Tonalités sombres et touchantes pour Le Père, la pièce de Florian Zeller – l’auteur contemporain que la presse aime maltraiter – auréolées de deux Molière (Meilleur Spectacle – Meilleur Comédien) en prolongations à la Comédie des Champs Élysées.
Pour ce spectacle, l’argument de réservation n’est pas tant la belle gueule de son auteur – qui fait encore chavirer nombre de lectrices – mais bien celui pour qui le mot retraite est à retirer de son vocabulaire : Robert Hirsch.
Nous l’avions quitté au Théâtre Hébertot, après avoir qu’il ait participé à la création de la pièce aux côtés d’Isabelle Gelinas. L’acteur a incarné pendant plus d’un an, André, un père en fin de vie, un père malade que sa fille cherche à quitter. Poignant.
La détresse se joue d’un côté et de l’autre de ce couple parent-enfant dont la figure d’autorité s’est inversée au fil des années.
Cette fille propose de l’installer chez elle, lui recherchant une aide aussi qui pourrait la soulager.
Alors que la mémoire d’André se perd au détour de tout échange.
La qualité d’écriture de Zeller tient à l’égarement que le spectateur perçoit à travers les yeux de ce vieil homme pour qui les situations et les dialogues sont des sources de doute continuel.
La scénographie participe à cette perte de sens.
Est-ce vraiment André qui peine à bien interpréter ce que son entourage tente de lui dire ou bien est-ce le rythme du monde qu’il n’arrive plus à suivre ?
Le sol se dérobe donc avec les cloisons d’un appartement qui n’est jamais tout à fait celui du vieil homme ni définitivement celui de sa fille.
Les spectateurs sont à quelques pas de la sensation de la folie pure, la percevant au détour d’un couloir et d’un flash-back.
La tension est lourde de détresse et l’issue est aisément perceptible, dans ce récit élaboré en séquences.
C’est donc à une nouvelle performance d’acteur à laquelle il nous est donné d’assister avec l’interprétation de Robert Hirsch.
Les marques du temps se confondent à la fois sur le visage de l’interprète et de l’incarnation du personnage.
L’acteur, fragilisé, donne ainsi toute sa légitimé à un rôle dur et éprouvant, participant au trouble que l’on peut ressentir dans la salle. Cette image de la vieillesse nous renvoyant aux dernières années de l’actrice Annie Girardot qui luttait contre une mémoire qui flanchait : la tragédie la plus terrible pour tout comédien.
Le Père de Florian Zeller
avec Robert Hirsch, Florence Pernel, Jean-Pierre Bouvier, Sophie Bouilloux en alternance avec Marie Parouty, Élise Diamant, Emmanuel Patron
Mise en scène: Ladislas Chollat
jusqu’au 28 juin 2015
A la Comédie des Champs Élysées
15 avenue Montaigne
75008 PARIS
du mercredi au samedi à 20h30
matinée le dimanche à 16h
En particulier pour Mlle Gélinas ,trés bonne pièce, néanmoins à défaut de changer de genre et aussi de plateau, ce qui est essentiel
pour une actrice n’oubliez pas ce public que vous avez conquis et qui vous a adopté…Croyez bien qu’il y en a des millions qui
comme moi le pensent peu qui osent l’écrire probablement par manque de temps ou de véritable engagement.Merci de re réfléchir
avant d’abandonner ”Fai…..pas ça”.Merci Mlle Gélinas de nous faire partager votre pétillant talent qui à mon avis sera difficilement
remplacé …De la part de millions de Fans…Patrick