En ce premier week-end de juillet, le village cirque guinguette des Nuits de Fourvière est officiellement lancé au sein du Domaine Lacroix-Laval. Malgré un temps mitigé et quelques averses, les familles sont venues nombreuses. Les enfants sont occupés aux différents ateliers cirque proposés en partenariat avec la MJC Ménival (Lyon 5ème) et l’École de Cirque de Lyon : ruban, trapèze volant, jeux d’acrobaties et d’équilibre. Certains adultes semblent même regarder leurs bambins avec envie, se voyant volontiers prendre leur place. Une petite fille aux cheveux blonds de 3-4 ans fait l’admiration du public, n’hésitant pas à s’accrocher par les pieds au trapèze. Elle vole avec une facilité déconcertante, peut-être une future vocation. On peut facilement se laisser aller à se rêver en artiste de cirque faisant écho à la fameuse chanson « J’aurais voulu être un artiste… »
Ce village placé au milieu du parc vallonné de Lacroix Laval nous emmène hors du temps, dans une ambiance de saltimbanque. A cette occasion, deux chapiteaux ont été dressés, le Cirque des Nuits qui accueille le spectacle des acrobates de Simple Space et celui de L’Homme Cirque de David Dimitri, que les spectateurs pourront découvrir tout au long du mois de juillet. Des bals, apéritifs musicaux et projections de films sont aussi au programme.
Nous apercevons alors David Dimitri se diriger discrètement vers son camion, un poids lourd imposant siglé « David Dimitri, L’Homme Cirque ». Le temps des roulottes est bien révolu, nous rappelant que ces spectacles nécessitent des moyens matériels et une logistique importante.
Il est maintenant 20h15, nous sommes invités découvrir l’univers de L’Homme Cirque. L’ambiance est intimiste. Je suis ravie de la proximité que nous allons avoir avec l’artiste. Des objets comme un cheval d’arçon roulant avec sa tête surmontée d’une crinière de laine, un accordéon, un tapis roulant recouvert d’un tissu rouge, disposés sur la piste nous donnent des indications sur l’univers de l’artiste, situé entre modernité et tradition.
Je suis impatience de le découvrir cet Homme Cirque, comme sorti d’un cabinet de curiosités, mi-homme mi-animal de cirque, sorte d’hybride, capable de tenir son public en haleine, seul en scène, pendant plus d’une heure. Son spectacle est hallucinant mais n’est rien dû au hasard. David Dimitri est, en effet, le fils du célèbre clown Dimitri et a évolué dans l’univers du cirque depuis son plus jeune âge. Il sait que les arts du cirque requièrent une grande exigence. Son CV est impressionnant : il se forme à l’École du Cirque de Budapest, à la Juilliard School de New York puis intègre ensuite les célèbres Cirque Knie, Cirque du Soleil et Metropolitan Opera House.
Il est 20h35, le fameux Homme Cirque se présente à nous. La cinquantaine, de taille moyenne, son corps fin donnerait presque une impression de fragilité mais celle-ci est trompeuse. Un large sourire éclaire son visage. Il change de chaussures et nous embarque dans un numéro clownesque sur le tapis roulant. Le public commence à rire. Puis, le voilà parti à exécuter quelques acrobaties comme s’il avait des ressorts sous les pieds.
Vient ensuite un numéro à la fois poétique et drôle avec le cheval d’Arçon. Il fait venir un garçon sur scène qui fait semblant de donner à manger à l’animal. Il joue aussi de l’accordéon, nous emmenant ainsi dans une autre époque. Il ne parle pas, son corps et son visage suffisent à exprimer ses émotions et à les transmettre au public.
David Dimitri n’a aucune aide extérieure pour le son et les lumières. Il gère cela tout seul grâce à un petit boitier en bois vers lequel il fait fréquemment des allers et venues. Il n’y a pas de jeux de lumière spectaculaires mais l’essence de son spectacle n’est pas là. L’Homme Cirque préfère la simplicité et la proximité avec le public.
Le voici désormais suspendu sur un fil. Il enchaîne pirouettes, saltos, danse avec une facilité déconcertante, tout en jouant de la trompette ou de l’accordéon. Avec une malice non dissimulée, il fait même semblant d’échouer sur une acrobatie et recommence son numéro devant un public déjà conquis par ce personnage attachant.
Il est maintenant 21h20, nous le voyons découvrir et placer le fameux canon sur la piste, drôle d’engin métallique avec des roues en bois. Notre Homme Cirque est aussi un sacré bricoleur. Nous sommes impatients de voir ce numéro spectaculaire. On se demande comment il va s’y prendre.
Le voici désormais en haut du chapiteau, il ouvre une petite fenêtre découpée dans la toile, par laquelle il souhaite s’engouffrer et nous fait signe de sortir. Chacun a hâte de voir ce qu’il nous a réservé. Nous l’apercevons alors suspendu sur un fil à environ 20 mètres au-dessus du sol, sans aucune protection. Il avance confiant et précis, simplement aidé par une longue barre horizontale. Tout le monde retient son souffle. Ouf, le voici arrivé de l’autre côté, les applaudissements retentissent dans le parc. David Dimitri descend l’échelle rapidement avec une grande aisance puis nous salue tout en se dirigeant vers son chapiteau. C’est un homme discret qui ne s’attarde pas avec des saluts interminables. Il a déjà ouvert la porte de son chapiteau, nous salue une dernière fois et disparaît.
by Émilie Jacquemier
L’homme cirque
spectacle sous chapiteau de et avec David Dimitri
au Domaine de Lacroix-Laval
jusqu’au 23 juillet 2017
dans le cadre des Nuits de Fourvière