“Ça va saigner !” une spectatrice (connaissant le texte de Victor Hugo) à son voisin à l’extinction des lumières de La Pépinière Théâtre
L’interprétation de Cristiana Reali qui incarne la folie pure d’une reine se consumant d’une passion ardente pour un bel italien est à elle seule le meilleur des arguments pour vous inciter à voir cette version glam rock captivante de Marie Tudor.
Björk, Pink Floyd, guitare électrique live en fond sonore, pantalon de cuir ou doré pimpant, la mise en scène de Philippe Calvario s’octroie des libertés voire audaces qui pourraient malmener certains fidèles de théâtre classique.
Ici, l’on est plutôt dans une vision fantasmée de l’Histoire, une veine initiée par Patrice Chéreau avec La Reine Margot – Cristiana Reali brune incendiaire nous rappelant au bon souvenir de la grâce d’Isabelle Adjani – et suivies par les séries Tudors et Rome. Rien n’est tout à fait réaliste et pourtant le récit ne perd en rien de son intensité, de ses sursauts de lucidité mêlés au contexte historique.
Le spectateur a le temps de s’imaginer les contours de cette reine, celle-ci ne faisant son apparition qu’au bout de 40 minutes de récit.
Marie Tudor est une héroïne passionnée et intense proche de La Dame aux Camélias, de Adèle H, avec un supplément de folie dont certains des excès font rire.
La justesse du jeu de Cristiana Reali participe à l’adhésion à ce récit où il est tour à tour question d’honneur, d’amour, de fidélité, de jeux de pouvoir et d’hystérie.
La tension ne cesse de s’élever, suivant le cours de rebondissements bien sentis jusqu’à un climax qui laisse sans voix.