La Monnaie de Paris nous a habitué à des expositions décalées. C’est encore le cas avec Merci Raymond par Bertrand Lavier. Jusqu’au 17 juillet 2016, l’établissement rend hommage à Raymond Hains, photographe, plasticien et figure de proue du Nouveau Réalisme, grâce à cette carte blanche accordée à l’artiste Bertrand Lavier.
Dialogue entre les œuvres de ces deux artistes mais aussi de certains autres, Merci Raymond est une exposition légère, décalée et subtile. Jeux de mots et double sens assurés, mais aussi sens cachés. L’équipe d’USofParis a chaviré pour une sélection de propositions.
Ready-Made : voitures et skis
C’est l’un des maître-mots de cette exposition. Conceptualisé par Marcel Duchamp, cet art consiste à faire d’objets du quotidien existants des œuvres d’art.
Il y a six troènes entre Matiz et Picasso est une belle illustration de ce concept.
Avec humour, Bertrand Lavier illustre par cette installation – créée pour cette exposition – un vrai duel commercial et contemporain, la rivalité qui opposait les deux peintres : Matisse et Picasso.
On retrouve aussi l’idée de ready-made dans la salle La foire aux skis !
Autour de cette Palissade de skis de Raymond Hains, Bertrand Lavier réunit des pièces d’artistes “en ski”. De Boltanski à Kandisky, il n’y a ici aucune volonté de créer un rapprochement historique entre ces artistes mais plutôt céder à l’envie de faire se côtoyer des œuvres qui, normalement, ne se seraient pas rencontrées. L’ambiance musicale de la salle est bien évidement assurée par Stravinski.
Macintoshages : les premiers pas dans l’art numérique
Macintoshages, c’est le nom que l’artiste a donné à ces collages numériques qui sont en réalité des captures d’écran.
Il suffit de regarder la date, 1999, pour voir le côté visionnaire, ou avant-gardiste, de Raymond Hains. Bluffant !
Même si ces propositions nous renvoient aux prémices de l’art numérique, elles restent malgré tout d’une exceptionnelle modernité.
Détournements et hommages
L’art c’est aussi jouer avec des symboles, des images.
Lavier et Hains jouent donc aussi de leurs propres images pour duper les visiteurs avec cette espèce de Qui est qui ?
A droite : est-ce Raymond Depardon ou Bertrand Lavier ?
A gauche : est-ce Albert Michel ou Raymond Hains ?
Ce trompe-l’œil est exacerbé avec les photos de l’oeuvre Harcourt/Grévin qui sont mises en parallèle.
Lavier a demandé au studio Harcourt de faire des portraits de statues de cire du musée Grévin : fascinant !
Un peu de grivoiserie aussi dans Merci Raymond avec cet hommage à Frédéric Dard.
Reprenant une stèle commémorative érigée à Bourgoin-Jallieu, Objet Dard compile les titres de tous les romans de San Antonio.
Et comme une œuvre de Bertrand Lavier n’a pas qu’un seul niveau de lecture, celle-ci est aussi un clin d’œil au chef étoilé Guy Savoy, présent dans les murs de la Monnaie de Paris, mais aussi natif de Bourgoin-Jallieu.
Si vous aussi vous voulez tâter de l’esprit décalé de Bertrand Lavier et Raymond Hains, il ne vous reste plus qu’à franchir les portes de la Monnaie de Paris.
Dernier conseil avant votre visite : n’hésitez pas à demander des explications aux médiateurs de l’expo si vous vous sentez perdus. Ils auront de précisions sur les oeuvres si vous avez besoin d’être éclairés.
Exposition Merci Raymond par Bertrand Lavier
Jusqu’au 17 juillet 2016
Horaires :
Tous les jours de 11h à 19h
Nocturnes les jeudis jusqu’à 22h
Monnaie de Paris
11, quai de Conti
75006 Paris