Rencontrés quelques heures avant de monter sur la scène du Trianon pour leur concert événement à Paris, les membres du groupe CHVRCHES répondent sur leurs influences, l’ambiance de tournée et l’évolution de leur musique live, leur dernier album – The Bones of That you believe – et le prochain qui déjà en préparation.
B & G : Nous aimerions savoir ce que vous pensez de quelques groupes écossais… Commençons par Glasvegas ?
Iain Cook : J’ai vraiment adoré leur premier album. Au moment de sa sortie, on avait beaucoup d’amis qui les trouvaient un peu bizarres à cause de leur façon d’utiliser le dialecte, l’accent et tous ces trucs-là. Mais c’est un chouette mélange des genres entre le shoegaze, le rock des années 50, et le Glasgow vécu, avec ses histoires et témoignages. C’est un groupe intéressant et leur nouvel album est réussi.
B & G : Primal Scream ?
Martin Doherty : Ce n’est pas vraiment un groupe écossais mais leur leader est écossais [ndlr : Bobby Gillespie]. Je suis un gros fan de Primal Scream. Pour moi, deux de leurs albums sont essentiels : « XTRMNTR », rien que pour la présence de Kevin Shields, et « Evil Heat ».
B & G : Belle & Sebastian ?
IC : Belle & Sebastian sont là depuis… depuis toujours. J’ai un souvenir qui remonte à l’école : un de mes amis avait eu un exemplaire de « Tigermilk » [le premier album de Belle & Sebastian en 1996], qui n’était pas encore sorti officiellement à l’époque, c’était juste un tirage limité, sur quelques vinyles. Il était très difficile à dénicher. C’était pile au moment où « The Boy With The Arab Strap » explosait. Et mon ami est arrivé à l’école avec cet exemplaire, sur une cassette qu’il avait récupérée grâce à je ne sais qui. C’était vraiment un truc énorme ! C’est toujours un groupe qui compte aujourd’hui. Ce n’est pas le genre de musique que j’écoute, mais j’ai un immense respect pour ce groupe et sa carrière aussi longue.
Est-ce que certains de ces groupes écossais ont été une source d’inspiration pour vous ?
IC : On a grandi en écoutant tous les groupes de Glasgow dont on était fans à l’époque. Les groupes du label Chemikal Underground [ndlr : un label indépendant créé en 1994 par The Delgados, un groupe de rock de Glasgow] étaient particulièrement importants pour nous, c’était notre paysage musical. On adorait The Delgados, Arab Strap, et moi j’étais un fan de Mogwai. Et ce sont des groupes que j’écoute encore aujourd’hui et qui comptent toujours vraiment.
B & G : Pensez-vous qu’il y ait une « Scottish pop », une spécificité écossaise ?
MD : Il y a des styles musicaux très différents. Peut-être que ce que les groupes écossais ont en commun, c’est un certain niveau d’autodérision et de sens de l’humour. Oui, voilà, ce serait ça pour moi, l’« ingrédient écossais ». (rires)
La synthpop
B & G : Vous avez dit dans une interview que le terme « synthpop » était plus adapté à des groupes comme Depeche Mode, parce que vous utilisez des techniques de production plus modernes, en particulier sur les rythmes, et que vous mettez l’accent sur la mélodie. Alors, c’est quoi la marque de fabrique Chvrches ?
Lauren Mayberry : Pour moi, « synthpop » renvoie à une certaine époque… à laquelle nous n’appartenons pas vraiment. Enfin je ne sais pas trop, il n’y a pas quelqu’un qui veut m’aider ? (rires) Nous ne voulons pas faire dans le pastiche ni dans le commercial. C’est juste qu’on compose d’abord nos morceaux au synthé, et pas à la guitare.
MD : La « synthpop » se réfère à un temps révolu et dire d’un groupe qu’il fait de la synthpop, ça fait un peu daté. On ne se reconnaît pas vraiment là-dedans. Il y a quelque chose de « synthpop » dans ce qu’on fait parce qu’on utilise des technologies qui étaient utilisées aussi à l’époque. Mais pour décrire notre groupe, je dirais qu’on fait une électro pop dans laquelle les mélodies ont beaucoup d’importance, et qu’on est plus ou moins influencé par le passé, mais rien n’est vraiment défini. Lorsque vous vous attachez trop à un genre, vous vous imposez immédiatement des règles et je considère que c’est une mauvaise chose. Je pense qu’il ne devrait y avoir aucune règle.
La tournée et les concerts
B & G : A propos des concerts, êtes-vous plus inquiets de jouer dans des salles de plus en plus grandes avec le succès ?
IC : Je pense que la nervosité initiale venait du fait qu’il s’agissait au départ d’un projet studio. Nous n’avions pas pensé au live. Techniquement, transposer nos chansons sur scène, dans un environnement réel, fut un exercice difficile. Notre premier concert date de juillet 2012, il y a près de deux ans, nous avons fait beaucoup de concerts depuis, tout cela fait que la nervosité qu’on pouvait avoir au début a complètement disparu. Maintenant, à chaque concert, à chaque tournée, nous nous efforçons de nous améliorer.
B & G : Vous avez fait beaucoup de concerts en 2013 et vous êtes encore en tournée à travers l’Europe. Appréciez-vous toujours de vous réveiller à 4 ou 5 heures du matin pour prendre le bus et voyager d’un endroit à un autre… ?
MD : Même pour un million de livres, je n’apprécierai jamais de me réveiller à 4 heures du mat’ ! Mais franchement, c’est difficile de se plaindre de ce travail. Nous pourrions faire des choses bien plus horribles de nos vies. Et j’aime toutes nos chansons. Pour revenir à l’évolution dont on parlait, pour nous, il ne s’agit pas d’être plus à l’aise sur scène, mais de nous sentir meilleurs.
IC : Le seul moment où je peux en avoir marre d’une chanson, c’est quand nous faisons un concert pas terrible pour des raisons techniques. Mais le plus important c’est que les gens passent un bon moment, profitent et chantent, et quand nos morceaux ont un sens pour eux.
B & G : Comment résumeriez-vous 2013, en quelques mots ?
LM : J’ai l’impression que nous avons fait beaucoup de chemin, il y a eu beaucoup de « premières fois » [premier album, premiers concerts…]. Nous avons beaucoup appris et nous continuons à apprendre, je crois. Alors, ouais, c’était une bonne année !
MD : Bon, c’est le mot !
B & G : Et en janvier 2015, comment aimeriez-vous résumer 2014 ?
MD : En un mot ? (rires) La satisfaction et la réussite, au sens où je l’entends.
Le prochain album
B & G : Vous avez dit dans une interview que vous étiez « impatients de retourner en studio ». Savez-vous quelle direction prendra votre prochain album ?
IC : Nous allons jouer dans plusieurs festivals cet été, mais nous nous accorderons quelques pauses, ce sera un bon point de départ. Nous avons hâte de retourner en studio. On a beaucoup d’idées.
MD : Nous ne serions pas de très bons musiciens si nous n’avions pas d’idées ! (rires )
IC : Disons que nous voulons terminer le gros de la première partie du travail pour septembre…
B & G : Quelle couleur choisiriez-vous pour décrire votre premier album ? Et le prochain ?
MD : Je dirais que le premier album est orange foncé et que le second sera rouge.
IC : Le troisième sera violet.
LM : C’est pas mal : rouge et bleu, ça fait violet !