Le Servan, rue St Maur, c’est le spot à taille humaine, à la déco soignée mais discrète. Deux sœurs sont à la manœuvre. L’une en cuisine, l’autre en salle. La chaleur de leur accueil n’est pas insoutenable – les habitués ont certainement plus d’attentions que les ptits nouveaux comme nous. Heureusement, la qualité des plats rend Le Servan imparable.
Il y a des adresses qui traînent dans votre todo list sans raison. La motivation est bien là, mais à force de repousser, de trouver une occas’ spéciale, elles restent encore de belles inconnues.
Ce mercredi de juillet, aucun rush de dernière minute au taff. Tout est en ordre pour pouvoir prendre place à notre table à 19h30 pétantes.
Autour de nous, les arrivées se font progressivement, pendant que nous inspectons la carte du jour.
Part belle aux délices de la mer aussi bien dans les tapas (moules, bulots) entrées (poulpe grillé, couteaux sautés à la sichuanaise, chair d’araignée) que plats (thon rouge de ligne). Le carnivore peut quand même trouver une ou deux propositions rassurantes.
On débute par la ventrèche de thon cru avec sa gelée de tomate, piment et chiso, d’un côté et l’œuf mollet, sabayon soja et artichauts de l’autre – les intitulés iodés ne m’ont pas fait céder à l’appel de la mer. Délicates mises en bouche, qui nous préparent le palais pour de nouvelles sensations.
Suit le homard breton (de Chausey) qui nous a été présenté avant cuisson à l’heure de l’apéritif. J’avoue avoir préféré 100 fois mon ris de veau, plutôt que de supporter le souvenir de cette furtive rencontre au moment de la dégustation. Je suis un garçon sensible même devant un plat.
38€ le ris de veau c’est mastoc, d’autant que l’accompagnement (haricots beurre, abricots, noix de cajou) est mesuré, voire un peu trop. Mais le veau est d’une onctuosité inégalable, sa couleur captivante, et sa peau légèrement croustillante une petite poésie. On pardonnerait le prix.
48€ le homard : faut savoir ce que l’on veut ! Servi en deux assiettes, cette pièce maitresse a le don d’affoler le palais. Et mon partenaire de table n’a pas laissé un morceau de la chair cuite et bien préparée.
Pour avoir osé une bouchée de l’assiette avec légumes verts, je peux confirmer que l’on est dans la préparation délicate, avec une maitrise parfaite de la cuisson pour un rendu qui fait pulser les sens.
En dessert, que deux propositions : les gourmands que nous sommes rongent leur frein.
Le Paris Brest est, pour moi, synonyme d’ennui car il n’est jamais bien transfiguré. Mon partenaire n’en perd pourtant pas une miette et ne trouve rien à redire à un dessert un peu trop classique à mon goût.
Je me rabats, par défaut (j’assume) sur la pêche pochée qui n’est pas un dessert qui me transcende habituellement. Une fois devant moi, la pêche rose, son sorbet fraise-piment et sa chantilly me séduisent.
C’est léger, le piment du sorbert en envoie, une deuxième portion de chantilly m’aurait entièrement conquis.
Au final, la note est salée comme on pouvait s’en douter. C’est une soirée entre amis relevée, mais de très bonne facture.
Conseil : arrivez tôt, dès 19h même, car l’acoustique devient retorse quand la salle est pleine.
Un nouvel exemple que les néobistrots misent tout sur la déco, en oubliant la qualité acoustique du repas. Qu’attend l’équipe du Fooding pour créer une catégorie : confort sonore ?
Reste enfin le manque d’entrain des patronnes à nous saluer spontanément. On sera obligé de nous lancer en partant pour recueillir un sourire. Pourra mieux faire la prochaine fois.
Le Servan
32, rue St Maur
75011 PARIS
Tél : 01 55 28 51 82
ouvert midi et soir
fermé samedi, dimanche et lundi midi