Plongeon radical dans l ‘art contemporain du Moyen-Orient.
Lost In Paradise est présenté par A&E Projects au Loft Sévigné depuis ce mardi à Paris.
A&E Projects nous propose une rencontre inédite avec la découverte d’artistes venus du Moyen-Orient.
Et il est troublant de constater que cette zone géographique, en pleine tourmente et mutation, donne une vision artistique aussi vaste et bouillonnante.
Issus de toutes religions et de toutes cultures, les artistes représentés ici réfléchissent avec force aux troubles liés à leurs confessions et à leur représentation ainsi qu’à l’expression possible de la violence.
La compréhension du cadre de vie des artistes est nécessaire pour appréhender la tension qui découle de leur message.
C’est le cas d’Ariadhitya Pramuhendra qui s’interroge sur son catholicisme au milieu d’une Indonésie à majorité musulmane.
Il met en avant un questionnement entre la science et la religion. Laquelle des deux prédomine sur l’autre? Laquelle à raison face à l’autre?
Mais ne fuyez pas pour autant. Même si le sous-titre de l’exposition “Du spirituel dans l’art actuel” place la religion au centre de ce parcours,
le rapport entre démarche artistique et réflexion philosophique est un dialogue essentiel du XXIe siècle.
Ces artistes n’ont pas de volonté prosélyte mais veulent aborder, amorcer une réflexion sur le rapport de notre monde à la spiritualité.
Idris Khan et son “The Devil’s Wall” en est un exemple. Il reprend et détourne un moment fort du Hadj (pèlerinage à La Mecque).
Il remplace les pierres jetées contre le Diable et finissant dans un trou sans fond, par des paroles (en arabe et en anglais).
Les deux langues, se mêlant et se confondant au final, créent une œuvre envoutante.
A quelques pas de cette œuvre, la réinterprétation de la parabole de l’agneau pour Michal Rovner est tout simplement hypnotique.
Symboliquement, cette vidéo est projetée sur une pierre, véritable objet archéologique trouvé en Israël.
Le symbole n’en est que d’autant plus fort.
Ce rendez-vous est également l’occasion de découvrir deux artistes pour la première fois exposés en France : Reza Aramish et Shezad Dawood.
Ce dernier travaille la représentation de l’invisible en passant par l’iconographie du néon, symbole, pour lui de, l’initiation et de la transcendance.
Cette utilisation de la lumière est aussi un rappel de son enfance à Karachi.
il crée donc des structures qui font directement appel à l’imaginaire du spectateur.
La pièce The All-Forgiving (un des 99 noms d’Allah) en est la parfaite illustration.
On peut notamment y retrouver une référence à la couronne d’épines portée par le Christ lors de son calvaire.
Mais les pièces qui nous captivent le plus sont sans certainement les photos de Reza Arames:
l’autre artiste à découvrir pour la première fois en France.
Avec sa série Action, il met en scène les violences des conflits internationaux, mais en les replaçant dans un haut lieu de l’art : le Musée Rodin.
Dans ces photographies qui reprennent des situations de guerre, la violence est recréée uniquement par la position des corps, magnifiés.
Ce sont véritablement des œuvres saisissantes à l’instar de ce prisonnier élevé au rang de bouddha dans la sculpture en bois: Action 106, West Bank.
Ne tardez pas à prendre le pouls d’un région du monde en souffrance.
Chacun d’entre vous pourra arrêter son regard sur une des œuvres quelles qu’elles soient: figuratives, abstraites, contemplatives ou réflectives.
LOST IN PARADISE
Du spirituel dans l’art actuel
Du 14 au 25 novembre 2012
Loft Sévigné
46 Rue de Sévigné
Paris 3ème
Métro: Saint Paul, Chemin vert