Clarika, c’est de la sensibilité à l’état pur. Une accroche aussi directe, piquante, délurée qu’un peu plus grave dans ses textes. Elle nous revient avec un nouvel album dont le thème est certainement plus à vif que les précédents.
De quoi battre mon cœur est aussi élégant, poétique que chargé d’espoir… de concerts joyeux, comme elle sait si bien les réaliser.
Interview réalisée quelques jours avant d’entrer en répét’ pour sa nouvelle tournée.
CLARIKA / INTERVIEW SELFIE
UsofParis : La conception de l’album a-t-elle été différente des précédents ?
Clarika : Elle l’a été en terme de collaborations.
Sinon, j’écris toujours mes albums au moment où je les fais. Je n’ai pas de fond de tiroir.
Je commence quand je me remets à l’écriture d’un album, face à ma page blanche. Ça dépend ensuite de l’air du temps, de ce que je vis, de mon inspiration…
En revanche, j’ai collaboré avec des équipes différentes.
Pourquoi avoir fait appel à la Maison Tellier ?
J’avais déjà une affinité artistique avec le groupe. J’avais invité le chanteur Helmut au Trianon. J’adore sa voix. Et pour ce qui est du compositeur, parce qu’il y a aussi Raoul Tellier qui a composé un tiers de l’album, il a fait partie des artistes que j’ai tout de suite sollicités et avec qui ça a collé.
Quelle est sa touche, à Raoul Tellier ?
🙂 Justement, c’est sa touche ! En même temps, tout en respectant « mon univers ». C’est un mélodiste. Et, à chaque fois que je collabore avec quelqu’un, ce qui me touche c’est la mélodie.
Je ne réfléchis à la tonalité musicale d’une chanson quand je l’écris. Je livre le texte et quand il me revient avec une musique, j’essaie d’écouter la chanson comme si je ne l’avais pas écrite. Et après, ça devient instinctif, ça me touche ou pas.
Quand vous écrivez, votre texte est-il déjà musical ?
Je suis très attachée au format de la chanson. Mais dans l’absolu, je pense qu’un texte de chanson réussi est un texte que l’on peut lire. En tout cas, c’est ce que je ressens pour d’autres chansons qui ne sont pas les miennes.
Ce qui est intéressant, c’est aussi que la musique puisse décaler le propos ou le rendre plus profond. Dans tous les cas, elle lui donne un axe.
Après une rupture, comment réapprend-on la joie ?
Je ne sais pas. Je te dirai ça dans quelques mois. 🙂
Pour avoir vu autour de moi, je pense que c’est possible d’être à nouveau heureux-se. C’est universel, la question de l’amour.
Tout est histoire de temps en tout cas. Je pense, enfin j’espère.
Dans quelle mesure était-il nécessaire de se mettre à nue dans cet album ?
C’était impossible de faire autrement. Quand quelque chose qui vous arrive vous bouleverse terriblement… Je ne me suis pas, non plus, poser trop de questions. C’était cette émotion qu’il fallait que je raconte. Je ne me sentais pas, en tout cas, de me mettre dans la peau d’une auteure de chansons. Je ne peux pas tricher avec mes chansons.
Je me suis demandé, en revanche, si ce n’était pas trop lourd pour un album. Et je sais que les albums d’autres artistes que je préfère ne sont pas forcément les plus gais.
Est-ce quand même un album heureux ?
Le paradoxe ! C’était une période compliquée et, en même temps, c’était vertigineux de collaborer avec de nouveaux artistes. Les rencontres ont été simples et naturelles. Fred Pallem a pris la commande et tout s’est passé avec légèreté.
Heureusement, que ça ne s’est pas fait dans la douleur ! 🙂
Pourquoi avoir choisi Je suis mille comme titre d’ouverture de l’album ?
C’est une décision collégiale. Ce n’est pas forcément celle que j’aurais mise au début, je n’étais pas forcément convaincue. Et après discussion (maison de disques, musiciens, manageuse…), j’ai trouvé que c’était une super idée. Parce que c’est un titre ouvert, mais il parle de moi. D’ailleurs, je vais en faire le premier morceau de mes concerts. C’est une sorte d’hymne à la diversité, nous sommes plus qu’une image, un rôle…
C’est une ouverture pleine d’espoir.
La Clarika 2016 sera-t-elle la même que celle d’avant ?
Je répète mon nouveau spectacle et je sais déjà que j’ai envie de retrouver l’énergie de la scène et des contrastes. Et j’ai choisi mon équipe en fonction de cette envie.
Et c’est ce que j’aime en concert : le contraste. Passer d’une atmosphère intimiste, pas forcément gai à quelque chose de plus fou. C’est ce que je suis en train de construire avec de nouvelles idées de scénographie. « Je n’ai pas changé ! »
Vous avez toujours la même émotion quand vous débutez un concert ?
En fait, c’est la scène qui me donne envie de faire de la musique. C’est ce que je préfère dans toutes les étapes autour de mes chansons. Démarrer un concert, c’est une émotion mais aussi un stress, un stress positif. C’est le moment le plus confortable et vertigineux.
Une fois que l’on a les chansons et qu’on les aime, après il n’y a que des bons soucis, c’est plus ludique. On peut partir dans toutes les directions.
Le plus dur étant la création.
Comment arrive-t-on à vivre sans shoot scénique ?
En fait, je tourne beaucoup mais de manière étalée, parce que j’ai une vie, j’ai des enfants. Et ça me plait de passer de périodes intenses à des moments plus calmes.
Mais quand je ne tourne pas pendant un moment, ça me manque. C’est aussi pour ça que je développe des projets parallèles pour pouvoir continuer à faire des concerts.
C’est le cas du spectacle avec Daphné. Nous faisons un pont entre nos deux tournées avec ce spectacle.
Quelques mots sur ce spectacle créé avec Daphné ?
Le thème du spectacle est Ivresses. C’est très vaste : sommeil, alcool, amour, la vie… Ça permet en fait de fédérer beaucoup de chansons. A partir d’un répertoire large (d’autres artistes et le nôtre), des poèmes viennent relier les morceaux. Ça va de Gainsbourg à Bowie, en passant par Barbara, Britney Spears…
Et ça nous amuse d’interpréter des chansons que nous aimons aussi.
Une chanson pour crier sa joie ?
En ce moment, j’écoute : It’s raining men (The Weather Girls). Elle donne la pêche, elle est drôle. Et vocalement, elle a une puissance terrible.
Dernière claque musicale ?
Je vais être super banale : Bowie ! L’avant-dernier album, The Next Day. Je le connais depuis longtemps. Et je l’ai réécouté par la force des choses. Ça me scotche encore. J’avais vu l’expo à la Philhamornie, j’y étais restée 4 heures.
Sa mort m’a touchée plus que je ne le pensais. Parce qu’il est associé à l’affectif. Parce qu’il m’a accompagnée. Et ça a touché beaucoup de monde autour de moi.
J’ai pu le voir en vrai, une seule fois, lors d’un showcase au Ministère de la Culture, il y a plusieurs années. Il ne m’a pas vue chanter, j’avais déjà fini mon tour de chant quand il est arrivé. Dès son entrée, il y a eu un mouvement de foule, on aurait dit le roi et la reine, avec Iman. C’était surréaliste !
Un lieu parisien où il fait bon de se retrouver seule ?
Il y a beaucoup d’endroits. J’adore le Jardin du Luxembourg. J’y suis toujours allée depuis toute petite et j’y ai emmené mes enfants. Il ne change pas, c’est un repère dans Paris.
Je l’aime beaucoup en hiver. J’aime le traverser toute seule ou accompagner.
J’y suis attachée.
Clarika
De quoi faire battre mon coeur, nouvel album
(Label Athome)
concert au Trianon (Paris)
le 23 février 2017