Alors qu’il se disait dans le milieu de la bande dessinée que le dessinateur Winshluss (Vincent Paronnaud) ne céderait jamais aux offres d’achat des planches originales de l’album qui l’a consacré au grand public, Pinocchio, la Galerie Vallois a semble-t-il trouvé les meilleurs arguments pour faire changer d’avis leur poulain.
En effet, lors de la première exposition du dessinateur à la galerie, il y a 2 ans, aucune pièce de l’album culte n’avait été présentée. Certains chanceux avaient, toutefois, réussi à mettre la main sur une ou deux évocations du petit personnage en bois à la Librairie Super Héros. C’était à l’époque où l’artiste était encore accessible, un dernier pied dans la création underground, pas très au fait de l’inflation des planches de bd.
Cette fois, vérifiez que votre cœur est bien accroché avant de prendre la route de la rue de Seine, sinon vous risquez une attaque à chaque seconde.
Se découvrent sur les murs de la galerie, les crayonnés de la couverture originale de l’oeuvre bd, prix du meilleur album au Festival d’Angoulême, et quelques-unes es scènes phares de cette histoire réadaptée, transfigurée par le génie d’un artiste enfin reconnu.
Planches au feutre noir, esquisses préparatoires et toiles en couleurs, les pièces exposées enchanteront tout passionné de l’œuvre de Winshluss. Et ils sont nombreux désormais.
Le dessinateur, également réalisateur (en duo avec Marjane Satrapi ou en solo pour l’objet filmique non identifié Villemolle 81) , a l’art d’offrir une oeuvre dense et protéiforme.
Le cynisme est toujours au détour de son trait, comme cette toile parodique détournant les figures magistrales la bande dessinée internationale. Fear offre une image de la dérive du monde avec l’exacerbation de tous ses penchants pervers: Tintin à terre est joyeusement tabassé alors que Captain America est en mauvaise passe.
Plus inattendu pour les fins connaisseurs, cette nouvelle exposition est l’occasion de découvrir l’oeuvre sculptée de l’artiste. Un poing accueillant dans la salle principale, rappelle le film La nuit du chasseur. Il y est inscrit, comme un tatouage, le mot Amour. Souvenez-vous des mains tatouées de Robert Mitchum dans l’oeuvre de Laughton.
La rencontre avec Winshluss ne laisse aucun visiteur indifférent, séduisant au passage les collectionneurs d’art contemporain à la recherche de nouvelles approches artistiques figuratives.
Exposition La fin du monde ?
Jusqu’au 7 avril 2012
Galerie Vallois
38, rue de Seine 75006 PARIS
Rien à faire, Winshluss renouvelle la bd française et c’est tant mieux.
Serait-ce notre nouveau Moebius-Jean Giraud? Un auteur à plusieurs casquettes?
Je n’avais pas pensé à cette comparaison. Mais c’est vrai que Winshluss est un artiste foisonnant dans son style. Il faut attendre peut-être encore quelques années avait de le savoir.