Le premier extrait de La Cavale de Robi nous a attrapés sans nous lâcher. L’Éternité est d’une force poétique et musicale sans équivalence. La chanteuse joue avec une palette originale pour offrir à son nouvel album soubresauts, envolées et pulsations démoniaques. On pense à un Lescop au féminin, où la lumière arrive à percer à travers la noirceur ambiante, comme un tableau de Pierre Soulages. Interview brève et sans étalage avant de la retrouver à la Fête de l’Humanité le samedi 12 septembre 2015.
Quelle est l’origine de ta vocation musicale ?
Les mots, la musicalité des mots, leur chair et leur vibration. Leur grammaire m’a toujours fascinée. Les mots, les phrases sont musiques déjà. Et le rythme bien sûr.
Comment s’est passé ton apprentissage musical ?
Je n’ai aucun apprentissage musical. Je suis autodidacte. Ma démarche est uniquement empirique. J’essaye d’écouter et de reproduire ce qu’il se passe en moi, autour de moi.
Est-ce que la scène, les concerts ont-ils changé ta manière d’écrire ou de composer ?
Je ne crois pas non, si ce n’est peut-être la place de la voix. Je me suis rendue compte qu’elle devait rester au centre de tout. Que je ne devais pas avoir peur d’elle, qu’elle était le lien, la peau et l’os.
J’adore L’Éternité. Quelle est la genèse de cette chanson ? Quand ? Comment a-t-elle été écrite, composée ? Je ne sais pas, je ne sais plus. C’est la fuite en avant cette chanson, précisément, la fuite en avant, l’incapacité à retenir le passé et le présent.
Quel adjectif colle le mieux à la peau de l’album La Cavale ?
Climatique.
Robi est un double ou une autre ? Je suis double et une autre, enfermée à l’intérieur de moi, attirée vers des pôles contraires très puissants, en équilibre précaire et toujours désespérément inconnue à moi-même. Je suis un puits sans fond. Comme tout à chacun je crois.
Robi ose-t-elle des choses que Chloé n’oserait pas ? Elle ose monter sur scène.
Est-ce que La Cavale aura de nouvelles tonalités, une autre couleur sur scène ? Je crois que le set sera plus nuancé, moins rageur. Nous essayons de gagner en amplitude, en nudité aussi.
Ta dernière claque musicale ? J’écoute en boucle un morceau de Rodriguo Amarante, Mon nom. Une merveille !
Robi, nouvel album La Cavale
(Label At(h)ome)
Formats : CD – LP vinyle – digital
Robi en concert à la Fête de l’Humanité le samedi 12 septembre 2015
Days Off, le festival de début d’été qui nous prépare aux vacances est de retour pour une édition 2015 revigorante. Pendant 7 jours, des artistes qui débutent tout juste leur tournée et d’autres plus rares sur les scènes (cette année) vont offrir des instants forts à l’abri des chaleurs extérieures et de retour à la Cité de la Musique.
Vous avez vu ? Aucune Christine and The Queens à l’horizon. Alors que l’artiste qui rassemble toute les générations sera présente un peu de partout cet été, ne la cherchez pas, elle ne sera définitivement pas à la Cité de la Musique – Philharmonie 2 début juillet. Les nombreuses têtes d’affiches des Vieilles Charrues et autres Francofolies, Musilac, Nuits de Fourvière non plus. #bonheur
A Days Off, on compose avec des artistes qui ne sont pas entre deux trains ou avions, épuisés par un jet lag. C’est que du frais.
Pour preuve, Gaëtan Roussel offre son unique date de concert de l’année au festival autour d’une soirée originale : la reprise de l’album PlayBlessures d’Alain Bashung, sorti en 1982 et finalement peu connu du grand public. Donc forcément culte ! En parallèle, le chanteur concocte une programmation ciné au MK2 Quai de Seine qui sera dévoilée prochainement.
De son côté,Florent Marchet qui s’est mis au vert cette année balancera le bon son pour les petits dès 3 ans, lors de deux concerts en matinée le dimanche 5 juillet. On connait l’artiste espiègle et joueur ; ses Rêves Cosmiquesvont halluciner à coup sûr la jeune audience et ses parents.
Rare aussi Andrew Bird sur le sol français. Alors que le quadra américain fera quelques dates en juillet aux States et en Europe, il partagera la scène le 2 juillet avec Matthew E. White.
Et que dire des très jeunes soeurs Ibeyi aussi énigmatiques que fascinantes qui ouvriront le festival le 1er juillet ? Attention frissons !
Focus sur révélations
L’attention est entière sur la furie Jeanne Added qui a récemment reçu le Prix Deezer Adami Pro. Alors qu’on lui prédit un brillant avenir, elle n’épuise pas encore toutes les routes de France, comme d’autres artistes. Raison de plus pour se pencher sérieusement sur les titres de Be sensationnel, son tout premier album, en version live.
Le Flash de Minuit nous poursuit depuis la première écoute du titre. Le groupe est composé entre autres, par les rejetons du couple Ringer/Chichon. Les comparaisons sont possibles, notamment dans certaines intonations de voix de Simone Ringer. Mais n’allez pas chercher plus loin, Minuit a une vraie patte.
Séances de rattrapage
Pour celles et ceux qui n’auraient pas monté les cimes avec Moodoid et François & The Atlas Moutains, l’année dernière, il est vraiment temps d’apprécier leur aisance. Alors que ces deux groupes ont ralenti la cadence des concerts, ils vont nous revenir à nouveau frais et généreux. On chavire déjà !
C’est gratuit aussi !
Days Off est généreux. Et quelle meilleure attention qu’un jeune groupe rien pour nous à l’heure de l’apéro. A 19h30 pétantes, du 1er au 8 juillet, 5 groupes vont donner tout ce qu’ils ont pour ouvrir les soirées.
De l’improbable et interactif avec We Can Be Heroes qui reprend des grands titres en play-back. Le projet est ouvert à tous ceux et celles qui ont une âme de chanteur sans l’assumer vraiment. Un moineau avec Mesparrow, de la French Touch avec L’Impératrice et nos chouchous : Agua Roja.
Participez aux concerts performances WE CAN BE HEROES les 1er et 2 juillet 2015 à 19h30
Participation gratuite sur réservation
Infos au : 01 44 84 44 84 et par mail : education@philharmoniedeparis.fr
DAYS OFF 2015 le festival du 1er au 8 juillet à la Philharmonie2 – Cité de la Musique
avec Ibeyi, Andrew Bird, Gaëtan Roussel, Hindi Zahra, Todd Terje & The Olsens, Florent Marchet, The War on Drugs…
La team d’UsofParis a un vrai attachement pour ce festival, nous vous offrons donc des invitations pour 2 pour le concert de Gaëtan Roussel le mercredi 8 juillet à 20h30 en clôture du festival.
Pour cela, rien de plus simple, remplissez le formulaire ci-dessous avant le 2 juillet 23h59. Et N’hésitez pas à nous laisser un commentaire sympathique (on aime beaucoup ça !)
Les gagnant(e)s seront tiré(e)s au sort parmi les inscrits. Ils recevront un mail leur confirmant leur lot : 2 places pour le concert à la Cité de la Musique.
Avant de vous inscrire, vérifiez bien que vous êtes libre le 8 juillet.
YEPA, c’est Rémo et Le Bon Nob, frères et plus précisément jumeaux. Ils composent des chansons mêlant chanson française et musique urbaine. Et leur premier album intitulé Paradoxe est sorti le 1er juin dernier.
Vous les avez peut-être déjà vus sur scène en première partie de Fréro Delavega (concurrent de The Voice 3 en 2014) et du groupe Tryö.
Pas étonnant que ces deux jeunes se retrouvent accolé à ce dernier groupe tellement leur musique possède la même énergie, le même rythme syncopé et parfois le même second degré.
Rémo est étudiant en 6ème année de médecine, le Bon Nob est vidéaste. Est-ce ce dernier qui à eu l’idée du clip Une Bouteille réalisé par Mathieu Ledude) ? Un plan séquence très réussi durant lequel le duo reconstitue de manière décalée des affiches de films marquant de ces dernières années.
Alors si leur flot et leur rythme t’ont séduit, n’hésite sous aucun prétexte à réserver ta soirée pour la release party de l’album à la Boule Noire et à participer à notre concours.
Concours
Envie de découvrir les frangins bogosses sur scène ? Ce concours est fait pour toi.
Nous t’offrons des invitations pour leur concert du jeudi 18 juin mai 2015 à La Boule Noire.
Pour les gagner, rien de plus simple, remplis le formulaire ci- dessous avant le 16 juin 2015 23h. Et N’hésite pas à nous laisser un commentaire sympathique (on aime beaucoup ça !)
Les gagnant(e)s seront tiré(e)s au sort parmi les inscrits. Ils recevront un mail leur confirmant leur lot : 2 places pour le concert à La Boule Noire.
Avant de t’inscrire, vérifie bien que tu es libre le 18 juin 2015.
Bonne chance à toutes et tous !
YEPA Concert le 18 juin 2015 à 19h30
à La Boule Noire
20 boulevard de Rochechouart
75018 Paris
Après une première édition très réussie, la Paris Music Week revient secouer le Marais parisien avec des artistes de 9 labels hype du paysage musical français et international. Des moments festifs au programme pour fêter les premiers beaux jours de ce mois de juin 2015. Festival entièrement gratuit !
Tout comme la mode à ces fashion-week pour la mode, Paris Music Week veut mettre en avant la création de différents labels durant une semaine. Avec l’envie de faire surgir la musique dans des lieux où on l’attend pas.
C’est un vrai tourbillon de décibels et de purs sons que le Marais va s’offrir, histoire de renouer une bonne fois avec sa réputation de quartier de la nuit et de la fête.
Ces concerts sont l’occasion aussi de (re)découvrir des décors qui ne s’offrent habituellement pas à la musique live et ce pour une unique soirée. Comme le showroom Red Edition design et vintage, La Galerie Particulière, L’Hôtel Jules et Jim ou encore la salle des Textile du CNAM.
BONNE NOUVELLE !! Les concerts sont gratuits, certains en accès libre et d’autres plus confidentiels. Pour t’assurer un accès, nous te proposons des invitations pour deux d’entre elles. Ton nom sur la liste : une entrée directe.
Et il y en a pour tous les goûts !
Concours
Envie de concerts dans des lieux insolites ? Tu veux être sûr d’assister à 2 concerts de la Paris Music Week.
Nous t’offrons des invitations pour ne rien rate de l’événement
le mercredi 10 juin 2015 à deux concerts : – FLORA et SIMA KIM à 18h30 à l’Hôtel Jules et Jim – STALetTEZ CADEY à la Galerie Particulière à partir de 20h30 Pour les gagner, rien de plus simple, envoie-nous un mail gentil et poli avant le 7 juin 2015 23h avec tes nom et prénom (en objet Paris Music Week) en précisant bien le lieu de ton choix à : usofparis@gmail.com
Les gagnant(e)s seront tiré(e)s au sort parmi les inscrits. Ils recevront un mail leur confirmant leur lot : 2 places pour le concert de leur choix.
Assure-toi de bien être dispo le 10 juin.
Bonne chance à toutes et tous !
Paris Music Week Du 10 au 12 juin 2015
Mercredi 10 juin 2015 FLORAet SIMA KIM à l’Hôtel Jule s& Jimde 18h30 à 20h30
STAL et TEZ CADEY à La Galerie Particulière de 20h30 à 22h30
POLO & PAN et SACHA DI MANOLO à la boutique les Prairies de Parisde 21h00 à 23h
Jeudi 11 juin 2015
MICHELLE BLADES et CLEA VINCENT au Showroom de Red Edition de 19h à 21h
WE ARE KNIGHT et ABOUT GIRLS à la Boutique Adidas Originals de 21h à 23h
ZINGA et ROSCIUS dans un lieu surprise de 22h à 00h Vendredi 12 juin 2015
JACKSON THELEMAQUE et MENAGES A TROIS au Quai du BHV Marais @Paperlab de 18h à 20h
ALEQS NOTAL etTHE BOO dans la salle des Textiles CNAM @Futur en Seine de 19h à 21h + Records Collection SOIREE PARTY
The Limiñanas est un groupe perpignanais composé de Marie et Lionel, couple à la vie et à la scène. Marie est à la batterie et aux percussions, Lionel à la guitare et à la basse.
Leur carrière a débuté suite à la publication d’une maquette sur MySpace qui a été repérée par deux labels US. Ils ont sorti depuis 5 singles vinyles et 4 albums. Depuis 2009, ils tournent donc en Europe et aux États-Unis. Grosse actu : Because Music réédite leurs 3 albums studios et la compilation de singles et titres inédits en format Vinyle et CD.
Je rencontre le groupe au Walrus dans le 10e arrondissement de Paris. Un disquaire avec bar qui vient tout juste de fêter son 1er anniversaire. Ici, des artistes sont invités pour des lives en petit comité.
Il est midi. Le soir, The Limiñanas sont en concert à La Boule Noire. Pendant l’interview, c’est Lionel qui parle au nom du groupe, Marie fait quelques interventions pour pimenter d’anecdotes et menus détails.
INTERVIEW
C’est la première fois qu’United States of Paris vous rencontre, pouvez-vous vous présenter ? On joue dans des groupes de garage punk pur et dur depuis longtemps, seul ou tous les deux. A Perpignan, il y avait une scène garage punk très importante dans les années 80/90. Ça concernait en gros 15/20 musiciens, et on jouait tous dans les groupes des autres.
A un moment donné la plupart de ces groupes a signé sur des labels, et nous, on s’est retrouvé avec des périodes de 6 mois où on n’avait plus moyen de répéter, sans projets. Du coup, on a enregistré une démo 2 titres, on l’a mise sur MySpace. On s’est baptisé The Limiñanas parce que ça nous faisait marrer, et puis c’est notre nom de famille.
Et on l’a mise sur MySpace pour la blague. On a été contacté par un label de Chicago, Hozac, qui nous a proposé de faire un single et deux jours après un autre label de Chicago, Trouble in mind, qui nous a aussi proposé de faire un single. On a menti aux deux en leur disant qu’on avait pleins de morceaux. Ce qui était faux et on a dû se mettre à apprendre à enregistrer. J’avais un Mac, on s’est fait prêter une carte son et on a fait notre premier 45 tours I’m dead et Migas 2000 sorti par Hozac, qui était notre fameuse première démo et Trouble in mind a sorti deux titres Je ne suis pas très drogue et Berceuse pour Clive qu’on a fait en deux après-midis.
On les a mixés chez un pote. On leur a envoyé, ils ont trouvé ça bien. Ils en ont sorti un 45 tours et nous ont commandé un album. On a continué ce process d’enregistrement à la maison qu’on n’a jamais lâché depuis.
Il n’y a pas de conflit entre les deux labels qui vous partagent ? Non non. Car ce sont des labels indé américains… Ils s’envoyaient des vannes via les ronds centraux des 45 tours.
Suite à l’enregistrement de l’album, peu de temps après ils nous ont proposé de faire une tournée aux USA. Sauf qu’on n’avait pas de groupe, comme on faisait tout à deux en invitant des copines pour chanter. On a dû monter ce groupe, on est parti en tournée 15 jours. Un album en appelant un autre, on a sorti Crystal Anis chez Hozac et un album chez Trouble in mind et ça ne s’est jamais arrêté.
Le principe, c’est qu’on enregistre tous les deux à la maison et de temps en temps on invite des gens pour intervenir pour le chant. Et à partir de Costa Blanca, on a aussi fait intervenir de temps en temps des musiciens, des amis, qui avaient des particularités comme notre pote Laurent qui est venu nous faire des plans de Bouzouki, par exemple.
En tout cas, aujourd’hui on bosse toujours de la même façon. On achète petit à petit du matos pour équiper notre studio, on a démarré avec GarageBand et maintenant on est passé sur Live qui est un autre logiciel super simple qu’on utilise comme un magnétophone. On n’utilise ni la compression ni la réverbe du logiciel, c’est brut.
On a eu la chance, par le biais d’un ami, de rencontrer Luis Mazzoni, un ingé son, qui est un gros spécialiste de l’analogique. Une fois qu’on fait notre maquette et qu’elle a été mixée, il la passe dans des machines qui enlève le côté froid du numérique.
Et du coup comment vous composez ? Chacun dans votre coin ? Ensemble ? Moi j’enregistre pratiquement tout le temps, on a le studio sur place dans le garage. On fait des tonnes de maquettes. A 6h du matin quand Marie se lève, je lui fais écouter ce que j’ai fait et on décide ensemble des morceaux ou des riffs.
Et l’écriture des chansons, les paroles ? On en a fait un peu ensemble, mais la plupart du temps c’est moi. De temps en temps, on pioche des textes dans ce que fait mon frère aussi.
Après le choix du français ou de l’anglais ça dépend vraiment de la musique et de ce qui vient tout de suite quand tu es en train de travailler dessus.
Quelles sont vos influences pour composer et écrire ? Nous la base de ce qu’on aime c’est la musique primitive américaine, le psyché anglais, le freak beat anglais, ce genre de choses. Mais après on écoute vraiment des tas de trucs, et je pense aussi que le cinéma a autant d’importance que la musique, parce qu’on est aussi fondu de cinéma. Ca va vraiment de Joy Division à du punk américain des années 70, à la musique primitive américaine, mais aussi le groupe anglais The Nuggets. Tout ça nous a nourris. The Stooges, particulièrement le premier et second album.
Quand on vous googlise, on tombe directement sur Gainsbourg, les yéyés, etc. Est-ce que vous pensez que ça vous correspond ? Gainsbourg si, car j’aime beaucoup Gainsbourg. Mais les yéyés, non. Les yéyés c’est sûrement ce qu’il est arrivé de pire à la musique française, dans le mauvais sens du terme. Mais après de cette scène-là, on aime beaucoup Dutronc, Ronnie Bird…
Vous changez de chanteuse régulièrement au cours de l’enregistrement, comment se fait le choix d’une chanteuse pour telle chanson ? Ça va être la tonalité. Ça dépend des chansons. C’est des copines qui interviennent sur les disques. Elles arrivent elles ne connaissent pas la chanson, on leur fait écouter le morceau. On le fait en une ou deux prises maximum.
Et vous ne voulez pas collaborer avec une chanteuse officielle ? Au niveau de l’enregistrement, on aime bien l’idée de la collaboration en fonction des gens avec qui on traîne à ce moment-là. Par exemple, on a fait un morceau en italien avec une chanteuse, c’est elle qui a écrit le texte et l’a enregistré à Bordeaux. On a fait une autre chanson avec une copine italienne, Francesca Cusimano, qui est une nana que j’ai rencontré au boulot, qui a cet accent particulier, on trouvait ça mortel de profiter de ce type d’accent pour la chanson alors qu’elle n’avait jamais enregistré de sa vie. Elle est venue un après-midi et elle l’a fait avec nous.
Et sur scène du coup ça se passe comment ? Sur scène, on a une chanteuse qui s’appelle Nika Leeflang. On en a eu plusieurs, mais elle est avec nous depuis deux ans maintenant. C’est la chanteuse du groupe. Car nous, sur scène, on ne touche pas aux micros.
Les chansons italiennes, elle peut les chanter par exemple ? Ou il y a des chansons que vous ne pourrez jamais faire sur scène ? Je pense qu’elle est capable de chanter à peu près tout ce qu’elle veut. Le choix de faire ou ne pas faire des chansons des disques en concert c’est plutôt parce qu’il y a des trucs qu’on essaie et avec lesquels on s’aperçoit vite que ça fonctionne pas en concert. Comme Je ne suis pas très drogue, par exemple. On n’a jamais réussi à en faire une bonne version en concert donc on a lâché l’affaire.
Ce soir vous jouez avec Pascal Comelade. Comment vous êtes-vous rencontré ? Déjà on est amis, on s’est rencontré y’a quelques années. On avait un groupe Marie et moi, c’était Les Bellas. On a discuté avec Pascal lors d’une soirée de concert. On connaissait sa musique déjà. Il m’a proposé d’intervenir sur la bande-son d’un ballet d’art contemporain. Après j’ai enregistré sur deux de ses albums. On a fait un concert dans la rue avec lui aussi. On est devenu amis. L’idée est venu de faire un disque ensemble, il y a un an et demi et on l’a enregistré l’été dernier.
Vous avez enregistré séparément également ? On s’est assis autour d’une table, on s’est fait écouter les démos qu’on avait. On en a sélectionné une quantité X. On allait chez Pascal avec notre matériel, on allait prendre des prises de piano sur nos bases à nous et Pascal faisait l’inverse avec nous à la maison. On jouait sur ces titres et lui sur les nôtres. Le disque s’est monté comme ça, par couches successives de sons.
Ce soir vous allez jouer ensemble réellement pour la première fois donc. Oui, c’est vrai ! Sur les morceaux de cet album. Après sinon on a déjà fait quelques interventions avec Pascal où on a déjà joué ensemble.
Ah mais on a déjà joué deux deses titres sur France Inter et hier sur France culture aussi avec Ivan Telefunken qui est un très très bon guitariste Barcelonais.
Vous êtes assez rares sur scène, vous faites peu de concerts. Est-ce un choix ? On en fait à peu près 25 par an. C’est un choix pour plein de raisons. La principale c’est qu’on aime bien l’idée que ça reste excitant. Il y aussi le fait qu’on ne vit pas du tout des revenus des concerts. Tout le monde a un job et une vie de famille, donc on tourne quand c’est possible de tourner. Et c’est aussi un moyen de ne pas faire exploser le groupe en route.
Du coup, pour nous, ça reste excitant de jouer.
Quels sont vos projets ? On bosse sur un conte pour adultes, une histoire lue sur un disque, dans l’idée des contes pour enfants qu’on trouvait dans les années 70, genre Le Petit Ménestrel. Un conte un peu dark, avec des illustrations. On travaille aussi sur un album pour Because Music et Trouble in mind pour janvier/février prochain. Et on va faire aussi l’album d’une chanteuse américaine Sarah McCoy. En ce moment, elle fait l’enregistrement aux USA, elle nous envoie les titres par le net et nous, on fait les arrangements.
L’interview prend fin, je leur tends mon phone pour qu’ils réalisent un selfie. Ils acceptent avec plaisir. Un couple décidément attachant. A l’image de sa musique.
Je les retrouve le soir sur scène pour un set à La Boule Noire. Le public est à la fois hipster parisien et rockeur en cuir noir. Une très très bonne ambiance pour une vingtaine de chansons. La petite hollandaise Nika nous transporte avec sa jolie voix sixties. Les titres s’enchaînent et le concert se termine par 7 titres avec Pascal Comelade. A noter la présence de Stéphane Saunier dans la salle, le monsieur musique de Canal +, qui semblait plus qu’apprécier le concert.
Je ne saurai trop vous conseiller de découvrir The Liminanas en live. Le son n’en est que meilleur encore !
En exclu, nous partageons avec vous les coulisses de la (re)création de Fantômes en terres bretonnes pour le festival Art Rock avec Jean-Charles, Louis-Marie et Guilhem de Castelbajac.
Jean-Charles de Castelbajac est un sexagénaire cabot qui n’est jamais là où on l’attend. Couturier, designer, street-artiste, il est depuis quelques années metteur en scène et scénographe. Nous avions aimé Ceremony, sa collaboration avec le groupe Nouvelle Vague. Nous étions très curieux de son duo avec l’artiste électo Mr Nô.
Après avoir créé l’identité visuelle du Art Rockédition 2015 (affiche, goodies), il a fait valser les aprioris en sollicitant des mannequins non professionnels et originaires de Saint-Brieuc pour participer au show-performance de ce samedi sur la grande scène après le passage de Lilly Wood and The Prick, Yelle, Christine & The Queens et Citizens !
Nous avons eu la chance de laisser trainer notre objectif photo dans les coulisses dès notre arrivée à Saint-Brieuc grâce à la complicité de Julien et Isabelle.
Répétitions sur la place, en bas de la grande scène et sous un soleil vif des mannequins-fantômes toutes vêtues de blanc. Guilhem et Louis-Marie, les fils de JCDC, sont à la manœuvre pour diriger en très peu de temps cette troupe improvisée.
JCDC prend le temps d’une itv télé avant d’enchainer sur les essais des sculptures-chapeaux, volumineuses et impressionnantes.
Passage en loge pour la répartition des créations originales de maquillage toutes différentes les unes des autres pour chaque participante.
Le chef d’orchestre a l’œil et sait tout de suite quelle création accordée selon l’ovale du visage de l’une, les traits d’une autre.
Le temps est compté. La répèt sur la scène doit se faire après la balance de Yelle. Impressionnante vision que cette armée de girls en plein soleil attendant son tour pour prendre ses marques sur le terrain de jeu du soir. Une d’entre elles est déjà coiffée d’une perruque, et toutes sont habillées par le couturier.
Les membres du bagad de Saint-Brieuc s’installent en tenue “civile”.
Le plus impressionnant reste à suivre : la découpe de dizaines et de dizaine de perruques adaptées à chaque mannequin. La séquence maquillage débute, des formes apparaissent sur les visages. La patience est de mise : il y en a pour 7 heures en tout.
Les selfies et photos entre participantes vont bon train. Complicité et ambiance colonie de vacance règne dans le bâtiment de cette partie backstage où chacune tente de trouver une petite place pour manger, se détendre, téléphoner et où le mur du couloir rappelle les déplacements sur scène.
Séance photo improvisée dans les escaliers pour archiver l’ensemble maquillage, coiffeur, robe, une fois la touche finale apportée.
La nuit venue, croiser le cortège armé de longs bâtons pourrait effrayer plus d’un spectateur non averti. C’est fou, décalé et follement créatif.
Sur scène, aucune n’a démérité, les filles de Saint-Brieuc ont porté fier la prestance de leurs terres.
Difficile pour certaines de partir, de quitter les lumières, ces nouvelles amies et ce patriarche au grand coeur.
Jean-Charles de Castelbajac nous a, comme toujours, offert un spectacle à la hauteur de sa folie créative.
Samedi 23 mai – Immersion en plein coeur de l’édition 2015 du Art Rock, festival breton à dimension humaine et niché dans le centre-ville de Saint-Brieuc.
Dès notre arrivée, avant même de récupérer notre pass à la Chapelle Lamennais – décor surréaliste – c’est Christine & The Queens qui s’impose à nous. Non qu’on l’est croisée avant sa conf de presse. Ce sont les attentions toutes particulières sous forme street-art de fans (bretons ?) qui nous ont happées l’œil. Certains festivaliers ont, en effet, coller sur des murs ou panneaux d’infos stratégiques un message à l’attention de la Nantaise.
Notre curiosité s’est portée très vite sur les coulisses de la création Fantômesorchestrée par Jean-Charles de Castelbajac, accompagné de ses fils Louis-Marie et Guillaume. Lire le sujet complet ici.
3 rendez-vous dans l’après-midi en petit comité médias locaux et blogs avec 3 têtes d’affiche pour prendre le pouls de l’ambiance générale.
On commence par le retour en terres natales pour la briochine Julie alias Yelle. Elle avoue être plus stressée de chanter dans sa ville que dans une autre. Cette étape lui permet de profiter d’une pause, s’offrant la veille des retrouvailles avec un complice, JCDC, et le concert de The Do.
Ses secrets de tournée ? Préparation physique avec un coach du coin et beaucoup de sommeil sur la route avoue cette grosse dormeuse.
Le soir, Julie apparaît dans une combinaison moulante et certainement thermolactyl pour affronter la fraîcheur bretonne de 23h.
Les premiers rangs ados et post-ados connaissent aussi bien Je veux te voir que les derniers titres.
Heureuse, énergique et rieuse, Yelle charme toutes les générations, passant de ballade Voyage en Italie aux tubes Bouquet Final et Complément Fou pour lequel elle arrive sur scène chevauchant un épi de maïs aux feuilles bleues – une inspiration très Katy Perry. Euphorie et hallucination généralisée ! En fin de soirée, la jolie Julie aura les yeux humides d’émotions.
Suit à La Chapelle, le duo discret Nili et Benjamin de Lilly Wood & The Prick. Alors que le nouvel album ne sortira qu’en septembre, le groupe profite de cette tournée de festivals pour présenter des nouveaux titres enregistrés en Afrique.
Leur musique prend un nouvel élan avec ce métissage qui leur va bien. Dans une tenue très près du corps, Nili, le nombril au vent, est d’humour joueuse. Le Mas, Middle of the Night, Where I want too be (California) se prêtent à ce soleil de fin de journée. Un peu de nostalgie, des regards complices avec son partenaire de danse et beaucoup d’espoirs aussi pour la suite du programme.
15h15 : l’affluence dans La Chapelle est plus importante. Pros, invités, médias se pressent devant les fauteuils motifs léopard pour ne rien raté du phénomène du moment : Christine & The Queens. Imper beige, foulard noir, baskets, la chanteuse fend sa timidité pour répondre aux questions sur l'”overdose” possible qu’elle peut susciter, s’étonne qu’une de ses chansons soient utilisées par une émission de France Inter – elle préfère regarder et dénicher des pépites sur YouTube plutôt que d’écouter la radio.
Elle avoue aussi son penchant pour l’Eurovision et ne serait pas contre une participation pour représenter la France. Cependant “je suis trop fragile émotionnellement pour supporter l’idée de recevoir un “One Point” (en anglais dans le texte). Au passage, elle confirme être en train d’écrire le second album mais pas de perspective de studio avant fin octobre, après ses engagements de concerts. Malgré l’insistance de certains participants à cette conf, elle ne dévoilera pas d’infos majeures sur cet album américain qu’elle prépare. Au sujet de l’intérêt de Jean Paul Gaultier pour son personnage, Christine nous dit n’avoir jamais osé demander au couturier de revêtir une de ses créations, certainement dû à sa timidité. Avant de préciser que ses rares tentatives d’exubérance vestimentaires passées se sont soldées par un échec. Son rêve ? Collaborer avec Perfume Genius.
Fin d’entretien sans passage par la case mini photocall, comme les autres artistes. Le contrôle de l’image s’est donc bien resserré depuis les débuts.
22h – le show débute. Premier constat, la scénographie vue à l’Olympia s’adapte parfaitement aux festivals. Aucun sacrifice de décor, ni de danseurs (toujours 4 au total), ni de nombre de néons.
Raccourci, le concert se doit d’en offrir un max pour toutes celles et tous ceux qui veulent s’offrir une part de cette performeuse hors pair. Un peu moins d’échange avec le public pour laisser place à la musique. On retiendra dans le désordre : “tu sais que j’aime quand tu cris mon nom“, “je ne pleurerai jamais sur scène ou alors à la manière de Mylène Farmer, elle a beaucoup d’attitude !“, “j’aime les crêpes au sucre“, “j’ai toujours rêvé d’être une vieille rock star !“, “Tu as le droit d’être toi-même ce soir, tu as le droit d’être une galette“.
Deuxième constat, autant It, Christine calment tout le monde sur leur passage, autant Here se prête un peu moins aux communions de joyeux festivaliers.
Fin de partie avec l’objet scénique sans réelle référence, fruit d’une collaboration entre le musicien électro Mr Nô et un grand couturier Jean Charles de Castelbajac. 1 heure du matin, le premier son retenti, JCDC se met au dessin, sur feuilles blanches. Des messages à destination du public, des visages d’hommes, de femmes, d’anges apparaissent sur les écrans.
Au bout de quinze minutes de mix musique-dessins, les mannequins d’un soir font une apparition spectaculaire. Grimés à outrance pour les besoins de la performance, les vissages de ces filles de Saint-Brieuc sont méconnaissables. Le défilé de ces silhouettes colorées joue sur la lenteur et la géométrie non sans fasciner.
Nouvelle participation en fin de soirée avec le Bagad de Saint-Brieuc. Les premiers rangs ne résistent pas à l’envie d’hurler en chœur le nom de leur ami sur scène : Adrien, membre du bagad – histoire de lui causer quelque embarras. JCDC se mue en chef d’orchestre sans baguette pour diriger l’ensemble.
Pas de fausse note pour autant. La combinaison des instruments bretons avec les sonorités électro est trippante. Impossible de détourner l’attention jusqu’au 2h du mat pétantes.
N’oublions pas en tout début de journée la participation des anglais de Citizens !pour un set pop et relevé.
Après le succès des albums Holly et You I Wind Land and Sea, le chanteur New-yorkais installé au Canada, Justin Nozuka, nous revient avec un nouvel opus : Ulysses. Quatre ans sans nouvelles qui lui on servit à explorer de nouveaux horizons musicaux. Ces nouvelles tonalités sont à apprécier lors d’une date de concert unique aux Étoiles, le 8 juin 2015.
Justin Nozuka a franchi un cap : produire sa propre musique.
Dans son home-studio, il a écrit et enregistré tous les titres de ce nouvel album pour la première fois. Ulysses met donc à jour une esthétique particulière qui est révélateur de l’esprit et de l’évolution créative du chanteur.
Sans déni de ses albums précédents, ce changement de mode de travail est un bain de jouvence pour le jeune chanteur de 26 ans.
D’ailleurs, l’expérience se révèle brute mais en gardant à l’esprit ce qui fait le charme de la musique de Justin Nozuka : la pureté minimaliste.
2014 a été un très bon cru pour Florent Marchet qui a sorti en tout début d’année l’album inspiré et désarçonnant Bambi Galaxy. Il y est question d’espace, de futur plus ou moins rassurant, d’idéal – avez-vous devinez lequel ? – Avec ces nouveaux titres, le chanteur semble avoir gagné en audace et sérénité. Prenant la route des festivals et des grandes scènes, il gagne, enfin, la reconnaissance qui lui avait sans doute manquer pour les albums précédents.
Il nous revient avec un ciné-concert original à partir de 3 ans, Rêves Cosmiques au cours du prochain festival DAYS OFF !
Nous l’avons rencontré, un soir au Nuba, tout en haut de la Cité de la Mode et du Design pour revenir sur l’ambiance de tournée avec un retour sur l’accueil de Bambi Galaxy. D’une rare générosité et élégance, Florent Marchet répond sans détour. Et c’est bien ce trait de personnalité qui nous attire depuis l’écoute du tout premier titre Tous pareils, grâce à la compil Inrocks, il y a quelques années déjà.
INTERVIEW
UsofParis : 2 dates au 104, un Printemps de Bourges, la Fête de l’Humanité, une Gaité Lyrique… Qu’est-ce qu’elle a de plus que les autres cette tournée ? Florent Marchet : Cette tournée est différente sur le plan de l’énergie par rapport aux précédentes.
Avec les musiciens, cette fois on fonctionne plus comme un groupe. De par les couleurs de l’album et les intentions musicales, ça permet d’être plus punchy et du coup, faire de gros festivals.
C’est très agréable d’être multi-carte : faire des grosses jauges, des scènes en plein air, une première partie de Stromae et continuer la tournée des salles plus intimistes.
Et puis je pense que ça jouait moins bien avant. Il y a un meilleur groupe ! Ça n’a rien à voir avec les individus. C’est comme faire l’amour : il suffit d’une texture de peau, une odeur… Il y a la chimie des corps et la chimie musicale.
Il se trouve que les musiciens qui sont avec moi sur scène jouent bien ensemble. J’ai l’impression que l’on a un vrai son.
Comment s’est constituée l’équipe ?
On avait déjà joué pour la tournée de Noël Songs. C’est la nouvelle équipe qui était arrivée à la toute fin de la tournée Courchevel. Deux remplacements : le bassiste et le batteur. Et je trouvais que chaque fois qu’ils venaient il se passait quelque chose de nouveau.
La tournée de Noël Songs a confirmé mon sentiment et nous avons enregistré Bambi Galaxy ensemble.
J’avais envie pour cet album qu’il y ait une dimension live, pas par le son mais dans l’énergie. Car très souvent on enregistre un album et après on le monte sur la scène et on trouve que les sons sont plus énergiques.
On a travaillé les morceaux avant de les enregistrer. On a même fait quelques concerts dans mon studio pour essayer de chercher un son à l’album.
Y’a des morceaux qui ont été enregistrés live comme Space Opéra ou Où étais-tu ?
Qu’est-ce qu’ils t’apportent ces deux nouveaux membres ?
Le bassiste joue beaucoup de clavier basse, 09, un clavier analogique des années 70 et toutes ces basses très rondes avec filtres et distorsions. Ça apporte quelque chose de très organique.
Le batteur apporte quelque chose d’assez débridé, voire psychédélique par moments. Y’a un vrai lâchage.
C’est difficile d’expliquer pourquoi d’un coup on peut improviser au même moment, sans se concerter, ni même se regarder. J’aime leur façon de se lâcher sur scène. Il y a quelque chose de plus sauvage qu’avant.
Est-tu toujours dans le même mood sur scène ?
Y’a deux choses qui me font peur dans le fait de monter sur scène, vraiment, qui font que je peux vomir avant : c’est jouer à Paris et dans ma région, et précisément dans mon village. Dans ces moments-là, je regrette vraiment de faire de la scène. Il y a des antécédents aussi : je passais à Paris et je ratais mon concert, c’était comme si je passais un examen.
Et dans ma région, j’ai fait les pires concerts de ma vie. D’où ma décision de ne plus en faire. Mais difficile de faire pareil pour Paris.
Cette fois, avec la préparation des concerts, je pense que l’on a bien réussi le 104 et le Printemps de Bourges. J’étais détendu, à l’aise. C’était très nouveau pour moi. Et je l’ai fait sans l’aide de la psychanalyse.
Ou de substances…
Non, pas forcément, j’étais un peu aidé… Par la cortisone à cause d’un problème de voix. Et il se trouve qu’elle a un effet incroyable ! C’est peut-être pour ça en fait. Je n’ai peut-être aucun mérite.
Le phénomène Stromae, avec qui tu as partagé la scène du Printemps de Bourges, t’impressionne ?
C’est assez fort de réunir autant de monde avec les thématiques qui sont les siennes. C’est un showman incroyable. Jouer avant lui ce n’est pas évident. Mais ça s’est très bien passé.
Et j’ai découvert, en discutant avec lui, que la chanson qu’il écoutait souvent dans le tour bus de sa tournée précédente était Benjamin. Finalement, Benjaminet Alors on danse, même si c’est les chansons sont très différentes, racontent une histoire un peu similaire. Il avait aussi vu le concert de Noël Songsà la Cité de la Musique.
Je suis sensible aux angles qu’il prend dans ses chansons.
Qu’as-tu ressenti face à l’accueil de Bambi Galaxy ?
C’est assez étonnant comme cet album a pu déstabiliser des gens qui me suivaient depuis longtemps. Ce qui m’a touché c’est quand les gens sont entrés dans l’histoire et dans l’aspect introspectif de l’album. C’est mon album le plus intimiste. Et pourtant, il n’est pas toujours perçu comme cela à cause de l’espace, l’aspect futuriste. On imagine que je suis à 100% dans la fiction.
Je n’ai jamais été aussi proche et en accord avec cette intimité qu’avec cet album-là. Et c’est bien souvent quand on avance masqué qu’on peut se libérer.
Je discute beaucoup après les concerts, j’aime le retour du public. Certains m’ont avoué : « on est passé à côté, mais comme on aimait tellement les autres albums, on y est retourné et tout d’un coup, on a trouvé la porte. » Je suis conscient qu’il faut du temps mais quand on a trouvé la porte on peut voit les relations avec toutes les anciennes thématiques. C’est juste le point de vue qui a changé.
Est-ce que tu regardes un peu le passé ?
J’ai rarement tendance à enjoliver le passé. Au contraire. Heureusement, j’ai des gens autour de moi qui m’aident à ne pas flinguer tous mes albums. Mais j’ai eu une période de plusieurs mois au cours de laquelle je dézinguais Rio Baril, sans l’avoir réécouter.
Parce que c’est l’envie de progresser, de se surprendre et de rattraper les ratés.
Par exemple, je garde un très mauvais souvenir de Rio Baril sur scène. Je n’étais pas heureux, pas accompli. La seule façon de faire la paix avec lui ce serait de le remonter sur scène, ce que je ferai peut-être un jour.
En fait, on doute jusqu’à la fin, enfin j’espère. Et si l’on doute plus, c’est qu’on aurait dû arrêter ce métier depuis longtemps. Ce qui fait que je remonte sur scène, que je fais un nouvel album, c’est l’impression que j’ai, à chaque fois, une nouvelle chance, de faire mieux que la fois précédente – en tout cas, être convaincu qu’on fait mieux, même si ce n’est pas le cas.
Food et musique, ça fait bon ménage ? (en référence à la soirée Foodstockà laquelle il a participé en juin dernier)
Je compare très souvent la gastronomie et la musique, ce sont sans doute les deux choses qui nous animent le plus. On a fait le tour certainement des saveurs en gastronomie et des plats, on ne réinvente plus grand chose et en musique également. Ce qui diffère c’est le point de vue et le fait de mixer les cultures. En musique, il n’y a jamais eu autant de styles différents qu’aujourd’hui.
C’est pareil en cuisine, ça fusionne. C’est ça la vraie nouveauté, et la gastronomie du futur !
Florent Marchet en concert à Paris : Rêves Cosmiques à la Cité de la Musique – Festival Days Off2015 dimanche 5 juillet à 15h et 17h
Flo Morrissey est une jeune artiste londonienne de 20 ans, originaire d’Irlande. Elle écrit et compose depuis ses 15 ans, on retrouvera certaines de ses premières compositions sur son tout premier album Tomorrow will be beautiful qui est sort le 15 juin. Digne héritière de Joni Mitchell ou Vashti Bunyan, sa musique folk et sa voix ensorcelante nous fait voyager à travers les âges. Elle sera en concert le 24 juin au Point Éphémère et le 15 novembre à la Cigale dans le cadre du Festival Les Inrocks Philips 2015.
11 mai 2015, Paris
Nous devons nous retrouver dans un bar du Marais à 16h. Je reçois un coup de fil de son attaché de presse m’annonçant qu’ils ont pris du retard, qu’ils ne sont pas loin dans une galerie d’art et que je peux les rejoindre.
Flo enregistre une session acoustique dans la galerie. J’ai la chance d’entendre deux titres en live. Magique.
Le set fini, elle s’approche de moi pour me saluer. Son regard est hypnotique. Nous partons dans un petit parc à côté rien que nous deux. On discute un peu. Elle me met de suite à l’aise, je lui avoue que c’est la première fois que j’interviewe quelqu’un, elle me dit que c’est un honneur. Mais l’honneur il est pour moi. J’adore son travail, c’est une chance de pouvoir en discuter avec elle. Elle me rassure, me disant de pas être nerveux car mes questions seront bonnes, « It’s not a big deal! »
United States of Paris : Ton album va profiter d’une sortie mondiale, c’est plutôt rare de nos jours pour un premier album. Tu dois être fière. Es-tu effrayée ou excitée ? Flo Morrissey : Je suis excitée. Ces derniers mois je n’ai pas vraiment eu le temps de penser à sa sortie. Je commence juste à réaliser maintenant qu’il va sortir. Je suis excitée oui.
Ta voix est puissante, ta musique vient d’une autre époque qu’on ne peut pas vraiment définir, et c’est la magie de ton album. Quels ont été tes inspirations pour composer, écrire ?
J’ai commencé à composer à l’âge de 15 ans, à cette époque j’écoutais beaucoup de musiciens hommes comme Devendra Banhart, Neil Young, Bob Dylan, Jeff Buckley, mais pour la plus grande partie mon inspiration vient de ma famille. Je n’ai pas vraiment eu d’obsession pour des artistes en particulier. C’est plus que je chante de la façon dont je sens que je dois chanter. Je n’essaie pas de copier, ou chanter comme Lana Del Rey. (Elle me regarde droit dans les yeux, me sourit, voit ma gêne et rit) Est-ce que ça arrive dans une de tes questions ?
– Oui… (rires)
Ta musique, tes clips, ton look, le côté vintage nous font forcément penser à Lana Del Rey, Joni Mitchell ou Lorde ? Ont-elles été des inspirations également pour ton travail ?
Écouter des chanteuses, musiciennes, est quelque chose de vraiment récent pour moi. Pour Lana Del Rey, je pense qu’elle est vraiment talentueuse mais elle chante de la façon dont elle chante et je chante de la façon dont je chante, Je ne vois pas autant de similarités mais les personnes sont toujours là à faire des rapprochements. « Oh ! Lana Del Rey » « Oh ! Adele », etc. Ça fait paresseux de penser de cette façon. Je pense que chacun est unique.
Quand on écoute quelque chose de nouveau on fait toujours des rapprochements…
Oui, oui, comme « c’est un mixte entre Joni Mitchell et Vashti Bunyan ».
Ce n’est pas une mauvaise chose. Je te souhaite le même succès qu’elles.
Oh, je le prends comme un compliment.
C’est ma question égoïste maintenant, mon chanson préférée de l’album est « I only like his hat not him ».
(Elle est surprise) Vraiment ? Cool.
Oui j’aime beaucoup la simplicité des instruments utilisés. Il y a une sorte de mini guitare espagnole. Il y a aussi un harmonium. Ça donne un son très indien dessus. Je suis contente que tu aimes celle-là.
Comment l’as-tu composée, écrite ?
C’est une histoire marrante à vrai dire. Quand j’écris je commence souvent avec le titre. Ma sœur de 7 ans était en train de parler des One Direction. Elle me taquinait. Elle me disait « Oh t’aimes bien Harry Style… » ou quelque chose comme ça et j’ai dit « J’aime son chapeau mais pas lui » (I only like his hat, not him). Mais quelle bonne phrase. Et je l’ai utilisé à ma propre façon. La plupart du temps je ne sais pas à propos de quoi j’écris, j’écris comme dans un journal intime.
Maintenant avec le recul, je pense que cette chanson est à propos de gens qui ont de la jalousie, ce genre de choses. Oui ça vient de ma sœur.
One Direction est très loin de ta musique !
Oui, exactement. (rires) Mais j’aime bien ce côté bizarre, étrange. Car tu ne sais jamais d’où peut venir ton inspiration.
Le 12 mai, tu as fait la première partie de Tobias Jesso JR à la Gaîté Lyrique, tu l’as également fait en UK. Est-ce stressant de chanter devant un public qui n’est pas venu pour toi ? Oui. C’est assez marrant aussi, puisque tu peux trouver une sorte de jouissance dans le fait qu’ils peuvent aimer ou ne pas aimer. C’est comme un pari, tu peux perdre beaucoup ou gagner beaucoup. C’est effrayant, mais je suis excitée de faire aussi mes propres shows bientôt pour la première fois.
Mais je suis très chanceuse de faire les première partie de ces artistes (Damon Albarn, Vashti Bunyan, etc.), c’est une très bonne expérience.
T’ont-ils donné des conseils ? Vashti Bunyan a été très gentille mais elle semblait très nerveuse aussi et c’est rassurant de voir quelqu’un qui a 70 ans être elle aussi stressée avant un concert. Elle m’a donné des potions que je devais boire avant de chanter. J’ai joué pour un groupe anglais The Staves. Ils ne prenaient pas les choses trop sérieusement et c’était plutôt bon pour moi, ils ont beaucoup d’humour. Moi je suis très sérieuse, mais je suis jeune et je dois me rappeler que la vie est fun. Je dois apprendre à ne pas prendre les choses trop sérieusement. C’était une bonne expérience.
Ton premier concert en tête d’affiche sera le 18 juin à Londres, et ensuite le 24 juin à Paris (au Point Éphémère), tu vas jouer pour la première fois avec un groupe. C’est plutôt nouveau pour toi. Comment te sens-tu ?
Je suis très excitée. On a eu 3 répétitions. On n’est pas vraiment prêt. On a réellement joué que 3 fois ensemble. Je suis très excitée car ce sera plus cinématographique. Ce ne sera plus seulement moi et ma guitare ou mon piano.
Penses-tu faire des vidéos ? Des projections sur scène ?
Oui, peut-être. C’est une bonne idée !
J’ai vu la vidéo où tu chantes la chanson de Françoise Hardy dans le Parc des Buttes Chaumont, il y a aussi ta chanson Little Boy où tu utilises le français. Est-ce une langue que tu parles couramment ?
Non pas encore. J’ai passé un mois en France en Novembre, j’ai essayé. J’ai appris le français, mais je n’y suis pas encore. Un jour.
Tu sembles avoir quelque chose de spécial avec la France ? Peux-tu m’en dire plus ? J’adore la France. Je ne sais pas ce que j’aime vraiment. Je suis allée dans une garderie française quand j’avais 3 ans. Je ne sais pas, je pense que c’est l’atmosphère romantique qu’il y a ici que j’aime.
Qu’aimes-tu dans la musique française ?
Je pense que c’est la même chose, c’est le côté romantique. Comme Françoise Hardy. C’est simple mais puissant aussi. Comme Serge Gainsbourg, Charlotte Gainsbourg aussi. Ils ont ce « je ne sais pas » oh non ! « je ne sais quoi » qui fait que c’est cool. C’en est même ennuyeux la façon dont ils sont cools. (rires)
Et dans la musique actuelle ?
Je connais Ibeyi, j’ai joué avec elles aux USA. Je les aime beaucoup.
Quel est ton quartier préféré à Paris ?
J’aime le Marais, j’aime le quartier autour de l’hôtel Amour. J’ai enregistré une chanson avec Philippe Zdar dans ce quartier, son studio est à Montmartre.
Quelques mots en français pour conclure cette interview ?
(Elle réfléchit) Ce n’est pas vraiment des mots ou une phrase spécifique. Mais on m’a demandé l’autre jour comment je décrirai ma musique et un musicien français m’a dit pour la décrire « détente ». J’aime bien.
Je lui demande si elle peut prendre un selfie que je pourrai utiliser pour l’article. Elle est d’accord. Prends mon téléphone et m’attends.
-Non non, seulement toi.
– Ah mais je pensais que c’était nous deux, tu es sûre ?
– Oui oui, mais on peut en prendre une après si tu veux ce sera mon petit bonus.
– Oui, cool. Super !
On se lève, j’ai le droit à un hug. On promet de se revoir le 24 juin pour son concert parisien.