C’est une femme de caractère que nous découvrons ce mardi. En effet, alors que son album était terminé, l’élection de Donald Trump vient bousculer l’agenda des pensées de Natalie Prass.
Cherchant à comprendre comment son pays avait pu en arriver là et s’interrogeant sur ce que pourrait être son (l’)avenir, l’artiste se met donc à réécrire son album. En ressort alors une réflexion sur la place des femmes dans la société et l’industrie de la musique, le féminisme, l’empowerment à l’ère Trump.
C’est le fruit de ses observations, The Future and The Past, qu’elle vient nous livrer en live.
Scintillante et enivrante
Telle une majorette fraîchement débarquée du Magicien d’Oz, Natalie grimpe sur la scène du Café de la Danse, accompagnée de ses quatre musiciens.
Le ton de l’album étant provocateur et politique, on s’attendait à des musiques graves. C’était mal connaître la sensibilité et le positivisme de la chanteuse et compositrice américaine.
Dès les premières notes, la musique se fait festive, enivrante, groovy, pop, jazzy.
C’est tout un art de transformer des sujets graves en chansons feel good qui nous donne une seule envie : danser. Cette façon de rassembler grâce à sa musique, on le ressent parfaitement sur des titres comme Sisters, un appel à l’entraide féminine, une véritable ôde à la sororité, ou encore sur The Fire qui creuse la noirceur d’une romance perdue.
En dehors de sonorités jazz, on sent une influence parfaite des 90’s, un brin RnB, comme sur l’entêtant Never Too Late ou le dansant Ain’t Nobody.
Le temps file et c’est déjà le temps pour Natalie Prass de remercier chaleureusement Paris. Mais elle nous laisse tout de même avec une pensée rassurante : l’Amérique post-Trump nous réserve sûrement encore de belles surprises artistiques.
La perspective d’aller voir un concert de Mariah Carey nous plonge dans nos souvenirs d’adolescent. Mais si en plus on y associe Noël, on retombe carrément en enfance. La diva aux 200 millions d’albums vendus est de retour en ce début du mois de décembre pour son show iconique All I want for Christmas is You, un carton outre-Atlantique qui méritait bien une deuxième édition en France.
C’est devant l’Accorhotels Arena assis et quasiment complet que le rideau rouge dévoile un décor féerique : sapin immense, cadeaux gigantesques, des musiciens et des choristes en costumes immaculés, et au milieu, Mariah, dans une imposante robe blanche ornée d’ailes d’ange, cheveux tombant en cascade sur ses épaules. Le véritable rêve de princesse de toutes les petites filles.
Un show de Noël à l’américaine
Les tableaux délicieusement kitschs s’enchaînent au rythme des changements de tenues de Mariah. Dans un esprit très “show à l’américaine”, la chanteuse est tantôt rejointe par des danseurs ou des enfants, même sa fille déguisée en rennes, vient lui donner la réplique.
Mariah nous offre ses plus belles interprétations des classiques de Noël telle Joy to the World ou Holy Night. Elle ravit également son public en chantant ses hits Hero et We belong together ainsi qu’avec une nouvelle chanson The distance, extraite de son dernier
album Caution.
Au bout d’une heure et demi, Paris est conquis. La fin du show est proche, mais tout le monde sait qu’il reste le fameux All I want for Christmas is you. La scène se vide. L’Accorhotels Arena résonne des applaudissements de la foule. Et voilà que se dessine le tableau final : le Père Noël, les danseurs, les musiciens, les choristes, tout le monde danse et virevolte autour d’une Mariah Carey éblouissante dans un costume scintillant. C’est la dernière chanson, on donne tout. Dans un final enneigé, elle s’échappe.
Les lumières se rallument, chacun repart emplit de joie et chantonnant.
C’était définitivement la dose de “feel good” qu’il nous fallait en ce mois de décembre pluvieux.
Si on vous dit “Noël”, vous pensez certainement aux guirlandes, au sapin, aux lumières, aux cadeaux, au Père Noël, au chocolat… Et si on vous dit “chanson de Noël” ? Il y a forcément une chanson qui vous vient tout de suite en tête ! Une chanson qui dès les premières notes, vous fait pétiller les yeux et vous transporte instantanément dans l’esprit des fêtes. C’est bien sûr le tube de Mariah Carey : All I Want For Christmas.
All I Want For Christmas est le single des fêtes le plus vendu chaque année et on comprend pourquoi ! Mariah a écrit et produit un véritable tube, indémodable, intemporel, qui nous emporte directement dans l’esprit festif de cette période magique.
En véritable ambassadrice de Noël, la diva Mariah Carey propose de célébrer Noël en avance à l’AccorHotels Arena de Paris avec son show All I Want For Christmas Tour, le vendredi 7 décembre 2018.
Mariah propose avec ce spectacle de célébrer Noël en avance avec les chansons qu’elle aime tant tout en chantant également ses plus grands classiques.
Pour l’occasion l’Accorhotels Arena prendra des airs de fêtes avec des sapins, des guirlandes, le Père Noël… Vous trouverez aussi un photocall qui vous permettra de prendre de jolies photos. Et pourquoi pas déguster un bon verre de vin chaud tout en écoutant Mariah Carey chanter.
Une soirée magique en perspective
A noter que les stands de restauration de la salle proposeront un menu spécial Noël.
En attendant vendredi, on va écouter en boucle l’album Merry Christmas de Mariah Carey pour se mettre dans l’ambiance et se chauffer la voix.
Mariah Carey en concert le vendredi 7 décembre à l’AccorHotels Arena de Paris (Live Nation)
Des places sont encore disponibles, prenez vite les vôtres ici!
Bastian Baker a fait une halte à Paris pour la promo de son 4e album. En pleine tournée mondiale en première partie de Shania Twain, le chanteur suisse assure aussi bien en sourires qu’anecdotes autour de ses nouveaux titres dont certains ont été conçus à Nashville avec un célèbre producteur américain.
L’ancien hockeyeur n’a pas fini de surprendre.
Il sera en concert le 18 mars 2019 à la Maroquinerie.
INTERVIEW
USP : Où a été écrite Stay ? Quelle est l’histoire de cette chanson ?
Bastian Baker : Stay, c’est une chanson qui m’a pris le plus de temps à écrire de ma vie. Elle m’a pris trois ans.
Quand même !
Parce que ce n’était pas Stay quand j’ai commencé à l’écrire.
J’étais dans les rues de Melbourne. J’écris souvent des mélodies en me baladant, en marchant. J’ai des mélodies qui me viennent en tête et je les enregistre sur dictaphone. J’avais commencé avec “nana ni na na nana…“. Et j’ai un bout de texte qui a germé et il resté dans mon téléphone. Puis j’ai terminé la chanson l’année dernière à New York avec Vlad Holiday.
Je suis arrivé chez lui en studio le matin et lui ai dit : « j’ai ce truc que j’ai fait il y a trois ans à Melbourne ». Je lui ai chanté et il a trouvé que c’était vraiment cool. Du coup, on a commencé à bosser sur ça. Dans le couplet, ça parlait justement de ce côté de la balade dans la ville avec les lumières, un côté un peu vide que tu peux ressentir dans certaines villes.
C’est une chanson qui a voyagé de Melbourne à New York !
Du coup, on a on s’est inspiré de ma soirée que je venais de passer à New York. Et un peu de ce côté très éphémère de la vie de tournée, du fait que parfois t’aimerais bien rester un peu plus longtemps.
C’est comme ça que Stay est née.
Au fur et à mesure qu’on l’écrivait, j’enregistrais. Ça se passait super bien, je faisais une prise et puis on doublait. Finalement quand on est retourné en studio quelques mois plus tard pour essayer une version plus pro, ça ne sonnait pas mieux. Du coup, on a gardé les premières prises parce qu’il y a un côté assez nonchalant que j’ai rarement. C’est ça qui la rend un peu différente.
Tu rentres de tournée avec Shania Twain. Que retiens-tu de ces dates aux States ?
Il n’y a pas forcément de leçon à retenir parce que je n’ai pas l’impression d’avoir découvert quelque chose de forcément nouveau. J’ai quand même beaucoup tourné. Mais c’est vrai que là c’est d’autres dimensions. C’est une centaine de personnes sur la tournée. C’est dans le top 5 des plus grandes tournées de l’année avec Timberlake, Taylor Swift, Beyoncé, Jay-Z et Def Leppard. Et pour Shania Twain, c’est pour une tournée come back. Tu te rends compte de la légende que c’est. Je pense que ce que j’ai le plus appris avec elle c’est vraiment la relation aux fans. Elle prend le temps de faire monter des gens sur scène, de discuter même, malgré le fait que c’est une grosse production. Parce que pour des plus petits concerts c’est assez commun d’avoir des gens sur scène.
Surtout que c’est hyper millimétré les shows américains !
Super millimétré ! C’est vraiment à la seconde. Mais elle arrive à rendre ça quand même spontané. Je pense que c’est un objectif quand tu fais une tournée pareille : arriver à avoir ce côté millimétré mais en même temps le facteur humain qui reste hyper présent.
Et donc tu vas intégrer ça dans ta tournée ?
Oui ! Il y a beaucoup de choses que Shania Twain fait sur sa tournée dont je vais m’inspirer quand même.
Mais dans chaque concert que je vais voir, je suis le mec dans le public qui est plutôt les bras croisés en train de regarder ce qu’il se passe. J’ai découvert plein de trucs. Et parfois des trucs super simples. Je me souviens avoir vu Green Day au Montreux Jazz Festival. Les mecs faisaient des sauts… ils décollaient !
Mais ce n’est pas possible qu’ils sautent aussi haut. En fait, derrière leurs retours, ils cachaient des petits mini-trampolines. Ils sautaient dessus.
Du coup, ça donne une élévation. J’ai fait ça sur toutes mes tournées. Et chaque fois que des gens voient des photos de moi en train de sauter, ils disent “Mais c’est un truc de fou ! Il faut que tu fasses l’athlétisme !”
Qu’est-ce qu’il reste du hockeyeur en toi ? Que retiens-tu de ta pratique hockey pour ta carrière musicale ?
Bastian Baker : Bien sûr ! Je pense que c’est même une partie hyper importante. Il me reste la discipline et la motivation et aussi l’esprit de camaraderie. Ce côté très bon gars que le hockey a finalement. Et puis une notion de travail que tous les artistes n’ont pas forcément.
Se dire : “On sait ce qu’il faut pour arriver à tel ou tel succès et on va le faire“. J’ai encore des contacts avec pas mal de monde dans ce milieu, plein de potes qui jouent. Du coup, je vais vraiment voir les matchs avec plaisir.
C’était assez spécial pendant la tournée avec Shania parce que l’on jouait dans quasiment toutes les arénas de hockey et c’était assez génial pour moi. C’était un peu comme le parfait équilibre. 😉
Les critiques peuvent te blesser ?
Non absolument pas. Je pense que c’est probablement une de mes forces. Et même si quelqu’un de proche qui critique, ça ne me touchera pas forcément. Moi j’aime plutôt ce qui construit plutôt que ce qui détruit. Mais si c’est constructif, pourquoi pas… Après j’ai eu beaucoup de chance aussi, je pense que dans ma vie, j’ai lu trois commentaires négatifs sur Instagram. Je n’ai pas de haters, de fous furieux dont le but est de détruire ma vie. J’ai la chance de ne pas avoir tous ces côtés un peu négatifs que la musique véhicule parfois.
Pourquoi avoir sollicité Jacquire King pour cet album ? Qu’espéraitu qu’il t’apporte ?
Jacquire King estune légende. C’est un producteur vraiment reconnu. Il bosse avec des artistes que j’adore, j’admire et j’apprécie : King of Leon, James Bay, Of Monsters and Men. Il a bosé sur le prochain Shawn Mendes et aussi avec James Bay. Son album, surtout la section rythmique qu’il a mis en place, est un truc qui m’a beaucoup touché. D’ailleurs, c’est le même batteur que pour James Bay qui joue sur les trois titres que j’ai produit avec Jacquire King.
C’est aussi par Shania Twain que je l’ai rencontré. Après j’y avais été un peu au culot.
Comment ?
On a eu un rendez-vous un matin, j’ai pris ma guitare, je lui ai joué des titres et je lui ai dit “Je veux bosser avec toi !” Au début, on devait faire un titre. Finalement, il a vraiment bien aimé la vibe. On en a fait trois. Et puis, ça reste une expérience assez spéciale, assez unique.
Il y a beaucoup d’idées, de créativité, une manière de bosser vraiment très précises, bien à lui. Et donc c’était aussi la première fois que je me mettais un peu en recul. Parce que d’habitude, c’est moi qui produis.
Et ce qui totalement inhabituel pour moi : c’est de passer dix jours en studio pour enregistrer trois titres. En général, je passe dix jours en studio pour en enregistrer douze !
Quels titres avez-vous faits ensemble ?
Love on Fire, Down et Time. Je lui avais envoyé une sélection d’une soixantaine de chansons, et c’est les trois titres qu’il a sélectionnés. Ceux sur lesquels il a senti qu’il voulait bosser en fait.
Est-ce que Nashville a des vibes différentes d’une autre ville pour faire de la musique ? Ou c’est juste un décor avec des fantômes illustres ?
La vibe est un peu régie par la population. Il n’y a que des songwriters,des producteurs donc une sorte de centre de créativité absolument fou. Ici, n’importe quel mec avec qui tu vas bosser te dira qu’il a bossé sur Pink, Lady Gaga ou un truc de country qui marche.
C’est vrai qu’il y a vraiment un réservoir de talents assez fou qui te donne la possibilité, au quotidien, d’écrire des belles choses.
A Nashville, chaque jour, j’avais différentes cessions d’écriture. C’est génial parce que tu commences, tu ne sais pas où tu vas, tu trouves que c’est cool et finalement tu te perds. Tu arrives à la fin, tu as écrit une chanson et tu trouves que c’est la meilleure chanson que tu aies écrite de ta vie. T’es obligé sinon, ça ne sert à rien de l’écrire.
Tu peux le faire tous les jours si tu veux. Et c’est cette offre qui fait de Nashville la capitale de la musique.
Sinon, niveau personnel aussi, j’ai un de mes meilleurs potes qui joue au hockey dans cette ville : Roman Josi, un suisse. Il est le capitaine de l’équipe de Nashville. Du coup, mes journées se résument en : j’écris des chansons la journée, ensuite je vais voir un match de hockey. Je vais bouffer dans un bon restaurant et je vais boire des coups jusqu’à 3h du mat’. Et je recommence le lendemain. Donc c’est assez idéal. Mais faut pas rester trop longtemps. 😉
Quelle est la chanson la plus ambitieuse de l’album, celle qui a demandé le plus de travail, le plus d’arrangements ?
Down est clairement une chanson qui a nécessité beaucoup d’arrangements, où on s’est posé beaucoup de questions.
Un jour en studio, il y avait vraiment de gros doutes.
Finalement Down est la chanson préférée de chaque musicien à qui je fais écouter l’album. Dans les arrangements, dans la dynamique, il y a un truc qui séduit.
Quel est l’endroit le plus surprenant où a pu être composé ou écrite une chanson ?
Bastian Baker : Un lieu qui sort de l’ordinaire, c’est pour la chanson Six. J’étais à l’aéroport de Miami, dans la salle d’attente. Et le vol a été décalé d’une demi-heure parce qu’un des pneus avait crevé. Et c’est dans cette demi-heure là que j’ai écrit le texte. C’était un rush. J’ai écrit Day one, day two, day three. Il y avait un côté très méthodique et d’angoisse. Si l’avion n’avait pas eu de problème, il n’y aurait pas eu de chanson ! 🙂
J’ai bien aimé aussi So Low. Quelle est son histoire ?
A la base de cette chanson, il y a la relation que j’ai eue il y a quelque temps avec une actrice qui était passablement plus âgée que moi. Et un peu mon opposé. C’est à dire que j’aime bien boire un coup, elle ne buvait pas. Je suis très actif, nature… elle aimait plutôt rester à la maison pour lire un livre. On était vraiment super différents. Mais il y avait quand même cette attirance du côté extrême de l’un et de l’autre. Et c’est comme ça que j’ai commencé à écrire les couplets : “I fell in love with you, stil don’t know why. We’re total opposite…” C’était basé sur de nombreuses parties de cette courte relation que j’ai eue. Ça n’a quand même pas marché à la fin. 😉
Est-ce que tu vas lui envoyer le titre ?
A chaque fois que j’ai écrit des chansons grâce à des relations, j’ai envoyé la chanson à la personne.
Et son retour ?
Ca fait six mois qu’on ne parle plus. 🙂
En l’occurrence, elle l’aime beaucoup mais elle a une autre chanson préférée : Light & easy. Elle adore cette chanson !
Ce mercredi, on se presse pour découvrir Vertigo, le premier album du groupe MINUIT, qui joue à domicile au Bus Palladium.
En 2015, on avait pris une claque avec son EP, à grands coups de Flash. Aujourd’hui, on s’attend donc à tout mais surtout au meilleur de la part des dignes héritiers des Rita (on tentera d’arrêter là toute comparaison).
Les membres de Minuit affichent directement ses objectifs : nous enivrer avec leur cocktail éponyme, nous divertir grâce à un personnage haut en couleur et surtout nous faire danser. On est en pleine semaine, on n’était pas prêt pour autant de folie.
Et voilà que la bande apparaît sur scène, portée par Simone Ringer et son allure toujours très seventies parisienne entourée de ses boys : Raoul Chichin, Joseph Delmas, Klem Aubert.
La chaleur monte rapidement alors que défilent les titres de ce Vertigo : c’est du funk, c’est du rock, c’est de l’électro, c’est du chant… On se laisse complètement happer par les riffs de guitare et le déhanché de Simone. La chaleur monte et on est à bloc sur le titre Paris Tropicale. On tombe en amour sur Le Goût du Sel, on fuit avec Exil, bref on adore Vertigo !
Le live termine en fureur avec deux reprises aussi inattendues que savoureuses : DR. Beat des Miami Sound Machine et You Should Be Dancing des Bee Gees. Clap de fin.
Il est bientôt minuit et on n’a qu’une envie, faire la fête jusqu’au bout de la nuit.
On réaffirme notre amour pour Minuit, Simone, Raoul, Joseph et Klem. Si vous ne les connaissez pas encore, vous avez 12 titres pour le faire et 0 excuse !
Pitchfork Music Festival Paris 2018 !
Vendredi incroyable à la Grande Halle de la Villette avec 10 lives, 10 univers musicaux bien distincts, autant que de styles vestimentaires aussi bien côté artistes que côté festivaliers. Ça parle pas mal anglais dans le public du Pitchfork, c’est génialement dépaysant !
Belles têtes d’affiche pour ce Pitchfork Paris 2018 avec Bagarre, CHVRCHES et Dev Hynes alias Blood Orange !
Et des révélations qui assurent : Dream Wife, Car Seat Headrest, Lewis OfMan, Boy Pablo…
Bagarre : on jouit ensemble !
Jouissance est le mot juste. Ce groupe métissé est d’une incroyable fougue. Le pouvoir hypnotique de sa musique fait soulever les pieds du sol. Le gouffre est aussi génial en live qu’en solo sous sa douche. Bagarre c’est un peu Arcade Fire en jogging. Les membres du groupe comme les canadiens changent d’instrument, se succèdent en leader vocal. Chacun a son voix et son charisme sans déstabiliser l’équilibre du set.
Fin de concert en mode « j’encule ton père » (« ta mère » est has been), une guitare démembrée et une batterie démontée.
CHVRCHES : tout pour Lauren
Le charme de Lauren Mayberry est imparable. A tel point que j’ai oublié involontairement de shooter les autres membres du groupe CHVRCHES. Honteux ! 😉
Je me suis laissé emporter, charmer par son jeu de scène, sa voix impossible à imiter.
Les garçons et les filles autour de moi qui connaissent les chansons préfèrent chanter en play-back tant le timbre de Lauren est particulier.
Les nouveaux titres Graffiti,Miracle sont aussi efficaces que les airs connus.
On peut juste regretter que les versions live soient des copier-coller des versions album. J’aurais aimé être surpris.
Blood Orange : il faut le voir pour comprendre
Dev Hynes alias Blood Orange est un artiste assez fascinant à observer. Il est capable de prendre la guitare pour 2 accords et de la reposer, se mettre au piano à queue pour terminer une chanson.
Et sa balader avec 2 bandanas à la main alors qu’il en a déjà un noué sur la tête. Il a joué avec tout le long du concert. Je pensais innocemment qu’il les jetterait à ses fans dès le premier titre.
Musicalement c’est étrange aussi. Il n’est pas évident d’adhérer quand on ne l’a jamais entendu avant. Il y a une sorte d’abstraction étrange. Difficile de repérer dans les premiers titres du set des refrains accrocheurs que l’on pourrait répéter en chœur. Il n’en reste que son live est à voir.
Dernière source de fascination : son compte Instagram. 25 publications et déjà 309 K followers. Total respect !
Juste avant Pitchfork Paris 2018 a accueilli des révélations à gogo, petit tour des sons du moment :
Boy Pablo : la fraicheur adolescente
Ça rappelle une amourette de vacances en mode ado. On n’est pas très beau mais joyeux comme des petits génies pensant qu’on est les seuls à vivre et à faire ce que l’on fait. Bien sûr il y en a plein d’autres qui font pareil.
Boy Pablo ne réinvente pas la pop acidulé mais il n’en est pas moins attachant.
Tirzah, la discrète
Long sweat, bas de survet’. Comme une impression que Tirzah aurait pu sauter du lit et filer direct sur scène. Son entrain et son charisme ne sont pas ses qualités premières. Sa voix captive fort heureusement au-delà de toute nonchalance.
Le titre All I want is you est trippant, This is your devotion emporte dans une rythmique lancinante. Hâte de la voir prendre de l’assurance.
Dream Wife : les audacieuses de Brighton
Un trio d’adorables bad girls venu de Brighton qui envoie un rock pulsé à donf. Dream Wife, c’est énergique. Le bas résille sous le shorty de sport génialement décalé.
Ces filles savent laisser un souvenir impérissable de leur live, la preuve avec ce concert court mais intense au Pitchfork Paris 2018 qui se termine par un“Big fuck to gender norms!”
Lewis OfMan : il a tout d’un grand
Il ne faut pas se tromper. Lewis OfMan est bien français malgré ce nom de scène très anglo-saxon. T-shirt blanc, bas de survet’ rouge, le DJ juvénile se la joue à la cool pour un set guilleret, romantique et love love à souhait.
Y’a un peu de guimauve dans l’electro, du Cerrone version meilleur poto, voire David Guetta qui aurait la petite vingtaine galvanisant les foules. Les fans connaissent les paroles par cœur de Je pense à toi et Plein de bisous.
Et là franchement, ça m’arrive très rarement, mais je me suis senti vieux.
Car Seat Headrest
Un côté Beck dans la voix de Will Toledo et de The Horrors aussi avec moins de style. Le bas de pantalon tout mou idéal pour une séance de yoga, c’est moyennement classe.
On lui préfèrera le charisme plus avenant du guitariste aux cheveux blonds bouclés ou d’Andrew Katz le batteur avec son serre-tête éponge de tennisman.
Le rock des Américains de Car Seat Headrest emportent la mise, surprend et donne envie d’en écouter plus.
Chromeo
Nos « cousins du Canada » assurent le show à deux avec force de faisceaux lumineux, d’electro-clubbing et de bidouillages vocaux. Les jambes qui portent leur platine sont sexy et lumineuses. Dave 1 est le bogosse de ces dames, gendre idéal, ligne parfaite. Alors que Pee Thugg est l’ourson déconneur qui fait des tresses à sa barbe et qui est capable d’émoustiller les amoureux.ses de torse poilu.
Pitchfork Paris 2018 n’est pas fini! Ce samedi, un plateau de 11 lives t’attend pour réussir ton week-end.
Aussitôt terminé sa première tournée, Radio Elvis est reparti à l’écriture, renforcé par l’énergie du live et des plus de 250 concerts.
Le nouvel album Ces garçons-là est un écrin magnifique réunissant 11 titres virtuoses.
L’ensemble est porté par la poésie de Pierre Guénard et les compositions avec ses deux compagnons de route Manu Ralambo et Colin Russeil.
J’ai déjà le coeur accroché à New York, Prières perdues et La Sueurs et le sang.
Interview Radio Elvis
UsofParis : Que retenez-vous de la première tournée de Radio Elvis ?
Pierre Guénard : En 250 dates, on a appris à se connaître ! Colin, le batteur, et moi, on se connaissait déjà. On a fait le premier EP ensemble. Manu est arrivé sur la fin de l’enregistrement.
Dans un bus 9 places, ça crée des liens (ça peut aussi les défaire). D’ailleurs, ça a fait les deux. 😉
Au début, on n’avait pas les mêmes références, on s’est fait écouter des choses.
Et pour le deuxième album, on s’est rendu compte que l’on avait les mêmes envies, le même vocabulaire pour parler musique. C’est important d’avoir les mêmes mots pour parler d’un son.
C’est quand même très abstrait.
C’était ma première expérience de tournée, je découvrais tout. J’ai appris mon métier.
Vous avez fait de belles scènes !
Manu Ralambo : Le plus bel exemple : on jouait dans un joli théâtre de verdure au bord de la mer et le lendemain on se retrouvait dans une église à l’autre bout de la France.
Après la grande scène des Francos, on jouait quelques jours plus tard dans un champ, sur des tapis. Pierre : On a fait une tournée de villages où on montait la scène tous les jours !
Ça nous appris à gérer notre stress et surtout à savoir ce qui était important sur scène. On a eu toutes les galères possibles en concert. Et en fait, on s’en sort toujours ! 🙂
Faire un mauvais concert, ce n’est pas possible ! Notre métier, c’est de savoir gérer les imprévus. Manu : On trépigne là. On a envie de retrouver la route.
Un groupe, c’est un peu un couple. Quel type de couple êtes-vous ?
Pierre : On est un couple apaisé. Il y a eu des moments de tension même pendant la tournée. Il y a eu tout un automne compliqué entre nous. On galérait dans nos vies et aussi sur scène et on avait beaucoup de pression, avant la Cigale.
Nous avions 40 dates en trois mois. Et après la Cigale, ça nous a libérés. En fait, on est un couple organisé. Dans la gestion du groupe, chacun a vite trouvé sa place. Je m’occupe du RP, des médias, de l’image. Colin et Manu, plus de la partie technique. En plus, on trouve maintenant chacun notre place artistiquement, ce qui n’est pas forcément évident.
J’ai eu l’impression d’une énergie live en écoutant certains titres.
Pierre : L’album dégage plus de live car nous avons appris à jouer ensemble. On s’est plus lâché sur ce disque. On joue mieux depuis le premier, on a de meilleurs instruments et ça compte. Et on a enregistré sur bande. Au final, on a plus confiance en nous.
Prières perdues est un titre très fort !
Manu : Pour ce titre et La sueur et le sang, on s’est dit faut qu’on les fasse de A à Z sans rien couper. Jouer live.
Pierre : C’est une prise totale. On a fait venir un pianiste exprès en studio, Nicolas Subrechicot (le pianiste de Lou Doillon). Il a enregistré aussi New York, plusieurs titres. On voulait jouer en live. Donc on devait être quatre.
Pierre : Quelques titres de l’album n’ont pas été écrits en tournée, mais les premières phrases ont été écrites pendant, comme 23 minutes.
J’ai repris des vieux carnets.
J’ai commencé à écrire en octobre 2017 et on a commencé à enregistré en mars 2018, en 10 jours. On a tout composé en 6 mois. Il fallait vraiment qu’on s’arrête. Et que l’on joue pour nous.
Il y avait une urgence à dire les choses, sans trop réfléchir, se laisser aller dans la spontanéité et dans la confiance.
C’est très laborieux l’écriture des textes pour moi. Je réécris beaucoup. J’ai parfois un carnet entier pour une seule chanson.
Quelle est l’origine de Prières perdues et Fini fini fini ?
Pierre : Ce sont deux textes qui sont apparus en même temps, le 13 novembre 2015, le jour des attentats et le jour d’enterrement de mon grand-père. Sur la route pour rejoindre le groupe après l’enterrement pour un concert, j’ai écrit Fini fini fini. Et le soir, on dînait ensemble et on apprenait les nouvelles. J’ai commencé à écrire Prières perdues dans la chambre.
C’était aussi l’anniversaire de ma soeur. C’était très éclaté émotionnellement.
Et la vie en France a vraiment changé à partir de ce jour-là.
Le titre New York a-t-il été écrit sur place ?
Pierre : La grille d’accord s’est faite en tournée. On écoutait pas mal Kevin Morby. Cette grille d’accord m’évoquait ce musicien.
On faisait une session de défrichage dans les Landes, au Manoir de Léon, en studio. C’est le premier titre que l’on a commencé à travailler avec Fini Fini Fini.
On était hyper enthousiastes. Mais j’ai mis un an à trouver les paroles.
Ça nous évoquait tous New York parce qu’il y avait ce piano à la Mickael Nyman.
Une atmosphère un peu briques, des films de Spike Jonze, Arcade Fire, MGMT.
L’ambition pour cette chanson était d’en faire notre Ultra Moderne Solitude à nous. On adore cette chanson de Souchon, elle est magnifique. Ça m’a d’ailleurs empêché d’écrire car je trouvais toujours moins bien que l’original. Mathieu Lescop m’a aidé à écrire les refrains.
New York s’épuise, la musique ça épuise ?
Manu : Oui ! Je me souviens quand on s’est dit qu’on allait commencer à composer. Se mettre au piano, à la guitare, puiser, chercher. C’est de l’énergie ! Pierre : C’est une charge mentale dense, quand on entre en studio. Ne rien oublier de ce qu’on s’est dit, de ce qu’on a projeté.
On avait pas mal pris de notes, Manu aussi.
Quand j’ai fini mes voix, j’ai cru que j’allais faire une dépression. Parce que la pression, les contraintes. On n’a pas de studio à vie.
Un accident heureux pour ce nouvel album ?
Pierre : Le publison ! 🙂 Manu : On a enregistré dans un studio des années 90 où Noir Désir a enregistré l’album 666.667 Club. Il y avait une machine électro qui déconnait. Et notre ingé son s’est amusé avec “cette panne” pour faire des effets. Au final, il l’a mis quasiment partout. Pierre : Ce qui est heureux aussi c’est que l’on a fait avec les éléments qu’il y avait sur place : le piano à queue, rhodes bass comme The Doors, ça a donné la direction première de l’album. Denis Barthe, le batteur de Noir Désir, nous a prêté aussi le synthé Juno 106 avec tous les réglages de Des visages, des figures. J’étais subjugué.
Ça a participé à la magie de l’enregistrement.
Quel homme êtes-vous ?
Manu : Depuis l’enfance, je n’y pense plus trop. 🙂
On me dit beaucoup : “tu as une part de féminité“. Et je m’en fous ! 🙂 Pierre : Je n’ai jamais été pris pour quelqu’un de viril. Je me suis fait souvent traité de PD – alors que je ne voyais pas en quoi c’était une insulte. Il se trouve que toutes les références que j’aime sont souvent très gayfriendly. Et je plais beaucoup aux homos en général. 😉
A une interview sur mes séries télé d’enfance, j’ai répondu Xena la guerrière, symbole pour les lesbiennes.
Parfois, je doute. Avec ma copine, on en rigole !
J’aime bien les mecs. J’aime les beaux hommes, comme les belles femmes.
Pour le clip de Ces garçons-là, j’ai demandé qu’on filme le cul du torero, car je trouvais les lignes magnifiques. Et ça ne fait pas de moi un homo.
Je fais attention à mon image, c’est un défaut. 🙂
Je suis un homme qui se cherche beaucoup capillairement et vestimentairement.
USofParis te propose de fêter la sortie de l’excellent premier album Kings and Queens du groupe SPARKY IN THE CLOUDS. Rendez-vous vous est donné le jeudi 8 novembre au Hasard Ludique pour la release party. L’occasion de savourer des sonorités folk et modernes venues de la douce Albion.
Sparky in the Clouds c’est avant tout la rencontre de Mathias Castagné, guitariste, et de deux sœurs anglaises, Miranda et Bryony Perkins.
Ce trio produit une folk/pop harmonieuse et aérienne avec un univers visuel qui lui est propre. Il n’y a qu’à regarder le dernier clip aussi étrange qu’emballant.
Sorti le 21 septembre dernier, Kings and Queens regroupe 11 titres avec une musique charmante et une atmosphère rétro pop envoûtante aux sonorités anglaises.
On aime cette approche épurée et moderne des chansons.
Alors on vous propose de gagner des invitations pour le concert du groupe au Hasard Ludique à Paris.
Sparky in the clouds
1er album Kings and Queens (Zamora Label)
En concert le jeudi 8 novembre à 19h30
Hasard Ludique 128, avenue de Saint-Ouen 75018 Paris
Et en tournée :
16 novembre : Salle des Fêtes, Villiers-le-mahieu
17 novembre : Salle de la Bonnette, La Queue Les Yvelines
18 novembre : La Barbacane, Thoiry
18 mars 2019 : Espace Carpeaux , Courbevoie
05 avril 2019 : Les Arcs, Quéven
#Concours
Pour gagner tes invitations, c’est très simple.
Remplis vite le formulaire ci-dessous. Après tirage au sort, les gagnants seront prévenus par mail.
Alors si tu es libre le jeudi 08 novembre 2018, participe. Sparky in the clouds vous promet un live joyeux et intrépide.
MaMA 2018, le festival bat son plein dans une dizaine des salles de concert d’Anvers à Blanche. Ca pulse, rock, pop, se déhanche dans tous les coins pendant 3 soirs. J’ai pioché dans le programme en fonction de ma curiosité. Concrete Knives, Lary Kidd et Walter Dean.
Concrete Knives @ la Boule Noire
Une Boule Noire surchauffée pour le live de Concrete Knives au MaMA 2018. Il est bon de retrouver le groupe qui ne semble pas avoir vieilli depuis la dernière fois.
Les nouveaux titres sont aussi pop relevées que les tubes qui font sautiller.
La chevelure d’Adrien Leprêtre alias Samba de la muerte secoue l’air, la chanteuse n’a succomber à la chaleur malgré son kimono.
En fin de concert, retour à la réalité. Un t-shirt sur poitrine généreuse enfonce le clou : Music is a dirty job… J’ai bien une pote attachée de presse qui approuvera ce message.
Lary Kidd au Rouge Pigalle
Ma première fois dans ce décor culte sans âge de la nuit et de Pigalle. Et c’est un ourson québécois qui m’y a conduit. Lary Kidd un jeune rappeur barbu qui a un phrasé unique avec un bon accent ne permettant pas de saisir pleinement les subtilités de son song-writing aussi bien français qu’english. Mais on se laisse porter et emballer.
Entre deux titres, le rappeur lance « I let the music speaks for me » (Je laisse la musique parler pour moi). Ça claque !
Et une bonne punchline que l’on retient forcément : « Le rappeur le plus sous-estimé du Québec ». Génial !
Rajoutez sa marque de fringue Officiel qui affiche des « Montréal made me immortel » dans les rues de Paris. J’adore !
Mother fucker et des bitch qui ponctuent le live pour se la jouer bad boy époque Eminem. Ce petit côté teigneux de Lary Kidd est très plaisant. Ca l’a fait rire quand je lui l’ai dit, deux jours plus tard. Petit Jésus est son chef d’œuvre.
Et ce qui plait c’est que le rappeur a de la référence artistique en stock : Duchamp, Rubens (il a une de ses célèbres toiles tatouée sur le biceps).
Walter Dean @ Machine du Moulin Rouge
Trois projos vidéo de face qui irritent la rétine tout en envoyant des faisceaux de lumière et des figures géométriques.
Derrière moi, j’entends : « ça fait mal aux yeux ! »
Au bout d’un moment, un balaise me bouche la vue (suis assis), je ne me plains même pas.
Un quadra à chemise manches courtes filme en continu, son smartphone dans une main, sa bière dans l’autre. Est-ce le manager ?
Les compos de Walter Dean sont tellement minimales que l’on a l’impression que le live n’a pas vraiment débuté. Que c’est toujours une longue intro sans fin.
C’est loin d’être dansant, mais ça peut être trippant. Ça fait surtout l’effet d’une performance artistique qui serait sortie d’un musée d’art contemporain.
A la sortie, un mec du métier lance à sa voisine : « Tu sais le punk c’est pas très clair, maintenant ! »
MaMA 2018 c’est aussi Gaël Faye en live. Je ne l’avais pas vu sur scène. Il est puissant ce mec !
J’ai étonnemment aimé Madame Monsieur. De la pop belle comme un coeur ou un baiser. Et j’ai assisté au grand retour de Eagle Eye Cherry qui n’aurait pas fait de concert à Paris pendant 14 ans.
Après The Weekend, un premier single dansant, léger et pop sorti en juin dernier, Charlie Winston nous présente son quatrième album Square 1.
Un disque plus profond qui aborde des sujets d’actualité mais aussi plus personnel. On y retrouve des sons pop, folk, mais aussi de tabla, de kora, de marimba chers à l’artiste qui nous emporte instantanément dans son univers. Joie, légèreté, mais aussi larmes d’émotions, les sentiments sont mélangés à la première écoute et c’est ce qu’on aime lorsqu’on écoute de la musique. De la bonne musique. Entretien passionnant avec un passionné.
Interview-selfie Charlie Winston
USofParis : Quel est le sujet de la chanson Here I Am ?
Charlie Winston : C’est à propos des échecs et du succès. Comment le succès n’existe pas réellement sans échec. Le problème avec la réussite c’est que t’as peur d’échouer.
C’est quelque chose que tu as vécu ?
A certains niveaux oui, mais je pense que chacun d’entre nous l’a vécu. Ce n’est pas nécessairement à propos de moi, c’est à propos du monde. La façon dont il est conçu.
On vit dans un monde où l’on va à l’école dans laquelle on nous enseigne à être au plus haut niveau, à réussir. Si tu réussis tes examens, tu réussiras ta vie, mais ce n’est pas la réalité.
C’est vrai pour certaines professions mais ce n’est pas pour la vie. La vie ce n’est pas avoir réussi chaque jour. C’est comme sur Facebook, tout le monde y montre la plus belle partie de sa vie. Ils ne montrent pas les mauvais moments. On aime donner aux autres de fausses impressions.
Tu étais un élève doué ?
Je n’ai pas vraiment réussi à l’école, je n’ai pas eu de bonnes notes là où je devais en avoir. J’étais lent, je faisais le clown. C’était ma façon d’aller contre ce système.
J’ai choisi d’être musicien. Même si c’était facile de l’être. Les choses sont devenues complexes et j’ai eu ce monde, cette machine construite autour de moi, j’ai eu beaucoup de conversations avec des gens qui sont dans l’attente de ce que tu dois faire ensuite. Et je continue de me battre contre ces attentes.
Maintenant, encore plus que jamais dans ma vie, je vois et je comprends que c’est très important d’échouer. Cet album pourrait être un échec dans les yeux du monde, mais pour moi ce n’en est pas un.
Pourquoi ?
Parce que chaque album que j’ai fait, c’est comme avoir une nouvelle famille, toutes les chansons sont mes enfants. Elles ne seront peut-être pas aussi populaires que d’autres chansons comme Like a hobo mais ça ne veut pas dire que c’est un échec pour moi. Parce que l’échec ce serait de vouloir les faire et de ne pas les enregistrer.
Here I am est peut-être ta chanson la plus personnelle ?
Oui, je pense que c’est la plus personnelle de l’album. Ça raconte une histoire au sujet de ma vie, à propos de qui je suis. Mais je pense que beaucoup de personnes peuvent se sentir proches de ce sentiment. Ne pas être très bon à l’école, ce n’est pas unique. Nous avons tous ce problème, tu peux avoir 16 ans et te sentir en échec parce que tu as de mauvaises notes mais ce n’est pas comme si nous allions tous avoir des jobs très importants. Il n’y a pas assez de jobs comme ça.
Tu devais faire un break avant de réaliser cet album, tes plans ont changé, que s’est-il passé ?
J’avais prévu un voyage avec ma famille pour partir vivre au Malawi. Quelques jours avant j’ai eu un gros problème au dos et j’ai dû annuler le jour du départ. Je n’ai pas pu marcher pendant deux mois. C’était une période assez difficile pour ma famille.
La belle chose avec l’art c’est que quand tu en as besoin il vient à toi. C’est pourquoi c’est assez dur de trouver du bon art de nos jours. Les gens sont plutôt heureux, on a probablement la meilleure économie que l’humanité n’a jamais expérimenté. On a de la chaleur quand on en a besoin grâce à l’air conditionné, de l’eau fraîche, de la nourriture dans un frigo. Tout est plutôt cool et les gens continuent de se plaindre. L’art n’est pas vraiment nécessaire comme il a pu l’être après la seconde guerre mondiale quand on a eu tous ces extraordinaires groupes dont on parle encore aujourd’hui. L’art ça vient quand tu en as besoin et j’en ai eu besoin donc c’est revenu à moi.
En juin, on a pu écouter The Weekend, une chanson catchy, pop. Je trouve que ce n’est pas très représentatif du reste de l’album. Pourquoi avoir choisi ce morceau comme premier single ?
Charlie Winston : J’ai eu cette conversation avec quelques fans, sur Facebook notamment. Je suis complètement à l’aise avec ce que tu dis. Ce que les gens ne voient pas – et c’est naturel – quand avec ma famille on a dû traverser ce moment difficile, ça a été si lourd qu’on avait vraiment envie de légèreté.
Quand tu vois tes enfants quand tu mets de la musique et qu’ils se mettent à danser, ils apportent cette légèreté dans tout. J’adore l’idée que danser c’est en quelque sorte une façon d’oublier.
C’est comme ça que la chanson est née. Cette chanson qui est très légère et lumineuse vient de quelque chose qui était beaucoup plus sombre, mais ce n’est pas expliqué et je ne voulais pas l’expliquer dans la chanson. Et après ça, il y a toujours les discussions avec le label. C’était la plus catchy, la plus radio friendly, ils pensaient que c’étaient le meilleur choix. Je voulais que ce soit Feeling stop en premier single, mais ils ont poussé fort, c’était presque une bataille 🙂
Contrairement à tes précédents albums, tu as travaillé avec une équipe sur Square 1. C’était difficile de lâcher prise ?
C’était génial ! C’est très représentatif de ma vie. J’ai lâché prise sur plein de choses. Je n’ai jamais mis de mots là-dessus. J’ai lâché prise sur le fait de penser à savoir où je vais. Je n’ai aucune idée d’où je vais. Ni si ma vie va aller quelque part, ailleurs.
Je suis rentré dans le studio, j’ai dit au groupe et à l’équipe que je voulais répéter pendant deux jours, juste jouer, pas enregistrer. A chaque fois que l’on jouait les morceaux du début à la fin, que ça s’arrêtait, quelqu’un me disait : « Qu’est-ce que tu veux faire ? » et je répondais « Je ne veux donner à personne la réponse »,
Un challenge ! 🙂
C’est devenu difficile pour moi. Après deux jours sans donner de directions, j’ai dit qu’on n’enregistrerait pas pendant encore une semaine, qu’on allait improviser et voir ce qui allait sortir de tout cela. Ce n’est pas moi qui ai dit comment faire, c’est la musique qui nous a dit comment faire à chacun de nous. La musique est née d’après de la musique que j’ai designé . Après tout ça je n’ai pas eu besoin de dire quoi que ce soit, chacun savait à propos de quoi l’album était, où il allait et je pouvais aller cuisiner le lunch pour tout le monde je savais que ce serait la même organisation.
Je travaille avec de bonnes personnes, mes musiciens sont extraordinaires, mes ingénieurs sont des ingénieurs haut de gamme qui ont travaillé avec beaucoup d’artistes. Je n’avais pas besoin d’être là et de leur dire comment être meilleur, ils font tous ça depuis des années. A partir du moment où ils ont compris la vision/conception tout était cool.
Que cela signifie Square 1 ?
C’est une expression qui veut dire : revenir au début. C’est lié à l’échec et au succès comme je t’ai dit au début. Il faut avoir une bonne relation avec l’échec, parce que si tu veux apprendre le piano, à jouer au tennis, une langue ou n’importe quoi d’autre, tu dois échouer. Chaque fois que tu fais une erreur, tu t’améliores un peu plus parce que tu t’en rappelles.
Ce qui est difficile c’est d’appliquer ça dans ta vie, dans une société où on te dit qu’un échec c’est une mauvaise chose et une réussite c’est une bonne chose. Tout le monde adore me demander : “Comment le succès a été pour moi ?” Mais personne ne me pose de question sur mes échecs. Parfois, avoir du succès c’est avoir eu un énorme échec personnel. Tu travailles si dur pour arriver à ce point, tu y arrives et ensuite tu vas où ? Tu dois retourner en bas et recommencer d’une manière ou d’une autre.
C’est ce que tu as fait avec cet album ?
Oui ! Enfin non. Ce n’est pas ce que je fais avec cet album, j’essaie d’avoir une meilleure relation avec cette notion, cette idée.
Tu as plusieurs chansons à propos de sujets d’actualité, es-tu un artiste engagé ?
… Je n’aime pas vraiment le mot engagé… Je ne me qualifierai même pas de musicien. 🙂
Mais tu l’es !
Bien sûr, parce qu’on doit mettre des noms. Je me qualifie d’artiste, parce que je dois créer, je dois faire de l’art, exprimer quelque chose à travers les sens. C’est ce que je fais, je travaille les sens. Il arrive que ce soit plutôt en musique, mais je peins aussi, j’ai passé une partie de l’été à peindre.
Si tu me qualifies d’engagé c’est comme si les gens avaient l’impression que je réfléchis sérieusement à comment sauver le monde. Mais je m’en fiche ! Le monde est foutu, admettons-le, on est tous foutus. On est en train de créer notre propre cercueil en étouffant la Terre. Je suis un optimiste mais je n’ai pas d’illusions. L’Histoire nous démontre que les humains font des erreurs massives.
Mais je suis juste un gars !
Peux-tu me parler un peu de la chanson Airport, elle m’a beaucoup émue ?
Juste après mon deuxième album, j’ai acheté une maison à Londres, je jouais beaucoup au piano et j’ai commencé à écrire cette chanson, mais seulement la mélodie. Je la jouais beaucoup. Ma femme était enceinte et elle n’arrêtait pas de me dire : « Il faut écrire cette chanson, il faut écrire cette chanson ! ». Puis j’ai complètement oublié cette mélodie.
En 2016, j’allais au studio tous les jours, j’y allais pour écrire, composer, trouver des idées et un matin j’ai dit : « Je vais écrire une chanson aujourd’hui et je ne partirais pas du studio avant qu’elle ne soit finie » et ma femme de me rappeler « Et cette chanson que tu avais l’habitude de jouer dans notre maison à Londres ? » J’ai pris un taxi, j’ai mis la radio BBC 4 et il y avait un programme à propos de la révolution libyenne. L’homme dans ce programme avait écrit un livre dans lequel il parlait du début de la révolution quand son père a dû quitter le pays. Il ne savait pas où son père était allé, il a commencé à le chercher. Le livre est à propos de son voyage et on lui a demandé de lire un extrait.
La première phrase qu’il a lu, je m’en rappelle, j’allais au studio et j’avais sa voix vraiment forte et il a dit : « My seat is bolted to the floor of the airport » et je me suis dit que c’était une si bonne phrase. Cette phrase dit tout ! Et j’ai beaucoup beaucoup été dans des aéroports, donc je connais ce sentiment.
C’est lié à une autre expérience ?
Oui avec les réfugiés quelques mois auparavant (voir le clip de Say Something), j’ai compris l’émotion en parlant avec eux, quand ils me montraient des photos de leurs maisons maintenant détruites. Tu ne sais pas vraiment si tu dois y retourner ou aller de l’avant. On a toujours ce moment dans les aéroports, même nous les Européens, on arrive à l’aéroport on a notre passeport, tout ce qu’il faut. Mais on n’est jamais certain de pouvoir partir car il y a des contrôles et on ne sait jamais ce qu’il peut arriver. C’est à propos de tout ça Airport, mais aussi à propos du sentiment d’être perdu.
Ton dernier concert ?
Massive Attack et Stanley Jordan, un grand joueur de guitare.
La chanson que tu aurais aimé avoir écrite ?
La chanson la plus moderne que j’aurais aimé avoir écrite est Human de Rag’n’Bone Man. Et une ancienne chanson ce serait It Ain’t Me Babe de Bob Dylan.
Es-tu toujours en contact avec Peter Gabriel ?
C’est marrant que tu me demandes ça ! Je viens juste de lui écrire un mail pour lui dire que ça faisait longtemps qu’on n’avait pas discuté. Mais je vois sa fille samedi, c’est une amie.