Grande gueule, provocateur, macho, hors norme, animal…
Ce que l’on peut percevoir de la personnalité de l’architecte Rudy Ricciotti à travers les médias peut surprendre, voire dérouter.
Émotion rare pour cet homme qui se dérobe le plus souvent.
Que nous réserve donc cette exposition à la Cité de l’Architecture?
Une sélection de 30 projets autour de 4 thématiques fortes ayant ponctué la carrière de l’architecte.
Dans cet ensemble, aucun plan de créations, ni de maquette de travail ne viennent tirer le regard vers l’infini petit.
Les pièces exposées, les tirages photos se déploient comme autant de preuves qu’esprit audacieux les a initiés.
“Ricciotti pousse les techniciens à aller au delà de leurs limites” précise le scénographe.
Ce propos donne encore plus d’ampleur aux prototypes et aux autres éléments que l’on peut découvrir. Ils sont des indices et de traces des recherches accrues poussées par les équipes sur la matière.
Une matière que le concepteur aime tant travailler.
Le département des Arts de l’Islam au Musée du Louvre, le Centre chorégraphique national Preljocaj à Aix-en-Provence, le Musée Cocteau à Menton.
Chaque nouveau projet est une nouvelle expérience pour ses collaborateurs qui ont parfois bien du mal à se projeter face au caractère parfois irréaliste de certains grands projets.
Et ce qui étonne avant tout, c’est le caractère lumineux des bâtiments. Le concepteur n’aime rien tant que de jouer avec le soleil et ses nuances.
C’est intriguant aussi. Il n’est pas toujours évident de comprendre l’enjeu de telle pièce ou prototype quand nous n’avons pas la chance d’être accompagné par un guide dans ce parcours épuré.
En complément de cette exposition, le film de la réalisatrice Laetitia Masson projeté en fin de parcours donne quelques clés sur la recherche incessante de Ricciotti.
Pour l’anecdote, l’architecte voulait intituler l’exposition: “Ricciotti, architecte provençal“. Un pied de nez à l’establishment parisien qui l’accueille pourtant avec cette exposition manifeste. La conception même de cette dernière ne s’est pas faite sans douleur. Alexandre Goulet nous confie que les dernières photographies sont arrivées une semaine avant le vernissage et que les projections photos ont été finalisées la veille.
Un regret persiste pourtant, pour l’équipe chargée de la scénographie et le commissaire d’exposition: ne pas avoir pu montrer certains des plus beaux éléments de construction. La majorité a été détruite, comme un prototype spectaculaire placé dans les douves du Musée du Louvre ayant servi lors des travaux pour l’aile du nouveau Département des Arts de l’Islam. Mis au rebut à la fin du chantier.
A la fin du parcours, le visiteur peut se demander, comme nous, quelle a été la réaction de l’architecte face à cette exposition. La réponse: “Ah c’est bien!“. Peu habitué aux compliments, il préfèrera toujours le silence quand tout va bien mais ne se privera pas de “gueuler” quand ça n’ira pas.
Un personnage complexe donc, mais dont les projets ne peuvent que réveiller notre imaginaire, réinventant notre rapport à l’urbain et à la création contemporaine.
Exposition RICCIOTTI, architecte
jusqu’au 8 septembre 2013
Lundi, mercredi, vendredi, samedi et dimanche de 11h à 19h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h
à La Cité de l’Architecture et du patrimoine
1 Place du Trocadéro et du 11 Novembre
75016 Paris
Commissaire : Francis Rambert, avec Christine Carboni et Martine Colombet.
Scénographie et graphisme : GCG architectes (Alexandre Goulet, Olivia Charpentier, Dev Gupta) avec Félix Bulcourt, designer et Clarisse Podesta, graphiste.
Une réflexion sur « Exposition: Rudy RICCIOTTI, ARCHITECTE inspiré et déroutant à La Cité de l’Architecture »