Portée par un casting brillant (Mélanie THIERRY, Stanley WEBER, Féodor ATKINE et Charlotte MAURY) Anna Christie, pièce du dramaturge américain Eugène O’NEILL (1888-1953, prix Nobel de littérature en 1936) est connue pour son adaptation cinématographique par Clarence Brown en 1930.
Sur la scène du Théâtre de l’Atelier, Mélanie Thierry se confronte avec une exceptionnelle élégance, au souvenir d’une Greta Garbo au regard noir sublime et figée sur pellicule argentique.
Anna Christie, c’est l’histoire des retrouvailles bouleversantes entre une jeune femme, Anna (Mélanie Thierry, intense dans son rôle de jeune femme meurtrie et révoltée) avec son père, un vieux marin alcoolique, Chris Christopherson, (le formidable Féodor Atkine), dans un bar sinistre de New York (tenu par Charlotte Maury-Sentier, parfaite en tenancière aguerrie et complice). Anna et son père ne se sont pas revus depuis quinze ans, alors qu’enfant elle a été confiée par ce dernier à une famille de fermiers du Minessota.
Persuadé qu’Anna “est une fille bien avec une vie comme il faut”, le vieux marin n’imagine pas combien la vie de sa fille a été un enfer. Pourtant, vêtue d’une robe rouge, escarpins au pied, collant filé, cheveux emmêlés, cigarette au bec et railleuse, Anna a tout de la fille de joie. Cherchant refuge auprès de son père, la jeune femme va rencontrer l’amour avec un jeune marin irlandais (Stanley Weber, crédible et désarmant en jeune marin costaud et peu accommodant).
Une romance née en mer au grand désespoir de Chris, rompu aux sentiments de courtes durées de port en port. Devant faire face à son destin, Anna avouera-t-elle son passé au risque de perdre les hommes de sa si courte vie ?
L’atmosphère de cette pièce est sombre, grise et maritime. Les décors sont épurés mais suffisamment explicites pour nous transporter aux côtés des acteurs justes.
Les personnages, désenchantés, sont attachants d’un bout à l’autre du récit. Chacun a ses motivations et trouve pleine légitimité dans ses choix, à nos yeux.
Le metteur en scène, Jean-Louis Martinelli, a su doser à merveille l’intensité, l’émotion et le suspens tout au long de la pièce. Jusqu’à atteindre un final d’une force rare dans un échange triangulaire qui semblerait sans issue.
Anna Christie
du mardi au samedi 21h, Matinées samedi 16h30 et dimanche 15h30
Au Théâtre de l’Atelier
1, place Charles Dullin
75018 PARIS
Auteur : Eugene O’NEILL / Adaptation Jean-Claude CARRIERE
Mise en scène : Jean-Louis MARTINELLI
Avec : Mélanie THIERRY, Stanley WEBER, Féodor ATKINE, Charlotte MAURY-SENTIER
Une réflexion sur « ANNA CHRISTIE intense et écorchée au Théâtre de l’Atelier »