“C’est un drôle de bonhomme, mais ne le détruisez pas. Il est fragile” Philippe Labro
Pièce touchante dont les valeurs nous questionnent sans détour sur nous-même, Victor signe le retour de trois grands noms sur scène : Cantona, Gadebois et Silhol sous la direction pointue de Rachida Brakni. Remontons le temps au Théâtre Hébertot et partons pour l’année 1948.
On peut se méprendre, ne connaissant pas l’histoire de l’auteur français Henri Bernstein. Et penser ainsi assister à la pleine performance et à l’omniprésence d’Eric Cantona sur scène.
Il n’en est rien. C’est bien Grégory Gadebois et le personnage qu’il incarne qui portent le récit.
Victor qui s’est retrouvé à l’ombre à la place de son ami de bataillon, reprend goût au grand air à sa sortie de prison. Il attend une femme, l’épouse de ce dernier pour qui il a sacrifié volontairement 11 mois de sa vie. Honneur, fraternité, fidélité et morale sont quelques-unes des valeurs abordées par la pièce et qui nous interrogent sur notre propre capacité à accepter, à se sacrifier pour un autre, à notre époque. Le télescopage des temporalités est troublant.
Mais c’est sans aucune lourdeur, ni long exposé que ces questions sont abordées dans cette histoire d’une passion.
Les montagnes russes sentimentales surprennent. Les issues ne sont forcément pas celles que l’on envisageait. Et c’est ce qui rend ce récit prenant et rythmé.
La sincérité de Victor touche au plus haut point. Grégory Gadebois est une nouvelle fois exceptionnel tour à tour timide, sincère et audacieux. Face à lui, Marc, un mari autoritaire malin et lucide porté par un Eric Cantona qui fait rire par l’aplomb de son personnage tout en effrayant par son intransigeance. Caroline Silhol affiche sur scène plusieurs visages : de la passion à l’abattement, en passant par la sérénité, avec une rare élégance.
Jouant sur différents registres, la pièce est trompeuse. L’on croit s’ennuyer dans les premières minutes tant le récit semble à mille lieux de nos considérations. Quand l’envie de rire nous saisit, il nous semble déplacer de se laisser aller. Et pourtant progressivement, la pièce se révèle, charme et touche tout à la fois.
VICTOR
de Henri Bernstein
mise en scène : Rachida Brakni
avec : Caroline Silhol, Eric Cantona, Grégory Gadebois, Serge Biavan et Marion Malenfant
du mardi au samedi à 21h
matinée : dimanche à 17h
au Théâtre Hébertot
78 bis boulevard des Batignolles
75017 PARIS
Une réflexion sur « VICTOR au Théâtre Hébertot : trio d’acteurs magistral pour récit touchant & rythmé »