C’est sous une chaleur de plomb que la communauté eurockéenne a reçu deux coups en plein visage :
l’un porté par les jouvenceaux irlandais de The Strypes, l’autre par le collectif Fauve.
Première série d’uppercuts, infligée par les quatre ados irlandais de The Strypes, en tout début d’après-midi à la Green Room, devant un peu moins de 5 000 privilégiés qui ont vu éclore l’avenir probable du rock’n’roll.
En un peu moins d’une demi-heure et 9 morceaux, The Strypes ont su dérouler une partition puissante qui a emballé le public. On commence par être étonné de voir débarquer ces quatre garnements sur scène, gonflés d’assurance et d’arrogance maligne. Puis on oublie leurs visages d’enfant, comme on finissait par croire aux mini Queen du clip The Miracle. Puis on se contente d’apprécier le blues rocks et le rock’n’roll rétro, rappelant Johnny Cash, The Stray Cats ou Ten Years After – notamment le morceau I’m Going Home pour les fans du Péril Jeune de Cédric Klapisch.
C’est ainsi que le « pub band » a électrisé une foule qui n’a pas cessé de grossir au fil des morceaux : tous des singles en puissance avec, entre autres, Blue Collar Jane et Hometwon Girls, déjà plébiscités au Royaume-Uni et en Irlande. On sait qu’avec le concours du producteur des Beatles et des Sex Pistols, Chris Thomas, ils travaillent à un premier album qui devrait sortir à l’automne et ne pourra que cartonner ! Retenez leurs noms : Ross Farrelly (chant et harmonica), Josh McClorey (guitare), Pete O’Hanlon (à la basse demi caisse) et Evan Walsh (batterie), ils sont promis à un bel avenir en tête des charts.
Ensuite, une gifle, voire plusieurs gifles d’affilée, cette fois assénées par le collectif Fauve au Club Loggia à 23h. Leur musique ne ressemble à rien d’autre, c’est d’ailleurs le message que véhicule leur logo, le sigle « ≠ ».
Les membres du groupe ont auto-intitulé leur style musical le « spoken words », mélange de slam et de pop. Et cela fonctionne, car Fauve a su donner de la densité rythmique à leurs morceaux désormais célèbres sur internet : Blizzard, Kané, Haut les Cœurs et l’hymne Nuits Fauves.
Ils ont su dépasser le dépouillement musical assumé de leur 1er EP Blizzard pour se tourner vers une « épiphanie » pop. Quand les Fauves sont lâchés dans l’arène, les textes tapent également plus fort et insufflent une fureur de vivre proche de l’effet – supposé ! – des drogues récréatives. Le chanteur, qui n’a pas tenu en place pendant une heure, et ne se fixait que pour danser frénétiquement à la manière de Ian Curtis des Joy Division, a scandé sa poésie musicale rageuse sans faiblir. Bref, ceux qui se considèrent plus « comme des artisans que comme des artistes » ont frappé un grand coup dans le festival.
En vrac. Trois ans après un passage discret aux Eurockéennes, c’est sur la grande scène en début de soirée, que les membres de Two Door Cinema Club, arborant une coiffure piquée à Morrissey, ont, malgré un début de concert en-dedans, réveillé le festival à la fin de leur set grâce aux singles entêtants Something Good Can Work et un What You Know survolté !
C’est par la grande porte qu’ils ressortent de cette 25ème édition.
Un peu avant, au soleil couchant, Lou Doillon et ses musiciens, dans un set pop-folk maitrisé, ont réussi le pari d’exister dans une édition 2013 très rock, notamment grâce à une excellente reprise de Should I Stay or Should I Go de The Clash.
Petite déception pour Kavinsky, jouant trop sur la corde minimale et il est vrai desservi par une sono en bout de course.
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