015.

Pour cela, rien de plus simple, remplissez le formulaire ci-dessous, en choisissant le concert de votre choix, avant le 22 septembre 23h59. Et N’hésitez pas à nous laisser un commentaire sympathique (on aime beaucoup ça !)

Les gagnant(e)s seront tiré(e)s au sort parmi les inscrits. Ils recevront un mail leur confirmant leur lot : 2 places pour le concert de Chassol, le vendredi 25 septembre 2015 à 20h30 au Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines ou 2 places pour le concert de Youssou N’dour le dimanche 27 septembre à 16h30 au Cirque d’Hiver (Paris).

Avant de vous inscrire, vérifiez bien que vous êtes libre le 25 septembre ou le 27 septembre !

Le Festival d’Ile de France
du 6 septembre au 11 octobre 2015

Prix des places : de 6 à 28€

Informations et programme complet sur le site du festival

Concours Festival IDF
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Plus de jeux concours
Concours Gratuits

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Rock en Seine 2015 Report J3 : Hot Chip, Alt-J, Jungle et tendances mode des festivaliers

3e et dernier jour de concerts en plein soleil, les bras en l’air ou sur un transat, en tutu ou torse poils. Tous les styles sont dans la nature même des festivaliers pour cette édition de Rock en Seine 2015.
Sur scène, une clôture en mode clubbing avec le retour de The Chemical Brothers, dance encore avec Hot Chip, purs rythmes avec Alt-j et Jungle.

Hot Chip music band live Rock en Seine 2015 festival france concert Owen Clarcke Felix Martin Alexis Taylor stage photo by united states of paris blog

Remise en jambes bien méritée avec le set Hot Chip ultra vitaminée sur la grande scène. Et on débute avec le génial Huarache Lights pour faire soulever la foule d’entrée de jeu. C’est efficace.

Alexis Taylor Hot Chip music band singer live Rock en Seine 2015 festival concert france stage photo by united states of paris blog
Arrivé avec 3 couches de vêtements, Alexis Taylor, l’un des deux chanteurs du groupe, quitte veste et chemise en cours de live pour finir en t-shirt impression Picasso (le peintre). Bien plus raisonnable. Un Power Rangers bleu est soulevé par ses partenaires pour dominer la fosse le temps d’un titre. On pense à Krafwerk, on n’est pas les seuls. Une jeune festivalière a prémédité sa venue avec un tote bag à l’effigie du groupe allemand. Les Anglais tiennent en haleine le public sans baisse de régime. Parfait !

Une pause ensuite sur transats pour écouter les furieux Jungle. Pour visiter leur site officiel, prévoir d’écrire 3 fois de suite le nom du groupe. Un concert de bonne tenue qui nous envoie aussi de bons beats pour danser. Ca rappelle, par moment, nos bons amis de Scissor Sisters.

Tame Impala enchaine direct sur la grande scène. Mais perd petit à petit une partie de ses spectateurs qui courent direct pour se trouver la meilleure vue sur Alt-J.

Alt-J music band live Rock en Seine 2015 festival france concert Gus Unger-Hamilton Joe Newman  blue stage photo by united states of paris blog

A 21h piles, le groupe mené par Joe Newman arrive. Surprise, la batterie est en bord de scène, jamais un batteur n’aura été aussi prêt du public. Les 4 membres sont sur pied d’égalité pour emballer le public. Et on peut dire qu’ils étaient attendus pour leur toute dernière date de festival. Pleine lumière, un max de sources pour un live trippant. Joe jette sa serviette dans la foule, après s’être épongé. Y’aurait-il un début de fétichisme made in Alt-J ? Une 2e serviette volera un peu plus tard avec un même engouement pour la réception.

Alt-j music band live Rock en Seine 2015 festival france concert Joe Newman Gus Unger-Hamilton stage photo by united states of paris blogOn chante en coeur sur This is All Yours. “On sent les fauves !” lance une voisine de concert, enthousiaste.
Jamais non plus nous n’aurons vu à Saint-Cloud autant de filles sur les épaules de mecs consentants, se dandinant. La dernière tendance : faire un selfie porté au-dessus de la masse. Classe !
Pendant ce temps, une autre au piercing plus ou moins gracieux entre les deux narines forme un triangle avec ses doigts face caméra.

Selfie-dans-la-foule-à-Rock-en-Seine-2105-festival-concert-musique-groupe-Alt-J-photo-by-united-states-of-paris-blog


Pour finir, revue des troupes festivalières avec des styles barrés et de funny tattoos croisés pendant les 3 jours. On débute par une tenue complète jungle, très bel hommage à l’affiche de l’édition 2015.

Festivalier habillé jungle festival rock en seine 2015 musique menswear fashion photo by united states of paris blog

Qui a dit que la chaleur était caniculaire ?

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Nice to meet you, Mister Unicorn!

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Toutes les danseuses étoiles (ou pas du tout) sont les bienvenues !

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Mais c’est mon ami Rex ! Toujours prêt pour Toy Story 4 en 2017 ?

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Au moins une soucoupe volante a été aperçue, mais point d’extraterrestres, maybe next time!

Funny-Tattoo-Ufo-flying-saucer-festival-Rock-en-Seine-2015-festivalier-tatoué-tatouage-marrant-photo-by-united-states-of-paris-blog

Rock en Seine 2015 c’était 120 000 spectateurs pour 3 jours de concerts sold out.
See you next year!

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