Daniel Auteuil s’offre l’un des rôles dont il rêvait : Argan, cet hypocondriaque génialement excessif.
Par sa mise en scène, Le Malade Imaginaire est joyeux à souhait, fidèle à l’esprit de Molière, tout en faisant la part belle à la complicité entre les comédiens.
Sur la scène du Théâtre de Paris, la troupe d’Auteuil ne ménage pas ses efforts pour faire vibrer ce morceau de patrimoine qui est le nôtre. Un vrai bonheur !
Le Malade Imaginaire débute par un solo. Celui d’une jeune enfant qui se met à chanter a capella sur le bord de scène.
Derrière elle, un rideau qui dissimule Argan prêt à entrer en scène, assis dans son fauteuil. Daniel Auteuil nous a confié qu’à ce moment-là, il hésite toujours : garder les pièces en mains ou les laisser dans la poche de son costume.
Judith Berthelot, la jeune comédienne imperturbable, continue de chanter alors qu’elle perçoit ce jeu de pièces à ses oreilles. Le professionnalisme à 10 ans ! Respect.
Les autres comédiens eux se tiennent par la main avant de se dévouer entièrement à leur performance.
Le théâtre est cette chose précieuse qui à la fois est capable de partager des instants de vie incroyables et de dissimuler d’aussi beaux moments hors-champ pour les spectateurs.
Argan entre en scène et la joie ne va plus nous lâcher pendant les deux heures de comédie, de virevoltants rebondissements, de traits de génie et de profonde générosité des comédiens et comédiennes.
Ce monologue est assez surprenant, c’est comme un sas qui nous permettrait d’entrer dans la langue de Molière. Ce que confirme Daniel Auteuil : “Comme si Molière avait tout prévu, il y a 4 siècles.”
Leçon de mise en scène par Daniel Auteuil
Jean-Marie Galey est l’un des premiers à nous éclairer sur le travail de Daniel Auteuil : “Il nous a fait travailler nos personnages. Il n’a quasiment pas joué. Il nous reprenait sans arrêt.”
Aurore Auteuil de rajouter : “On travaillait beaucoup, de 10h à 19h, et sans pause.”
Mais il faut aussi assurer un break, comme le Jean-Marie précise : “C’est bien de s’arrêter 10 jours avant la première. Ça permet d’incuber, d’infuser comme un thé.”
L’intéressé, Auteuil, avoue : “C’est une de mes aventures préférées au théâtre. Je suis content que tout le monde trouve les comédiens formidables.”
“J’aime l’idée de troupe. On est une bande de jeunes !”
Mais est-ce le comédien ou le metteur en scène qui est face à ses partenaires ?
“Il a son œil gauche sur nous. A l’œil, on sait où il faut aller”, confie Jean-Marie.
Après chaque représentation, il y a un debriefing de la pièce. Ce qui serait plutôt rare au théâtre. “Ce sont des impressions plutôt que des notes, un ressenti”, précise Daniel Auteuil.
Natalia Dontcheva n’hésite pas à partager : “Nous avons droit un soir à la meilleure remarque : “Vous savez ce que vous avez fait !” Il n’est pas évident ensuite de trouver le sommeil.” Parce que le metteur en scène n’a donné aucune autre indication pour préciser son ressenti.
Natalia de rajouter : “Il joue un tyran sur le plateau. Il y a quelque chose qui reste après.”
“Daniel Auteuil nous a toujours dit : faites tout ce que vous voulez, mais soyez sincères”
“C’est une aventure, une pièce de théâtre. C’est important que l’on apprenne des choses de la vie. Que ce ne soit pas que du travail. Je suis touché par l’enthousiasme, leur implication.”
Et une aventure intergénérationnelle comme le conclue Victoire Bélézy qui incarne Angélique : “Il y a un partage très fort entre toutes les générations de comédiens. Ce que j’aime énormément. Auteuil a créé une équipe soudée.”
Le Malade Imaginaire
de Molière
Mise en scène : Daniel Auteuil
avec Daniel Auteuil, Alain Doutey, Aurore Auteuil, Victorine Bélézy, Pierre-Yves Bon, Natalia Dontcheva, Jean-Marie Galey, Gaël Cottat, Loïc Legendre, Cédric Zimmerlin, Laurent Bozzi.
En en alternance : Judith Berthelot, Nina Schmitt, Heloïse Bacquet
au Théâtre de Paris
15 rue Blanche
75009 PARIS
du mercredi au samedi à 20h30
matinées : samedi à 17e et dimanche à 15h30
DERNIERE LE 25 MAI 2019 !