Quelques jours seulement après la sortie de son 2e album en France, Une version améliorée de la tristesse, Peter Peter s’offre une première scène parisienne au Nouveau Casino ce jeudi. Le jeune chanteur tout droit venu de Montréal ne réalise pas encore la délicate attention que lui porte le public français et pas seulement la gente féminine.
Le grain de voix de cette révélation de la scène pop qui fait chavirer n’a pas échappé aux Inrocks, en dégainant les premiers avec leur compil de Rentrée 2013. Le titre à rallonge de la chanson phare du nouvel opus de Peter Peter a pu surprendre et faire penser à une parodie – nous les premiers. Une version améliorée de la tristesse, waouh ! Mais il n’a pas fallu longtemps pour mener sa route droit au coeur.
Ce morceau, il nous l’offre au tout début de son quasi premier vrai concert parisien, après une intro instrumentale entêtante. Donnant une tonalité sensible à la soirée. Il sera question de filles, d’une fille entre autre attrapée mais qu’il a laissé partir et qui se cache derrière un très sensible “Toi, ma beauté.”
Sur scène, Peter Peter a le charme d’un Raphaël des premières années – la belle époque d’Hôtel de l’Univers, avant Sur la route – le profil d’un Daho aussi apparait en version Pop Satori. Sortant tout juste de l’adolescence, ses textes parlent d’amour, avec des pointes de mélancolie, de douce fragilité parfois et de tendres envolées à grands yeux ouverts. Certainement écorché par quelques histoires, son songwriting lumineux ne s’embarrasse pourtant pas de clichés inhérents à l’expression des premières amours. Il nous redonne goût à de douces balades de jeunesse, quand on voulait refaire le monde, quand on pestait aussi contre tout ce qui nous entourait et qu’on rêvait d’idéal.
Tantôt calme et doux mais pas niais, tantôt rythmé, étourdissant, hurlant à la manière de ce Carrousel ou de la version bouleversée de Beauté Baroque. Deux titres entrainant, captivant. L’écoute à haute dose du premier nous a fait presque oublier que l’album n’était surtout pas composée d’électro. Les deux saxophones sur scène confirmant la maitrise de la délicate partition musicale du Québécois.
Il aura une pensée pour son pays, sa ville, en dédiant un très beau Tergiverse – qui ne souffre pas de l’absence de Coeur de Pirate qui participa à la première version de ce titre – “à ceux qui se les gèlent à Montréal.”
“Je suis ému pour de vrai”
Intimidé certainement, relevant une mèche qui retombe invariablement sur le front et les yeux, il y a aussi un peu de Lescop dans cette gravité parfois qui le prend au visage, cette difficulté aussi à sourire et ce profil faussement angélique. La pop de Peter Peter magnétise. Et la fougue de ce jeune mec n’est pas prête de se figer dans la fébrilité d’un monde qui consomme à tour de bras et sans réelles émotions.
PETER PETER
Album Une version améliorée de la tristesse
Sony Music / Audiogram