Après une longue attente, Kendra Morris est enfin revenue à Paris pour la promo de son EP, Babble, il y a quelques semaines, accompagnée de sa petite famille. Rayonnante, généreuse, elle nous livre sans filtre les secrets de composition de son nouveau disque, tout en se confiant sur sa relation particulière avec notre ville et les Frenchies, plus fidèles que jamais.
INTERVIEW / KENDRA MORRIS
UsofParis : Es-tu toujours la même artiste, la même auteure, chanteuse depuis cette belle histoire d’amour et ta fille ?
Kendra Morris : Je pense que je le suis plus encore. J’ai eu tellement d’expériences et je pense aux choses différemment. J’aborde vraiment la vie autrement. Je pense plus à la soudaineté des choses. Je suis définitivement plus responsable, je n’ai pas le choix.
Es-tu toujours optimiste pour autant ?
Je le suis. Il y a de nouveaux challenges mais il y a toujours de nouvelles voies pour aller au bout de ce que vous souhaitez. Je suis encore plus ouverte et prête à tester de nouvelles choses, à travailler avec de nouvelles personnes. A favoriser la chance autrement.
As-tu le temps de penser à ta musique, de faire de nouvelles chansons tout en t’occupant de ton enfant ?
Oui. En fait, j’ai remarqué que même si d’une certaine manière j’avais moins de temps, car je m’occupe d’elle, quand je suis seule je suis vraiment beaucoup plus concentrée qu’avant.
Dans ton travail ?
Depuis sa naissance, j’ai commencé le montage vidéo. J’ai créé la couverture de l’EP et j’ai conçu l’univers visuel des vidéos pour chaque chanson. Parce que ma manière d’écrire est très visuelle. Je vois des couleurs, des ambiances pour chacune d’entre elles. J’ai grandi entourée d’art. Mon père était illustrateur, donc ça a toujours fait partie de ma musique aussi. J’ai ainsi commencé à trouver des vieux films et différents clips et à les monter. Quand on les joue en concert, un projecteur diffuse les films.
Donc pour le clip de la chanson Avalanche, l’idée était de toi ?
C’était un des visuels que j’avais conçu. J’ai demandé de l’aide à un ami. J’avais un vieil écran de projection chez moi et mon idée était de me filmer devant l’écran, avec cette projection.
Quand as-tu commence à écrire ces nouvelles chansons ?
Il y a un, voire deux ans. Je prends toujours du temps pour être sûr d’aller en studio deux à trois fois par semaine pour écrire. Toujours.
Même à l’arrivée de ma fille, Opal, j’avais besoin d’aller en studio.
Alors qu’elle n’avait que quelques semaines, il fallait que je sois au studio plusieurs heures par jour, simplement pour écrire. J’ai certainement écrit ces chansons lors de la première tournée.
Le Snitch a été influencé par la France.
Vraiment ?
Elle a été conçue, écrite, autour du concert au Café de la Danse à Paris, en novembre. On l’a même peut-être jouée. Le groupe entier a participé à la composition musicale.
Que peux-tu me dire sur le titre Woman ?
Je l’ai écrite par rapport à une émotion forte. Je l’ai écrite en studio – que j’appelle mon “Instagram Lab”. Sur mon téléphone, je regardais le profil d’une fille, elle m’obsédait.
Elle était belle. Elle faisait comme toutes ces filles qui font des selfies, sous tous les angles, elle est cool.
Et à l’époque, j’étais avec mon petit ami qui est devenu mon mari un peu plus tard. Et j’ai pensé à un truc dingue : “Et s’il l’avait rencontrée ? Serait-il tombé amoureux d’elle ?”
Je me comparais à elle. Je le fais souvent, avec d’autres profils de filles sur Instagram, qui est finalement un monstre. C’est devenue l’obsédante culture de la vanité et de ces choses superficielles.
Les premières paroles me sont venues en deux secondes. J’étais avec Jérémy, je lui ai proposé de commencer par un accord et ensuite d’essayer de trouver la suite du texte”. Et le chœur était : “y’a toujours une fille qui me fait sentir que je suis une merde”.
Mais je me suis sentie, paradoxalement, tellement bien au studio. Je me disais : “Même si je me compare à elle, j’ai réussi à faire une belle chanson !”
Que retiens-tu de ces allers retours en France, la promo, les concerts ?
Chaque fois que je reviens, je me sens de plus en plus à l’aise. J’attrape au passage un peu plus de mots français. Je commence à mieux comprendre la culture aussi. Je me sens un peu plus comme chez moi.
Quel type de relation as-tu avec tes fans ?
Je les aime et même si nous sommes loin, il y a un lien entre nous. Comme lors des attaques, j’étais en pleurs, parce que je connais beaucoup de personnes ici maintenant.
La musique est vraiment une partie importante de la vie des Parisiens et des Français.
Je suis touchée aussi qu’à chaque fois que je poste un message en ligne, il y a toujours un fan pour m’écrire : “Viens à Paris !”
Qu’est-ce que ne sait pas le public français à propos de toi ?
J’aime sentir les choses. J’adore. J’ai un grand sens de l’odorat. Je ne sais pas si ça vient de mon nez.
Tu as un très beau nez !
Où que j’aille, il sent les choses. Et je sais que je garde en mémoire ces odeurs, qu’elles sont liées à des souvenirs. Comme l’odeur du parfum. Je pourrais reconnaitre l’eau de Cologne de mon petit-copain de lycée si je la sentais dans la rue. Et ça me projette à cette période. J’ai pourtant oublié son nom, mais pas son odeur.
Interview by Alexandre
Kendra MORRIS
EP Babble
Merci à Aude Saucey pour la traduction