Succès ! Reprise de la pièce Moi, Caravage au Théâtre des Mathurins.
Alors que l’affiche pourrait laisser présager – à tort – une certaine âpreté de la pièce, le récit qui nous est fait du troublant Caravage ne souffre d’aucun manque d’empathie vis-à-vis du public.
Photo de Béatrice CruveillerL’interprétation de Cesare Capitani rend hommage à un véritable personnage romanesque. Amours, inspiration, déchirement, succès et déconvenues. Cette 1H20 passée avec l’artiste est étonnement contemporaine et digne d’une épopée cinématographique – le film Caravaggio (1986) de Derek Jarman n’abordait pas la longévité mais juste le trio amoureux avec ses deux de ses modèles.
La vie du peintre italien se dévoile progressivement sur scène avec une éclatante fluidité.
Le dialogue avec les spectateurs est tendu, entre confidences et anecdotes cocasses. L’humour ne nuisant en rien au respect que l’acteur a pour le peintre.
La genèse des tableaux nous est révélée parfois crûment ; désacralisant au passage le mystère du coup de pinceau. En effet, la minutie de la description et le menu détail de l’accueil réservé aux toiles du maîtres au cours du XVIe siècle, nous donnent envie de redécouvrir les œuvres que les grands musées chérissent dans leurs collections.
Comme le Musée du Louvre ayant une œuvre majeure du peintre La Mort de la Vierge, exécutée en 1605-06.
La pièce nous rappelle en effet le goût frénétique et charnel du peintre du clair-obscur pour les personnages de la rue: mendiants, prostituées. Ces mêmes modèles qui prêtaient leurs traits, leur corps, à la représentation de saintes figures de la Bible.
La mise en scène, simplifiée, joue avec le peu de moyens: éclairage crépusculaire et deuxième interprète à la fois figurant et partenaire de jeu.
Cette présence est un allié pour le spectateur qui garde ainsi pleine attention face à ce récit foisonnant qu’il nous est donné d’entendre.
Le chant participe à créer une atmosphère sulfureuse et empreinte de mystère.
Étonnement l’entrée en matière dans l’œuvre de Caravage paraît d’une limpidité rare.
Et l’attrait pour son œuvre en ressort avec plus de force encore.
L’interprétation de Cesare Capitani tient à la fois de la tendresse pour son modèle et de la prouesse en faisant un être que notre imaginaire avait dû mal à appréhender.
Moi, Caravage
Un spectacle de Cesare Capitani
D’après l’œuvre “La course à l’abîme” de Dominique Fernandez
Avec : Cesare Capitani et en alternance Laetitia Favart et Manon Leroy
Mise en scène : Stanislas Grassian
au Théâtre des Mathurins
36, rue des Mathurins
75008 PARIS
du mardi au samedi 19h
dimanche à 15h30
représentations exceptionnelles en italien: les mardis 15 octobre, 19 novembre et 17 décembre 2013
Je viens de passer un agréable dimanche en compagnie d’amies, de Caravage, et de deux comédiens remarquables.
J’ai tout aimé : le jeu des acteurs, les textes, l’éclairage, la mise en scène, les chants, le peintre.
Cesare Capitani est convaincant.
Bravo et merci !
Sophie