Le canard à l’orange à la Michodière est capable de combler tout le monde par sa qualité de jeu, son rythme et le talent de son metteur en scène.
Nicolas Briançon aime la scène, les comédiens et surtout le public qu’il entraine avec brio dans cette comédie d’un autre temps mais à laquelle il a su insufflé tout le tonus et la verve qu’il fallait pour qu’elle nous soit contemporaine. Il a voulu rendre hommage au théâtre de boulevard, au théâtre d’acteurs. Ce “plaisir presque régressif” est contagieux dans toutes les rangs du théâtre.
François Vincentelli a reçu le Molière 2019 du comédien dans un second rôle.
Comment te dire adieu ?
Toutes les séparations, surtout après 15 ans de mariage, ne se font pas toujours dans la douceur et la pleine sagesse. Un soir, en Angleterre, Hugh Preston arrive à ses fins en faisant avouer à sa chère et tendre qu’elle a un amant. Liz compte justement partir avec ce dernier en Italie au cours du week-end.
Fair-play, Hugh accepte mais souhaite rencontrer cet homme, plus jeune que lui, qui ravit l’amour de sa vie. Son esprit facétieux le pousse à jouer de la situation pour entrainer sa secrétaire dans un coup monté de toute pièce au bénéfice de son épouse. La classe ?
La galerie de personnes de ce Canard à l’orange est génialement barrée et jubilatoire. L’homme trompeur qui se fait tromper. La femme qui part avec un plus jeune parce qu’elle en a assez que son mari ne s’occupe plus d’elle. L’amant charmant à l’accent affreusement belge. La secrétaire qui pulvérise tout ce qui bouge uniquement par la grâce de son corps. Et la bonne qui a bon dos de tous ces secrets.
Leçon de mise en scène
François Vincentelli a une vraie complicité avec Nicolas Briançon qui l’a mis en scène la saison dernière dans Hard : “Nicolas a une bienveillance et une gentillesse, qu’ont tous les grands metteurs en scène. Il est une sorte de psychologue du comédien. C’est un pédagogue incroyable.
Sur scène, il est un filin de sécurité pour nous.”
Nicolas Briançon souhaitait renouer avec le plaisir qu’il avait eu à voir Jean Poiret dans Joyeuses Pâques, à son arrivée à Paris : “c’est tellement joyeux de jouer un boulevard!”
Au sujet de son personnage : “Hugues flirte tellement avec la folie, l’alcoolisme, le plaisir du jeu. Ca rejoint des bonheurs d’acteur. Jouer un personnage qui aime jouer, c’est euphorisant.”
Il met en garde en revanche sur l’impression de facilité : “Ce théâtre-là ne fonctionne que si on est rigoureux. C’est ça la beauté et la grandeur de ce théâtre, comme Feydeau. Si on ne sert pas le texte, il nous écrase. Si on rate un temps, on met trois répliques à rattraper.”
Le canard à l’orange
une pièce de William Douglas Home
adaptation : Marc-Gilbert Sauvajon
mise en scène : Nicolas Briançon
avec Anne Charrier, Nicolas Briançon, Sophie Artur, François Vincentelli, Alice Dufour
au Théâtre de la Michodière
4 Bis Rue de la Michodière
75002 Paris
du mardi au samedi à 20h30
matinées : le samedi à 16h30 et dimanche à 15h30