This is the Hello Monster! s’est transformé en Gérald Kurdian pour un premier EP au nom géométrique : Icosaèdre. Prémices d’un futur album prévu fin 2016 plutôt prometteur.
Je l’ai rencontré dans un petit bar du 11e arrondissement, sa « deuxième maison », comme il dit.
UsofParis /Joan : Comment es-tu arrivé à la musique ?
Gérald Kurdian : J’ai étudié aux Beaux-Arts, j’écrivais beaucoup de textes et pour les lire je faisais des petits montages sonores avec des bruits que j’avais enregistrés, des sons que j’aimais bien, des petits instruments. Petit à petit, c’est devenu des morceaux, des objets de mon intimité, des cartes postales sonores. J’ai fait de la danse aussi et puis par la force des choses j’ai osé chanter en public. J’avais peur de ma voix mais je savais qu’il y avait quelque chose. J’ai eu du bol : une chorégraphe de danse contemporaine, qui bossait avec Katerine,a grillé un soir dans le studio que j’écrivais des chansons. J’ai enregistré un truc en 10 minutes et elle l’a filé à Katerine qui a dit que c’était pas mal. Et de rencontres en rencontres j’ai monté This is The Hello Monster! et j’ai assez vite trouvé une manageuse.
Du coup tu as changé de nom pour ce projet-là. Pourquoi ?
This is the Hello Monster! me permettait de me cacher. Déjà il y avait la langue, qui est la langue de mon père, une langue d’un type qui est une sorte de mystère « outre-atlantiste ». Ça me permettait aussi de traverser plusieurs expériences sonores sans me dévoiler, une sorte de prudence.
Pour ce disque il fallait être frontal et présent. J’ai des choses à dire qui sont claires.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de te dévoiler ?
Je me suis dit que dans la grande machine du spectacle personne ne saura jamais qui je suis et moi-même je ne le sais pas. Autant s’appeler soi et que cela devienne un jeu.
Comment est née ta collaboration avec Chapelier Fou pour cet EP ?
On s’était rencontré en tournée, sur un festival québécois. De Montréal à Rouyn-Noranda on a voyagé ensemble en voiture avec son ingé son et mon batteur. On a fait ces 900 km en riant beaucoup et en parlant musique. Quelques semaines plus tard il m’a proposé d’écrire une musique pour lui. On est devenu très amis et on a pas mal collaboré depuis.
Tu as tapé dans l’oeil des Inrocks, petite fierté ?
Je suis hyper content. Ça me rassure qu’un disque comme ça soit soutenu par ce genre de presse.
Parlons du titre de cet EP. Pourquoi Icosaèdre ?
C’est un exercice de diction. J’aime bien faire appel en général à la science.
Un Icosaèdre est un objet fascinant, qui du temps de Platon avait des vertus de sagesse. Il a le rapport au cosmos. J’aimais bien cette idée de forme synthétique, avec des facettes, chacune portant un aspect, mais qui font toutes parties d’un même objet, d’une cohérence.
La suite pour toi c’est un album ?
Oui il y a un album à venir, on cherche du soutien pour cela. Idéalement ce serait pour début 2017. J’ai les matières de morceaux, j’ai assez pour faire un disque. Il y a de quoi faire. J’ai trouvé un fil qui m’intéresse qui est ce mélange de textes et d’électronique que je trouve passionnant. Et j’ai envie de dire des trucs sur le corps. J’étais parti sur une sorte de vocabulaire du corps érotique, on va dire, et son rapport à la ville, aux espaces.
Je vais te poser les petites questions que je pose à chaque artiste que je rencontre.
Ton dernier coup de cœur musical ?
Il y a un garçon que j’aime beaucoup, il s’appelle Arca. Il a bossé sur le dernier album de Björk. J’aime beaucoup ce qu’il fait et j’aime bien son rapport au silence.
Dans la scène française, Laura Cahen. C’est quelqu’un qu’il faut aimer car c’est un auteur réel, comme à l’époque. C’est Brigitte Fontaine dans les 70’s.
Le dernier concert que tu as vu ?
(Il réfléchit beaucoup, car rien ne lui revient)
J’ai vu Radio Elvis et c’était cool.
Vu que tu es parisien, est-ce que tu as une bonne adresse food à nous partager ?
J’ai le droit à un truc un peu cheap ?
L’endroit où je vais dans mon quartier c’est « 3 fois plus de piment », c’est un resto asiatique pas cher et c’est vraiment trop bon.
Je suis très mauvais en bouffe, c’est très secondaire pour moi.
Si tu ne vivais pas à Paris, où aimerais-tu vivre ?
Là j’habite à Bruxelles en ce moment, je trouve ça vraiment cool, ça me rend très heureux.
J’aimerais habiter à Montréal, c’est la ville que je sens le mieux.
Ton endroit préféré à Paris ?
Je crois que j’aime vraiment ce bar. J’habite vraiment pas loin et j’ai tout vécu ici : des amours concrétisés, des ruptures, des amis. Je suis déjà venu en chaussettes, le barman m’a vu dans tous les états, j’ai pleuré, j’ai ri, j’étais ivre mort dans ce bar.
C’est ma deuxième maison. Par contre j’ai un problème, ils ont refait le bar avant il était en zinc et ça sent le neuf donc ça me gêne. Je me concentre sur le carrelage maintenant.
Interview by Joan
Gérald Kurdian
EP : Icosaèdre