Au cinéma ce mercredi, Her est la preuve que le talent d’une actrice ne se mesure pas uniquement à son sex-appeal. Scarlett Johansson est saisissante dans le duo sensoriel qu’elle forme avec Joaquim Phœnix dans le dernier film de Spike Jonze, Oscar du meilleur scénario.
On connaissait la passion virtuelle, d’un côté et de l’autre de la rue, via le net avec You’ve got mail (avec Tom Hanks et Meg Ryan), la relation de couple parfois compliquée avec Androïd (Real Humans, série suédoise diffusée sur Arte). Le réalisateur de Max et les Maximonstres et Dans la peau de John Malkovich sublime et bouleverse le genre des amours futuristes avec son dernier film, certainement le plus ascensionnel en terme d’émotions !
Le récit du cinéaste américain est resserré sur un homme, Theodore, qui réalise qu’il n’y aura plus de retour en arrière possible avec son ex femme. Il travaille dans une agence de com pour le moins originale – qui pourrait d’ailleurs donner des idées à des start-up voulant renouer avec le lien social à l’heure du tout numérique.
Theodore passe ses journées à dicter des lettres d’amour pour des hommes, des femmes en manque d’inspiration ou de temps.
Il a peu d’amis et commence à s’intéresser à Samantha, un système d’exploitation dotée d’une très douce voix qui sert habituellement à faire le ménage dans les mails ou à installer des anti-virus.
Ce quadra en mal d’amour habite un Los Angeles sublimé, surréaliste mégalopole ultra architecturée de gratte-ciel aux accents étrangement asiatiques. A noter le tour de passe-passe amusant du cinéaste qui tente d’effacer la culture du pays où il a tourné cette épopée amoureuse.
Her, oeuvre tendre et sensible, fait écho en chacun de nous et pour cause. Nous avons toujours cet idéal, celui d’une relation pleine, entière et maitrisée. Une osmose bâtie à l’aide du nombre d’or favorable au meilleur des amours, un peu à la manière d’une pyramide égyptienne, indestructible.
Samantha aussi parfaite qu’elle soit manque cruellement de corps mais l’amour nait tout de même d’un côté et de l’autre de l’oreillette. Une relation faite de voix, de mots, d’hésitation et de trouble.
Difficile de ne pas se laisser bercer par cette douce romance que l’on croirait écrite par un geek. Preuve que la passion sur le net est bel et bien en embuscade et pourrait bien vous happer à tout moment. Troublant et terriblement réaliste.
Procurez-vous vite M le magazine du Monde du 8 mars dernier avec le portrait-interview de Joaquin Phoenix.
Vous y apprendrez, entre autres, que le comédien s’est vu pour la première fois à l’écran dans Her et qu’il est l’origine d’une idée qui était pour une fois la bonne : la moustache de son personnage !
Merci pour cette revue, j’ai très envie de voir ce film je trouve le scénario follement ambitieux