Pièce faite d’accessoires et d’un décor imposant, Oh les beaux jours est un écrin magique pour toute actrice téméraire.
Avantage spectateur: votre champ de vision ne sera jamais altéré par votre voisin de devant, de par la scénographie qui joue de sa pleine hauteur.
Pour accepter chaque soir de se contraindre physiquement et se confronter à la poésie si particulière de Beckett, il faut un amour féroce pour le dramaturge.
En reprenant ce rôle présenté au Théâtre de la Madeleine la saison dernière, Catherine Frot nous en fait l’une des plus belles démonstrations. Elle nous emporte, par son incarnation tout d’abord. Et par sa malice aussi.
Deux points qui n’ont pas échappé à ma voisine, qui avait du mal à quitter la salle, pourtant fine connaisseuse du maître irlandais.
L’oeil qui frise, la bouche moqueuse de la comédienne participe de ce charme que l’on peut ressentir pour ce personnage.
La partition de l’actrice est d’une intensité qui ferait perdre haleine à tout amoureux de théâtre. Si bien que concentré, le jeu si particulier nous permet pas de ne perdre une seule parole. Aucun élément extérieur si ce n’est l’omniprésence de Willie, compagnon silencieux, ne pouvant nous aider dans la compréhension de cette situation saugrenue.
Ne boudons pas notre plaisir d’évoquer le décor pour autant. La proposition de Gérard Didier prend effectivement tout son sens dans cette évocation de vagues rocheuses, de plages maltraitées, composant un atour délicat à l’interprète.
Avec un tel tableau, on en oublierait presque que nous faisons face – dans toute notre modeste présence de spectateurs – à l’une des comédiennes les mieux payées du cinéma français. Il fallait, en fait, que mon voisin évoque ce détail en se levant, pour me le rappeler.
Mais le propre d’un comédien ou d’une comédienne n’est-il pas justement de se faire totalement oublié lors de sa performance ?
Avec Oh les beaux jours au Théâtre de l’Atelier, le constat n’en est que plus évident grâce à la direction d’acteur de Marc Pacquien.
OH LES BEAUX JOURS
Avec Catherine Frot et Jean-Claude Durand
Matinée samedi à 17h
Des mieux payées… Vous avez tout dit, car hormis son cachet, je ne vois pas bien ce que C.Frot a gagné en interprètent d’une pièce, de deux, de la sorte. Les deux tiers de la salle se sont endormis, l’autre tiers était venu voir l’actrice, simplement. Une déception à la hauteur des cachets de l’actrice et du talent de l’auteur, normalement…