Flo Morrissey est une jeune artiste londonienne de 20 ans, originaire d’Irlande. Elle écrit et compose depuis ses 15 ans, on retrouvera certaines de ses premières compositions sur son tout premier album Tomorrow will be beautiful qui est sort le 15 juin. Digne héritière de Joni Mitchell ou Vashti Bunyan, sa musique folk et sa voix ensorcelante nous fait voyager à travers les âges. Elle sera en concert le 24 juin au Point Éphémère et le 15 novembre à la Cigale dans le cadre du Festival Les Inrocks Philips 2015.
11 mai 2015, Paris
Nous devons nous retrouver dans un bar du Marais à 16h. Je reçois un coup de fil de son attaché de presse m’annonçant qu’ils ont pris du retard, qu’ils ne sont pas loin dans une galerie d’art et que je peux les rejoindre.
Flo enregistre une session acoustique dans la galerie. J’ai la chance d’entendre deux titres en live. Magique.
Le set fini, elle s’approche de moi pour me saluer. Son regard est hypnotique. Nous partons dans un petit parc à côté rien que nous deux. On discute un peu. Elle me met de suite à l’aise, je lui avoue que c’est la première fois que j’interviewe quelqu’un, elle me dit que c’est un honneur. Mais l’honneur il est pour moi. J’adore son travail, c’est une chance de pouvoir en discuter avec elle. Elle me rassure, me disant de pas être nerveux car mes questions seront bonnes, « It’s not a big deal ! »
United States of Paris : Ton album va profiter d’une sortie mondiale, c’est plutôt rare de nos jours pour un premier album. Tu dois être fière. Es-tu effrayée ou excitée ?
Flo Morrissey : Je suis excitée. Ces derniers mois je n’ai pas vraiment eu le temps de penser à sa sortie. Je commence juste à réaliser maintenant qu’il va sortir. Je suis excitée oui.
Ta voix est puissante, ta musique vient d’une autre époque qu’on ne peut pas vraiment définir, et c’est la magie de ton album. Quels ont été tes inspirations pour composer, écrire ?
J’ai commencé à composer à l’âge de 15 ans, à cette époque j’écoutais beaucoup de musiciens hommes comme Devendra Banhart, Neil Young, Bob Dylan, Jeff Buckley, mais pour la plus grande partie mon inspiration vient de ma famille. Je n’ai pas vraiment eu d’obsession pour des artistes en particulier. C’est plus que je chante de la façon dont je sens que je dois chanter. Je n’essaie pas de copier, ou chanter comme Lana Del Rey.
(Elle me regarde droit dans les yeux, me sourit, voit ma gêne et rit)
Est-ce que ça arrive dans une de tes questions ?
– Oui… (rires)
Ta musique, tes clips, ton look, le côté vintage nous font forcément penser à Lana Del Rey, Joni Mitchell ou Lorde ? Ont-elles été des inspirations également pour ton travail ?
Écouter des chanteuses, musiciennes, est quelque chose de vraiment récent pour moi. Pour Lana Del Rey, je pense qu’elle est vraiment talentueuse mais elle chante de la façon dont elle chante et je chante de la façon dont je chante, Je ne vois pas autant de similarités mais les personnes sont toujours là à faire des rapprochements. « Oh ! Lana Del Rey » « Oh ! Adele », etc. Ça fait paresseux de penser de cette façon. Je pense que chacun est unique.
Quand on écoute quelque chose de nouveau on fait toujours des rapprochements…
Oui, oui, comme « c’est un mixte entre Joni Mitchell et Vashti Bunyan ».
Ce n’est pas une mauvaise chose. Je te souhaite le même succès qu’elles.
Oh, je le prends comme un compliment.
C’est ma question égoïste maintenant, mon chanson préférée de l’album est « I only like his hat not him ».
(Elle est surprise) Vraiment ? Cool.
Oui j’aime beaucoup la simplicité des instruments utilisés.
Il y a une sorte de mini guitare espagnole. Il y a aussi un harmonium. Ça donne un son très indien dessus. Je suis contente que tu aimes celle-là.
Comment l’as-tu composée, écrite ?
C’est une histoire marrante à vrai dire. Quand j’écris je commence souvent avec le titre. Ma sœur de 7 ans était en train de parler des One Direction. Elle me taquinait. Elle me disait « Oh t’aimes bien Harry Style… » ou quelque chose comme ça et j’ai dit « J’aime son chapeau mais pas lui » (I only like his hat, not him). Mais quelle bonne phrase. Et je l’ai utilisé à ma propre façon. La plupart du temps je ne sais pas à propos de quoi j’écris, j’écris comme dans un journal intime.
Maintenant avec le recul, je pense que cette chanson est à propos de gens qui ont de la jalousie, ce genre de choses. Oui ça vient de ma sœur.
One Direction est très loin de ta musique !
Oui, exactement. (rires) Mais j’aime bien ce côté bizarre, étrange. Car tu ne sais jamais d’où peut venir ton inspiration.
Le 12 mai, tu as fait la première partie de Tobias Jesso JR à la Gaîté Lyrique, tu l’as également fait en UK. Est-ce stressant de chanter devant un public qui n’est pas venu pour toi ?
Oui. C’est assez marrant aussi, puisque tu peux trouver une sorte de jouissance dans le fait qu’ils peuvent aimer ou ne pas aimer. C’est comme un pari, tu peux perdre beaucoup ou gagner beaucoup. C’est effrayant, mais je suis excitée de faire aussi mes propres shows bientôt pour la première fois.
Mais je suis très chanceuse de faire les première partie de ces artistes (Damon Albarn, Vashti Bunyan, etc.), c’est une très bonne expérience.
T’ont-ils donné des conseils ?
Vashti Bunyan a été très gentille mais elle semblait très nerveuse aussi et c’est rassurant de voir quelqu’un qui a 70 ans être elle aussi stressée avant un concert. Elle m’a donné des potions que je devais boire avant de chanter. J’ai joué pour un groupe anglais The Staves. Ils ne prenaient pas les choses trop sérieusement et c’était plutôt bon pour moi, ils ont beaucoup d’humour. Moi je suis très sérieuse, mais je suis jeune et je dois me rappeler que la vie est fun. Je dois apprendre à ne pas prendre les choses trop sérieusement. C’était une bonne expérience.
Ton premier concert en tête d’affiche sera le 18 juin à Londres, et ensuite le 24 juin à Paris (au Point Éphémère), tu vas jouer pour la première fois avec un groupe. C’est plutôt nouveau pour toi. Comment te sens-tu ?
Je suis très excitée. On a eu 3 répétitions. On n’est pas vraiment prêt. On a réellement joué que 3 fois ensemble. Je suis très excitée car ce sera plus cinématographique. Ce ne sera plus seulement moi et ma guitare ou mon piano.
Penses-tu faire des vidéos ? Des projections sur scène ?
Oui, peut-être. C’est une bonne idée !
J’ai vu la vidéo où tu chantes la chanson de Françoise Hardy dans le Parc des Buttes Chaumont, il y a aussi ta chanson Little Boy où tu utilises le français. Est-ce une langue que tu parles couramment ?
Non pas encore. J’ai passé un mois en France en Novembre, j’ai essayé. J’ai appris le français, mais je n’y suis pas encore. Un jour.
Tu sembles avoir quelque chose de spécial avec la France ? Peux-tu m’en dire plus ?
J’adore la France. Je ne sais pas ce que j’aime vraiment. Je suis allée dans une garderie française quand j’avais 3 ans. Je ne sais pas, je pense que c’est l’atmosphère romantique qu’il y a ici que j’aime.
Qu’aimes-tu dans la musique française ?
Je pense que c’est la même chose, c’est le côté romantique. Comme Françoise Hardy. C’est simple mais puissant aussi. Comme Serge Gainsbourg, Charlotte Gainsbourg aussi. Ils ont ce « je ne sais pas » oh non ! « je ne sais quoi » qui fait que c’est cool. C’en est même ennuyeux la façon dont ils sont cools. (rires)
Et dans la musique actuelle ?
Je connais Ibeyi, j’ai joué avec elles aux USA. Je les aime beaucoup.
Quel est ton quartier préféré à Paris ?
J’aime le Marais, j’aime le quartier autour de l’hôtel Amour. J’ai enregistré une chanson avec Philippe Zdar dans ce quartier, son studio est à Montmartre.
Quelques mots en français pour conclure cette interview ?
(Elle réfléchit) Ce n’est pas vraiment des mots ou une phrase spécifique. Mais on m’a demandé l’autre jour comment je décrirai ma musique et un musicien français m’a dit pour la décrire « détente ». J’aime bien.
Je lui demande si elle peut prendre un selfie que je pourrai utiliser pour l’article. Elle est d’accord. Prends mon téléphone et m’attends.
-Non non, seulement toi.
– Ah mais je pensais que c’était nous deux, tu es sûre ?
– Oui oui, mais on peut en prendre une après si tu veux ce sera mon petit bonus.
– Oui, cool. Super !
On se lève, j’ai le droit à un hug. On promet de se revoir le 24 juin pour son concert parisien.
Interview by Joan
Flo Morrissey
1er album : Tomorrow will be beautiful
(Glassnote Records)
sortie le 15 juin 2015
en concert :
le 24 juin au Point Éphémère
le 15 novembre à La Cigale (Festival Les Inrocks Philips) avec John Grant Tobias Jesso Jr et Max Jury