Le Fnac Live Paris fait son grand retour avec trois belles longues soirées de concerts. Le festival 100% gratuit mixe à merveille les têtes d’affiche du moment et les sons émergeants. Ce jeudi, on a pensé vacances avec L’Impératrice, on s’est encanaillé avec Voyou, Asaf Avidan nous a fait vibrer. On veut les mêmes abdos que Moha La Squale,
Petit Biscuit prend de l’assurance et Vitalic clôt ce 1er jour en grande force.
L’impératrice : même pas peur en avion !
Début de festival en mode on débranche de la monotonie et on passe en mode farniente et vacances.
L’Impératrice ravie les festivaliers de ses ondulations sonores guillerettes et mignonnes pour le détendre.
En shootant sur les premiers titres, j’entends une festivalière lancer à sa voisine : « Elle est trop mignonne », en parlant de la chanteuse.
Son sourire a fait ma soirée.
Voyou : prêt pour le buzz
Il y a de jeunes artistes qui nous intriguent tout autant qu’ils arrivent à nous faire déhancher. Voyou est de ceux-ci avec une chevelure désordonnée, un chemise surprenante et une présence sur scène loufoque.
Seul sur ton tandem est déjà un hymne de la jeunesse France qui connaît les paroles et lève ses écrans pour immortaliser le moment. Le clip affiche déjà plus de 300 000 vues sur YouTube.
Asaf Avidan : moment authentique VS entertainment
Débardeur / bretelles, le chanteur joue la sobriété dans le dressing mais pas sur la peau.
On peut y découvrir ses nombreux tatouages.
De sa voix inimitable, il confie quelques-uns de ses plus beaux titres pour un set en solo.
Il savoure le soleil qui lui fait face et donne ses couleurs à la foule de festivaliers devant lui.
« Santé » avec un verre de vin rouge, l’artiste n’oublie pas d’échanger avec le public.
Il se confie même : il n’est pas un showman, il préfère le moment authentique.
#Respect.
Moha La Squale : le voir pour le croire
Grand écart absolu avec le tonitruant Moha La Squale, le rappeur à la coupe de cheveux improbable. #haircutpolice
On a du mal à saisir toutes les paroles, est-ce vraiment essentiel ? Reste que le chanteur a un effet défouloir sur le public et que l’on rêve d’avoir les mêmes abdos que lui.
Petit Biscuit : de sa chambre au Fnac Live Paris
Petit Biscuit c’est une course folle.
Il y a deux ans, il était encore dans sa chambre. Ce jeudi, il se prend un bain de foule en pleine face sur le Parvis de l’Hôtel de Ville.
Il jouera la toute première musique qu’il a composée, Iceland – pour garder le lien entre le rêve de son âge et la réalité d’un soir.
Le jeune homme prend une assurance. Il ose, il s’impose sur scène. Et sait exciter la foule, faire se lever les bras à coups de beats et de jets de serpentins. Imparable.
L’éclosion n’est pas terminée.
Vitalic : puissance visuelle
Ce qu’on retient du set de Vitalic c’est avant tout les effets visuels, trippants, prenants et bluffants.
Pourtant ils sont simples : une série de cadres de différentes dimensions qui ondulent au-dessus du crâne glabre du DJ dijonnais. De quoi faire un max de photos, impressionner ses potes sur les RS. Le set est imparable, avec un rythme prenant en continu.
Côté public, ça dansait en débardeur, claquettes sans chaussettes, bermudas. L’été imprègne les corps des fêtards du jeudi soir.
Nous, on a trippé avec ce dernier live de la journée.
Le Fnac Live Paris 2018 c’est encore des dizaines et dizaines de concerts vendredi et samedi en plein Paris.
Il fait beau en ce lundi de juin et on se presse au Pop-Up du Label pour découvrir Yorina, la nouvelle artiste qui grimpe sur la scène parisienne.
La claque de la première partie
Ce soir, pour sa première partie, Yorina a convié Degree : jeune lauréat du prix Nouvelles Scènes Music Machines 2018 par Les Inrocks Lab (prix attribué par le passé à des artistes qu’on ne présente plus comme Eddy de Pretto ou encore Feu!Chatterton). C’est dire si on s’attend à une belle découverte !
C’est un artiste timide qui monte sur la scène pour entamer son set. Voix mélancolique et profonde, déhanché sensuel et rythmes électros, Degree nous emporte rapidement en quelques tracks bien enchaînés. Il y a du paradoxe dans la musique de Degree. Et quand il prend sa guitare, c’est en douceur qu’il se révèle avec des sonorités qui ne sont pas sans rappeler des artistes comme James Blake.
On est conquis par cette première partie qu’on ne peut que vous inviter à écouter, si ce n’est pas encore fait…
La révélation Yorina
C’est dans des applaudissements du public qu’apparaît Yorina, en toute simplicité : pieds nus, robe à pois, longue chevelure blonde. Elle irradie de grâce dès les premiers accords de son EP Dry your tears.
La musique de Yorina, c’est un peu comme une plongée dans les 70’s, portée par une voix élégante, une orchestration simple et un song-writing mature, que vous n’auriez pu ne jamais entendre. Car oui, il y a encore trois ans, Yorina était couturière. Et c’est lors d’une soirée chez Dan Lévy (The Do) qu’elle se met à chanter. Une vraie révélation. Elle commence alors à écrire et à composer.
C’est ainsi qu’elle débarque aujourd’hui pour susurrer à notre oreille une pop flamboyante.
Let me Belive, Dry Your Tears, Wild as a horse, les titres s’enchaînent et on regrette qu’il n’y en ait pas plus.
En rappel, elle nous surprend avec une reprise Pas vraiment fini comme elle l’annonce, de Changer de Maître Gims. Choix étonnant mais qui achève de nous convaincre : en anglais ou en français, Yorina transperce notre âme avec sa voix lumineuse.
Elle ne cesse de remercier l’assistance. En effet, c’est son premier concert et il est complet. Pour nous, c’est pourtant une évidence : la lumière est faite pour elle.
Pour ne rien vous cacher, la chansonPas grandir tourne en boucle dans notre playlist depuis que nous avons découvert Barbara Pravi.
Après sa participation à la comédie musicale Un été 44 et les premières parties de Florent Pagny, la jeune artiste a sorti son 1er EP. C’est au lendemain de son concert au YOYO à Paris où elle assurait la première partie du Britannique Calum Scott que nous avons rencontré Barbara Pravi pour une interview pleine de bonne humeur.
Rencontre avec une personne passionnée et passionnante.
INTERVIEW-SELFIE / Barbara Pravi.
USofParis : Dans le clip Pas grandir, on découvre des images de toi enfant adolescente en train de chanter notamment dans ton salon. C’était un rêve d’enfant de faire ce que tu fais aujourd’hui ?
Barbara Pravi: Je crois mais je n’ai jamais pensé que je pourrais y accéder. Je rêvais d’être Céline Dion mais je me suis jamais dit que ça pourrait arriver parce que je suis quelqu’un d’assez consciente des choses et de la vie. Je ne m’étais jamais dit que c’était possible parce que, pour moi, il fallait soit être née dans ce milieu, soit avoir des connaissances, soit avoir pris des cours…
Tu ne sais jamais vraiment comment accéder au milieu de la musique, c’est très flou. C’est pas en chantant dans un bar ou alors c’est que t’as une chance de dingue et que quelqu’un te repère.
Tu as déjà chanté dans un bar ou tu t’es déjà inscrite à une émission de télé-crochet ?
Jamais jamais ! The Voice c’est une autre démarche. Je pense que je n’aurais pas du tout ma place là-dedans. En fait, je me considère vraiment plus comme auteure et comme interprète, mais interprète au sens un peu vieux du terme. Les gens qui font The Voice, je trouve que ce sont plus des techniciens de la voix. C’est des performers et moi je ne suis pas une performeuse.
Quel a été le déclic ? Qu’est-ce qui a fait qu’aujourd’hui tu as sorti un single et que tu prépares un EP ?
C’est le droit ! J’ai fait du droit après le bac, pendant 2 ans. Je l’ai fait pour mes parents. Je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire, j’étais un peu nulle à l’école mais pas assez nulle pour faire du droit. Je me sentais tellement mal et enfermée là-dedans que je me suis dit : « J’ai 20 ans, la seule chose que j’aime faire c’est chanter, je ne sais pas comment je vais faire, je ne sais pas comment y arriver. Je me laisse jusqu’à 25 ans. ». A l’époque je n’écrivais pas encore. Moi pour faire les choses, il faut qu’il y ait un déblocage dans mon cerveau.
Un jour, j’ai eu une amie au téléphone qui m’a dit « Barbara t’es trop débile, arrête le droit et fais de la musique! » Au moment où elle m’ a dit ça c’était une évidence. Avant ça, je n’y avais jamais pensé ou alors mon inconscient devait y penser.
Et tu as rencontré Jules Jaconelli ?
On s’est rencontré il y a 4 ans. Il revenait des USA et il voulait bosser sur des projets. Il s’était dit qu’avec un peu de chance il se trouverait une chanteuse ou un chanteur. On s’est trouvé et on a fait tout l’album ensemble. Je l’ai rencontré dans un bar. Je buvais des coups. C’était un hasard. On avait un ami commun qui était le responsable du bar. Je travaillais juste en face.
Pourquoi autant de temps ? 4 ans c’est long…
A l’époque, je n’écrivais que pour moi. Le temps de découvrir l’univers, de me découvrir dans les textes, la manière d’écrire. Je crois qu’aujourd’hui j’ai trouvé une façon d’écrire qui me plaît, qui me correspond. Mais ça prend du temps, parce qu’au début tu testes pleins de choses. On a fait 4 ans de chansons. Je suis partie de zéro, je ne suis pas arrivée avec mes textes. J’avance lentement mais j’avais besoin de ce temps.
Sur ta story insta, tu as partagé un mail de Monoprix qui disait que cela faisait 1 an que tu avais postulé chez eux et qu’ils retiraient ton CV de leur base de données…
Oui 🙂 il y a un an, j’ai dû faire une crise, une dépression 🙂 Ça fait 3 ans que je suis signée chez Capitol, ça fait 3 ans que je suis chez un label. Mais c’est très compliqué quand tu es signé comme artiste en développement dans un label parce qu’on est beaucoup. Il suffit que la personne qui dirige le label à ce moment-là ne croit pas en toi pour que tout le monde te mette de côté.
La personne qui m’a signé voulait faire une chanteuse, elle ne voulait pas que j’écrive. J’ai dit non et j’ai été mise de côté. Le patron a changé et a compris qui j’étais, ce que je voulais faire et depuis on travaille sur mon projet. En vrai, j’ai dû postuler chez Monop’ y’a 3-4 ans parce que depuis 2 ans ça va très bien dans la musique 🙂
Au Yoyo, on t’a découverte hyper à l’aise sur scène, tu as joué dans la comédie musicale Un été 44. Est-ce que cela t’as aidée ?
Alors pas du tout. C’est les premières parties de Florent Pagny je pense. Un été 44 c’était génial, c’était ma première fois sur scène. C’est très drôle mon parcours parce qu’à chaque fois que j’y repense j’ai l’impression que tout est hyper logique. Ça se fait par petites touches mais pour moi c’est absolument parfait.
J’avais jamais fait de scène et je crois que c’est le truc le plus difficile parce que tu es à poil, mais total ! Y’a plus aucun filtre entre ce que tu es et les gens ! Dans Un été 44, j’étais un personnage, tout est écrit et millimétré, tu débordes pas d’un cadre.
Quand tu connais ton texte, tes pas, tu n’as plus qu’à chercher les émotions en toi qui font que lorsque tu vas chanter tu vas toucher le public. Mais le jour où je me suis retrouvé à chanter mes chansons au Réservoir, j’ai passé 45 minutes, les mains crispées sur le pied du micro. Par contre, à force de chanter mes chansons devant un public ça m’a rendue plus à l’aise.
Tu as fait les premières parties de Florent Pagny, avec notamment des Zénith et Bercy. Impressionnant ?
Bercy, franchement c’est pas le plus impressionnant. Le Yoyo, c’est plus impressionnant parce que les gens sont debout, devant toi, tu les vois tous. Pour Florent Pagny, les gens étaient assis, la distance entre la scène et public est grande. c’est tellement grand que les gens tu ne les vois pas en fait, c’est une masse de visages un peu flou. Alors qu’au Yoyo tu vois tout, les expressions, les regards, les gens qui filment.
Est-ce que Florent Pagny t’as donné des conseils ?
Non mais il m’a fait beaucoup de compliments. Il écouté beaucoup lorsque je faisais ses premières parties et surtout mes balances. Il est très drôle parce que tu ne sais jamais quand il va arriver, il tape à ta loge et il dit (elle prend une autre voix et fait les mêmes mimiques que Florent Pagny) : « C’est précis ! La voix et très très précise ! Alors là vraiment je suis bluffé. » et il part.
Il est très très sympa, très présent. Il dit bonjour à tout le monde. Y’a peut-être 55 personnes qui bossent pour lui tous les jours, il dit bonjour aux 55 personnes. Je trouve ça génial. Pour moi, ça me paraît normal, il paraît que dans ce métier ce n’est pas normal, je trouve ça fantastique. Il est très humain. J’ai eu beaucoup de chance, entre Calum et Florent, j’ai une bonne étoile.
Dans les chansons que l’on a déjà découvertes tu parles beaucoup de ton enfance, du passé, avec une certaine nostalgie. Est-ce le sentiment que tu as lorsque tu as écrit ces chansons ?
Barbara Pravi : Ce n’est pas de la nostalgie dans le sens négatif du terme, c’est de la nostalgie positive. J’ai eu beaucoup de chance, mes parents sont encore ensemble, ils sont très amoureux, ils nous ont éduqué dans l’amour. Je me rends compte que je suis quelqu’un qui a besoin de donner beaucoup d’amour parce que mes parents m’en ont donné tellement. Du coup, je suis une grosse boule d’amour. Et je suis tout le temps de bonne humeur parce que ma mère est toujours de bonne humeur. Je n’ai rien à regretterdans mon enfance. J’ai eu une très jolie insouciance, j’ai toujours pu faire ce que je voulais. J’ai toujours pu être très indépendante dans mes choix. C’est de la nostalgie positive.
Même pour Louis ? Parce que tu l’as introduite de façon un peu brutal avant de la chanter au Yoyo : « La prochaine chanson raconte l’histoire d’amour que j’ai vécu avec un con… »
🙂 Parce qu’aujourd’hui j’aimerais me dire que je ne laisserais jamais personne me foutre un plan comme ça. C’est odieux. Il n’y a pas de nostalgie. Je me rappelle très bien du moment où j’ai écrit cette chanson et c’était de la tristesse. C’est ce moment où tu as l’impression que tu ne vivras plus jamais rien d’autre et que le sentiment est dévastateur. Aujourd’hui, ça n’en est plus mais à chaque fois que je la chante j’essaie de me souvenir de ce que je ressentais à ce moment là. C’est la première fois que j’écrivais en ne pensant pas journal intime mais poème.
Il sait que tu as écrit une chanson sur lui ?
C’est très drôle, parce qu’aujourd’hui on s’entend bien, je l’ai croisé y’a pas très longtemps je lui ai filé un EP parce que j’en avais un dans mon sac. Le lendemain il m’a envoyé une vidéo qu’il y a sur Youtube d’une première partie de Florent Pagny, où justement j’introduis la chanson de la même façon, et il m’a écrit « Je ne sais pas qui c’est ce connard mais franchement la chanson est trop belle ».
Qu’est-ce qui t’influence et t’inspire pour ta musique ?
Je me suis toujours inspirée des chansons françaises un peu ancienne. Edith Piaf, par exemple, ses textes sont fantastiques. J’écoute pleins de choses. J’ai envie de faire quelque chose de très populaire. La pop américaine réussi à faire des choses très réfléchies, pas du tout grossière et en même temps très populaire. En France, on a un bagage musical qui fait qu’on ne pourra jamais faire ce qu’ils font, au même titre qu’eux ne feront jamais ce qu’on fait nous. Il y a une balance à faire entre les deux. Un espèce de truc semi-français par les textes et semi-américain dans les sonorités et c’est vraiment ce que je recherche.
Comment as-tu rencontré Calum Scott ?
C’est nos labels qui nous ont mis en relation. C’était un petit pari car ils ne peuvent pas savoir si les artistes vont s’entendre et ils ont eu tout juste. On est vraiment en passion l’un pour l’autre. Love at first sight. Il m’a envoyé des « Je t’aime » ce matin, on s’adore.
Et vous avez enregistré un duo pour ton EP ?
On a enregistré « son » duo. On a fait You are the reason, en version franglaise. J’ai écrit la partie française avec Tomislav Matosin avec qui j’ai adapté Kid aussi.
D’ailleurs cette version de Kid d’Eddy de Pretto, tu l’as faite pour la Journée internationale des droits des femmes ?
Barbara Pravi : À la base, je l’ai faite parce que j’avais ressenti le besoin de le faire. Je l’ai faite 3 mois avant, Kid venait de sortir il y a quelques semaines. Il y avait l’affaire Weinstein avec toutes ces contradictions qu’il y avait sur les #BalanceTonPorc, #MeToo, et puis les mecs qui trouvaient ça ridicule. Certaines meufs aussi. Il y avait toute une espèce de polémique, contre polémique, anti polémique. Ça m’a semblé être une évidence de reprendre cette chanson. Dans la manière dont le texte est découpé et dans ce qu’il prône, je me suis dit que je pouvais faire la même chose pour les femmes. Et le 8 mars c’était le bon moment pour la sortir. Ça faisait longtemps que je pensais à la sortir, et surtout la sortir en image.
As-tu eu un retour d’Eddy de Pretto sur cette adaptation ?
Je sais qu’il l’a écouté et il m’envoyé un petit message sur Instagram en me félicitant.
En reprenant ce titre mais aussi Dommage de Bigflo & Oli, il y a un du féminisme derrière tout ça. Tu es féministe ?
Je pense qu’à moins que tu sois misogyne tu es féministe. Mais j’aime pas le mot. Le problème avec ça c’est que les limites sont très minces entre être super lourde et juste vouloir quelque chose de normal qui est l’égalité. Mais l’égalité c’est délicat parce que je trouve que le fait qu’un homme te tienne la porte pour te laisser passer c’est de la galanterie. Tu vois la limite ? L’égalité des salaires, le fait qu’on ait tous les mêmes chances de réussite ça c’est des vrais sujets. Dans le féminisme on colle pleins d’étiquettes et de faux sujets, pleins de faux problèmes. C’est là dedans que je suis féministe.
J’ai beaucoup lu le terme de « femme-enfant » lorsqu’on parle de toi, est-ce que tu penses que c’est un terme qui te correspond ? Parce que tu as une chanson qui a pour titre « Pas grandir », la presse t’a mise dans une case et je pense vraiment que ça ne correspond pas à ta musique.
Barbara Pravi : En fait, je me suis rendu compte avec le recul que ce titre ne me faisait pas forcément du bien. Juste le titre, le « Pas Grandir ». C’est dommage parce que la lecture profonde de ce texte est beaucoup plus impactante et beaucoup plus forte, c’est juste qu’il faut aller écouter jusqu’au deuxième couplet. C’est toujours ce même truc, quand tu es une nana sympathique, pas très grande, souriante et qui n’est pas tout en selfie, tout en « je te toise », tu es considérée comme un enfant. Non j’ai 25 ans, je suis une femme. Un femme avec des problématiques de femme qui a été enfant.
On est donc d’accord ! Tu as un univers visuel bien marqué, que ce soit tes clips, tes photos, cette présence des fleurs. On adore. C’est toi qui a eu l’idée ?
Barbara Pravi : Je fais tout tout tout. J’écris mes clips. J’adore l’image. J’ai bossé la pochette du single et de l’EP avec Anthony Souchet (Anthony Souchet a mis en scène Un été 44, il est aussi producteur et conseiller artistique notamment de Mylène Farmer). Je regarde pleins de choses, beaucoup de films anciens, et pour la pochette j’ai été inspiré d’Audrey Hepburn qui a une photo avec des fleurs comme ça.
Tu seras sur la scène des Étoiles le 28 juin 2018, qu’est-ce qui attend le public ?
Je vais proposer les titres que je fais d’habitude mais en version groupe. Pour les premières parties, je n’avais qu’un guitariste, là nous serons 3 sur scène. Il y aura les reprises d’Eddy de Pretto et de Big Flo & Oli. Et aussi des titres inédits.
Ton dernier concert ?
Eddy de Pretto à la Cigale, c’était vachement bien !
Ton dernier coup de coeur musical ?
Tim Dup, c’est un gars qui s’accompagne au piano et c’est très beau, c’est presque du slam mais en même temps il chante. Il a une manière d’écrire très à vif que j’aime beaucoup.
Ton duo de rêve ?
Céline Dion ! Mais je ne sais même pas si j’aurais envie de faire un duo avec elle. J’aurais peur que ça casse le mythe. Jacques Brel ou Nougaro… ou Edith Piaf. Putain je suis nulle je prends que des ieuv 🙂Bigflo & Oli !
Une chanson que tu aurais aimé avoir écrite ?
Dommage de Bigflo & Oli.
Ton guilty pleasure ?
Franchement Lorie et Priscilla c’est la folie. J’ai réécouté en tournée sur la route, mais c’est génial. Les prods de ces chansons sont géniales. Les premiers albums après ça part un peu en couille.
Une bonne adresse à Paris ?
Le District (80 rue Montmartre Paris II), c’est ma cantine le midi et Etsi (23 rue Eugène Carrière Paris XVIII)c’est un resto grec, le soir pour diner.
Ton endroit préféré à Paris ?
La cour carrée, au coucher du soleil, au moment où les lumières s’allument dans la cour, en plus y’a toujours un mec qui joue du violoncelle, c’est magnifique.
Claire Diterzi est une créatrice capable de tout, de folies pures, de bidouillages magistraux. Elle vient de concevoir L’Arbre en Poche, une sorte d’opéra contemporain jubilatoire à l’histoire insensée. Le plus surprenant est d’avoir été happé copieusement, au Printemps de Bourges 2018, sans aucune préparation et connaissance de ce que nous allions voir. L’irrésistible fougue musicale a fait le reste.
Percussionnistes de génie
Une mise en scène barrée, une table dressée avec des verres, carafes, saladiers, origamis et autres bougies. Un peu plus tard, un échafaudage fera son apparition.
Au changement de plateau, c’est déjà un spectacle de voir l’équipe technique installer cet ensemble « d’instruments » originaux et des percussionnistes accorder leurs verres, pour assurer le bon niveau d’eau contenu.
Un homme se lève du 1er rang, costume noir et sneakers orange. Il nous conte la formidable histoire de son frère jumeau, Philippe.
On ne sait pas du tout où il va nous embarquer. On s’étonne de ne pas voir arriver tout de suite Claire Diterzi.
L’homme enfile un grand manteau à la Merlin l’enchanteur, s’assoie sur un trône de bois aux côtés d’hommes et de femmes vêtus de noir.
Première embardée musicale à coups de bruits de bouches et cliquetis sur verres en tout genre.
« Ce sont des brutes : des premiers prix de conservatoire! » nous lancera heureuse l’artiste après le spectacle.
Claire Diterzi, divine sorcière
L’arrivée d’un contreténor aux pieds nus vient nous bloquer dans notre siège. Le mélange des genres est absolument improbable et efficace.
On se prend à nous laisser bercer, entre bruitages, contes et belles créa musicales comme on les aime.
Claire Diterzi fait enfin son entrée, au bout de 30 min de spectacle, en sorcière fumante. Elle est grandiose dans son grain de folie.
L’arbre en poche charme d’un bout à l’autre. Il bouscule tous nos repères. Il n’est pas non plus nécessaire de tout saisir de ce récit fruit d’un esprit inventif, voire délirant. Nul besoin non plus d’une initiation à l’art de Claire Diterzi pour aimer.
Le mot de la fin à l’artiste : « C’est de la musique contemporaine ! Preuve que les gens peuvent apprécier des choses qui élèvent. »
Claire Diterzi album L’arbre en poche
Et spectacle texte et conception : Claire Diterzi musique : Francesco Filidei, Claire Diterzi mise en scène : Claire Diterzi et Fred Hocké
Fougue, poésie, folie et danses … Un 5ème jour au Printemps de Bourges 2018 en communion avec Hyphen Hyphen, Rone, Corine, Ben Mazué et Bagarre.
Découvertes et têtes d’affiche dans les 4 salles principales du festival. Du slam dans la foule et de l’électro pure. Et une affluence plus faible qu’à l’accoutumée pour un samedi… (les grèves ont-elles éloigné les festivaliers ?).
Hyphen Hyphen is back!
Ce sera notre point d’orgue de la journée. Alors que certains attendent Laurent Garnier qui joue à 3h du mat’. Trop tard pour nous en cette fin de semaine, même pour voir un monstre sacré de l’électro.
C’est dans la chaleur du Palais d’Auron, qu’Hyphen Hyphen (HH pour les intimes) fait son apparition. Énergie et lumière stroboscopique seront les valeurs sûres de leur set.
Le groupe défend en live son nouvel album HH qui sortira fin mai 2018. On sent un peu moins de fureur sur scène mais Santa et Adam se démènent toujours autant. Et le public danse sans bouder son plaisir.
« On s’approche de la fin, il va falloir danser terriblement ! »
Après un (petit) show de 45 min, HH le clôt avec son hymne Just Need Your Love. Santa s’offre un bain de foule. Le slam est décidément le must-do de cette édition du festival.
La chanteuse finira en communion total avec le public avec un retour sur scène en fendant la foule !
Le tumulte de cette chanson finit d’emporter le public et nous dans nos élans festifs.
Rone is the one!
Avant Hyphen Hyphen, on s’était posé devant Rone.
En déroulant ses premiers sons, on se dit que le DJ est placé un peu tôt dans le line-up de la soirée.
Ses morceaux ne sont pas si légers pour simplement chauffer les festivaliers accros à la musique électro et à la fête.
Comme le set se chevauche avec Hyphen Hyphen, impossible de le voir en totalité. Dommage.
Ben Mazué : épopée onirique
Rendez-vous était pris à l’Auditorium avec La princesse et le dictateur. Le spectacle de Ben Mazué que l’on avait raté à l’automne dernier.
« J’ai tellement de rêves d’enfant que je n’ai pas renoncé à être footballeur. J’ai 35 ans et il me reste un an avant la retraite sportive ! »
Le postulat de ce spectacle est posé et l’humour est de mise.
Le rêve à Ben c’est aussi de réaliser un film. Alors avec son clavier Robin Notte, ils vont jouer en live la bande-originale de ce film qui ne sera jamais produit.
« On dirait qu’on serait à Bercy »
Ben Mazué sait conter une histoire et en un rien de temps, il nous téléporte dans son univers.
Dans ce stand-up musical, on sourit, on rit et on est touché par l’histoire d’amour de Vincent et de Romy. On y trouve aussi Ben Mazué, fantasmé, chanteur à la réussite fulgurante.
Acteur, Ben l’est autant que compositeur ou chanteur.
Il séduit par sa poésie et son imagination folle.
Bagarre : fougueuse découverte
Pour les non-initiés, on pourrait croire à un simple groupe de hip-hop. Bagarre c’est Emmaï Dee, La Bête, Majnoun, Mus, et Maître Clap : 4 gars et une fille. Chacun a son propre style vestimentaire.
Mais musicalement, le groupe n’en a aucun.
Bagarre symbolise la génération YouTube qui n’a pas de frontière en matière de genres musicaux.
« Ce soir, nous sommes Bagarre, vous êtes le Club ! »
Hip-hop, rock (parfois punk), world, électro, rien ne fait peur à Bagarre et ils le font bien.
A part le batteur, tous changent d’instrument à chaque titre et passe par le micro, ça nous rappellerait presque Arcade Fire. Sur scène, les 5 jeunes ont une énergie bondissante.
Le public les suit dans leurs grains de folies musicales et leurs passions : la fête et la danse.
Pas facile d’entamer la soirée sous le chapiteau du W. Bagarre s’en sort foutraquement bien tiré !
Corine : un univers à part
Un stop au 22 s’imposait pour assister à la fin du concert de Corine, une créature particulièrement fascinante et subjuguante.
Corine, c’est une choucroute bouclée 80’s sur la tête. Elle suscite d’ailleurs beaucoup de « Oh Polnareff ! » côté festivaliers venus passer une oreille.
Cocktail, Il fait chaud… des titres qui permettent à Corine de partager sa personnalité artistique barrée.
Une énergie dingue qui clôt parfaitement notre édition du Printemps de Bourges 2018.
SAVE THE DATE : le Printemps de Bourges 2019 c’est du 16 au 21 avril !
Rencontre avec HollySiz, revenue de New York pour embarquer son nouvel album, Rather than talking sur scène et en tournée. C’est avec Luke Jenner, chanteur du groupe américain The Rapture, qu’elle a conçu ce disque qui réunit des pépites rock.
Interview au Printemps de Bourges qui a lancé sa tournée de festivals d’été.
HollySiz sera en concert au Plan de Ris Orangis, le 30 mai. Des invits à gagner ici !!
INTERVIEW
HollySiz x Luke Jenner de The Rapture
“Ma meilleure amie a eu un vrai coup de foudre amicale avec Luke Jenner qu’elle a rencontrée en produisant le clip de Joakim avec le featuring de Luke. Elle savait qu’on allait nous attendre. La rencontre s’est faite à Paris. Quand je suis arrivée à NYC, je n’ai pas osé le contacter tout de suite. J’étais bien sûr fan de The Rapture.
Et puis, très naturellement, on a passé beaucoup de temps à marcher dans les rues, à parler philosophie, musique, à s’offrir des livres, sans l’idée de travailler ensemble. Il est très généreux de son temps. Il est aussi très francophile. Un jour, il m’a fait écouter son album solo, en studio. C’était une manière de me dire : « je me suis foutu à poil, alors à ton tour de me faire écouter ce que tu es en train de faire. » Ca a été encore plus dur de lui faire écouter. Quand je lui ai proposé d’en parler, il m’a : « enfin ! Demain 10h au studio ! » Luke avait ça en tête depuis longtemps, qu’on collabore mais il se disait : « elle ne va jamais en parler ». Il avait écouté mon premier album. Et il s’y était vraiment intéressé.”
Ecriture avec Luke de The Rapture
“Luke m’a aidée sur le texte de Love is a templeque j’étais en train d’écrire. Il l’a remis en forme. Et on a creusé beaucoup plus. Il m’a vraiment aidé pour l’écrire, m’a poussée. Comme on était devenu très amis, je lui avais raconté beaucoup de choses. Et quand il lisait mes textes, il me disait : « je ne reconnais pas ce que tu m’as raconté, tu n’es pas franche. » On a écrit un texte à 4, I will, dans lequel il chante. C’est une rencontre assez décisive dans ma vie de femme, d’amie. Et artistiquement, il m’a beaucoup bousculée.”
New York stimulante
” Je ressens dans toutes les chansons que l’influence de NYC est présente. Le fait, de me sortir de la France, de ma zone de confort – c’est cliché. Dire : “je suis chanteuse” quand on me posait la question de ce que je faisais. D’un coup, réussir à redéfinir ce que l’on fait soi-même et vis-à-vis des gens c’est très important. Il y a les musiciens que j’ai rencontrés, les concerts que j’ai vus. Retourner dans une école de danse, tous les jours, me mettre à la barre. Retrouver une rigueur « anonyme » dans une ville où l’on ne connaît personne.”
HollySiz, back to basics
“Cuba a aussi beaucoup nourri l’album. Quand on est ailleurs, on n’écoute pas la même musique. Je suis revenue à des disques fondateurs que je n’aurais peut-être pas réécouté si j’étais restée en France. Comme The Miseducation of Lauryn Hill, Brasileiro de Sergio Mendes, The Rapture, LCD SoundSystem. La scène new-yorkaise du début des années 2000. Les premiers Mickael Jackson, mais je n’ai jamais arrêté de les écouter.”
Les festivals : “c’est du cardio !”
“Ca oblige au lâcher-prise. Moi qui aime faire des shows très millimétrés avec des lumières qui tombent pile au bon endroit. On est obligé de faire bouger les setlists. A Bourges, on joue 40 minutes. Les enchainements, on est obligé de les éclater. Quand on joue en plein jour, les lumières on les oublie. 🙂 C’est un peu recréer sur le vif, tous les soirs. C’est souvent beaucoup plus punk. On retrouve l’ambiance des premières parties. En festival, se retrouve parfois entre deux artistes que les gens ont envie de voir et nous pas obligatoirement. Donc il y a une grande partie des gens à fédérer.”
Rencontre d’après-concert
“C’est venu naturellement dès les premières dates de concert. Déjà, je descends dans le public pour chanter. Je me demandais aussi qui étaient les gens qui venaient me voir, qui prenaient leurs places. Je me souviens de la première date de la précédente tournée : c’était à Caen, et j’ai demandé à allumer la salle pour voir le public. C’est un moment d’échange, c’est rare. Que deviennent mes chansons dans leur histoire à eux ? Ca me coute en énergie mais ce que ça m’apporte c’est énorme ! A l’Aéronef de Lille, ça a duré 1h15.”
HollySiz vs Blondie
“Je n’en avais pas conscience pour le premier album. Mais en regardant des photos de Deborah Harry et les miennes, moi en rayures rouges, parfois c’est la photocopie ! 🙂 Et c’est vrai que dans le son, il y avait des influences, mais c’était inconscient. Mais j’ai grandi avec Madonna et Marilyn Monroe qui a tout amené. Blonde/Blondie c’est l’énergie rock. Après, il y a eu Beth Ditto, la chanteuse de The Kills, Alison Mosshart. Maintenant, New York nous rassemble, avec Blondie.”
De la folie, de l’énergie, des slams d’artistes dans la foule. 4e jour tonitruant pour le Printemps de Bourges 2018 avec Shaka Ponk, Mat Bastard et Thérapie Taxi. Avec les pointes de douceurs de Hollydays, Ibeyi. Report.
Mat Bastard, fucking influencer !
Concert défouloir total avec Mat Bastard, séparé un temps du groupe Skip the use.
Il s’est trouvé une nouvelle bande de musicos entièrement dévoués à sa folie.
Le chanteur peut crever un photographe de festival en courant d’un côté et de l’autre de la scène, à prendre de la hauteur sur son estrade.
Le délire est total, prend la foule du Palais d’Auron.
On fait des doigts d’honneur en chansons, on se prend une reprise de Louise Attaque, J’t’emmène au vent.
Attention Mat a prévu de « devenir influenceur sur Instagram! » La concurrence va être rude.
Shaka Ponk, forever nuts
“La musique est un prétexte pour se rouler par terre, en criant ! On a envie de partager. Les gens nous donnent une sorte d’énergie, c’est notre fioul.”
Frah et Sam se souviennent de leurs années de galère, qui leur a permis d’avoir une réelle expérience de la scène. “Le live c’est irremplaçable !”
La scène est un vrai terrain de jeu pour Shaka Ponk qui avait besoin de repartir en tournée après s’être, pour la première fois, poser pour créer le nouvel album. Ils ont appelé leur studio la Factory, en référence à Warhol. C’est devenu la Fac pour les intimes. “On a eu plus de temps, on est resté 2 ans car il y avait le tournage des clips en parallèle“.
Au W, ce vendredi soir, costumes de scène grandiloquents, caméra gopro sur le micro. Attention les yeux au dérushage, avec les jeux de scène des deux chanteurs, on sera proche des conditions extrêmes de tournage, genre une tempête !
Thérapie Taxi is the new french punk!
En interview, ils avaient prévenu : « c’est différent de Rock en Seine ! »
Le set semble effectivement plus maîtrisé mais il y a toujours une part de débordement improvisé, comme le slam à deux reprises.
Et honnêtement c’est assez dangereux, vu le nombre de girls au centimètre carré devant la scène. L’avantage est que Raph soit svelte.
Adelaide est très internationale. On peut lire deux destinations : Venezuela et Tokyo s’affichent en lettres sur sa veste et son haut.
Le retour à Bourges, 1 an tout pile après le premier concert est hautement symbolique pour le groupe qui a opéré une belle ascension. PVP, Adena, Pigalle avec une gorgée de rhum, Hit Sale. Il y a de très bonnes punchlines : “je cicatrise dans l’alcoolisme” ou “… dans les partouzes gay” “t’as bugué nos entrailles.”
Thérapie Taxi c’est le retour en adolescence pour les trentenaires que nous sommes. C’est joyeux, fougueux, furieux.
Hollydays à ne pas lâcher
A l’Auditorium, je me retrouve assis à côté du grand-père de l’auteur de chansons du groupe Hollydays. Il m’incite à photographier le groupe qui va arriver.
Je connaissais L’odeur des joints. Le titre subversif n’est, en fait, pas une provocation, juste une histoire d’amour.
Le duo est accompagné d’un claviers en concert. Il nous distille une pop élégante avec du fond dans le texte : « L’histoire finit toujours par un gros plan ».
Le Printemps de Bourges c’est pas fini ! Encore deux jours de concerts.
Retour excellent de Feu! Chatterton avec l’album L’Oiseleur. Rencontre, au Printemps de Bourges, avec un quintet de garçons aussi classes que passionnés, souriants qu’intelligents. Il est question de couple, d’héritage, de l’héritage d’Higelin, de Bernard Lavilliers ou encore de la scène hip-hop français.
L’Oiseleur dans un 2 pièces
“Nous n’avons pas eu le temps d’écrire pendant la première tournée. On n’est pas des musiciens de métier. La tournée a été un chamboulement pour tout le monde, on a été nomade pendant 2 ans. Le retour à Paris, pour écrire, ça nous a libéré. On s’est remis dans les mêmes conditions que le premier album. On a loué un petit 2 pièces à Paris, avec tous les instruments pour composer pendant 2 mois.”
Naples et Apollinaire
Arthur : “Je suis parti écrire à Naples, avec des livres. En lisant Apollinaire, plus c’était intime et plus ça raisonnait en moi. Ca me donnait la foi en l’humanité. 🙂 Plus j’écrivais de mon intimité et plus ça tendait vers l’universel. Je suis la voix de nous 5. C’est moi qui ait écrit les textes mais ce sont des choses que l’on a vécues chacun.” Raphaël : “Je me suis tout de suite identifié aux textes en les lisant et encore plus ceux du deuxième album que du premier.”
Feu! Chatterton, un couple : un miracle !
“On est un couple à 5 ! C’est le couple qui a le plus duré des 5. 🙂
C’est un miracle d’être ensemble ! On ne peut s’engueuler qu’avec des frères, car le lien du sang n’est jamais rompu. L’important pour un groupe, c’est la confiance artistique. Les goûts c’est très dur de les partager. On peut se laisser séduire par d’autres sons, grâce aux autres.”
Lavilliers, Ringer et Christophe
Arthur, le chanteur du groupe, a fait un duo pour l’émission Alcaline avec Catherine Ringer, à la demande de la chanteuse. Et aussi avec Christophe pour le titre Le beau bizarre.
“Les anciens sont à l’écoute des jeunes générations. On a écrit deux chansons sur le dernier album de Bernard Lavilliers. Après autant d’année de carrière, il est sincèrement touché. En studio, pour la maquette du morceau Charleroi, il était en larmes à la fin de l’enregistrement. Christophe passe du temps sur Youtube pour chercher de jeunes rappeurs.”
Jacques Higelin, la filiation
“Nous ne sommes pas les fils de Jacques Higelin, on se voit plus comme ses neveux. C’est une sorte de grand oncle un peu étrange que l’on a dans la famille mais que l’on voit peut. Il a été un grand défenseur du rock français, il était fantasque, intègre et radical. Il avait une liberté en live, une urgence. Sa musique des années 70, avec ses orchestrations, les expérimentations nous touche pas mal.”
Le hip-hop, terrain de chasse de Feu! Chatterton
“On est impressionné par l’avancée de la scène rap et hip-hop française, comme Roméo Elvis, Lomepal. On aime le travail de production du son et nous sommes impressionnés par le travail des basses de PNL.”
Printemps de Bourges 2018 – J3.
Equilibre parfait entre les artistes qu’on voulait voir absolument comme Orelsan et Charlotte Gainsbourg et ceux que l’on souhaitait retrouver : Feu! Chatterton avec son nouvel album lumineux, Eddy de Pretto qui prend de la maturité scénique à chaque nouvelle apparition.
Report !
Orelsan en pleine puissance
Orelsan est une tête d’affiche de festival à lui tout seul. Une raison de prendre son billet pour une des nombreuses dates à travers la France. Il fallait forcément en être ou passer à côté d’une soirée tonitruante.
Avant même l’arrivée sur scène du rappeur, le public est surexcité et scande déjà « Aurélien une chanson ! » gimmik du tube Défaite de Famille.
“Faites pas de pari, c’est moi qui fait la putain de setlist !»
Orelsan a l’art de savoir composer un set de festival. Alors pour embarquer direct le public du W, il attaque franchement avec San suivi de Basique : simple !
La setlist est largement dévoué au succès retentissant de l’album La fête est finie avec Bonne meuf, Zone (sans le feat de Nekfeu), La pluie, Christophe (avec la voix de Maître Gims en PBO), Paradis…
Du coup, fierté : on connait tous les titres par coeur.
On retrouve la richesse des arrangements sur scène, avec même de belles évolutions .
Les tubes moins récents ne sont pas absents pour autant : La terre est ronde, Le chant des sirènes (pimpé avec des choeurs) ou Raelsan très rock avec d’audacieux rifs de guitares électriques.
Il joue en continu avec le public : « Je peux pas chanter Défaite de famillecar j’ai d’la famille dans la salle ! 🙂 Ok vous l’aurez voulu ! »
Aucun centimètre carré de la scène n’aura échappé aux sauts d’Orel.
Il assure même un petit tour devant la fosse pour faire chanter les plus jeunes fans compressés sur les barrières.
On est du côté lumineux du rap français grandiloquent.
Feu! Chatterton : « roucoulons, Printemps »
« C’est la saison de l’amour, les phéromones ouverts, le pollen. »
Le quintet de garçons déploie une belle énergie pour partager les titres de son dernier album L’oiseleur.
On débute par Souvenir, « mais maintenant, je pleure ton nom », des mots justes que l’on pourrait dire à un.e ex.
L’espiègle Arthur fait se lever l’auditorium, un peu top sage, après « avoir fait connaissance ». Tout le monde s’exécute.
Il est temps de se lover contre Ophélie, les guitaristes de Feu! Chatterton sautent sur scène, la communion peut débuter.
Un pigeon, celui de « mon cœur » passe avec élégance.
Le concert est sans doute moins grave que celui de 2016 et ça fait du bien. Ginger qui pourrait faire l’ouverture d’un James Bond par son orchestration éloquente.
Un peu d’Ivresse et pointe l’Aube pointe dans une version magnifique. On redécouvre encore la beauté de ce titre.
Eddy de Pretto, définitivement incontournable
Avant de retrouver le public de Bourges, un an après le tout premier concert, Eddy de Pretto a eu droit à une conf de presse pleine à craquer. Médias debout ou assis par terre. Personne ne voulait rater la rare occasion de voir le phénomène de près.
Comme Christine and The Queens en son temps, Eddy attire la pleine attention de tous et toutes.
A 24 ans, il a réussi une fulgurante ascension avec son flow unique.
Au Palais d’Aurion, comme à son habitude, Eddy entre son smarphone à la main, pour lancer la bande-son de ses exhalations musicales.
Un plus par rapport à la première fois, un batteur l’accompagne. Rue de Moscou, Jimmy, Beaulieue, 3 titres au cours desquels les photographes ne ratent aucune miette de la silhouette de l’artiste. Eddy joue avec la lumière, latérale, débute un déhanchement, puis des enjambées pour se déployer sur la scène.
Les enchaînements de mots sont denses, on ne saisit parfois pas tout mais le rythme prend au corps.
C’est un artiste fascinant à voir performer. On imagine l’évolution encore jusqu’au Zénith de Paris, en mars 2019.
Le sourire de Charlotte Gainsbourg
Interviews au compte goute, Charlotte Gainsbourg joue la carte de la rareté -pour ne pas saturer le buzz médiatique ? J’ai quand même pu la croiser en coulisses, furtivement, et j’ai pu voir son sourire timide et touhant.
Sur scène, elle se dissimule derrière son double synthé ou derrière un bord de cadre juste devant elle.
Assez fascinant de se rendre compte que l’on distinguerait mieux ses compagnons de tournée : 5 boys qui portent fier chemise ou veste en jean bleu. Des musiciens fougueux et plaisant à voir bidouiller au fond ou se déchaîner sur la batterie, exceptionnellement en bord de scène.
La scénographie est proche de l’installation design, elle aurait pu être conçu par l’artiste Xavier Veilhan. C’est très graphique, beau, distrayant parfois un peu trop l’oeil.
Charlotte osera descendre de son podium, pour se déhancher timidement lors d’une instru. La réserve fait partie de son charme.
Les jeux de lumière opèrent par moment des déflagrations visuelles, on serait prêt à sortir nos sunglasses.
Les titres de son dernier album Rest séduisent, un album dédié à sa concert, comme son concert. L’émotion monte quand elle reprend deux titres de la légende Gainsbourg Père et Fils : Charlotte for ever et Lemon Incest, magnifique. « Bourges représente beaucoup pour moi et aussi pour mon père. » Des mercis viennent par grappe du public.
C’était beau.
UsofParis a le don d’ubiquité. La preuve, notre présence au W pour un plateau international avec Rag’n’Bone Man, Walk of the Earth, Brigitte et à la Halle au Blé pour deux sets rap français portés par la jeune garde talentueuse Ash Kidd et Lomepal.
Ash Kidd, “Viens chez moi, Bourges”
10 minutes avant son live, on apprend que l’ancien Inouïes refuse de se faire shooter par les photographes pros. Ash Kidd aura certainement un meilleur profil sur les écrans de smartphones de son public.
Alors oui, c’est auto-tuné à mort, à l’instar de PNL, ça plait un max aux ados, il porte des polo et t-shirt trop grands, mais on perçoit une âme de lover romantique sous le bad boy. Et puis Coeur de Gangster nous fait penser à Frank Ocean.
Le sac à dos Young & Winner aperçu dans le public donne le ton. Un ado enchaîne les snap, sans rajout d’effets, ni de smiley. Du pur live ciselé en continu, le dos contre une colonne de pierre de la Halle au blé.
Sa copine ou sœur lui monte sur le dos pour faire une vidéo.
Le jeune rappeur saute sur un pied, puis l’autre, déchaîne les jeunes qui connaissent ses titres par cœur, Lolita...
Il fait beaucoup de « Yeah, yeah », fait crier les girls en relevant une unique fois son t-shirt sur des abdos impecs.
« Je partirai quand le soleil se lèvera… ». On continue à aimer après ce live en solo, sur bande enregistrée.
Lomepal : « c’est beau la folie ! »
Chef Antoine envoie un max de flow à la Halle au Blé, dès le 1er titre, Palpal, que je connais par coeur comme tous les ados, pour cause de clip excellent.
Enchaînement direct avec Ray Liotta (« Mais on s’habitue, bientôt ça me fait plus d’effet »). Les filles des premiers rangs connaissent toutes les paroles et crient à donf. Lomepal appelle que son premier album est disque de platine et que son titre Flip est un hommage au skate : “je suis pas un musicien, je suis un très sombre skateur. Je suis chanteur depuis quelques semaines ! ” La décontraction est à son max, bermuda sans forme, t-shirt blanc et torse poil à la fin. Lomepal a un vrai talent pour enflammer le public, mais sans le provoquer à longueurs de chansons. Pour l’avoir vu de près, ce mec a vraiment tout d’un grand et ne va pas quitter la scène tout de suite.
Walk off the Earth, incroyable !
C’est le buzz canadien de la soirée ! Mélange de reprises (Ed Sheeran en ouverture, Happy de Pharrell Williams) et de morceaux originaux, le groupe envoie un son très rock US mais avec un décalage et un humour typique made in Canada.
On sent que les membres de Walk off the Earth prennent leur pied sur scène. Dans le public, plutôt jeune devant la scène, c’est la folie.
Drapeaux français et canadien en communion. Le canon à fumée en continu pour les effets spéciaux et totale déconnade pour les reprises comme l’incontournable Champs Élysées de Joe Dassin. Hey Ya! d’Outkast fait soulever une nouvelle fois la foule.
Dommage qu’un problème technique coupe la chique au groupe. La dernière chanson se termina côté public en chœur et un peu déçu.
Brigitte day
Les girls ont débuté la journée avec la Ministre de la Culture pour le lancement de l’exposition Femmes ! consacrée aux auteures et compositrices. Brigitte, marraines de l’event, ont rappelé que le Chant des Partisans avait été écrit par une femme.
En conf de presse, Sylvie et Aurélie confient : “c’est une énorme galère de faire la setlist. Il faut bien choisir, on ne peut pas faire les 3 albums en entier. Les setlists évoluent selon les festivals, que ce soit de jour ou de nuit.”
Et une question pertinente qu’elles posent au festival : “sera-t-il aussi paritaire l’année prochaine ?”
Sur la scène du W, leur charme fait une nouvelle fois mouche. Ca chaloupe, ça aguiche et joue la sensualité.
Rag’n’Bone Man, une voix de fou
L’Anglais qui porte du 4XL a une voix qui ravage. Tout le corps vibre à son écoute. Malgré ses tatouages, sa carrure qui pourrait démolir un mur de briques, la douceur de son regard touche.
Son brin de timidité que l’on perçoit entre les chansons donne encore plus envie de se rapprocher, de ne pas lâcher notre attention, de s’isoler si notre voisin.e venait à trop parler.
Son orchestre est excellent, donnant le plein souffle aux compositions.
A la sortie du concert, on serait presque tenter de garder le silence un moment, comme après une séance de yoga. Pour apprécier les bienfaits de Rag’n Bone Man pour le coeur et l’âme.
Le Printemps de Bourges c’est pas fini !
Encore 4 jours de concerts.