Ludique, déroutante, emballante, barrée, tous les adjectifs sont bons pour décrire Take me (I’m yours) à la Monnaie de Paris. Pour autant, il ne s’agit pas d’une déclaration d’amour, mais bien d’une proposition artistique décapante : l’oeuvre n’est finalement pas tout à fait celle qui est exposée ; elle prendrait tout son sens une fois dans votre sac, de retour chez vous. Une expérience à ne surtout pas visiter seul(e).
Attention : pleines performances du 22 au 24 oct à l’occasion de la Fiac.
Dans la suite logique de la précédente exposition consacrée à l’artiste belge méconnu mais génial, Marcel Broodthaers, la Monnaie de Paris malmène une nouvelle fois nos certitudes en matière d’art contemporain en recréant une expo culte née à la Serpentine Gallery à Londres en 1995. A l’origine, deux artistes Christian Boltanski et Ulrich Obrist, conçoivent un parcours où il est exceptionnellement possible de toucher les oeuvres et, plus surprenant, d’en emporter des bouts.
Des 12 artistes exposés à Londres et présents pour cette recréation, 32 nouveaux viennent composer un générique impressionnant de noms. Gilbert & George, Yoko Ono, Fabrice Hyber, Bernard Lavier, Fabrice Hyber, Douglas Gordon. Et une nouvelle commissaire, Chiara Parisi, vient participer à la mise en scène de cet ensemble hétérogène dans les salles de la Monnaie de Paris.
Ça déborde de partout !
Les oeuvres se sont exceptionnellement répondues dans l’ensemble de la Monnaie de Paris : Wish Tree (arbre à souhaits) de Yoko Ono dans les escaliers – messages amusants, touchants et décalés à lire par tous et toutes -, un oeuf sur les marches, un distributeur de lots à l’entrée des toilettes, sans oublier une montagne de cartes de visite noires dans un étroit couloir.
Take me (I’m yours) est une fête foraine d’un nouveau genre et en intérieur. Rien n’est tout à fait sérieux si ce n’est le nom des artistes présentés. Croiser un bac à badges God save the Queen ou un carré composé de bonbons à la menthe au milieu d’une pièce peut prêter à sourire. Il faut savoir aussi observer : est-ce que les autres visiteurs se contentent d’un badge ou d’un bonbon ou sont tentés d’en prendre plusieurs ? Et vous ? Comment réagirez-vous face à la prolifération de certaines pièces ?
Et comment résister au squelette comestible de Daniel Spoerri ? Ces petits bouts d’os au sucre et pâte d’amande nous font entièrement relativiser notre propre fin.
Il faut savoir laisser aussi
Tout n’est pas à récupérer dans votre grand sac en papier signé Boltanski. Il est aussi question de troc avec un atelier pratique, dès votre arrivée à la billetterie. L’institution parisienne étant un lieu de production de pièces, il est donc normal de réaliser la vôtre. Et votre inventivité sera récompensée !
L’achat : si vous souhaitez repartir avec l’écu original aux faces bicolores conçu par Fabrice Hyber.
Et enfin, le don. C’est aussi très inhabituel. Il ne s’agit pas ici de participer à une campagne de don pour l’acquisition d’une oeuvre comme cela se fait avec de grands musées comme le Louvre ou Orsay, mais bien de laisser un objet dans un des salons à l’invitation de l’artiste Jonathan Horowitz.
Le jour de notre visite, les visiteurs n’avaient pas été d’une générosité folle : ticket de métro, mouchoir avec empreinte de rouge à lèvres, peigne. Il est arrivé que l’équipe d’accueil aperçoive un casque de moto ou encore plus impressionnant : une machine à écrire. Un acte totalement prémédité !
Beaucoup d’ordres propositions et installations originales sont à découvrir. Ne tardez pas : tout doit disparaitre !
TAKE ME (I’m yours)
sous le commissariat de Christian Boltanski, Hans Ulrich Obrist et Chiara Parisi
jusqu’au 08 novembre 2015
à la Monnaie de Paris
11, quai de Conti
75006 PARS
ouverture : tous les jours de 11h à 19h
nocturne le jeudi jusqu’à 22h
Avant votre visite, téléchargez l’application mobile !
Du 22 au 24 octobre, à l’occasion de la FIAC 2015, de nombreuses interventions au programme !!
Génial !